Groezrock 2011 - 2ème journée (Samedi) (Meerhout - Belgique) le 23/04/2011

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Les plus courtes sont les meilleures. Un dicton qui ne s’applique pas à la chose la plus utile au lit : la nuit de sommeil. Cette année néanmoins, c’est davantage la chaleur dès l’aube que le bruit qui aura tiré les premiers guerriers du lit. La nuit fut bien calme par rapport aux années précédentes. C’est que les choses sérieuses commençaient très tôt le lendemain, avec Dead To Me en brunch dès 11h00. Tant pis pour la bonne heure de queue à faire pour espérer prendre une douche, après tout il y a tellement de poussière, qu’à peine sorti de la cabine t’es déjà crade façon escalope panée...

Les américains arrivent sur scène devant quelques milliers de personnes, ce qui est toujours énorme, mais peine à remplir la moitié de la capacité de la tente. Qu’importe, le groupe n’a que 30 minutes et ne fait pas dans la dentelle en envoyant ses meilleurs titres, avec « Allrythmic Palpitations », « X », « Modern Muse », « A Day Without A War », « Liebe Liese », « Splendid Isolation » ou encore « Cause Of My Anger ». Ça le fait vraiment très bien, avec cette formation à 4 qui semble parfaitement rodée maintenant. Le guitariste Sam est impressionnant de maîtrise au chant et d’énergie à la danse guitare en main, quand on pense qu’il a joué la veille avec No Friends et se trouvait en état d’ébriété avancé quelques heures avant... Le bassiste-chanteur Chicken se démène également, prenant souvent appui sur son retour pour jouer de la basse en position de force. Le manque d’enthousiasme du public le rend tout de même blasé et cynique dans ses commentaires, mais Dead To Me ne lâche rien, et finit son set par une version un peu saccagée de « By The Throat », où les gens se font enfin entendre sur les refrains ! Très bon set, qui aura eu le mérite de réveiller les gens.

Un peu comme les œufs brouillés avant le bacon frétillant qu’incarne Teenage Bottlerocket ce matin (et que le grassouill... heu l’imposant guitariste-chanteur doit consommer avec plus d’excès que de modération). Parce que là pour le coup, les gens se sortent les doigts du cul ! Très attendue, la machine à tubes américaine envoie direct « Skate Or Die », « Radio » puis « Bigger Than Kiss », et ça chante partout dans la tente. S’il y avait un jeu à boire dont le principe serait de boire un coup à chaque « oh-oh » fait par un groupe, un set de 35 minutes des TBR plongerait tout le monde dans un coma éthylique profond. Sûr que c’est efficace, et le groupe balance ses plus gros tubes d’entrée de jeu, avec les « The Nuthouse », « Blood Bath At Burger King » ou surtout « In The Basement », dont le refrain est repris à la volée. La formule et la set-list s’essoufflent un peu par la suite, mais pas le public, qui lancera 3 circle pits, dont le dernier pendant le final de « Todayo ».
Grosse impression donc, et on tourne une autre page du catalogue Fat Wreck Chords en se rendant à la Eastpack Stage, où le bluegrass de Old Man Markley tente d’apporter un peu de fraîcheur country sur la scène où sévissent normalement les riffs de bûcherons des groupes de hardcore, emocore, crabcore et autres trucs en core et en core...

