avril
25
2007
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Interview >> Uncommonmenfrommars |
Rendez-vous m’était donné à 16h30 ce samedi pour une interview des Unco. J’arrive avec cinq minutes de retard, et retrouve leur adorable manager, Sid Unco. A Paris apparemment, c’est un peu la colonie : les jumeaux sont à la tour Eiffel, Jim à Pigalle et Ed parti acheter un jack pour le concert de ce soir. Finalement Ed arrive peu de temps après, m’entraîne dans les loges choper une bière fraîche (lui prendra de l’eau, pas rock’n’roll !), et on se trouve un coin, dans un escalier. A la roots.
Ed (dévisageant mon dictaphone) : Il est excellent ton truc, tout petit et tout. C’est là le micro ?
Ouais mais il fait aussi thermomètre, t’approches pas trop... Alors vous étiez aux USA en février, comment ça s’est passé ?
Et bah ça c’est super bien passé. On a retrouvé nos potes du groupe Second Shot - c’est leur batteur qui a monté la tournée - et on tournait avec un autre groupe de Hell’s Angels qui s’appelle Murderland, un truc à la Misfits avec la mèche devant et tout, du sang qui coule des yeux (rires). Non c’était super cool, on a fait 15 jours de tournée en Californie, j’appellerais plus ça des vacances qu’une tournée en fait (rires).
Vous tourniez dans des bars là-bas ?
Ouais la plupart du temps c’est des rades, mais les groupes de punk-rock là-bas ne jouent quasiment que dans des rades. En fait, c’est très dur de ramener du monde, il y a très peu de groupes aux USA qui arrivent à ramener 300 personnes. Puis nous en plus personne a jamais entendu parler de nous...
Vous commencez à avoir une petite réputation là-bas ?
Pour ceux qui nous ont vus oui, ainsi que pour ceux qui ont écouté nos disques. Puis Ryan Greene parle de nous des fois. Donc très peu de gens nous connaissent. Mais ouais on a eu un super bon accueil, par rapport à la tournée et au disque aussi, donc voilà c’était cool.
Aucune vanne sur le fait que vous êtiez français ?
Non, plutôt de la surprise en fait. Voir un groupe français là-bas c’est un peu comme... voir un groupe japonais en France. C’est super rare, c’est pas le truc que tu vois tous les jours, donc les gens sont curieux. Puis en plus, quand t’envoies du bousin... On a fait des gros concerts, les mecs ils en ont pris plein la gueule, ils ont halluciné. Après le concert c’était "Vous êtes français, vraiment ?". (rires)
Et vous avez pas pris trop de poids ?
Ah si bien sûr ! Attends là-bas ils font les meilleurs burritos au monde. (rires)
Vous avez croisé Sepultura récemment en Allemagne...
(mort de rire) Ouais ! En fait on a joué dans un club qui s’appelle l’Underground, à Munich Et le lendemain, on jouait encore à Munich, dans une autre salle, mais on revenait dormir à l’Undergound. Et ce soir-là, il y avait Sepultura qui jouait dans la grande salle de l’Underground, donc quand on est revenus dormir eux étaient là, en train de faire une after. Donc on a pointé le bout de notre nez, on avait rien à boire en plus donc on a demandé à s’incruster. Ils nous ont accueilli généreusement, ils ont ramené d’autres bières et donc voilà, j’ai pu discuter avec Paulo Junior, le vieux héros, c’était assez cool. Très très sympa. Ils commencent à se faire vieux. Ils étaient pas tous là. Moi je connais que 2 membres de Sepultura. Mais très sympas, très cools, la barbe qui commence à blanchir un petit peu. J’ai eu ma photo et voilà.
Donc vous avez tourné en Allemagne en mars, là-bas ça c’est passé comment ?
Très très bien. L’Allemagne ça a été une sorte de révélation pour nous. C’est vraiment un pays qui a été conçu pour les groupes de rock, la scène est vachement bien organisée, il y a vachement de salles, où sont passés tous les groupes qu’on adore : les NOFX, Propagandhi, Hards-On... donc ça fait quelque chose de passer après eux. Et puis ouais il y a toujours un endroit où dormir dans la salle, on te donne à manger, t’as besoin de rien, les gens ils sont cools, il y a du monde au concert.
A ton avis qu’est-ce qui fait que ces deux pays sont plus "rock" que la France ?
Déjà la différence entre les USA et l’Allemagne c’est qu’aux Etats-Unis on te donne ni à manger, ni à boire, tu joues dans des endroits où les sonos sont pourries, les gens viennent voir la première partie puis ils se cassent, toi t’attaques et y a plus personne. Alors qu’en Allemagne il y a tellement de salles, les gens ils sont habitués à aller voir des concerts. J’ai eu l’impression que les gens venaient un petit peu pour découvrir, on n’était pas très connus, il y avait pas énormément de monde, mais les gens restaient jusqu’au bout, et voilà. Il y a un peu plus de notion de respect et d’accueil en Allemagne par rapport aux USA. Largement plus.
Et par rapport à la France ?
