Groezrock 2009 - Samedi @ Meerhout (Belgique)

Date du Report : 18 avril 2009

Réveil difficile en ce samedi, comme de coutume. Les œufs au lard à peine avalés, le brossage de chicots et la douche au déo à peine expédiés (tout de même, on n’est pas des bêtes !), il faut remettre la tuyauterie en état de marche. Vin rouge et croustilles-fromage de rigueur, tout ça au soleil s’il vous plaît, l’invité surprise de ce début de journée. Il est pourtant très vite l’heure de se diriger vers le site des concerts. On a déjà raté les locaux de Tackleberry (ça devait bouger !), Nuns Go Riot (groupe avec des ex-Cornflames) et Gino’s Eyeball (qui a dû en faire remuer des tétons…), mais surtout les furieux d’Outbreak (au petit déj’ ça devait nettoyer les esgourdes !) et ça c’est une première déception...

La matinée commence donc à 11h20 avec LE scandale de la programmation, à savoir Bane, qui se voit allouer un créneau ridicule de 25 minutes sur la Core Stage. Vraiment navrant vu la qualité du groupe du Massachusetts qui se donne à fond, les karaté kicks du guitariste Zach Jordan en première ligne. Aaron Bedard laisse rapidement ses musiciens en backing-band sur scène pour se percher sur les barrières de la fosse et faire participer les premiers rangs. Un concert de coreux pour les coreux, Bane n’est pas là pour faire la comédie devant 5000 personnes plus ou moins intéressées par le groupe, Bane joue pour ses fans et même si certains râlent de ne pas apercevoir le chanteur pendant plus de la moitié du show, this is hardcore ! On regrette évidemment que ce concert, peut-être le moins « mis en scène » des sets hardcore du week-end, n’ait pas eu lieu sur Back To Basics : sans barrières ni sécurité, ça aurait pu avoir de la gueule. Double scandale donc.

Revenons d’ailleurs un instant sur les aberrations de la programmation de ce samedi. Surtout depuis les annulations de Static Radio NJ, Jasta et d’H2O, on aurait pu espérer un certain remaniement, un réarrangement du time schedule pour panacher les styles et ne pas voir jouer en même temps deux groupes au public sensiblement identique. Au lieu de cela on se retrouve pendant la première partie de la journée (celle où les concerts ne sont pas encore assez longs pour se chevaucher de moitié) à devoir choisir par exemple entre The Flatliners et la révélation hollandaise Tenement Kids, entre This Is A Standoff et les vieux briscards de Street Dogs (ajoutons aussi dans une moindre mesure le cas de conscience entre les timbrés de The Aquabats et les excellents coreux de True Colors). Parce que le pire dans tout ça c’est qu’en milieu d’après-midi la programmation souffre d’un grand trou d’air avec une brochette de groupes inintéressants tels que Architects, Mid Air Collision, The Ghost Of A Thousand, The Academy Is…. Allez comprendre. Enfin vous allez me dire que c’est presque comme ça tous les ans et que ça reste une histoire de goûts personnels, mais bon…

Toujours est-il que derrière Bane, c’est le set des canadiens de The Flatliners qui débute. Un set qui aura donné la première leçon de la journée. Décontractés, encore un peu cuités selon leurs dires, les « gamins » de Fat Wreck Chords viennent tout ravager. Tout en puissance et en maîtrise, les titres de The Great Awake et Destroy To Create viennent faire l’amour à de nouveaux morceaux qui sonnent super bien ! Pas vraiment perdu entre The Lawrence Arms et feux The Suicide Machines, le quatuor impressionne sans en rajouter. Sa musique suffit à rallier le public à sa cause. Cette journée partait finalement sous de très bons auspices !
En avance sur le timing, la bande à Chris Cresswell nous gratifie d’un nouveau morceau tubesque à souhait, puis finit en beauté avec la furieuse « July ! August ! Reno ! ». Nul doute que pas mal de spectateurs se sont précipités sur leurs albums vendus à seulement 5 euros sur le stand de merch.