On sent d’ailleurs les gens (anti)sceptiques au début, se demandant ce que 8 hommes et femmes viennent foutre là avec banjo, mandoline, harpe, contrebasse vissée dans une bassine et grattoir géant. Ouais, y a un mec qui tape dans un grattoir géant avec 2 grandes cuillères. On imagine sa crédibilité quand il part en tournée, au moment de passer à la douane : « non mais ce sont mes instruments je vous jure, c’est pas pour faire du fromage de contrebande ! ». Enfin sur scène, ça envoie bien, dans la joie et la bonne humeur, que ne tardent pas à adopter les gens, qui s’adonnent même au sing along sur le single « For Better, For Worse », et se laissent emporter par la ballade « Gut’s ’n’ Teeth ». Le chanteur (également membre de Youth Brigade d’ailleurs), s’arrête à un moment pour demander à qui appartient un portefeuille qui est arrivé sur scène. El Hefe de NOFX arrive alors pour le réclamer, en bonne crapule mexicaine comme aurait dit Fat Mike. Blague à part, un des gros problèmes de cette année est posé : des centaines de portefeuille ont été perdus, et pas seulement par étourderie. Les pickpockets sévissent désormais sur le festival. De même, beaucoup auront pu constater que leur tente avait été « visitée » sur le camping...

Si le concert de Old Man Markley le fait bien, beaucoup abandonnent pourtant leurs pas de danse pour retourner sur la Main Stage et admirer le gros set de Streetlight Manifesto. Avec 35 minutes de set, la liste des chansons va forcément être courte, et le groupe a choisi ses pièces-maîtresses comme « A Better Place, Better Time », « Mephisto’s Cafe », « We Will Fall Together », « Falling, Flailing » ou « Somewhere In The Between ». Grosse énergie sur scène, et dans la foule aussi où ça danse allègrement. C’est qu’avec le soleil qui tape bien fort aujourd’hui, la musique enjouée du combo est plus que bienvenue !

Par contre, « être enjoué » est un concept ignoré vers la Etnies Stage ; les coreux de Cruel Hand ne font pas vraiment dans la légèreté. La tente est pleine à craquer (on ne peut pas s’empêcher de se demander comment tout le monde va tenir sous le chapiteau pour H2O), le groupe a visiblement fait du chemin depuis sa première tournée en Europe en support de Have Heart. Enfin, comme on disait, pour la subtilité on repassera, mais il faut bien reconnaître que le hardcore brut de décoffrage à la Terror est très efficace et nous donne de quoi nous échauffer correctement pour le reste de la journée.

Quelques minutes plus tard, sur la Eastpak Stage, c’est l’heure fatidique, celle du groupe « qui ramène tous les jeunes du fest mais on sait pas pourquoi ». Cette année, c’est Asking Alexandria. On n’épilogue pas, on les remercie juste pour la barre de rire à cause de leur look et de leur chorégraphie d’entrée (preuve youtube à l’appui) ; et parce que grâce à eux on peut manger avant d’aller voir Piebald sur la Main Stage.

La chaleur, le sable, et personne : malgré sa bonne réputation et sa signature sur Side One Dummy, c’est littéralement le désert pour le groupe de pop/punk/emo. Un mélange pas facile à faire, mais depuis 15 ans que les Bostoniens font de la musique, ils ont eu le temps de maîtriser le sujet. Et ça se voit dès les premières notes : le groupe en jette sur scène, bien qu’il soit tout récemment reformé. Tout sourire, Piebald enchaîne les titres, dans la veine de The Ataris, Small Brown Bike ou encore Life At These Speeds ; avec un côté plus catchy que ces groupes. Il suffit d’entendre le refrain pour le ressortir parfaitement la fois d’après, comme sur « American Hearts », ou « Long Nights » qui clôt le set. Bon concert pour les fans présents, très bonne découverte pour les quelques autres qui se trouvaient là par hasard. Et tant pis pour ceux qui ont préféré rester devant Asking Alexandria.

Grosse dose de fraîcheur maintenant avec le set de Dear Landlord. Le groupe de pop/punk rauque semble très attendu vue l’affluence sous la Etnies Stage, mais pas seulement par ses fans. La scène étant la seule où les stage divers peuvent sauter dans la foule comme à la piscine, certains gros lourdauds y passent leur journée, en se foutant de la musique. Résultat : un gros n’importe quoi, avec des mecs qui sautent alors qu’il n’y a pas de musique. Il y en a un en tenue de Michael Jordan qui aura gagné sa journée, se faisant humilier par le groupe avant de foirer lamentablement son slam (et c’est déjà là aussi, immortalisé sur Youtube).

