Bad Religion @ Le Bataclan (Paris - France) le 16/06/2010

Trente ans de mariage, on appelle ça les noces de perle. Ça tombe bien, Bad Religion les enfile. Et l’histoire d’amour entre le groupe et son public semble toujours aussi forte. Voilà donc les patrons dans la capitale, pour donner le coup d’envoi d’un mois de juin aussi alléchant pour les fans de punk rock qu’une invitation dans la chambre d’hôtel de Justin Bieber pour une fille de 12 ans : The Get Up Kids, Hot Water Music, Green Day, Rise Against, Down By Law, Tim Vantol…
Pour fêter leurs trois décennies d’existence, les américains viennent prêcher la bonne parole lors de plusieurs tournées européennes, la première ayant eu comme point d’orgue un passage au Groezrock. Et six ans après leur dernière visite ici, les voilà qui posent leurs valises à Paris, dans un Bataclan rempli ras-la-gueule.

En guise de première partie, ce sont les bien-nommés The Prostitutes qui se retrouvent là, comme un cheveu dans la soupe, un poil de cul entre les dents, un étron dans un évier. Bien évidemment, la jeune formation parisienne ne doit sa place qu’à son talent, et pas au fait que leur manageuse soit la fille de Philippe Manœuvre, et que ce dernier les ait signés sur son nouveau label... Et c’est sûrement par manque de culture musicale que beaucoup boycottent le concert au bout d’une chanson pour remplir le bar d’à côté, ou que ceux qui prennent sur eux de rester assister au carnage, conspuent le groupe après chaque chanson. C’est aussi désagréable que ces putains de vuvuzelas en train de pourrir un mondial déjà moisi… Ils font du « punk 77 » paraît-il. A cette époque, ils étaient à peine dans les couilles de leurs pères, mais bon, jouer ça, ça doit faire plaisir à leurs parents, qui du coup ne rechignent pas à leur payer leurs guitares hors de prix. Apparemment ils avaient déjà pris cher en ouvrant pour le groupe de métal Airbourne… Rebelote.
Mauvais plan incruste donc, et un grand dommage, vu le prix de la place (35 euros), de ne pas avoir offert cette tribune de choix à un groupe français de « la scène ». Il y avait quand même plus adéquat à trouver, et merde, les mecs auraient quand même accepté de payer leur ticket d’entrée tellement il aurait été heureux/jouissif de se retrouver là. Et les gens se seraient sans doute plus amusés…

François Bégaudeau écrivait récemment que la calvitie était ce qui le séparait de la jeunesse, le rock ce qui l’en maintenait proche. Une phrase qui trouve tout son sens quand apparaissent les parrains du punk mélodique. Grande bannière avec le fameux logo (la croix barrée) au fond, bides en avant et cheveux portés disparus. Même les idoles vieillissent (coucou Johnny), mais les Bad Religion ont toujours la pêche. Bizarrement ils commencent par « Do What You Want », déflagration de même pas deux minutes, avant de jouer l’intro « Overture ». Un morceau, puis une intro… Voilà un ordre pas commun, mais la formule est en place puisque la set list est la même sur toute la tournée. C’est logiquement « Sinister Rouge » qui déboule ensuite, et c’est parti pour l’avalanche de tubes. Plus d’1h15 à vitesse grand V, avec des chansons tirées de toute la discographie du groupe. « Recipe For Hate », « How Much Is Enough ? », « A Walk »… C’est que 30 ans de carrière, ça permet d’accumuler les munitions.

On note l’enchaînement quasi-parfait « Atomic Garden » / « Epiphany » / « Suffer » ou la très attendue « No Direction », et tant pis si au son, la voix n’est pas toujours parfaite. La fosse reste pleine à craquer du début à la fin, le pogo est costaud sur les plus gros tubes du groupe (ça retombe un peu sur les vieilles chansons), et il y a autant de monde au balcon que dans le décolleté de la très désirable Scarlett Johansson. La moyenne d’âge doit presque dépasser les 30 ans (justement), et les gens sont venus de toute la France. Alors le stand ne désemplit pas du concert (un t-shirt souvenir pour frimer au boulot), et le bar n’est pas en reste. Ce soir c’est grand soir, et si l’observateur objectif peut regretter une certaine redondance dans le show (chœurs systématiques, lignes de chant quasi-identiques et riffs copier/coller), le fan est quant à lui ravi de pouvoir se trémousser les hanches ou lever son poing sur « No Direction », « Germs Of Perfection », « I Want To Conquer The World » ou l’hymne « Generator ».

C’est un véritable best-of qui est interprété, et le chanteur Greg Gaffin a à peine le temps d’engueuler un vigile un peu trop virulent, d’appeler Brett son guitariste Brian, de blaguer sur leur album live gratuit (« Par contre il faudra payer pour le prochain… bon vous pouvez aussi le télécharger ») et de promettre un retour dès l’année prochaine (il l’avait déjà dit il y a… 6 ans), et c’est déjà l’heure de balancer « Infected » puis la toujours d’actualité (et pour les 30 prochaines années sans doute) « American Jesus », que tout le monde reprend en chœur.

Le rappel (surprise !) va à lui seul faire la parfaite synthèse du groupe. Chanson supra-dynamique avec « Punk Rock Song », mid tempo tubesque avec « 21st Century Digital Boy », puis refrain hypra-fédérateur et grandes envolées mélodiques sur « Sorrow ». Conclusion parfaite d’une soirée qui aurait pu être gâchée par quelques parasites et un prix presque indécent, mais il s’agissait incontestablement d’un grand événement. Leur carrière est sans doute derrière les papys du punk californien. Mais il y en a un paquet qui donneraient cher pour voir d’aussi jolies choses qu’eux en regardant par-dessus leur épaule… Respect.

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