Rise Against - Appeal To Reason

Date de publication : 12 octobre 2008 par Punkachu

Contexte :

Troisième album sur la major Geffen/Universal Music Group pour les quatre de Rise Against. Le groupe a accueilli l’année précédant cette sortie le célèbre guitariste Zach Blair (ex-Gwar, Only Crime, Hagfish, The Loved Ones…). Deux albums d’affilée avec le même guitariste, auront donc été un record pour Rise Against. Chris Chasse s’en est allé se consacrer à des envies acoustiques en solo et à Last Of The Believers, groupe où l’on retrouve le bassiste d’Ignite et des ex-Reach The Sky notamment. Bref, quand Rise Against annonce une nouvelle collaboration avec Bill Stevenson, on se prend à rêver d’un mix entre Revolutions Per Minute et The Sufferer & The Witness (les deux autres albums produits à Fort Collins). Pour beaucoup de raisons, et après deux disques qui ont fait exploser le groupe à coup de singles « emtivisés », Appeal To Reason, 5ème album de Rise Against, était attendu au tournant.

Chronique :

Et patatras ! J’en vois qui sourient, qui peuvent enfin se lâcher, qui trépignaient depuis quelques années déjà... Ceux-là ont enfin la possibilité de dire que "ça y est, le succès, MTV et l’ogre Major ont eu raison de Rise Against". On le pressentait, le groupe avait ralenti, avait édulcoré sa musique, le succès planétaire d’un « Swing Life Away », l’apparition répétée du groupe dans le circuit mainstream (Guitar Hero et autres…), la version auto-censurée du clip de « Ready To Fall » (ou comment parler d’écologie aux masses à coup de photos de calendriers de la Poste), des performances live molles du gland (Groezrock 2007, le Trabendo en septembre 2006 avec A Wilhelm Scream et Berri Txarrak qui leur font de l’ombre en 30 minutes chacun)… Ça sentait la fin de règne mais tout cela était encore sauvé par le charisme vocal d’un Tim Mcllrath reconnu comme une des plus belles voix, sinon LA voix, de la scène punk rock internationale.

Alors on pourrait se laisser aller, balancer une diatribe amère, crier à la trahison, cracher sur ce qu’on a encensé, assurer que « non moi de toute façon j’ai jamais été trop fan »… mais c’est surtout la déception qui l’emporte. Et sans parler du tempo (fantomatique la plupart du temps), des mélodies (belles mais trop souvent transparentes), de l’envie (où sont passées la sincérité, la capacité de parler aux tripes ?) ; c’est surtout le ratage des vocaux qui sera responsable de la colère de bon nombre de fans.
Car paradoxalement le chant n’a jamais été aussi parfait, les capacités vocales intrinsèques de Tim n’ont jamais autant été mises en avant. Ça y est Mcllrath est un chanteur, un vrai (« Hero Of War », dégoulinante de bien-pensance). Oui mais où sont la rage et les transitions crié/chanté légendaires ? Le chanteur à la belette morte sur la tête s’est tout simplement renié lui-même. C’est désespérément lisse. Voilà ce qui ressort des premières écoutes de cet album. Le seul moment étonnant, passé le tempétueux « Collapse (Post-Amerika) » (vraiment LE tube du disque), c’est l’espèce de trip « musique de manèges » sur « Entertainment », c’est dire !

Vieux fans intransigeants, cet album vous décevra et vous donnera une irrépressible envie de vous repasser n’importe lequel des albums précédents ! Rise Against a cédé à « l’appel de la raison », finalement la couleur était annoncée sur la (très belle) pochette. Aucun titre sous les 3 minutes, six au-dessus des 4 minutes, ça ne trompe pas (non mais pourquoi avoir rajouter une minute à la sublime « Savior » ?). Beaucoup de morceaux ont un beau potentiel même délivrés en mid tempo mais voilà ça manque d’efficacité et c’en est réduit au statut de musique de fond, à l’image d’un titre pourtant tellement riche comme « Whereabouts Unknown ».
Car Appeal To Reason est loin d’être désagréable (le chant est tellement beau). Pendant les premiers morceaux on adhère même plutôt à l’atmosphère mise en place, au rythme assez lent mais pleine de gravité, (« Long Forgotten Sons », « Re-Education Through Labor »). Le ton enjoué de l’inepte « The Dirt Whispered » vient alors casser complètement l’ambiance. Terminé, on a décroché. Le disque devient dès lors hermétique, il tourne seul en easy listening (avec quelques brefs moments d’intérêt comme « The Strength To Go On »), jusqu’à la ballade en dixième position (sur treize) qui attire l’oreille autant qu’elle scelle le sort de cet album.

Pourtant il y a du positif (le featuring de Matt Skiba sur « Hairline Fracture » file des frissons). Les superbes chœurs de Zach Blair, ses riffs inhabituels, ses boucles mélodiques thriciennes : l’apport du gratteux chauve, s’il gomme tout qualificatif en « - core » dans le son de Rise Against, est toutefois plutôt intéressant en terme de musicalité. Mais voilà, il est loin le temps où le groupe tournait avec Sick Of It All ou Comeback Kid. Aujourd’hui la première tournée promo est prévue aux côtés d’Alkaline Trio, de Thrice et de Gaslight Anthem. Vous me direz ça fait un sacré plateau mais ça prouve aussi que le groupe a changé définitivement d’univers même si sa musique n’a jamais été aussi élaborée.



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BIOGRAPHIE DU GROUPE


Rise Against


Note : 14 / 20

Année : 2008

Durée : 48 minutes

Label : Universal Music Group / Geffen Records

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Collapse (Post-Amerika)
02. Long Forgotten Sons
03. Re-Education (Through Labor)
04. The Dirt Whispered
05. Kotov Syndrome
06. From Heads Unworthy
07. The Strength To Go On
08. Audience Of One
09. Entertainment
10. Hero Of War
11. Savior
12. Hairline Fracture
13. Whereabouts Unknown