Côté musique donc, Dear Landlord envoie tout ce qu’il a ! 45 minutes de set, ça donnera donc l’intégralité de la merveille d’album « Dream Home » envoyée dans les esgourdes, avec même le titre à rallonge « A World We Never Had », et bien entendu les tueries « I Live In Hell », « Rosa », « High Fives », « Lake Ontario » ou l’enchaînement parfait « Parck Bench » / « Goodbye To Oakland » qui avait ouvert le show. Ça envoie sévère, et les fans s’adonnent au sing along tout du long, ce qui est super facile vu l’efficacité redoutable des refrains. Les deux chanteurs se relaient, et quand le troisième (qui est quand même celui des Copyrights dans la vie civile) s’y met aussi, c’est encore mieux ! Même une rareté comme « Heartbroken Handshakes » est lâchée avec brio, ainsi que « A Little Left », issue de leur récent split avec les Dopamines. Et sur ce morceau, on remarque toute la décontraction du groupe, le guitariste-chanteur Brett se gourant dans les paroles sur l’intro qu’il joue seul. Ses collègues rigolent : « What the fuck was that ? ». Lui aussi, et il repart. Pendant qu’ils jouent, le patron du label No Idea vient également déplacer le micro de l’autre gratteux-chanteur, Zack, qui chante de profil le temps d’une chanson, et il y a même Tony, le chanteur de No Friends et de Municipal Waste, qui s’élance de la scène pour stage diver à son tour. Il essaiera plus tard d’escalader l’étalage sur le côté de la scène, mais la sécurité l’en empêchera...
On assiste à l’un des moments forts du Groezrock, avec une dimension simple et humaine qui fait du bien au milieu de toute cette machinerie. La présence, entre autres, du chanteur de Teenage Bottlerocket, dans la foule (entre deux passages au stand de frites), atteste de l’engouement parfaitement mérité autour de ce groupe, qui conclue son concert avec la surpuissante « Three To The Beach ». Juste parfait.

Alors après un moment excellent comme ça, la crapulerie qu’est Sugarcult est encore plus flagrante. Leur pop/punk a très mal vieilli, et ça joue mal, très mal. Aucun intérêt vraiment, même leurs pseudo-tubes étant massacrés... Vite, éloignons-nous de cette mascarade pour aller voir Street Dogs. Comme prévu, le groupe fait de la place aux nouveaux titres, et ceux-ci passent sans surprise l’épreuve du live. L’intro « Formation » résonne, sans vraie cornemuse sur scène malheureusement, puis le chanteur Mike McColgan débarque, avec sa veste en jean et son béret, fendant l’air avec ses poings. C’est qu’un concert s’apparente à un combat de boxe pour lui. Il faut que ça envoie, et ça envoie avec « Rattle And Roll », l’excellente « Up The Union » qui déchire vraiment en concert, avec le sing along sur le break, « Punk Rock and Roll » et toute l’armada issue de l’album éponyme. Même les titres plus « mélo » comme « Back To The World » ne feront pas retomber la grosse ambiance, qui devient festive sur « Tobey Has A Drinking Problem ».

Tout cela marche donc parfaitement, mais comme d’habitude, le frontman se mue en dictateur pour motiver ses troupes, exigeant des réactions qui pourtant viennent d’elles-mêmes, Flogging Molly n’en ayant pas eu besoin la veille par exemple... Mais non, il ne peut s’empêcher de faire le show, ce que tout le monde attend d’ailleurs. Il part en slammant de la scène, arrive jusqu’à la régie au milieu de la tente, l’escalade, et une fois juché là-haut, il exige des circle pits autour des 6 poteaux qui servent à ériger le chapiteau ! Bon, les 4 de devant s’exécuteront, mais forcément, si les gens sont au fond, c’est pour éviter de se faire secouer la bedaine et regarder le concert tranquille. Le gaillard est un peu lourd, mais à sa décharge, quand il y a les 4 circle pits en même temps, ça fait bien joli. Il décide enfin de repartir sur scène, toujours en se faisant porter, et achève enfin le concert avec « Fighter ». Gros set de Street Dogs quand même, but let the music play !

