Groezrock 2009 - Vendredi @ Meerhout (Belgique)

Date du Report : 17 avril 2009

Quatrième année avec un festival sur deux jours, ce Groezrock 2009 est la 18ème édition du grand raout punk/hardcore/emo européen annuel. Plusieurs festivals de belle ampleur commencent à s’engouffrer dans le créneau d’une affiche entièrement dédiée à cette scène, mais le « Groez » (qu’il faut prononcer « Grouz » d’ailleurs) est encore le seul à proposer les grosses machines de la scène actuelle et le seul à se dérouler si tôt dans l’année, avant l’embouteillage des festivals d’été, souvent plus éclectiques. Passage obligé donc.

Comme d’habitude plusieurs équipes de la team PunkFiction sont au départ de plusieurs coins de France, moins que les autres années cependant. Le retour du fest à la mi-avril (au lieu du joli mois de mai de l’an passé), et une affiche légèrement moins alléchante qu’à l’accoutumée, tout cela en a découragé plus d’un il est vrai…
Départ donc le jeudi matin, voiture blindée, deux relayeurs et trois soulards à l’arrière pour la partie bretonne du webzine qui a décidé cette année de se la jouer en mode « économie d’énergie » (mais pas de grammes par poche). L’arrêt au Formule 1 de Valenciennes ne marquera certes pas l’histoire de l’hôtellerie française, mais il faut avouer qu’arriver sur le site de Meerhout les accus chargés à bloc, ça aide quand même à tenir la distance. Le Groezrock c’est aussi un peu une course de fond…
Les parties lyonnaises et lorraines du crew ayant déclaré forfait, c’est du côté de la Picardie que part le reste de la troupe. Moitié moins de distance mais quand même 12 litres de bière dans le coffre : ration minimum. Sans GPS, plan ou itinéraire Mappy, la voiture commence à avaler le bitume. Finalement personne ne se sera vraiment perdu cette année, une première. Cette édition 2009 du Groezrock a décidément plusieurs petits quelques choses en moins...

Des centaines de punk rockers font la queue pour entrer sur le parking boueux après s’être gentiment délesté de 5 euros (ce qui n’empêchera pas les bris de pare-brise et autres plaisirs de fin de festival). Musique à fond dans la voiture, bière à la main, bite dans l’autre pour ceux qui sortent pisser, et short en-dessous du cul pour quelques donzelles du cru, dont la grâce n’a décidément d’égale que celle d’un certain Romain, encore sous l’effet de ses agapes de la veille dans la voiture bretonne (vous connaissiez le cocktail VTT vous ?...).
File d’attente interminable pour enfin accéder au camping, pas vraiment au point. Dans le tas on repère des français emocailles (qui parlent comme des racailles mais écoutent de l’emocore), des Homer Simpson en puissance (packs de bière empilés sur des diables, et matos pour des barbecues de folie dans l’herbe mouillée !), quelques Pokémons aussi, peut-être un peu moins que les autres années (surtout au vu de la prog du vendredi, on pouvait s’attendre à pire). A mettre dans la colonne « points positifs »

L’équipe bretonne est elle, déjà en train de prendre l’apéro (comprenez « de faire comme à la maison »), après un plantage de tente qui restera dans les annales de la connerie. L’organisation a en effet tenu à maintenir des centaines de festivaliers débarqués de bonne heure - alors que le camping est encore quasi vide - derrière un long cordon de sécu, n’autorisant la foule au bord de l’émeute qu’à avancer d’un mètre toutes les 5 minutes. On atteindra même des sommets d’incompréhension typiquement flamande (on avait presque oublié qu’eux aussi étaient belges à la base…). Imaginez une foule massée bêtement comme des moutons de Panurge sur 15 mètres de large derrière la fameuse corde fluo sans que personne ne réalise que : « Woh oh ! Les mecs ! Il y a de la place pour planter 50 tentes là si vous vous dispersez un peu ! »...
L’humidité ambiante n’aidant pas, les chiottes sont déjà bien crades, remplies d’étrons entiers, avec pour couronnez le tout l’émergence d’une nouvelle coutume locale :
- se grouper à plusieurs près des cabines de chiottes (c’est vrai quoi à plusieurs on a plus de couilles)
- attendre qu’un pauvre péquin aille, le cul serré, s’enfermer pour y déposer son auguste présent à la nature
- et une fois enfermé, remuer comme un prunier la pauvre bougre assis à l’intérieur, piteux et le cul giclé de merde…
Ah ça ça fait bien marrer le beauf local, taillé comme un charretier moyenâgeux, tout en rousseur et en ratiches de génisse. Classe !… Classe comme l’animosité ambiante et l’espèce de sentiment assez désagréable d’être pris pour un intrus en terre Vlaams, au cœur de l’Europe, dès qu’on prononce un mot de français. C’est assez nouveau, lié évidemment aux tensions internes à la Belgique, et on est surement pas là pour en rajouter, mais l’état d’esprit punk et hardcore, l’unité que devrait susciter un évènement annuel comme le Groezrock ne semble pas faire partie ici des réjouissances. Mais ne généralisons pas…