Un stand, on n’en a pas parlé, est installé dans la tente prévue à cet effet et fait office comme chaque année de supermarché du punk. Celui du festival, au fond du site, n’est pas en reste : tout l’attirail pour se déguiser comme dans les clips de Good Charlotte est là, de même que des tonnes de disques et de vinyles. Les marques sont présentes aussi, avec les stands Macbeth (la marque de Tom Delonge) ou Etnies, qui fait fort en comm’ en filant des frisbees aux festivaliers, mais aussi des chaussettes et chaussures aux groupes dans le coin VIP…

Plus sincère que ces considérations mercantiles, les Tenement Kids confirment eux aussi tout le bien qu’on pensait d’eux, devant un public pourtant restreint vu la grosse machine The Flatliners qui joue en même temps dans le chapiteau principal (il a fallu faire des choix on vous l’a dit). Le groupe est emmené par le très charismatique Gijs Wilbrink, en bras-de-chemise (à carreaux), et déroule avec une classe toute en influences Hot Water Music (les t-shirts du groupe floridien présents sous le chapiteau Back To Basics ne trompent pas). L’album acclamé We’ve All Been Down sorti chez Funtime Records (label belge dont l’écurie est décidément bien représentée ce week-end) est joué en quasi intégralité. Le set ouvre sur l’énorme « The Question’s Always Easier (Than The Pain) », les titres tels que « Let It Rain, Let It Roar », « Soul », « Stampeding Cattle » font étalage de tout le talent mélodique et technique du groupe. C’est fédérateur, énergique et tout en nuance. Gijs grand vocaliste de son état, bien aidé aux chœurs par Tim Meijer (basse), vit le set de manière viscérale et même Sander Koot, le nouveau batteur arrivé il y a peu (l’ancien marteleur préférant se consacrer entièrement aux non moins excellents Smash The Statues), n’est pas en reste. Un morceau extrait de l’EP Doves et l’incroyable « Quit Playing Them Strings » (avec son solo de fin à vous faire hérisser les poils sur les bras) seront d’autres grands moments d’un set qui aurait mérité pour le coup plus d’exposition, plus de public, plus d’audace en fait de la part de nos amis programmateurs…

Alors que Tenement Kids finissait son set, le groupe hybride mi-coreux/mi-méchus/mi-métalleux, Misery Signals, a fait son apparition sur la Core Stage. Assez méconnu du grand public, le groupe doit jouer devant environ 1500 curieux (ça laisse de la place pour mosher), mais n’en tient pas vraiment compte et fait péter les décibels : voix gutturale, batterie mitraillette et petites mélodies aériennes (« Failsafe »). Pas de doute, ces mecs ont placardé un poster d’Hopesfall, époque The Satellite Years, dans leur van et se prosternent devant tous les soirs. Meilleure preuve : « The Year Summer Ended In June » qui achève le set sur une petite touche de légèreté.

Pendant ce temps la foule s’en est allée se masser sous le grand chapiteau avant le début de The Unseen. Les crêteux débarquent sur l’intro de leur dernier album, et le pit part très vite en trombe. Les centaines de fans présents reprennent tous les refrains le poing levé, et on comprend très vite que les circle pits de ce côté de la frontière, c’est autre chose que les combats de Teletubbies auxquels on assiste en France. Comme d’habitude avec le groupe de Boston, tout est à l’énergie. Le set s’apparente à un sprint, et a du mal à tenir la distance. Si Mark Unseen avec sa crête légendaire, continue de courir partout et de venir taquiner les premiers rangs avec son micro, les chansons du groupe se ressemblent trop pour ne pas lasser dans une configuration telle qu’un chapiteau de plusieurs milliers de personnes mal adapté au hardcore punk le plus brut. N’empêche que la hargne du groupe reste communicative (« Paint It Black » la cover des Stones, fait comme d’hab’ un tabac, même si bizarrement en milieu de set) et permet au Groezrock de monter doucement en puissance au rythme des hymnes tels que « Explode », « Right Before Your Eyes » ou de mid tempos plus digestes tels que « Torn And Shattered ».