Pendant ce temps la Main Stage accueille Goldfinger, qui a aujourd’hui à la batterie Branden de Rancid et ex-The Used. Le pauvre, il a bien dû s’emmerder. Le son est catastrophique, le groupe pas carré et le frontman John Ledman exaspérant. Il saute partout mais du coup n’a plus de souffle, et se prend pour le chanteur de Green Day ou Sum 41 à vouloir faire chanter « oh-oh » aux gens pendant 5 interminables minutes. Et monsieur de faire la gueule parce que les gens ne suivent pas trop. Forcément mec, t’es en train de massacrer tes propres chansons, avec une version pourrave de « Superman », un « Open Your Eyes » qui sauve un peu les meubles et la reprise « 99 Red Baloons » pour finir sur une note un peu plus positive, mais voilà une grosse déception et un set bien chiatique.

On court bien vite à l’Eastpak Stage pour oublier Goldfinger : cette année, à la place des choco-BN, on a Comeback Kid pour le goûter. Le groupe est une valeur sûre en live, et aujourd’hui ne fera pas exception à la règle. Après un faux départ sur « Broadcasting », et cinq bonnes minutes d’attente le temps qu’un problème de son soit réglé ; les Canadiens sont partis pour une grande prestation, avec une setlist équilibrée entre les quatre albums. Et le public donne un accueil égal, peu importe d’où est extrait le titre. Que ce soit sur « Hailing On Me », « G.M. Vincent & I », « Step Ahead » ou « False Idols Fall », toutes les paroles sont reprises en chœur. Et c’est sans parler du pit, le mosh est élevé au rang d’art ici, il s’en faut de peu qu’on ne commence à nommer les figures genre « l’hélicoptère », « la cueillette de pommes » ou « le tabassage d’enfants à terre »... Bref, inutile de vous dire qu’on a très chaud (même si de temps en temps, on a le droit à une goutte d’eau du tuyau d’arrosage, wouhou !) ; et Comeback Kid sent qu’il est l’heure de nous asséner le coup de grâce, bien sûr avec le traditionnel « Wake The Dead » (repris à l’unisson, du premier rang aux gens qui doivent regarder le concert de l’extérieur de la tente remplie). Assurément, l’une des chansons du genre les plus marquantes des 10 dernières années... Comme d’habitude, une grande performance pour les Canadiens, mais pas le temps de s’en remettre, on doit filer voir la prestation de Thursday à la Main Stage

Malheureusement, le Groezrock c’est aussi des choix à faire, et en privilégiant Comeback Kid, on ne peut assister qu’aux quatre dernières chansons du combo du New Jersey (et pourtant, on a sprinté). Apparemment, on n’est pas les seuls à avoir fait ce choix, le groupe joue devant 1500 personnes, grand maximum. On en vient à se demander s’il était judicieux de faire jouer deux fois le même groupe sur le festival, même si les concepts des deux sets étaient très différents. En tout cas, Thursday ne se démonte pas et assure le show avec sa pêche habituelle, et en quatre morceaux, on a quand même le temps de se rendre compte de l’étendue de leur talent ; ne serait-ce que sur la dernière, « Turnpike Divides » : entre le chant, les cris, la diversité des parties de guitares, etc… il y a vraiment de quoi motiver à écouter « No Devoluciòn », leur dernier album.

