Tenement Kids - We’ve All been Down

Contexte :

Tenement Kids est originaire des Pays-Bas et composé de quatre garçons fort inspirés, éparpillés à travers le pays. Rapidement le groupe dénote dans une scène batave plus tournée vers la hardcore de tout poil. Un an après sa formation le groupe sort un premier EP (Doves, 2006), puis Tenements Kids apparaît sur des compilations avec des titres inédits remarquables que l’on retrouve aussi sur un Tribute To Leatherface sorti chez Rubber Factory Records. Le cap du premier album est franchi alors que la bande à tout juste trois ans d’existence. We’ve All Been Down paraît fin 2008 via l’excellent label Funtime Records (Sixtoys, Five Days Off, This Is A Standoff, The Maple Room…) et fait grand bruit. Même pas six mois plus tard le groupe est invité sur le Groezrock Festival (Belgique), le plus grand rassemblement européen de la scène punk-rock (au sens large).

Chronique :

Tenement Kids c’est incontestablement the new big thing de 2008/2009 au Benelux, et même en Europe, voire au-delà. L’album We’ve All Been Down fait l’unanimité depuis sa sortie et difficile de jouer les esprits chagrins et d’y trouver à redire. Ces 37 minutes-là sont d’un niveau rare dans l’absolu, encore plus rare si l’on se restreint à la scène constituée par les groupes post-Hot Water Music.
Car c’est à n’en pas douter dans cette scène qu’il faut classer le groupe. Un bagage punk-rock c’est sûr (les Rise Against et compagnie notamment), mais une sensibilité emo et pop d’une richesse incroyable qui fait mettre le quatuor dans le même sac que les Polar Bear Club, Make Do And Mend et autres Jena Berlin…

Ce qui frappe d’abord dès l’entame de « The Question’s Always Easier (than the pain) » (à l’intro à la fois bluesy et britpop qu’on jurerait sortie d’un album d’Oasis à la belle époque), c’est la qualité de la production de Nico van Montfort (Brat Pack, Antillectual…). Le son est dense et ciselé, massif sur les rythmiques, aéré sur les multiples mélodies et soli de guitare qui émaillent les morceaux du groupe (« Quit Playing Them Strings »). Et que dire du traitement des chœurs (« Stampeding Cattle ») et de la superbe voix chuck raganesque de Gijs Wilbrink ?... L’atout premier d’un groupe évoluant dans un tel style riche en émotion, c’est évidemment la voix du chanteur, de préférence barbu, affectionnant les chemises de bûcherons et l’œuvre de Jack Kerouac…

Bon je schématise mais c’est aussi pour mettre en avant une certaine critique. Tenement Kids est à l’évidence un groupe qui porte encore ostensiblement ses influences, plutôt en format écriteau que carte de visite même... Qualifier Tenement Kids d’« ersatz d’Hot Water Music période post-Caution » paraît plus légitime que pour un Polar Bear Club, par exemple, qui lui a dépassé ce stade.
La faute à une sensibilité moins marquée par l’ère Dischord Records que par les Foo Fighters, à une musicalité plus européenne peut-être aussi, héritée essentiellement des anglais de Leatherface… Après c’est une question de goûts, Tenement Kids sonne avant tout rock. Et un rock de très haut vol à l’énergie toujours présente (beaucoup de mid tempo flamboyants là où PBC s’empêtre parfois dans des plans trop évaporés).

On pourrait égrainer les perles tout en nuance qui jalonnent ces 11 titres d’une cohérence à toute épreuve. On citerait alors « Let It Rain, Let It Roar », « Soul », « Quit Playing Them Strings », « When Something Takes A Part Of Me » etc… mais c’est avant tout la maturité bluffante qui émane de ce premier album qu’il faut souligner. Tenement Kids parvient à ce niveau spontanément, en laissant juste vivre et évoluer un talent brut de décoffrage, rageur et mélodieux comme il s’en trouve peu. Un must have qu’il nous tarde de voir mis sous les projecteurs autant qu’il le mérite.