Beaucoup prendront le parti de zapper l’emo pourtant pas dégueu d’Emery dont le set est de toute manière déjà entamé et dont la fin empiète en plus sur le début des Street Dogs. Cette première venue en Europe d’Emery vaut pourtant un petit détour, c’est même l’événement pour tout fan d’emo à mèche qui se respecte (d’ailleurs, on repère des coupes de cheveux assez improbables dans le public). Bizarrement, les Sud-Caroliniens semblent laisser un peu de côté leur dernier album, et préfèrent jouer les tubes du précédent : « Studying Politics », « The Weakest », quasiment tout The Question y passe. Peut-être l’aveu que l’album I’m Only A Man n’est pas vraiment du goût de tout le monde, même si « The Party Song » envoie un poil plus que les autres. De toute façon, ce que le public semble attendre, c’est un titre extrait de l’opus The Weak’s End, demandé à chaque pause-échange chanteur/guitariste du groupe. Requête exaucée à la fin du set, « Walls » et son refrain criard viendront appaiser les ardeurs des fans.

Les Street Dogs entendent bien eux aussi, ne pas faire retomber l’ambiance de la Main Stage et débarquent avec une flopée d’hymnes à boire (« Not Whithout A Purpose » en tête). Bien décidé à rallier le public à sa cause, le chanteur Mike McColgan fait lever le poing de tout le monde sur chaque chanson, demande au public de reprendre les refrains, se rappelle qu’il a soi-disant été pompier en escaladant la structure surplombant la scène pour lancer un circle pit (qui ne se sera pas aussi important qu’escompté).
Les Street Dogs ne relâchent pas leurs efforts, et c’est tout à leur honneur, mais malgré leurs très bons titres (aaah « Back To The World » !), ils ne parviennent pas encore à boxer dans la même catégorie que leurs cousins de Flogging Molly ou Dropkick Murphys. Une petite reprise de Black Flag, « Rise Above », avec Mark Unseen en featuring (Tim McIllrath de Rise Against aurait rejeté l’invitation...), un peu avant la fin, et voilà Mike « Hulk Hogan » qui tente de slammer d’un bout à l’autre de la tente. Il s’arrêtera au milieu, non sans s’être fait défroquer par quelques petits malins sous les applaudissements d’une foule amusée.
Tout cela est éminemment communicatif pour ceux n’ayant jamais assisté à un concert du groupe de Boston qui fait vraiment le show et vaut vraiment le détour en live. Pourtant si c’est là votre deux ou troisième expérience avec la bande à Mc Colgan (quelle horreur cette chemise couleur brocolis en béchamel !), le jeu de scène du groupe se révèle à la longue assez stéréotypé, plutôt attendu et un brin surjoué, notamment les fist pump quasi systématiques réclamé par le chanteur…

Une partie de la team s’en ira donc à la moitié du concert afin d’assister aux 25 dernières minutes du show de This Is A Standoff sur la Back To Basics Stage. Et là, attention, pas pareil ! Spontanéité, sourire dentifrice (Steve Rawles fait toujours autant de grimaces), grosse énergie et ambiance de feu, le groupe semble très attendu en terre Belge et le petit chapiteau est bondé malgré les sets simultanés de Street Dogs et Architects (groupe metalcore britannique de chez Century Media, très populaire en terre flamande). C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on constate ne pas avoir raté les tubes « Silvio », « Where I Can’t Be Heard », « There’s A Little Lemoncello In Everyone », « Underwater »… Cette fin de set semble en tout cas davantage dédiée au premier album du groupe. Et autre surprise, ce n’est pas Graham Churchill qui officie à la batterie ! On n’a pourtant pas perdu au change puisqu’on reconnait, s’échinant comme un damné derrière les fûts, Snico batteur des tarés d’Actionmen ! De quoi rappeler les bons souvenirs de la tournée commune des deux groupes il y a un an (live report). L’italien n’a en tout cas rien à envier à son collègue canadien, sa maîtrise des compos du groupe, notamment des nouvelles (« Everyhting We Take », « Can’t Take Them All »…) et des parties de batterie dantesques de G. Churchill, est assez incroyable et devient même l’attraction du show. Meilleur batteur du week-end ? On ressort en tout cas de là avec un sourire jusqu’aux oreilles et le sublime tapping de « Dream Beater » résonnant encore entre les oreilles…