Le temps d’être déçu par la reformation de Snapcase, au set bien trop atmosphérique, on retourne dans l’emo, avec le set acoustique de Dashboard Confessional. Comprendre : le set de Chris Carrabba (oui, c’est un groupe d’une personne). Environ la totalité de la population féminine du festival est devant la Main Stage quand l’Homme Parfait (il a une belle voix, il est beau, il a une guitare et des lunettes de soleil) entre sur scène et entame « Swiss Army Romance » avec l’aide du public. Par contre, même si chanter en choeur avec un mec qui a une gratte sèche, ça fait bon enfant, il ne faut pas oublier que ça reste toujours la loi de la jungle ici. Quand Chris jette son chapeau en pâture, deux filles se le disputent violemment, et c’est limite si la gagnante ne pisse pas sur son opposante en signe de victoire. Mais à part cette incartade, on a tous pu apprécier des tubes comme « Get Me Right » ou un magnifique « Hands Down », en plus de l’humour du jeune homme (« cette chanson parle d’une fille » ; nan, sérieux ?). Cette petite pause était la bienvenue au milieu de toutes ces grattes électriques, mais il faut se remettre aux choses sérieuses maintenant.

Pendant que les amoureux se bécotaient sur l’emo-acoustique, beaucoup de costauds se dirigeaient vers la Etnies Stage pour le set très attendu de No Trigger. C’est que le groupe n’a rien branlé en 5 ans (enfin quelques side projects sympas quand même), et revient en Europe après un 7’’ 2 titres, qu’il jouera dans son intégralité aujourd’hui, en en présentant les titres comme les meilleurs qu’ils aient écrits. Dès le début, les amplis sont dans le rouge, et la scène est prise d’assaut par les stage divers. C’est vraiment le gros bordel, la pool party avec des humains en guise d’eau. Leur hardcore mélodique à la sauce Strike Anywhere ou à la « Rise Against de quand c’était bien » défonce vraiment, et les refrains des « What We Became », « Fish Eye Lens » ou « More To Offer » sont repris à la volée par un public complètement au taquet. Le groupe ne s’attendait visiblement pas à une telle réception, et prend énormément de plaisir. Ca se voit, ça s’entend et ça se ressent, et on se dit que décidément, cette scène à dimension humaine offre un gros quelque chose de plus aux concerts qu’elle accueille sur le festival.

Juste à côté, sous la Eastpack, c’est un hardcore mois mélodique et plus frontal qui sévit avec Madball. Sick Of It All vendredi, H2O & CIV samedi : encore un groupe de NYHC ! Si le dernier album du groupe est relativement moyen, ses concerts sont toujours un moment exceptionnel, et celui du Groezrock ne fait pas exception. Madball c’est un son, une présence (corporelle), et un sacré paquet d’hymnes comme « Infiltrate The System », « Down By Law » ou encore « Para Mi Gente », qui font bouger les dancefloors comme peu savent le faire. Freddy Cricien est comme à son habitude toujours à l’aise sur scène, et harangue la fosse pendant que Mitts et Hoya sont figés derrière leurs pieds de micro. Bref, Madball, c’est du lourd, et ce à tous les niveaux.

Une autre reformation pour ce Groezrock, les Américains de Boysetsfire. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont impressionnants sur scène. D’ailleurs, si on prend en compte que Madball joue sur l’autre scène au même moment, le groupe réussit à intéresser pas mal de monde et à récolter des applaudissements jusqu’au fond du chapiteau. La setlist est plutôt orientée vers leur dernier album en date (« Walk Astray », « Requiem »...), mais honnêtement, ils dégagent une telle énergie que la réponse du public est unanime sur tous les morceaux. On notera quand même la grosse performance de « Rookie » en fin de set. Une bonne surprise donc pour ce groupe, on va peut-être finir par penser que c’est cool les reformations.

Un gros larsen retentit sur la Etnies, puis une voix bien connue, et l’apparition d’un gaillard d’une corpulence bien américaine : Erick "Buddha" Medina et les Blood For Blood sont dans la place ! Tout de suite cela bouge de partout dans la fosse, c’est à celui qui déboitera le plus d’os à son voisin sur les tubes comme « Wasted Youth Crew » (et son invasion de scéne), « Mother Dear » ou encore « I Ain’t Like You » repris en chœur par tout le chapiteau. Mais pas le temps de rester, le dessert va être servi...

