L’aventure du groupe commence en 1976. Greg Graffin, futur chanteur et leader charismatique du groupe, déménage du Wisconsin pour s’installer dans la Vallée de San Fernando en Californie. Il a à peine 15 ans (1979) lorsqu’il rencontre au lycée d’El Camino Hight, Brett Gurewitz (futur "Mr. Brett"), de deux ans son aîné (guitariste des débuts et à nouveau dans le groupe depuis juin 2001). Avec Jay Bentley à la basse (jouant de la gratte il a dû apprendre à jouer de la basse pour intégrer le groupe), ils forment le trio historique. Jay Zikrout, le premier des membres avec qui Graffin décide de fonder un groupe, officiera pour peu de temps derrière les fûts.
Bad Religion est au départ un quatuor qui peine à jouer du punk rock dans une scène californienne volatile et très peu active. Contraints au "do it yourself", les quatre décident de s’auto-produire et la légende raconte que Gurewitz emprunte alors 1000 dollars à son businessman de père pour fonder Epitaph, au départ une boîte postale et un simple logo : le célèbre crossbuster, la croix barrée, que Mr Brett aurait inventée. Les quatre jeunes révoltés baptisent définitivement le groupe Bad Religion un peu par provocation mais surtout en référence à leur rejet de toute forme d’uniformisation manipulée de la liberté de penser, notamment la religion.
Le premier EP, "Bad Religion", sort un an après la rencontre et le groupe se fait peu à peu connaître. Suit en 1982 le premier vrai album, beaucoup mieux produit et au titre évocateur, "How Could Hell Be Any Worse ?". Considéré par beaucoup comme la base du son punk rock californien, il se vend à 10 000 exemplaires et propulse Bad Religion sur le devant de la scène alternative locale. En plein milieu de l’enregistrement, Jay Zikrout décide de quitter le groupe pour les Electric Peace (il fondera plus tard son label punk hispano, Grita !). Il est remplacé au pied levé par Pete Finestone - qui a déjà joué avec Bad Religion lors de précédents concerts -, pour finir l’album. Pete intègrera finalement le groupe plus durablement par la suite, pour l’heure il part étudier en Angleterre et est remplacé par Davy Goldman.
Le groupe, comme tous les novateurs, se sent mal à l’aise dans la scène punk peu tolérante qui l’entoure et décide de s’éloigner complètement des conventions. Avec "Into The Unknown", en 1983, Bad Religion expérimente en ralentissant sa musique et en y incluant un synthétiseur (cadeau de Mr. Brett à Greg Graffin). Le groupe déçoit son public et Bentley quitte Bad Religion quand celui-ci décide d’enregistrer ces compos très éloignées de ses racines punk, il part alors jouer pour les célèbres Wasted Youth et TSOL. C’est Paul Dedona qui le remplace à la basse sur cet album très controversé, à la suite duquel le groupe, ne parvenant pas à trouver son vrai style, s’interroge sur son avenir et sa place dans la scène punk puis finit par se séparer.
En 1984, Greg Hetson, des Redd Kross et des grands Circle Jerks - et qui a déjà joué live avec Bad Religion -, contacte Graffin, parti poursuivre ses études, pour que le groupe se reforme sous un nouveau line-up. Avec Finestone, de retour d’Angleterre, à la batterie, Tim Gallegos à la basse et Hetson qui assure tous les enregistrements de guitares, le groupe redémarre et sort en 1985 "Back To The Known", contre-pied par le titre et par la musique (bien qu’encore assez lent) à Into The Unknown. Le groupe se réconcilie avec son passé et revient à ce qu’il sait faire de mieux en assumant définitivement son appartenance à la mouvance punk.