Le marathon continue, pas question de s’arrêter en si bon chemin. La grosse et belle surprise va, tout de suite après, venir du set de The Aquabats. Grimés et arborant leurs traditionnels costumes moulants, les héros américains débarquent avec plus de patate que Ronnie MacDonald, et envoient tube sur tube. Mélangeant l’énergie du punk rock à des rythmes ska ou des sonorités new wave, The Aquabats sonne comme la rencontre improbable entre Andrew WK, No Doubt et Operation Ivy (ou pas). Et en plus, leur chanteur, le Bat Commander, c’est Jack Black ! Une blague, une autre, des coups de pieds à la Karaté Kid, des sauts à la Jen de Superbus ou des roulades au sol viennent constituer son jeu de scène virevoltant. Le terme « jeu de scène » n’a jamais été aussi bien porté. Le public ne s’y trompe pas, rentre dans le truc, et tout le monde est mort de rire devant les pitreries du groupe. Un gros méchant entièrement fait d’or vient essayer de tuer le rock’n’roll, mais les super héros de bleu vêtus lui règlent son compte, avec un salto arrière dans la face. Dire que Travis Barker a joué un temps dans ce groupe. Ça devait être quelque chose (la crête dépassait-elle de son improbable casque ?) ! Pour finir en amour, gloire et beauté, c’est l’heure de la « pool party ». Le staff du groupe vient jeter des dizaines d’objets gonflables au public. Voilà des bouées, bateaux, animaux en tout genre et piscines en train de pogoter dans le pit. En tout cas une franche partie de rigolade qui fait du bien !

Spéciale dédicace à Roger du zine, on a quand même pu passer dix minutes à la Back To Basics devant le groupe youth crew True Colors. Les allergiques au pitreries de The Aquabats en ont eux, pris un peu plus dans la tronche. Une minute et demie par chanson, c’est le tarif ici, et en plus, sans connaître, on a un peu l’impression que c’est toujours la même. Ça ne dérange personne, tout le monde est là pour le concours de stage diving. Problème : trop de monde sur scène, pas assez dans la fosse, 50% des sauts se finissent donc face ou cul dans la boue...

Bref, retour à des activités plus calmes pendant la pause des groupes « mais que font-ils ici ? ». Car derrière, les chouchous de Pete Wentz, The Academy Is…, font bien pâle figure sur la scène principale et ne valent pas vraiment le déplacement. C’est donc le moment du ventre mou de la journée (près de deux heures), où seuls les First Blood attirent l’attention. Mais là encore on constate une belle aberration de la prog. Le combo de San Francisco Bay, remplaçant de Jasta, s’est en effet vu allouer un créneau de 45 minutes, sachant qu’il n’a en poche qu’un album d’à peine 30 minutes... Allez comprendre.
Défi relevé pourtant, les coreux montent sur scène et balancent les riffs. Et c’est parti pour le mosh, mais attention ! On parle de mosh de compétition, genre les mecs, tu les mets dans un champ de blé, ils te font la moisson et le triage des grains en même temps. Et ça enchaîne circle pit sur circle pit, avec des interludes wall of death ; en gros de quoi revenir avec des blessures de guerre à montrer à ses copains, en leur criant un bon coup « Next Time I See You, You’re Fucking Dead », juste histoire de leur faire peur...