La plus grosse bougie sur le gâteau des 20 ans du Groezrock, c’était en effet la venue des Descendents. Offrant quelques galas depuis l’an passé, le groupe culte allait enfin pouvoir être vu par des milliers de gens qu’ils ont influencés. D’ailleurs toute la journée, les hommages allaient bon train dans la bouche de chaque groupe. Premier constat : Milo, le chanteur, est le seul artiste à porter son pass autour du cou. Drôle de dégaine. Second constat : ils font le rock, les papys ! Bill Stevenson est juste monstrueux à la batterie, bougeant à peine. Tout à la force du poignet. Impressionnant, et assez cohérent avec le set du groupe. Pas de jeu de scène, pas de bannière géante derrière eux. Tout est laissé à la musique, et la set-list est grandiose, piochant dans toute leur discographie et s’ouvrant forcément par « Descendents ». Le gros tube « I’m The One » arrive bien vite, et fait basculer la tente dans une petite hystérie collective. Les plus anciens sont au taquet, tandis que les plus jeunes sont attentifs. Le chapiteau ne désemplit pas, chacun semblant conscient de vivre quelque chose de particulier. C’est que le savoir-faire mélodique du groupe est imparable et efficace. Il suffit de se prendre en pleine gueule l’enchaînement de « Everything Sucks », « When I Get Old » et « I Don’t Wanna Grow Up » pour comprendre l’influence du groupe sur toute une génération. Les structures sortent des standards du punk, et sans être non plus de la folie totale, le concert est très agréable. Allez, encore une poignée de tubes dont « Silly Girl », et le groupe achève par « I’m Not A Loser ». Non, définitivement, les Descendents font partie des grands vainqueurs de cette vingtième édition du Groezrock.

Mais pas le temps de souffler, il faut se farcir un mini marathon entre les déchets (humains comme matériels) pour aller voir la fin du set de CIV. Pour les deux du fond qui ne suivent pas : CIV est un groupe culte aussi, fondé par Anthony Civarelli (également chanteur dans Gorilla Biscuits), et qui s’est fait extrêmement rare (pour ne pas dire totalement absent) en Europe depuis plusieurs années. C’est dans les vieux-pots que l’on fait les meilleures soupes. Si pour le punk-rock cet adage n’est pas forcément vérifié, il semblerait que ce soir CIV démontre avec brio le contraire, bien aidé par des anciens, âgés pour certains de la quarantaine bien tassée, qui s’en donnent à cœur joie, et par Tony Foresta toujours là (pour les deux du fond encore : il joue dans No Friends et Municipal Waste), qui visiblement attendait ce concert depuis longtemps, vu l’énergie qu’il déploie (encore plus que pendant son set de vendredi). Le groupe balance tube après tube, que ce soit la dansante « Set Your Goals » (oui c’est de là qui vient le nom du même groupe), la chanson qui reste en tête « Choices Made » ou encore « Can’t Wait A Minute More », et tout ça sans oublier de se déchaîner sur scène, CIV allant au contact de la fosse et le guitariste n’arrêtant jamais de danser. Le concert semble bien court, et il ne reste qu’à espérer un retour discographique et scénique du groupe le plus vite possible...

Décidément, on est gâtés en pop-punk cette année, avec Saves The Day qui fait partie des têtes d’affiche de la Eastpak. Leur set est bien agréable, pas de prise de tête, pas de discours compliqués, aucune prétention... La musique agit très efficacement avec des classiques comme « At Your Funeral », « Anywhere With You » ou « Eulogy », et remet un petit coup de fouet à tout le monde pour le reste de la soirée. Dommage qu’on ne puisse pas rester jusqu’au bout du coup, mais ce soir, la priorité est aux deux autres scènes.

