Rise Against - Revolutions Per Minute

Date de publication : 2 novembre 2007 par Punkachu

Contexte :

Deux ans après The Unraveling, Rise Against revient, en août 2003, avec un nouvel album, Revolutions Per Minute, mais sans son guitariste fétiche, Dan ‘Precision’. Un conflit entre Tim et ce dernier aura finalement abouti à un claquage de porte très médiatique. Le groupe est en effet sous les feux de la rampe depuis le succès de son premier opus. Dan ira rejoindre un autre groupe de Chicago, Break The Silence, et ses ex-compères enregistreront le petit nouveau avec Todd à la gratte. Le succès, encore plus énorme, conduira le groupe, très courtisé, à signer peu de temps après sur la major Dreamworks.

Chronique :

Aaaah Chicago ! La ville des Bulls, la ville de Victory Records, de Playboy Magazine… que de sensations… et voilà qu’en 2003 en débarque une autre de sensation, pur produit de l’Illinois. Le titre et la jaquette (où une grenade est branchée sur un casque de walkman) ne laissent pas l’ombre d’un doute, trêve donc de plaisanteries.

Sur la jaquette, des titres comme « Blood Red, White And Blue » , « Voices Off Camera » ou « Broken English » nous rassurent sur le caractère toujours aussi engagé, vindicatif et réfléchi des Rise Against. Les textes, très bien écrits, évoquent toujours ces thèmes sur le sens de la vie moderne et livrent une vision plutôt pessimiste du monde et de ses travers, violence post 11 septembre notamment. Tout cela sera propice, on s’en doute, à quelques envolées rageuses (« would God bless a murder of the innocents ? would God bless a war based on pride ? would God bless a money-hungry government ? No ! God bless Amerika ! »).

Après le phénomène The Unraveling, qui aura été pour beaucoup un gros coup de fouet dans le microcosme Fat Wreck et au-delà, le groupe nous revient avec un changement de poids : l’absence de Dan ‘Precision’… Un désaccord d’orientation future du groupe est peut-être à l’origine de la brouille avec ce dernier, mais fort est de constater que le résultat est plus que réussi. Dès lors, et c’est bien naturel, deux clans de fans se forment. Je ne cacherai pas plus longtemps que je fais plutôt partie du deuxième.

Toujours est-il que le remplaçant avait fort à faire (aidé désormais, sur certaines tunes et en live, par Tim à la deuxième gratte). Ne pouvant que difficilement rivaliser sur le même terrain, Todd a pas mal influé sur la direction musicale du groupe et, avec ses propres armes, nous rend une copie assez différente. Loin des riffs acérés de son prédécesseur, Todd délivre un son de gratte bien plus digeste et chaud, se mariant mieux avec le ton de la voix du chanteur et en plus grande complémentarité avec la basse, cette fois-ci très présente (lignes à part entière dans la construction mélodique, part plus importante dans la rythmique, la rapprochant souvent d’un style skate punk à la Randy Bradbury (Pennywise), impro sortant de la ligne basique…).

Bref une couleur empruntant nettement plus au punk rock mélo (chœurs, fréquents solos de gratte (sur les merveilleuses et désabusées « Like The Angel » et « Blood Red, White And Blue » ), riffs mélo ( « Broken English » ), vitesse et mid-tempo) et qui délaisse (dans la musique) l’agressivité du hardcore, mise à part sur deux morceaux : « Dead Ringer » et « To The Core » dont la brutalité accrue se fait alors d’autant plus appréciable. Accrochez-vous ! Un style donc moins original et sans concessions mais en même temps plus personnel, car, attention, Rise Against n’est pas devenu un simple groupe de punk rock mélo. Les intros comme celle de « Voices Off Camera » pourrait le laisser penser mais tout de suite les éléments de singularité d’un groupe au charisme déjà affirmé et grandissant refont surface.

Au profit des influences emo-punk et mélodiques, qu’il aurait été dommage de ne pas exploiter vue la grande palette vocale de Tim, le groupe gagne en accessibilité ce qu’il ne perd paradoxalement pas en impact et en efficacité. Ecoutez l’intensité de « Black Masks & Gasoline » , « Blood Red White And Blue » , « Amber Changing » ou « To The Core » . C’est en tout cas mon avis : le son du groupe, en devenant plus digeste (avec 12 titres au lieu de 16) et en laissant plus de place à l’étendue du fabuleux organe de Tim Mcllrath, prend inévitablement l’auditeur dans un tourbillon de puissance remplie d’émotions, de rage et de vitesse.

Celle-ci souvent très appuyée est heureusement tempérée par des changements de rythmes, de plans, de mélodies, des redémarrages ( « Broken English » ), des passages quasi screamo… Je dis « heureusement » car le point fort de Brandon derrière les fûts n’est sûrement pas la diversité dans ces moments de tempo poussé. Le mid tempo est aussi beaucoup utilisé et se montre très entraînant et motivant ( « Heaven Knows » , « Halfway There » , « Like The Angel » ).

Avec Revolutions Per Minute, le groupe abandonne presque les morceaux nerveux, directs et sous les deux minutes pour multiplier les plans, prendre son temps avant d’envoyer la sauce par accoups, puis ménager des pauses, laisser passer toute la puissance du discours et de la musique sans pour autant prendre à la gorge l’auditeur (« Last Chance Blueprint » )… tout du moins de manière différente du premier album car des tunes comme « Halfway There » sont loin de laisser indifférents (on ressent presque la souffrance dans le chant par moment hurlé de Tim). Question de goût, la nuance est ici de mise : le groupe a évolué.

Ce qui fait la continuité et la cohérence c’est bien sûr que la voix de Tim soit toujours la même, meilleure même, car plus variée et libérée du carcan hardcore systématique. La virtuosité des mélodies, leur capacité à toucher et à donner aux tunes une identité propre et qu’on retiendra, est cette fois-ci indéniable et réellement prenante et pas seulement sur les accroches des refrains ( « Black Masks & Gasoline » , « Blood Red, White And Blue » ). L’alternance mélo et chant crié atteint des sommets et la maîtrise vocale d’un des tous meilleurs chanteurs punk rock est proprement incroyable.

Difficile de trouver une tune meilleure que les autres mais cette fois-ci parce que ce sont toutes des tubes en puissance ! Le meilleur exemple pour résumer le style Rise Against, version 2003, est sans doute la plus longue tune de l’album, « Torches » , où toutes les caractéristiques s’y retrouvent : le nombre de plans, une diversité d’ambiance et des degrés d’agressivité tout aussi variables que les émotions véhiculées par une voix hors norme. Un album qui se clôt (avant un trip pop-rock caché) sur « Amber Changing » , mélancolique, au refrain poignant et qui achèvera les 35 minutes de frissons, de chaud-froid nuancé soufflé avec plus de maturité et d’émotion par ce formidable groupe. Le départ pour une major aura-t-il conservé toutes ces qualités ? C’est bien sûr la grande question que tous les fans se sont posés… à suivre !



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Rise Against


Note : 18,5 / 20

Année : 2003

Durée : 38 minutes

Label : Fat Wreck Chords

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Black Masks And Gasoline
02. Heaven Knows
03. Dead Ringer
04. Halfway There
05. Like The Angel
06. Voices Off Camera
07. Blood Red, White And Blue
08. Broken English
09. Last Chance Blueprint
10. To The Core
11. Torches
12. Amber Changing
13. Anyway You Want It (cachée)