Départ pour le site, plus de 10 minutes pour faire 200m (comme quoi il n’y a pas que l’éjaculation que l’alcool retarde) et humiliation pour une certaine personne de la team qui fera rire tout la file d’attente en se vautrant après une dégringolade de 5m en largeur. Un magnifique plat dans la boue, et la légende de Romain continue de s’écrire en lettres d’or...
A l’intérieur on est en terrain connu pour ceux qui sont déjà venus : immenses chapiteaux type Zapatta Circus pour la Main Stage et la Eastpak Core Stage (cette année encore, seul le premier bénéficie d’un écran géant – et d’un son correct soit dit en passant). Le tout est toujours entouré de multiples baraques à frituur et autres stands de bouffe infâme à base d’aggloméré au curry… et à l’huile. Petite révolution cependant avec cette année pour la première fois la présence d’un troisième chapiteau, sponsorisé par Etnies (merci pour les frisbees distribués par dizaines). Cette scène, baptisée Back To Basics, plus petite (2500 personnes max.), est la seule à permettre le stage diving grâce à l’absence de fosse à « gorilles-de-sécurité ». On s’en pourlèche les babines d’avance avec les P.O.Box, This Is A Standoff ou encore Death Before Dishonor programmés sur cette scène propice à un vécu live plus rock n’roll.
Autres petits agréments cette année : un battle karaoké punk rock, un stand pour se mesurer à son punk rockeur préféré sur Skate 2 sur Playsation 3 (El Hefe ou Mike Herrera ont participé par exemple), un petit chapiteau pour DJ’s improvisés (le fameux Tobe des Streets Dogs a, entre autres, fait parler les platines). Sinon dans la rubrique « on s’en serait passé » : le stand Jagermeister (fameuse liqueur bavaroise vendue en tube à essai) qui s’obstine à passer à bloc de la techno pour kéké dès que personne ne joue sur la Main Stage. A noter aussi les prix boisson/bouffe légèrement en augmentation quoiqu’en dise l’orga (avec la disparition de la distinction eetbons/drinkbons, plus moyen de ne manger QUE liquide donc). Gros point positif par contre : la Primus Pils semble moins coupée à la pisse que les autres années et on aura l’agréable surprise de trouver sur le stand Special Beers (comprenez « bières potables »), de la Tongerlo blonde et brune au même prix que le reste (ça c’est de la bière belge digne de ce nom !).

Mais bref, passons à la musique !

Le gros de la troupe a bien fini par écourter l’apéro marathon. Un pincement au cœur d’avoir raté les pas mauvais mécheux d’Escape The Fate, les tortueux United Nations (où chante l’excellent Geoff Rickly de Thursday, rappelons-le) ou encore les suédois classieux de Sounds Like Violence ; on entame donc par Catch 22.
Et ça part plutôt mal. Déjà plus ou moins bandante sur le papier, ça c’est selon le goût de chacun, la soirée de vendredi aura tout de même peiné à emporter l’adhésion du plus grand nombre. Et ce n’est en tout cas pas Catch 22, en ce début de soirée, qui parvient à motiver les foules pas encore chauffées à blanc. Les compos du groupe, notamment les plus récentes, moins punk rock, extraites de Permanent Revolution, ne parviennent pas à faire réagir un public qui commence à peine à rentrer dans le trip. Le son n’aide pas non plus, pourtant sur la scène principale. Peut-être est-il trop tôt, peut-être la scène est-elle trop grande pour le groupe, ou peut-être aussi que Catch 22 n’a tout simplement pas l’envergure de Streetlight Manifesto. La comparaison était inévitable.

Ravito au bar avec au loin les niaiseux de Senses Fail, premier groupe emo-mais-qui-a-un-minimum-de-crédibilité de la soirée. Enfin, on ne le saura que vers la fin du set sur « Bite To Break Skin », reconnue dans la bouillie sonore qu’est le son sur la Core Stage cette année. Bonne nouvelle, le groupe est beaucoup moins énervant que ce qu’il pourrait être, la voix passe réellement mieux en live que sur album, pour un show assez sympathique.