Après cela Jay Bentley revient activement dans le groupe en 1986 (Gallegos part le remplacer dans les Wasted Youth) mais Finestone retourne en Angleterre pour finir ses études. C’est Lucky Lehrer (batteur des Circle Jerks) qui le remplacera pendant un an et demi sur les tournées. Puis en 1987, Mr. Brett, qui était quand même à la production sur "Back To The Known" et qui en a fini avec ses problèmes de crack, les rejoint à son tour. Cette nouvelle motivation accouchera un an plus tard du monumental "Suffer" avec lequel le groupe prend son véritable départ (tout ce qu’a fait Bad Religion avant 88, bien qu’introuvable, est tout de même intéressant, d’où l’intérêt de la compil’ 80-85 sortie en 1991). Consacré "album de l’année 88" par les magazines Maximum Rock n’ Roll, Flipside et Trust, "Suffer" est une révolution dans le punk rock et est cité en référence par quasiment tous les groupes de punk moderne.
Comme le dit Fat Mike, le chanteur-bassiste de NoFX, "Suffer" c’est "the album that changed everything". Les choses vont ensuite vite s’accélérer pour le groupe. Il sort un an après, "No Control", puis "Against The Grain" en 1990, qui élèvent Bad Religon au rang de leader. Aussi bien au point de vue commercial que musical ce sont ces trois derniers albums qui ont construit les bases du succès du combo. Vient ensuite la première rupture depuis 4 ans : Finestone brouillé avec Gurewitz, décide de ne plus s’occuper que de son autre groupe The Fishermen qui vient de signer sur un plus gros label (il montera plus tard son label Low Blow Records et jouera dans The Brothers).
Le groupe recrute Bobby Schayer, batteur de The Questions, après avoir écarté Nicky Beat de The Germs et Colin Sears de Dag Nasty. Bobby est en effet le plus fan de Bad Religion des trois et a appris 25 chansons en deux jours avant le test ! S’en suit "Generator" en 1992 : un énorme succès avec 100 000 copies écoulées et qui préfigure déjà quelques évolutions dans le style du groupe. Pour preuve l’album "Recipe For Hate" en 1993 qui se révèle plus lent et plus mélodique avec la célèbre collaboration d’Eddie Vedder, chanteur des excellents Pearl Jam, qui aboutira à quelques-unes des plus célèbres chansons de Bad Religion.
Le succès de groupe atteint un niveau qui ne laisse plus indifférentes les grandes majors du disque. Désireux de rassurer ses fans, le groupe, après avoir signé avec la major Atlantic, ré-accélère le tempo avec la sortie de "Stranger Than Fiction" en 1995. Cet album est alors le plus gros succès du groupe à qui certains reprocheront d’avoir vendu son âme, même si cette meilleure distribution permettra au groupe de toucher un plus grand public. Pour conclure l’époque Epitaph le groupe sort la même année le best of "All Ages" qui compile le meilleur de "Suffer" jusqu’à "Generator".
C’est à cette époque que les ennuis commencent : Epitaph, qui a modérément grossi depuis ses deux premières signatures, L7 et NoFX, prend une ampleur inattendue avec l’énorme succès de "Smash" de The Offspring (auquel le label et le développement du punk rock en général doit énormément). Mais si cet album va permettre à Epitaph d’ouvrir une antenne en Europe, de soutenir des labels comme, entre autres, Fat Wreck Chords, de créer des filiales comme Anti- et Hellcat, il va aussi créer de grandes dissensions au sein de Bad Religion car Gurewitz, patron d’Epitaph a du mal à supporter ce succès éclair et replonge dans l’héroïne. S’en suivent des tensions, au sujet du nouveau label du groupe également, à la suite desquelles le groupe se sépare de Mr Brett.
Refusant une proposition de REM, Brian Baker, guitariste culte et grand compositeur des célèbres Dag Nasty, intègre le groupe en 1996. Remplaçant ainsi "poste pour poste" Brett Gurewitz, il prend une part importante à la composition en apportant une touche personnelle et des influences qui aboutiront en février 1996 à "The Gray Race", enregistré dans des conditions live, et qui rassure tout le monde quant à la capacité du groupe à survivre sans Gurewitz.
Pour un temps seulement, car le doute s’installe ensuite : Greg Graffin semble prendre la grosse tête, Bad Religion et son duo de compositeurs privé de Mr Brett, est devenu le groupe d’un chanteur, celui-ci tente même l’aventure solo en sortant "American Lesion" en 1997, mais des réserves quant à l’avenir du groupe sont permises. Cette même année sort également "Tested" , le premier live du groupe contenant trois très bons inédits.