C’est que cette fin de Groezrock est un incroyable défilé de têtes d’affiches. Histoire de distraire des gens qui ne savent plus où donner de la tête, la Main Stage aura battu le record mondial de participants à du Air Guitar. Le principe ? La sono balance à fond « The Kids Aren’t Allright » de The Offspring, et tout le public fait du air guitar pendant que les gagnants du concours organisés le week-end sont sur scène. Bon, ça c’est fait. Au tour des Dropkick Murphys, qui eux ont plus l’habitude de brasser de la bière que de l’air. L’arrière de la scène est décoré aux couleurs de leur dernier album, et le gang de Boston débarque toute cornemuse dehors sur « Hang’Em High ». Ça part fort mais ça retombe direct avec le drôle de choix de foutre « The Fighting 69 » derrière, les gens la connaissant à peine. C’est là la principale déception de ce set des DKM : alors qu’ils sont dans un festival, qui fête son anniversaire qui plus est, le groupe a choisi de traiter le concert comme un autre de la tournée, balançant en priorité les titres de son nouvel opus. Et en en choisissant des étranges, comme la ballade « Cruel », ou la toute en banjo « Take’Em Down ». Aussi cool soient ces chansons, il y avait quand même d’autres titres à sortir des tiroirs pour rendre ce concert épique ! Il y a même une blondie qui joue du violon pendant tout le set maintenant, et qui prend le micro pour l’excellente « The Dirty Glass ». Bon, elle chante pas très bien, mais le public la remplace.

Etrange impression donc, mais heureusement la foule chavire sur les grands classiques, avec un « State Of Massachussets » qui fait jumper tout le monde ou « Johnny, I Hardly Knew Ya » qui fait chanter des cordes vocales mises à rude épreuve. Et puis il y a des featurings ! Outre celui de Fat Mike sur « Going Out In Style », comme sur l’album, on notera surtout celui de Mike McColgan, le chanteur de Street Dogs et ancien frontman des Dropkick, qui vient pousser la gueulante sur « Bar Room Hero ». L’occasion de constater qu’il a quand même plus de cordes (vocales) à son arc qu’Al Barr. Grosses accolades entre les deux chanteurs à la fin, et joli petit moment. Entre quelques vieilleries comme « Citizen CIA » ou « Gang’s All Here », les DKM continuent de dérouler le nouvel album avec « Sunday Hardcore Matinee » ou « The Irish Rover », avant de conclure par un enchaînement « Captain Kelly’s Kitchen » / « Shipping Up To Boston » qui achève un public qui aura été à fond dedans tout le long d’un set dont on aurait tout de même pu attendre davantage.

Comme l’année dernière, H2O a hérité de la « place du con », se retrouvant à jouer en même temps que la tête d’affiche. Place du con, vraiment ? On l’a déjà dit, la Etnies Stage est celle qui permet de vivre au mieux les concerts du genre, et ce qui va suivre ne pas démentir ce constat... Le concert commence « normalement » (avec déjà 5 slammeurs pendant le premier riff de « 1995 »), puis les tubes s’enchainent. Bim « Everready”, bam “One Life One Chance”, boum “Nothing To Prove”.
Le groupe est comme à son habitude explosif sur scène, Toby arpentant la scène en large, en long et en travers de porcs, tout comme Adam, qui avec un prénom comme ça ne pouvait que venir de la Grosse Pomme... Le concert continue sur sa lancée, jusqu’au moment où arrive « Guilty By Association ». Forcément Freddy Madball vient prêter un coup de main et chanter son couplet. Mais il ne repart pas, c’est la surprise annoncée sur Facebook la veille qui arrive : Hoya déboule également sur scène, Toby s’exclame : « Groezrock, are you fucking ready ?! », et c’est parti pour le titre « Are You Ready », de l’album sorti en 2004 par le supergroup Hazen Street ! Histoire de ne pas laisser retomber la pression, Toby fait un dernier speech sur les valeurs du hardcore et balance ses Nike et sont short dans la fosse en expliquant que ce ne sont que des fringues, et lance « What Happened ». Là c’est le même scénario que l’année dernière qui se reproduit : des dizaines de personnes envahissent la scène, certains slamment carrément par dessus le tout, c’est du grand n’importe quoi et tout le monde est content. Complètement épique !