C’est donc les batteries un peu rechargées que l’on s’avance vers le show d’autres « glorieux anciens » présents au Groezrock : The Vandals. Avec ou sans Josh Freese, c’était la question. Finalement il est bien là et malgré son gros niveau c’est sans énergie et avec un son vraiment pas terrible, que les américains délivrent leur set (sur la Main Stage la responsabilité peut quand même être largement imputée au groupe et à son staff, inadmissible). Les vétérans californiens ont donc du mal à faire se remuer les foules, malgré un chapiteau copieusement rempli qui reprend quelques refrains en chœur (notamment la reprise de Queen « Don’t Stop Me Now »). Face à ce manque d’entrain, les quatre quittent la scène dix bonnes minutes avant l’heure prévue. Pas très classe comme attitude. Grosse déception du week-end The Vandals ne seront vraiment pas parvenus à marquer les esprits, l’apathie des kids devant un tel groupe culte n’aura pas aidé non plus. Tout fout l’camp !

On reste du côté de la Main Stage faisant donc l’impasse sur Darkest Hour et sur Billy The Kill, groupe belge pas dégueu - à ne pas confondre avec le projet solo de l’ex-Second Rate - venu remplacer au pied levé Static Radio NJ. Le mal de jambes commençant à pointer le bout de son nez, les allers-retours entre scènes deviennent difficiles, d’autant que le temps s’est largement assombri, que la pluie menace et qu’elle n’épargnera pas la fin de journée, rendant le site encore plus crade qu’il ne l’est déjà après 2 jours de libations, de jets de frites-mayo et de pisse à des endroits pas toujours prévus à cet effet. Les premiers mecs ivres-morts jonchent le sol boueux, les secouristes courent un peu partout, et comme la température extérieure, l’ambiance générale retombe d’un cran aux alentours de 19h00.

Placés sur la grande scène un peu à la surprise générale, les australiens de The Living End vont pourtant livrer la plus belle explication qui soit, et en musique. Parce qu’ils ne sont que trois, les musiciens sont assez statiques (surtout le batteur et le contrebassiste, étrangement...) mais laissent la musique parler pour eux. Entre Green Day et Stray Cats, ils se permettent une avalanche de tubes potentiels du meilleur goût. Ici une intro qu’AC/DC n’aurait pas reniée, là un riff que Rage Against The Machine aurait pu jouer, et du début à la fin une voix toujours parfaitement placée. Plus posée que tout le reste de la programmation, le combo ne provoque pas de grands remous, de circle pits ou de bravehearts, mais se fait copieusement applaudir entre chaque morceau. C’est amplement mérité, leur aisance technique tourne à la démonstration, chaque musicien se lançant dans un solo avant le tube « Roll On » qui vient en tout cas achever un concert de haute volée.

Entre The Living End et No Fun At All, se produit ensuite sur la petite scène le groupe belge The Sedan Vault. Auteur du remarqué Mardi Gras Of The Sisypha en 2006, les belges sont de retour avec un nouvel opus intitulé Vanguard. L’atmosphère intimiste du petit chapiteau fait que l’on rentre directement dans l’atmosphère particulière où se croisent The Mars Volta, Radiohead ou encore Sigur Ros. Les petites nouvelles (« Autochtonic », « Unidentified Flying Subjects », « Communism By The Gallon ») font sensation. En effet, si le groupe avait l’habitude de dépasser les 5 minutes, les dernières compos restent en majorité sous cette barre. Résultat, l’attention du spectateur ne faiblit pas, au moins pendant la première partie du set. La fin sera en effet plus dure à suivre pour une grosse partie du public qui ira voir ailleurs, notamment du côté des horribles mais populaires Mad Sin. Le petit millier de spectateurs présent aura droit aux immanquables « Zyklon B In Tranquillizer » et « Black Waltz In White Shoes » avant la clôture d’un set très classe, même si un peu en marge stylistiquement parlant.

Dans la catégorie « rescapés de la maison de retraite », No Fun At All revient mettre le couvert après sa venue événementielle de l’an passé. Pour le coup sa sent un peu le réchauffé et les brumatiseurs n’ont apparemment pas suffi à les revigorer, la déception est en effet de mise chez les fans du groupe de punk mélo suédois qui sert comme prévu sa tripotée de standards tels que « Reckless (I Dont’ Wanna) » du dernier opus en date et le fameux « Master Celebretor » pour conclure le set. C’était mieux avant, comme dirait l’autre.

