Bad Religion

Bad Religion >> Suffer

Contexte :

Bad Religion a mis du temps à trouver un line-up stable. Depuis 1982 le groupe est passé par diverses formations avec des arrivées, notamment celle de Pete Finestone en remplacement de Jay Zikrout, au milieu de l’enregistrement du 1er album How Could Hell Be Any Worse, ou celle de Tim Gallegos sur Back To The Known, en 1984, après la reformation du groupe et en remplacement de Jay Bentley parti avec les Wasted Youth. Mais l’arrivée d’un deuxième gratteux, Greg Hetson, des Circle Jerks, va beaucoup apporter à la stabilité du son de Bad Religion. De plus en 87 Mr.Brett qui était à la production sur le 45 tours Back To The Known, revient dans le groupe, ainsi que Jay Bentley ; et Bad Religion, enfin stabilisé, prend son véritable départ en 1988 en sortant Suffer (même si ce qu’a fait Bad Religion avant, bien qu’assez introuvable, est intéressant aussi, d’où l’intérêt de la compil’ 80-85 ).
Suffer, c’est avant tout, comme le dit Fat Mike, le chanteur-bassiste de NoFX, "the album that changed everything". Consacré "album de l’année 88" par les magazines Maximum Rock n’ Roll, Flipside et Trust, Suffer est une révolution dans le punk rock et en tant que tel, encore aujourd’hui, un monument cité en référence par quasiment tous les groupes de punk rock moderne.

Chronique :

Direct héritier du rock américain ("What Can You Do ?") et de ses mélodies ("1000 More Fools"), Bad Religion invente le punk rock mélodique en intégrant parfaitement la rage ("Delirium Of Disorder") et les idées ("Do What You Want") du punk rock originel. Preuve qu’on peut faire du punk sans avoir de crête et composer des mélodies accrocheuses ("Suffer") en étant révolté et contestataire.

Tous ces éléments se retrouvent déjà dans ce disque. Les compos entre 1 minute et demie et 2 minutes distillent un punk rock tendu, presque essoufflant, expédié avec maestria et dont l’avantage est d’être "prévisible" : musique porteuse, presque "naturelle" à l’écoute car facile à suivre et "vivre", riffs simples, puissants, agressifs par moment, soutenus par une basse très mise en avant ("Give You Nothing", "Part II (The Numbers Game)"), qui se plaque sur les deux guitares, le tout rythmé tel un métronome par un Finestone au style constant, brut et aux variations toujours dans le ton.

Les mélodies sont accrocheuses et entraînantes ("Forbidden Beat" et surtout "1000 More Fools" la meilleure de l’album avec "Suffer"), les choeurs et le chant de Graffin sont plus que tout mis en avant ("Suffer", "How Much Is Enough ?"), bien plus que la musique qui se révèle tout de même très efficace.

Les changements de rythme nombreux ("Give You Nothing", "Best For You"), les chansons courtes ("Pessimistic Lines"), le rythme soutenu et les quelques originalités et variations de styles, la fraîcheur d’un premier album, l’entrain ("Part IV (The Index Fossil)", "What Can You Do ?") alterné avec la rage ("Delirium Of Disorder"), les nombreux hymnes punk ("Do What You Want", "You Are (The Government)"), tout cela pallie parfaitement au danger de répétitivité, grâce aussi à une voix, des choeurs et des textes superbes (notamment "When ?" et "Land Of Competition").

Gurewitz et Graffin ont révolutionné le punk rock en créant un style "chanté" ou la voix de Graffin manie parfaitement les émotions et véhicule des sentiments tout en gardant la rage et la vitesse qui caractérisent le genre. Par cette approche mélodique portée par d’excellents textes réfléchis et engagés, la musique résolument punk rock du groupe et la technique encore parfois limitée de ses membres, s’enrichiront et s’amélioreront avec le temps. Mais cet album pose déjà les bases d’un groupe pilier du punk rock mélodique américain.

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