Pendant ce temps sur la Main Stage, les NOFX sont forcément arrivés sans tambour ni trompettes, avec un verre à la main et l’air bourré. Et merde, c’est reparti pour la même purge qu’il y a 2 ans au même endroit ? Pas vraiment, car quand le groupe envoie sa traditionnelle « Intro », bonjour comment ça joue ! Alors est-ce qu’ils surjouent leurs côtés branleurs et défoncés pour faire genre les mecs trop cool, ou est-ce qu’ils sont capables de bien jouer même complètement shootés ? Les deux sont possibles, surtout quand on sait qu’un docteur les accompagne en tournée et les gave de cachets en tout genre pour leur aider à tenir le coup. Une pilule pour dormir, une pilule pour avoir de l’énergie, une pour pouvoir prendre telle quantité de drogue... Un peu glauque. Mais sur scène, c’est la fête, et « Dinosaurs Will Die » lance vraiment le concert. Ça chante partout sous la tente, le pogo s’agite et les choeurs de « We Called It America » sont bien suivis par la chorale des Groezrockers. Bien que Fat Mike clame vouloir jouer d’autres titres que ceux joués en 2009, les grands classiques y passent forcément, et on se bouffe avec grand plaisir les « Stickin’ In My Eye », « Seeing Double At The Triple Rock » (avec El Hefe toujours obligé de poser sa jambe sur son retour pour exécuter son riff), « Eat The Meek », « Don’t Call Me White », « The Separation Of Church And Skate », « The Brews », « Franco-Un American » et même « The Longest Line », qui aurait été réclamée par les Dropkick Murphys à la place de « Bottles To The Ground »…

On comprend vite que malgré les 20 ans, on n’aura pas le droit à « The Decline », mais la déception n’est pas vraiment de mise. Déjà parce que Fat Mike est en verve ce soir, balançant un lot de blagues d’un goût toujours aussi douteux. Les belges en prennent pour leur grade, se faisant taxer de pédophiles et racistes, mais pas alcooliques, cette tare étant réservée aux français, qui se voient d’ailleurs dédicacer « Champs Elysées », normal. Un mec dans la foule est déguisé en lapin, ce qui fait de lui, selon une logique toute Fat Mikienne, un musulman... Sont un peu durs à suivre des fois.
Sauf quand ils jouent. El Hefe prend son tour de chef d’orchestre pour la reprise de Rancid, « Radio », qui permet aux gens de se reposer un peu et de s’en rouler un, histoire d’apprécier encore plus « Herojuana », jouée plus tard. Le groupe cherche à contenter toutes les générations, et interprète quelques raretés ce soir, avec « Six Pack Girl », « What’s No Herb ? », ou même « The Malachi Crunch » (avec quelques difficultés pour cette dernière). En une heure de set, le groupe est en train de (re)prouver son statut de maître du genre grâce à un énorme set, qui se conclue parfaitement par l’enchaînement « Fuck The Kids » / « Linoleum » / « Theme From A NOFX Album ».

Ce dernier titre fini, Melvin reste sur scène avec son accordéon, et en guise de feu d’artifices, on a le droit à 10 minutes de fausses notes du gaillard... Les plus bourrés continuent de danser, les plus prévoyants commencent à plier bagage, d’autres vont boire un dernier coup. Un peu dommage de finir là-dessus, de ne pas avoir eu un petit quelque chose pour marquer le coup des 20 ans, ou davantage de featurings entre les groupes, mais après tout, ces 2 jours auront été suffisamment denses pour que les bons souvenirs restent bien plus en tête que les regrets. Un grand chapeau au Groezrock, dont l’affiche s’étoffe d’année en année et en fait un événement incontournable de la scène punk/hardcore non seulement européenne, mais mondiale. Joyeux anniversaire !

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