Après cette période de flottement dans le groupe, les concertations et la motivation retrouvée font leur effet. Les autres membres prennent une part plus importante au processus d’écriture et quand sort le sublime (mais atypique) "No Substance" en 1998, le public du groupe, partagé depuis le départ de Mr. Brett, est pour le moins surpris. Le son très différent, l’approche encore plus mélodique, l’influence du rock américain plus poussée, le rythme ralenti, ont divisé. Confirmation en 2000 avec "The New America" (pour l’écrire Graffin s’isole à Ithaca à 250 km de New-York) sur lequel le groupe peine à retrouver sa fougue mais qui suscite tout de même l’espoir car Gurewitz y fait une apparition sur le titre "Believe It". Alors on se prend à y croire et le retour tant attendu se fait grâce à Jay Bentley qui part à Los Angeles pour recontacter Mr Brett. Celui-ci revient définitivement, réconcilié, il reprend Bad Religion sous son giron à Epitaph. En 2001 le combo - qui compte désormais 6 membres puisque Brian Baker continue l’aventure -, doit se séparer de Bobby Schayer, batteur historique du groupe, qui s’est blessé gravement au poignet lors d’un accident domestique. Ils accueillent donc le jeune batteur prodige, ex-Vandals, Brooks Wackerman qui donnera un nouveau souffle et une puissance impressionnante sur "The Process Of Belief", le dernier nouveau-né du groupe en 2002. Un album acclamé à tous points de vue.
De retour aux désormais célèbres West Beach Studios de Brett Gurewitz, Bad Religion rassemble tous ses publics autour d’un de ses meilleurs albums. De retour chez lui, le plus important groupe punk rock du monde par son influence et son label, parvient à renaître. En 2004, en pleine campagne électorale présidentielle, le groupe confirme sa résurrection (le line up est le même) avec un "The Empire Strikes First" tonitruant autant dans les mots que dans la musique ! (A noter que le Japon bénéficie d’une édition spéciale avec une chanson supplémentaire).
En 2006, BR sort "Live At The Palladium", un DVD à la track-list imparable, retraçant parfaitement les vingt-cinq années de carrière du groupe. C’est aussi l’occasion de voir Mr Brett sur scène, ses participations aux concerts étant rarissimes depuis son retour. A l’été, Graffin sort son deuxième effort solo, "Cold As The Clay", avant d’enchaîner sur celui de BR aux côtés de Mr Brett. Début 2007, le Professeur Graffin prend un poste d’enseignant en sciences de la vie à UCLA, la célèbre université de Los Angeles, celle-là même où il a été diplômé en géologie. Pendant un semestre, il passera des amphithéâtres aux salles de répet’, puis au Grand Master Studio, où Bad Religion s’est à nouveau attaché les services du producteur Joe Barresi (Tool, Queens Of The Stone Age, Weezer...). La sortie de "New Maps Of Hell" est prévue pour le mois de juillet, juste à temps pour le Warped Tour.
En 2008, BR fait une nouvelle fois la clôture du Groezrock, plus gros festival entièrement punk et hardcore en Europe. A la fin de l’année, Jay Bentley annonce que BR devrait se mettre prochainement au travail, avouant au passage que la sortie d’un album tous les deux ans est désormais le bon rythme pour le groupe. Mais le contrat ne sera pas tenu malgré l’attente du public, Greg Graffin ayant repris un poste d’enseignant à UCLA (il est aussi en pleine écriture de son livre "Anarchy Evolution").
2010. Bad Religion a 30 ans. A l’occasion de cet anniversaire, une série de concerts est donnée dans plusieurs salles de Californie. Un album live y est enregistré puis distribué gratuitement aux fans moyennant une simple inscription à la mailing-list. Le processus d’écriture du nouvel opus enclenché depuis quelques années prend fin, direction le studio, toujours sous la houlette de Joe Barresi. En attendant la sortie de "The Dissent Of Man" prévue à l’automne (28/09/10), BR revient plusieurs fois en Europe au cours du printemps et de l’été 2010, alternant salles et festivals et passant 2 fois par la France.
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