oct.
9
2007
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Bad Religion >> Recipe For Hate |
Contexte :
Sorti un an après le fameux Generator, Recipe For Hate est aussi le dernier album sur le label Epitaph Records créé par Mr. Brett - et le porte-feuille de son père - 12 ans auparavant (le groupe signera ensuite sur major avant un retour fracassant sur Epitaph). A cette époque le groupe commence donc a être approché par des majors. La collaboration d’Eddie Vedder, chanteur de Pearl Jam et grand fan de Bad Religion, et une envie de se diversifier musicalement, contribueront à un affinement des compos et au son différent de ce disque.
Le style du groupe se nuance mais ralentit aussi sensiblement et beaucoup de fans reprocheront à Recipe For Hate cette baisse de régime (Stranger Than Fiction remettra d’ailleurs les points sur les "i" à ce sujet). Pourtant le moment du changement réel de cap musical, voulu par certains membres du groupe, ne se fera vraiment qu’après le départ de Gurewitz. C’est aussi une des raisons des tensions au sein du groupe, en plus des problèmes de drogue de Mr Brett, qui entraîneront le départ de celui-ci.
Chronique :
Cet album est surtout connu parce qu’il contient quelques-unes des plus belles chansons du groupe : "American Jesus" (feat. Eddie Vedder), mélodie simple, chant plein d’émotions, texte formidable, "Man With A Mission", effets de gratte et chant originaux, chœurs en tierce, "Struck A Nerve" (le plus beau texte) célèbre pour la participation de Johnette Napolitano (de Concrete Blonde), superbe mélodie, solo de fin à en chialer, et surtout "Skyscraper", la meilleure chanson de l’album pour moi, qui marie la rapidité à l’émotion, la plus belle mélodie, les plus beaux chœurs... une tuerie quoi !
La présence de ces chansons plus belles que punk (souvent assez lentes) est parfois reniée par certains fans, mais Bad Religion n’est pas le groupe le plus punk du monde non plus et ces chansons mettent surtout en avant les vrais atouts du combo (en plus des textes) : les mélodies, la voix de Graffin et les chœurs, plus nombreux sur cet album bien que pas encore parfaitement maîtrisés.
Certes on ne retrouve plus la furie de titres comme "Unacceptable" de Against The Grain, "Delirium Of Disorder" de Suffer ou "Sometimes I Feel Like..." de No Control, mais toute volonté de changement, pour éviter la routine et l’épuisement de l’inspiration, nécessite des tâtonnements, parfois mauvais dans le cas de "All Good Soldiers", parfois bons et qui seront développés dans le futur, comme les différents styles de "Recipe For Hate", "Watch It Die", "Don’t Pray On Me", "Portrait Of Autority". Cependant d’autres titres rappellent, excellemment, ce que Bad Religion avait l’habitude de faire auparavant comme "My Poor Friend Me" ou "Lookin’ In".
Pour résumer, Bad Religion expérimente pour le futur sur cet album qui sera assez mal accepté par les fans. Le groupe opérera un retour aux sources avec l’album suivant avant de reprendre dans ce sens pendant la période major. Renfermant certaines des plus belles pépites du groupe, cet album parfois triste ("Struck A Nerve") parfois joyeux ("Modern Day Catastrophists", "Kerosene") préfigure, même s’il manque parfois de maîtrise, ce dont le groupe sera capable et l’étendue de son talent.
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