La décence ne permet pas d’évoquer le cas de Versaemerge, puis c’est les pop-punkers de MxPx qui envahissent la grande scène. Grande, c’est le mot. Trop grande pour le trio, qui peine à son tour à réchauffer l’ambiance. Quelques dizaines de fidèles répondent quand même présents aux premiers rangs, et le groupe ne se démonte pas. C’est qu’ils ont quand même quelques tubes dans leurs bagages. « Hear That Sound », « Chick Magnet » et son flow si particulier, « Life In General », « Tomorrow Is Another Day », « Party At My House » ou encore « Secret Weapon » viennent donc combler les aficionados motivés. Pas sûrs que les néophytes adhèreront au groupe à partir de ce concert. MxPx reprend pourtant le « Should I Stay Or should I Go » des Clash, à la note près, morceau qui aura la particularité de laisser à Tom, le guitariste, le soin de prendre le chant lead, et aussi de faire monter l’ambiance d’un cran. Un traditionnel « Punk Rawk Show » de derrière les fagots pour finir un set pas pourri, mais pas non plus transcendant et conclure que MxPx, bien que plus intéressant en concert que sur CD, n’a pas encore (et l’aura-t-il un jour ?) le potentiel pour être une grosse tête d’affiche.

Les floridiens de Poison The Well sont sans doute le premier groupe vraiment attendu au tournant en ce vendredi. Le groupe qui achève tout juste la sortie du cycle d’EP’s I, II & III (avant un album highly anticipated pour bientôt), entame les hostilités par « Letter Things » extrait de Versions et horreur : le son est minable ! C’est ultra fort sous la Core Stage, on n’entend pas le chant ni les guitares, aucune nuance ne passe alors que Poison The Well n’en manque pas, notamment ces dernières années avec les influences telles que Vex Red, Cave In ou Deftones de plus en plus présentes dans le son du groupe. Difficile avec la meilleure volonté du monde de rentrer dans l’univers particulier du combo de Miami, à moins d’être un fan absolu et complètement en transe comme notre Romain, davantage fan des premiers albums, plus brutaux. Poison The Well en est donc réduit à livrer un show hardcore lambda et a faire jouer son public aux devinettes « tiens c’est quoi cette chanson ? »
Cependant, les amateurs du genre adorent, et ça mouline sévère devant. Comme à son habitude, le groupe ne fait pas dans la douceur et enchaîne les classiques les plus bourrins de son répertoire : de « Rings From Corona » à « Prematurito El Baby », en passant par « Ghostchant » et la cultissime « Nerdy ». Toujours aussi fougueux sur scène, le groupe achève son set avec un « Artist’s Rendering Of Me » qui remet un bon coup de fouet à tout le monde pour le reste de la soirée.

Certains, nombreux, ont donc quitté la Core Stage pour le premier « évènement » de la soirée » dans le chapiteau d’à côté. Ben oui il faut bien être un peu chauvin de temps en temps. On ne pouvait que se réjouir de la présence d’un groupe français au Groezrock cette année, 8 ans après les Burning Heads. Et encore plus que ce soit P.O. Box (surtout que dans le chapiteau principal l’horreur sans nom Underoath vient de commencer). Présents sur la petite scène, les lorrains vont tout de même se produire devant plus de 2000 personnes, et rallier tous les suffrages. Fiers et heureux d’être là, les gars envoient tout, plutôt carrés ce soir (malgré un son de cuivre un peu nasillard et mal mis en valeur), avec une flopée de nouveaux titres annonçant un excellent nouvel album. Bien en place, ils occupent parfaitement l’espace, et si tous les français présents s’adonnent au sing along, les hollandais, belges, allemands et autres unijambistes assistant au concert ne se font pas prier pour participer à la fête.
« Death Promises Me A Better Place » vient tout ravager comme à son habitude, et on aperçoit même les Catch 22 skanker sur « Music Has Taken A Backseat To Haircuts », titre parfaitement délectable ce soir, au beau milieu d’une programmation à mèche. Malins, les gars ont prévu un rappel dans leur set de 45 min. Il se fera malheureusement sans Chris des Flatliners, en retard. Le canadien posera en effet sa voix en featuring sur le futur album des nancéiens pour un nouveau titre mid tempo qui s’avère être un gros tube en puissance. Grosse prestation, gros succès à l’applaudimètre, pareil au merch derrière, un grand merci aux Pios, superbes ambassadeurs du punk rock français. Cocorico !

