janvier
25
2013
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Bad Religion >> True North |
Contexte :
Ça y est Bad Religion a dépassé les 30 ans de carrière, Brett Gurewitz les 50 ans, et le group, dans son ensemble, le cap des 15 albums studio. Après une longue rumeur de séparation probable après ce disque, Greg Graffin est venu rassurer tout son monde courant janvier 2013, annonçant que le groupe était toujours là et pour encore longtemps. Et ce n’est pas la vitalité de ce nouvel opus, True North, qui va le démentir…
Chronique :
Là où le précédent disque trompait un peu l’auditoire avec sa tracklist mal embouchée, son single emmerdant et ses envies d’ailleurs, True North envoie balader les complexes d’infériorités (le single « Fuck You » est juste parfait). Bad Religion revient à son punk rock de toujours (« True North »), après avoir une nouvelle fois cherché à s’en éloigner, symptôme cyclique d’une baisse d’inspiration chez ces groupes vétérans où la peur de tourner en rond est parfois plus grande que l’angoisse de la page blanche… Mi-2012, on annonce donc un retour aux bases, on lit même dans une interview que l’album All Or Nothing de Pennywise aurait donné envie à Gurewitz d’écrire le successeur de No Control (1989) : "We went back to our original mission statement of short concise bursts of melody and thought. The intent was to record stripped down punk songs without sacrificing any conceptual density".
L’état d’esprit est donc différent, rompant même avec la période The Empire Strikes First / New Maps Of Hell (début de la période Joe Barresi, pourtant toujours aux manettes pour cette cuvée 2013). Preuve en est, la production moins ample et ambitieuse (la batterie notamment), le ton plus sec des guitares, la coloration vaguement old school de la plupart des titres (dont la moitié sous les deux minutes), la quantité de soli jubilatoires (« Robin Hood In Reverse ») et de riffs basiques, certes tous ou presque déjà entendus (« The Island », « Land Of Endless Greed »), mais qui sonnent bizarrement "frais" en 2013, et laissent de fait davantage de place à l’atout majeur de Bad Religion - quand il est en pleine possession de ses moyens : le chant.
True North est ainsi un bijou de travail sur les dynamiques et les arrangements vocaux. Toute sorte de chœurs sont à l’œuvre, des fameux oozin’ aahs à des appuis plus percutants, des dédoublements, des tierces, à deux, à trois, à quatre… Un vrai régal sur la plupart des morceaux, certes pas tous mémorables (« Dept. Of False Hope » - qui passe bien en live ceci-dit -, ou « Past Is Dead »), mais comment pourrait-il en être autrement avec autant de tubes déjà au répertoire ?
La diversité et l’agencement du disque sont cette fois parfaitement pensées, au service de l’album et de sa cohérence, plus que des aspirations du groupe. Le seul morceau à rallonge, « Hello Cruel World » est placé en milieu de tracklist et constitue un moment assez intime et mélodieux. Plusieurs surprises aussi, comme les audaces quasi Pennywisiennes de « Vanity » juste après, ou les senteurs rockab’ de « Dharma And The Bomb ». On pourrait citer aussi l’excellente « In Their Hearts Is Right », le riff de « Crisis Time » ou le refrain de « Nothing To Dismay » (il y a du Against The Grain là-dedans !), pour justifier d’un milieu d’album très solide, au songwriting chiadé mais pas grandiloquent, et qui épargne à l’auditeur l’impression de « remplissage » si désagréable.
Un disque de Bad Religion ne serait pas une réussite sans un mid tempo dansant dont le groupe nous a régulièrement gratifiés pendant ces trois décennies. C’est donc ici « Popular Consensus » qui s’y colle, avec réussite, avant d’entamer le dernier virage de l’album avec « My Head Is Full Of Ghosts » qui envoie le bois, tandis que la magistrale « Changing Tide » est une parfaite conclusion à cet opus concis (36 minutes), sans fioritures ni bonus tracks, mais avec une jeunesse (encore une fois !) retrouvée et quantité de très bons titres.
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