Comeback Kid fait ensuite le plein même si les gros bras de Death Before Dishonor (bien représentés tout le week-end au teeshirtomètre) bénéficient d’une affluence remarquable sous le petit chapiteau pourtant cerné d’une tranchée boueuse quasi infranchissable… C’est la guerre là-dedans mais on en attendait pas moins des controversés bostoniens, dont l’orga a sans doute sous-estimé la popularité.
La bande à Andrew Neufeld aurait elle, surement dû être plutôt placée sur la Main Stage. Comeback Kid fait son entrée sur une Core Stage plus que pleine à craquer, là aussi nouvelle erreur des programmateurs. Portés par un public qui reprend les paroles en serrant les poings (« Defeated », « Partners In Crime », « Changing Face », « Industry Standards », « Die Tonight », « False Idol Falls », « All In A Year », « Hailing On Me »), les canadiens envoient du bois. La tension est à son maximum pendant presque une heure, jusqu’au moment où est lâché l’incontournable « Wake The Dead », celle que tout le monde attendait et dont le refrain sera repris par près de 10 000 personnes. De quoi filer des frissons au plus costauds des tough guys !

Certains pourtant ne sont pas restés assister à ce moment qui restera sans doute dans les annales du festival, car la Main Stage accueille en même temps (sic !) l’évènement de la soirée. Reformés pour quelques concerts à l’occasion du dixième anniversaire de « Something To Write Home About », The Get Up Kids sont attendus de pied ferme pour ce seul et unique passage en Europe. Si l’arrivée sur scène de Matt Pryor et ses complices a fait passer quelques frissons dans le public, les premières notes de « Holiday » vont tout emporter. Ah nostalgie quand tu nous tiens !... Et c’est bien évidemment Something... qui est à l’honneur sur la setlist (« Action & Action », « I’m A Loner Dottie, A Rebel », « Red Letter Day », « Ten Minutes »), même si les autres albums auront également droit de citer (« The One You Want », « Coming Clean », « Martyr Me », « Up On The Roof », « Woodson », « Mass Pike », « No Love », « Don’t Hate Me »…). Le tout est brillamment exécuté, même si le timbre particulier de Matt Pryor peut s’avérer saoulant à la longue. Mais dès que ça s’essouffle, The Get Up Kids nous sort un tube de son chapeau, comme la reprise de « Close To Me » des Cure par exemple, qui redonne vie au public et constitue un autre grand moment du festival. C’est la très belle « Walking On A Wire » qui viendra ponctuer une prestation de haute volée, le groupe du Kansas a largement rempli son contrat. Preuve qu’on n’a pas besoin d’une coupe de cheveux stylée, d’un maquillage de raton-laveur et d’un jean slim pour faire passer l’émotion…

Comme d’habitude la fin de soirée voit les têtes d’affiche se bousculer. Il faut faire des choix et c’est Nations Afire, le nouveau all-star-band markété du moment (sans aucun disque et avec un seul concert dans les jambes) qui passe à la trappe. Tant pis, on ne pourra pas vérifier en live si le buzz suscité par le groupe dans lequel on retrouve notamment Chris Chasse (ex-Rise Against, ex-Reach The Sky), Nick Hill et Brett Rasmussen (Ignite) est mérité… Idem pour Bleeding Through, avec un son horrible sous la Core Stage (le plus mauvais du fest avec Poison The Well ?)