La suite de la soirée s’annonce très émotionnelle (on s’autorisera à zapper Bring Me The Horizon). Sur la Main Stage Taking Back Sunday est le premier groupe à assumer sa place de tête d’affiche. C’est la grosse machine, le set est bien rôdé mais s’avère assez vite lassant. Quelques fulgurances comme « Set Phasers To Stun » viennent un peu briser l’ennui, mais c’est presque avec soulagement que l’on se rend jeter un oeil à Amen Ra. Mais du sludge à cette heure-ci c’est complètement hors contexte, même très bien interprété, c’est trop dur. Dommage pour les Isis belges qui valent (il paraît) vraiment le coup dans une petite salle.

Passée de la grande scène à la moyenne, Thursday , la nouvelle signature d’Epitaph ne semble souffrir d’aucun complexe et envoie du gros dès le début. Le public a répondu présent et s’est massivement regroupé pour assister au retour du "Jeudi" au festival belge. Et dès les premières notes, tout le monde se dit « enfin un vrai chanteur ». Geoff ne souffre absolument pas de sa précédente prestation avec United Nations, ça l’a même plutôt bien chauffé, et tout le monde, excepté les malchanceux sur les côtés du chapiteau, peut apprécier la qualité vocale du groupe.
La set-list speede beaucoup plus que l’année dernière, en partie grâce aux chansons du dernier album, un peu plus énervées que celles de A City By The Light Divided, et qui passent largement l’épreuve du live. « Last Call » ou « Friends In The Armed Forces » ont tout à fait leur place aux côtés des classiques du groupe « For The Workforce, Drowning », « Understanding In A Car Crash » ou « Counting 5-4-3-2-1 ». Le groupe enchaîne les titres, ne s’arrêtant que pour remercier le public, ou présenter le thème de la chanson suivante. Equilibré entre les albums, le set passe à une vitesse folle et même si on n’a pas le droit à un wall of death cette année, ça saute un peu partout devant sur des morceaux comme « At This Velocity » ou « As He Climbed The Dark Mountain », adoptée depuis le split avec Envy. La fin de l’heure impartie approche, c’est le moment pour Thursday de ressortir LE vieux titre qui fait plaisir « Cross Out The Eyes », mi-chanté/mi-crié, histoire de se casser la voix. Et (bonne) surprise, c’est la chanson éponyme « War All The Time », peut-être celle qui montre le mieux pourquoi le groupe est catégorisé dans l’emocore, qui clôture le set. De quoi être d’assez bonne humeur pour aller voir ce qui se passe sur la Main Stage.

Car derrière c’est le grand moment « kikoo lol » avec Bullet For My Valentine sur la Main Stage. Au regard du nombre de t-shirts (ou shorts !) à l’effigie du groupe, une sacrée fanbase s’est déplacée. Assister à une de leurs chansons permet de rigoler autant qu’en matant une scène de Wayne’s World. Les poses sont tellement clichés qu’on les jurerait parodiques. Ca joue très bien du métal, mais avec quelques accents emo pour pas non plus passer pour de grosses brutes, et l’apogée est atteinte avec « My Tears Don’t Fall », ballade MTV dont le titre est assez drôle à lui seul. Très jeune, le groupe ne manque assurément pas de talent, mais question originalité et recul sur lui-même ça c’est autre chose.
Du coup retour à la tente pour boire les derniers coups de la journée... soirée... nuit.

Le camping s’est très vite jonché de détritus en tout genre. Les gros bidons faisant office de poubelle voient s’amonceler des monticules de cadavres à leurs pieds tandis que leur contenu n’approche même pas de la moitié. Ça parle fort, ça chante, ça boit, de très tard dans la nuit à très tôt le matin. Avant 4h et après 8h il est très dur de rester endormi. Réveil engourdi, lavage de dents, première bière en guise de petit déjeuner (certains iront quand même tester le p’tit déj’ lardons + oeufs brouillés + buns + café, à 8 euros le tout quand même !), une longue, très longue queue pour avoir accès à ce qui fait office de toilettes (qui n’en ont désormais plus que le nom), et c’est parti pour la journée marathon. Sur la route, quelques pokémons sont de sortie, rassemblés autour du point d’électricité pour... faire fonctionner les fers à lisser ! La bonne nouvelle, c’est que le soleil, pas prévu, s’est invité... Pas pour longtemps...

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Rédacteurs : Seb-O-Matic , Punkachu , Soss M@y0 , Ste


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