Bad Religion

Bad Religion >> No Control

Contexte :

La machine est lancée. En 1989, un an après Suffer, Bad Religion ne se pose plus de questions et sort No Control. Le line-up Graffin, Gurewitz-Hetson, Bentley, Finestone, stabilisé depuis 1987 (jusqu’à 1991) sortira 3 albums majeurs du groupe et du punk en général, et No Control en est le second volet. C’est le début d’une période faste pour le groupe qui enchaînera les albums quasiment annuellement, des réussites, et bénéficiera d’une popularité grandissante.

Chronique :

Le voilà donc ce "petite frère" de Suffer ! Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont presque jumeaux c’est deux-là (bientôt triplés même avec Against The Grain)... Cette ressemblance, loin d’être un défaut pour l’instant, confirme tout le bien qu’on pensait de BR mais annonce tout autant une nécessité future : approfondir les acquis et le style propre au groupe sous peine de susciter la lassitude du public.

Cette évolution, le groupe parviendra à la faire avec brio mais pour l’heure on retrouve ici tout ce qui a fait le succès de Suffer : des textes subtiles, philosophiques et engagés ("progress is a debt we all must pay, its convenience we all cherish, its pollution we disdain"), portés par un chant mélodique au débit ultra rapide (on est parfois essoufflé pour Graffin), un tempo soutenu, une rythmique qui pousse au cul avec une basse prépondérante sur laquelle se plaquent des riffs simples et agressifs qui laissent l’espace nécessaire à la voix de Graffin pour s’épanouir.

L’album alterne les ambiances à merveille et se divise en deux parties qui s’entremêlent. Une partie des tunes sont agressives ("Big Bang", "The World Won’t Stop Without You"), sombres ("Sanity", plus lente) et rentre-dedans ("Sometimes I Feel Like...* ?!% !", "I Want Something More" à la ligne de basse énorme !), alors que l’autre partie est plus mélodique, tout aussi rapide mais sonnant plus comme des hymnes où l’accent est mis sur les textes, le message et le chant. Pour preuve les titres très explicites des morceaux comme "Change Of Ideas" (une tuerie en live), "No Control" (pleine de joie et d’entrain), "I Want To Conquer the World" (un monument du groupe avec ses solos de gratte et le refrain déclamé vraiment comme un hymne), "Progress" (un texte formidable, superbes chœurs).

Certaines laissent aussi la place à des originalités et surprennent même par des breaks à la fin ("Automatic Man", "I Want Something More"), par des changements de rythmes constants comme "Henchman" (mid tempo accélérant vers le milieu en plus des chœurs pour une efficacité jouissive). Sans parler de l’institution "You" avec sa ligne de basse culte, une des préférées des fans par laquelle beaucoup ont découvert le groupe, et qui traite du virtuel qui prend de plus en plus de place dans notre société.

La maturité est au rendez-vous de ce 2è opus et corrige les quelques mini reproches qu’on avait pu faire à Suffer. Certaines tunes résument déjà LE style Bad Religion et sont de véritables claques ("Anxiety", "Billy" où Gurewitz parle de ses problèmes de drogue). Bref un monument qui surpasse encore, à mon avis, son déjà énorme prédécesseur.

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