Puisqu’on l’évoque, c’est au tour de Rise Against d’investir la Main Stage. Le grand chapiteau a fait le plein (voire plus) alors que le set ne commence que dans 20 minutes. L’occasion de voir que la formation de Chicago dispose d’une fanbase énorme quand on sort de l’Hexagone. Et des fans qui plafonnent dans leur grande majorité au-dessus du mètre quatre-vingt, difficile donc dans ces conditions de voir toute la scène ou ne serait-ce qu’un bout de l’écran géant. L’entrée sur scène n’est pas loin de provoquer une hystérie collective, les trois premiers morceaux vont tout emporter sur leur passage : « Collapse / Post-Amerika », « Give It All » et « State Of Union ». Le tout sur fond de sing-alongs continus et de poings levés (c’est malin ça, on voit encore moins bien ; j’aurais peut-être dû regarder le concert sur l’écran de mon portable comme l’autre abruti devant…).
Très vite, on se rend compte que Rise Against boxe désormais dans la catégorie supérieure, celle qui remplit des salles de plus de 5000 personnes et se retrouve à l’affiche des grands festivals européens de l’été, celle qui privilégie le mid-tempo fédérateur, un brin MTVisé aux racines punk et hardcore du groupe. Ça joue super bien, y a rien à dire (avec une mention spéciale pour Zach ’Mr Propre’ Blair qui s’est vraiment imposé, secondant parfaitement Tim McIllrath), mais ça manque de folie et de spontanéité. Le charisme aussi est moindre sur les morceaux désormais nombreux, où Tim joue de la guitare. A signaler aussi le manque de groove incroyable de Brandon Barnes. Le batteur pourtant bon techniquement, a aussi parfois tendance à jouer les morceaux un poil vite, le reste du groupe semblant lui courir après.
Le dernier album le laissait craindre, le concert de ce soir l’affirme : le groupe qui a sorti The Unravelling et Revolutions Per Minutes n’est plus. Preuve patente : la version approximative de « Stained Glass And Marble », seule échappée du premier opus et qui sera la seule à faire baisser la tension dans le public (un scandale !).

Si Appeal To Reason figure en bonne place (« Re-Education (Through Labour) », « Lost Forgotten Sons » et la très FM « Audience Of One »), c’est The Sufferer And The Witness, l’avant-dernière production, qui truste la majorité de la set-list ce soir (« Ready To Fall », « Injection », « Drones », « Behind Closed Doors », « Survive », « The Good Left Undone ») avec en point d’orgue une intro théâtrale de « Chamber The Cartridge » (des milliers de poings levés criant « Rise !! » après un speech de McIllrath) et « Prayer Of The Refugee », qui conclut chaque concert du groupe depuis 2 ans maintenant. Rise Against quitte la scène sous des applaudissements nourris de fans conquis, les autres gardant une impression mitigée, celle d’un show parfaitement maîtrisé, trop peut-être…

Il reste une demie-heure de battement avant NoFX, direction la Core Stage où sévit Walls Of Jericho, pour voir Candace Kucsulain mettre une branlée aux frontmen coreux qui jouent du biceps. Niveau présence et énergie, la demoiselle n’a pas de leçon à recevoir. Dommage, on n’aura pas trop le temps d’apprécier, il faut déjà retourner vers la Main Stage (idem pour les locaux de Backfire dont on a entendu parler en bien).

Et c’est avec cinq bonnes minutes de retard que Fat Mike et sa clique rentrent sur scène. Le temps que monsieur enlève sa veste (comptez une bonne minute) et que le groupe lance une intro (comptez-en deux de plus), la première chanson démarre enfin et c’est « Linoleum » qui retentit, suivie par « Seeing Double At The Triple Rock ». Jusque-là rien à dire, ça roule tout seul : le son est parfait, ça joue bien, le public a démarré au quart de tour... Et survient « Stickin’ In My Eye », que pour une raison inconnue Fat Mike ne chantera pas, obligeant Melvin à prendre le chant lead au pied levé. Etrange... Et pour le coup, on commence à avoir des doutes sur la suite du concert. Doutes qui resteront présents tout au long du concert à cause d’une litanie de blagues plus foireuses les unes que les autres et d’une drôle d’ambiance, un manque d’osmose latent entre le groupe et son public. C’était redouté, prévu même, ça a bien eu lieu avec un Fat Mike qui manie l’ironie sur son « degré d’excitation indicible » d’être ce soir en Belgique, pays qu’évidemment il situe parfaitement sur une carte etc… Ce second degré a tout de même un arrière goût de je-m’en-foutisme assez désagréable et qu’il faudrait être bien naïf pour ignorer.

