Rise Against - The Unraveling

Date de publication : 2 novembre 2007 par Punkachu

Contexte :

C’est après deux ans et demi d’existence que Rise Against sort son premier album. Formé de Tim Mcllrath au chant, Dan « Precision », ex-membre du célèbre groupe 88 Fingers Louie, à la guitare, Brandon à la batterie et Joe à la basse, le groupe de Chicago avait auparavant sorti sa première démo 4 titres autoproduite, Transistor Revolt Demo, en août 2000. Après avoir été adoptés par Fat Mike, le premier album du groupe, The Unraveling (16 titres), sort en avril 2001, et leur ouvrira les portes du succès. Se revendiquant des grosses pointures du hardcore, Rise Against délivre dès ce premier album, mêlant éléments mélo, base hardcore et discours engagé, une des références du style punk/hardcore mélo.

Chronique :

Rise Against pourrait être traduit par « les révoltés ». Rebels et ‘remontés contre’ le système, nos 4 gars de l’Illinois le sont et pas à moitié ! Que ce soit le titre de l’album, « the unraveling », signifiant « le dénouement » en français, la jaquette stylisée où un pantin aux pouvoirs télékinésiques semble se heurter à un mur de verre (rappelant le titre du morceau « Stained Glass An Marble »), dès ce premier album, tout évoque dans ce groupe le sentiment d’urgence, le combat inégal contre la façon dont le monde poursuit une perpétuelle fuite en avant vers la violence et l’injustice. Des thèmes maintes fois traités par toute une famille de groupes hardcore desquels Rise Against revendique fièrement sa filiation tout en apportant ici une touche de modernité, de mélodie, de sensibilité… (surtout sur « Everchanging » qui évoque largement la tonalité à prédominance plus émotionnelle de l’album suivant).

Le groupe déclare ne pas être à proprement parler un groupe politique mais s’appuyer sur une vision personnelle de la politique, de la façon dont tourne le monde, le tout basé sur des émotions et une éthique hardcore qu’il essaie de transmettre aux jeunes générations. Il est indéniable qu’en apportant cette touche de mélodie le groupe gagne en accessibilité et en possibilité de toucher un plus large public. Le frontman du groupe, Tim Mcllrath est pour beaucoup dans la singularité du groupe. Il a selon moi, le plus bel organe vocal de la scène punk/hardcore mélo. Là où certains chanteurs passent du mélodique à des passages criés ou un chant hurlé, Tim, avec sa voix erraillée, parvient à fondre les deux si bien qu’on ne sent presque jamais la rupture de styles (à part sur la passable « The Unraveling »). On se laisse porter et emporter par des élans d’agressivité si bien fondus dans un tout à l’intensité constante, que le côté digeste est étonnamment réussi. Son grain de voix aussi écorché que poignant de sincérité sait prendre aux tripes, tantôt hardcore sans concessions, tantôt à fort potentiel émotionnel, il constitue une grosse part de l’identité du groupe.

L’autre gros atout est bien sûr le mur de riffs délivrés par Dan Precision. Un style changeant du gros riff hargneux, puissant, à des phrases plus claires et mélodiques, tout en « précision », apportant des trouvailles, une mouvance via des glissements, des variations de tonalités… Omniprésent dans la construction mélodique des tunes, il occupe aussi une grosse partie de l’espace sonore des compos, contribuant au sentiment d‘intensité continue de l’album. Une vraie réussite quand un album contient 16 morceaux mais qui pourra lasser aussi sur la longueur car l’album n’est pas particlièrement varié en styles. C’est sûrment le plus gros reproches que l’on pourra faire : le style est changeant mais dans la globalité de l’album, difficile de retenir chaque morceau ou de choisir une chanson phare. Sûrement parce qu’elles sont toutes bonnes ! ;-)

La plupart sont courtes voire très courtes (autour de la minute). Certaines sont clairement d’obédience hardcore (« Stained Glass And Marble ») : riffs tranchants, assourdissants, péchus et rageurs, vitesse supersonique, chant arraché, refrains scandés avec des chœurs criés (« The Art Of Losing »). D’autres accordent plus de penchants mélodiques comme sur « Remains Of Summer Memories », « 6 Ways ‘Til Sunday » et son joli fade de fin sur des chœurs oï bien entraînants ou sur « Three Days Week End » plus insouciante, ou encore « Sometimes Selling Out Is Giving Up » un morceau plus punk mélo, qui pourrait être de Bad Religion en plus péchu avec le seul solo de l’album. Certains morceaux mixent parfaitement les deux aspects avec cette fameuse alternance de sonorité de chant dont on parlait plus haut. En témoignent « Great Awakening », « Reception Fades » à l’excellent refrain ou « Faint Resemblance » et « Weight Of Time » avec le plan plus lourd qui la clôt.

On trouve aussi une brochette de titres plus longs, plus lents, dépassant les 3 minutes comme le single de l’album « 1000 Good Intentions », mid tempo, au refrain accrocheur avec ses choeurs mélodieux. A aucun moment sur ces morceaux plus lents comme « My Life Inside Your Heart », Tim ne tombe dans l’outrance, la caricature du chanteur hardcore. Sur ces tunes Dan fait preuve d’une grande maestria, alternant plans sombres avec des passages plus entrainants ou moins violents. Cet excellent guitariste qui sait aussi ménager des pauses, rend alors l’intensité constante comme sur l’ensemble d’un dique dense, qu’on ne peut pas écouter d’une oreille, un disque exigeant mais éprouvant aussi du fait de l’omniprésence de la guitare.

Niveau prod, rien à redire la travail de Mass Giorgini est équilibré et s’appuie à merveille sur la virtuosité de Dan pour rendre un son très axé sur le déferlement de riffs de la 6 cordes. La basse sait aussi se faire sa place dans les breaks ou dans des lignes bondissantes à souhait. Un petit bémol sur le batteur manquant parfois de consistance ou de variété mais rien de grave.

Bref un disque à des kilomètres des productions plates et sans saveur dont on a trop souvent l’habitude autant dans le mélo que dans le hardcore. Un disque avec du fond et qui donnera à réfléchir de par les sujets sociétaux qu’il aborde avec une rage désabusée. Avec ce premier album Rise Against s’ancre encore bien dans la famille hardcore mais délivrera avec le prochain opus, l’exprérience venant, une copie contenant plus de nuances et d’émotions, moins rude et plus efficace car plus facile d’écoute. Ce qui divisera les fans préférant le côté plus brut de cette première production. A écouter à tout prix en tout cas.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Rise Against


Note : 15,5 / 20

Année : 2001

Durée : 38 minutes

Label : Fat Wreck Chords

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Alive And Well
02. My Life Inside Your Heart
03. Great Awakening
04. 6 Ways ‘Til Sunday
05. 401 Kill
06. The Art Of Losing
07. Remains Of Summer Memories
08. The Unraveling
09. Reception Fades
10. Stained Glass And Marble
11. Everchanging
12. Sometimes Selling Out Is Giving Up
13. Three Day Week End
14. 1000 Good Intentions
15. Weight Of Time
16. Faint Resemblance