Contexte :

Entre Vote For Me et Noise Pollution, plus précisément en décembre 2002, nos quatre martiens français décident d’enregistrer un EP 7 titres. Mais pas n’importe quel EP puisqu’il s’agit ici d’un mini-album acoustique. Chose peu courante, et c’est avec ce Kill The Fuse que les Uncommonmenfrommars s’occupent pendant la pause syndicale de l’entre-2-albums. Sorti en mars 2003, voilà ce qui permit aux fans de patienter avant l’excellent Noise Pollution.

Chronique :

Mais ce n’est pas parce que Kill the fuse est un mini-album que le groupe, parmi les plus reconnus du punk-rock français, va faire les choses à moitié. Avant le mixage glorieux au studio Abbey Road, l’enregistrement s’effectue donc à Chicago, et s’il n’est (exceptionnellement) pas confié à Ryan Greene, c’est un producteur autant réputé qui va se charger de la galette, j’ai nommé Steve Albini. Et je me demande s’il est utile de le préciser, mais la production en est du coup excellente, il est certain que la réputation de l’ingé-son n’est plus à faire (Pixies, Nirvana, Leftöver Crack, Fugazi…).

Venons-en au contenu. Sur l’ensemble des 7 titres, deux sont en fait seulement des reprises acoustiques issues de Vote For Me. C’est donc ici « Pizzaman » et « Jessie@dublin.com » qui sont remis au goût du jour. Si la deuxième est en réalité une version ultra-raccourcie (quarante petites secondes), la première se révèle vraiment très sympathique pour nos petites oreilles, d’autant que le répit acoustique accordé à cette compo lui va plutôt bien. Forest, bassiste-chanteur des Pookies (et frère de Trint, Daff et Ed), est d’ailleurs convié pour les traditionnels backup vocals sur ces deux pistes. Les cinq autres titres sont donc tous des inédites, enfin, à l’époque, car parmi eux on retrouve « Dark Sunday » et « Dinosaur », apparus plus tard en version électrique sur l’album Noise Pollution. Et étonnamment ce sont certainement les meilleurs morceaux de l’album, il y avait donc de quoi prévoir le succès de l’album qualifié de ‘pollution sonore’.

La voix d’Ed qui ne manque pas d’énergie sur les morceaux électriques tout comme en live est ici totalement posée et très agréable. On sent qu’il maîtrise bien son organe, et même si celui-ci n’est pas digne d’un Joey Cape, elle se révèle très mélodique. Le titre « Blue Flame » n’est quant à lui pas réapparu depuis cet opus. Débarque ensuite « It’s Not Funny Anymore », reprise de Husker Du, que le groupe joue désormais régulièrement en live, et qu’on peut d’ailleurs apprécier sur le DVD Live On Earth. Cette piste est également la plus énergique de l’opus, la batterie offre un rythme plus rapide, mais son timbre particulier et le son acoustique des guitares permettent d’éviter de s’emballer.

La dernière chanson portant le même nom que l’album, « Kill The Fuse », est une piste très particulière déjà rien que par sa durée : 10 minutes. De plus, elle ne comporte aucun chant, remplacé par une piste de violon. Et c’est là, sur cette fin d’album, que les Uncommonmenfrommars nous touchent en plein cœur, avec cette piste semblant venue d’ailleurs. La guitare se met à saturée sur la fin, la batterie part en cou****... Fameux !

L’artwork, by Andy Warhol, est vraiment très agréable à l’œil. Il a surtout le mérite d’illustrer le calme présent sur la galette, on peut alors se douter qu’on aura pas affaire à un album dans la lignée de ses prédécesseurs. A l’intérieur du livret on retrouve une photo des membres du groupe en plein travail studio (enfin vu les canettes de bières, la notion de ‘travail’ est toute relative !), ainsi que les textes des chansons, comme à leur habitude pas vraiment politisés.

Cet album arrive sans prétention dans vos lecteurs et va pourtant très vite vous conquérir. Ça donne envie d’aller sur la plage, de boire des bières autour d’un feu, pour ensuite embrasser une jeune fille inconnue tout ça… Bon c’est pas non plus de la musique pour hippies hein, mais un peu de calme dans ce monde de pseudo-rebels aimants se taper sur la gueule entre eux parfois…