Le show continue donc cahin-caha avec « Mattersville », la petite dernière « The Quitter », « Radio », la cover de Rancid où El Hefe fait parler sa classe (c’est vraiment lui la pierre angulaire de NoFX), « Murder The Government », « The Brews » reprise en choeur par tout le chapiteau aux anges, « Arming The Proletariat With Potato Guns » (interminable et accessoire), « Champs Élysées » baragouinée, « Separation Of Church And Skate », « Perfect Government », « Reeko » avec la gratte et la basse échangées entre Mike et Melvin (grand moment !), « The Man I Killed » et « Bottles To The Ground »… Le set passe et Fat Mike demande combien de temps il reste. Réponse : 10 minutes soit juste le temps de bâcler « Franco Un-American », d’envoyer une moitié de la cultissime « Bob » (qualifiée de « merde » par Mike) avant de l’arrêter, d’annoncer peut-être l’énorme « The Desperation’s Gone » et de ne finalement pas la jouer, d’expédier « Soul Doubt » et « Kill All The White Man ». Voilà, c’est fini et c’est la déception qui nous gagne, surtout quand on voit le groupe et ses roadies danser sur scène pendant près de cinq minutes sur un air de générique TV démodé, juste après avoir posé les instruments…

NoFX est un groupe de branleurs depuis 25 ans, on le savait, mais c’est désormais un groupe de branleurs blasés dont le seuil d’excitation et de motivation pour ce qu’ils font est devenu quasi-inaccessible (à part jouer dans de grandes capitales, dangereuses si possibles, dans des conditions à l’arrache, cf. le DVD Backstage Passport). NoFX incarne le syndrome du burn-out en matière de punk rock mainstream. L’album Coaster le confirme, le groupe n’a surement jamais joué/chanté aussi bien mais on ne devrait jamais faire du punk rock, encore moins quand on est culte, de manière blasée. NoFX devrait se faire plus rare pour se relancer, attendre 5 ans avant de composer un album, faire un break pour mieux revenir… En attendant pour beaucoup ce soir - qui ne les avaient jamais vus, c’est peut-être la plus grande frustration de leur vie de punk rockeur.

Voilà le Groezrock 2009 est bel et bien fini et plusieurs questions se posent. Si la programmation de 2008 était exceptionnelle et nous avait gratifiés de shows de grande classe, le bilan est pour le moins mitigé en 2009 : cette année nous a offert peu de grosses claques et beaucoup de concerts dans la moyenne, dont pas mal de « déjà-vu ». Certains choix de l’organisation peuvent ainsi être remis en question : la pertinence d’une troisième scène, la présence de deux stands aux ambiances Macumba Discothèque (avoir de la techno en fond sonore alors qu’un groupe, notamment dans le style de The Sedan Vault, se produit juste dans le chapiteau à côté, c’est juste inadmissible) et la programmation qui privilégie les groupes US, quitte à les faire venir à grands frais pour une seule date (les Street Dogs, déjà présents en 2007, étaient au Japon la veille !), alors que bon nombre de formations européennes auraient largement leur place à l’affiche (et pas que des vieilleries comme No Fun At All).
Bon après il convient aussi de relativiser tout ça et de ne pas tomber dans le mauvais esprit : des milliers de kids ont certainement pris leur pied et/ou vécu là leur dépucelage en matière de punk rock et de hardcore de grosse envergure. Mais des questions se posent quand même vis-à-vis de la croissance plus tout à fait maîtrisée de ce festival pourtant unique.

- LIRE LE COMPTE-RENDU DU VENDREDI

Rédacteurs : Punkachu , Seb-O-Matic , Ste , Soss M@y0


Biographie des Groupes
NoFX
Comeback Kid
Death Before Dishonor
Mad Sin
No Fun At All
Outbreak
Rise Against
Street Dogs
Flatliners (The)
Sedan Vault (The)
Unseen (The)
This Is A Standoff
Tenement Kids