Par rapport à la France... Bah la France est un pays réputé pour avoir un bon accueil, donc tous les groupes le savent, en France t’as toujours de quoi dormir, manger, boire, donc y a pas de problèmes. En plus nous ça fait longtemps qu’on tourne donc on a atteint une certaine notoriété qui fait qu’on est super confortables niveau accueil. Et je crois que même pour les groupes qui débutent en France les conditions sont plutôt pas mal par rapport à d’autres pays quoi.
Elle est à combien la pinte en Allemagne ?
Je sais pas j’ai pas payé (rires). Bah c’est ça qui est bien , ils nous paient à boire, on n’a jamais eu à en acheter.
Là vous allez jouer avec Lagwagon, c’est un peu un rêve de gosse qui se réalise ?
Un petit peu ouais, parce que Lagwagon fait partie des groupes qui nous ont donné envie de commencer, c’est l’explosion du punk-rock des années 90, avec NOFX, Bad Religion, la première compile Fat Wreck, la première compile Epitaph, Propagandhi, Snuff et compagnie... Ouais Lagwagon ça a toujours été une grosse influence pour nous, Daff en particulier à la batterie, le batteur de Lagwagon c’est un mec qu’il admire donc ça va être vraiment cool quoi.
Honnêtement, vous auriez pas aimé signer chez Fat Wreck ? Que Ryan Greene glisse un petit mot au gros Michel...
Bah on aurait aimé signer chez un label américain qui soit en mesure de nous élever, de nous faire tourner là-bas et de nous faire connaître. Que ce soit Fat Wreck ou un autre... Ouais Fat Wreck, ça serait bien, bien que je ne connaisse pas leurs contrats, ça dépend ce qu’ils proposent. Si dans le contrat y a marqué qu’on doit se faire enculer à sec dans du sable on signerait pas... Je pense qu’on dirait non, mais peut-être que quelques-uns dans le groupe seraient d’accord (rires).
Depuis que Ryan Greene s’est installé en Arizona, il semble un peu coupé de Fat, la plupart des prods étant confiées à la paire Livermore / Stevenson, comment il le vit ?
Lui en fait il était associé avec Fat Wreck. Donc ils avaient le studio ensemble (ndr : le Motor Studio à San Francisco), et du coup la plupart des groupes chez Fat passaient par lui. A un moment donné il a voulu partir pour faire d’autres choses, peut-être sortir du créneau, faire d’autres styles de musique... Peut-être qu’il se sentait enfermé dans un style et moi je peux le comprendre. Comme groupe on a envie d’évoluer et lui il a sûrement eu envie d’évoluer comme producteur. Et puis il a lancé son propre studio et faire son propre truc quoi. Il enregistre encore des groupes de punk-rock, il fait aussi des groupes de métal, son studio tourne bien et ça a l’air d’aller.
Là vous repartez pour une tournée française, vous avez fait tous les coins du pays non ?
Je trouve qu’on joue pas assez en Bretagne à mon goût, on a joué pas mal en Bretagne mais beaucoup moins que dans les autres régions de France. On joue peut-être un peu moins dans le Nord aussi. Il y a des régions où on joue plus souvent, dans le Sud, Toulouse, tout ça. On a joué pas mal de fois dans la région de Bordeaux, Tours aussi mais ouais, la Bretagne... En plus on adore jouer en Bretagne, on a un peu de sang breton, par notre père.
Quand vous venez ici vous chambrez souvent les parisiens, moins que Forest des Pookies quand même. Il y a vraiment une différence entre les shows en Province et à Paris ?
Paris c’est un peu un autre pays en fait, c’est vraiment différent... Je pense qu’il y a sûrement beaucoup de préjugés... Nous en fait on a pas vraiment de préjugés contre les parisiens, tout ce qu’on fait c’est chambrer. Comme quand on joue dans une ville où leur équipe a perdu bah on va les chambrer, alors qu’on en a rien à foutre du foot, j’ai jamais regardé un match de foot de toute ma vie donc chambrer les parisiens c’est facile et on aime bien ... Nous on trouve ça drôle (rires).
Vous allez retourner aux USA cet automne ?
Peut-être ouais, on nous a proposé une tournée qui tarde à se confirmer, on va peut-être aller plutôt en Allemagne, parce qu’on a d’autres propositions aussi là-bas. On sait pas trop.
Vous aimeriez embarquez des groupes français avec vous, pour faire les premières parties ?
Pour l’instant faut déjà qu’on se fasse notre petite place. Pour qu’un promoteur prenne les risques de faire jouer deux groupes français... Mais c’est clair que si un jour on peut se le permettre, on se gênera pas !
"Noise Pollution" est sorti au Japon, c’est aussi le cas pour "Scars Are Reminders" ?
Il est en train de sortir là-bas ouais.
Vous pourriez envisager de tourner là-bas alors ?
Ouais, ça serait un gros truc à réaliser. C’est plus ou moins en prévisions, disons qu’on est en train d’essayer de faire en sorte que ça se fasse. Toujours par nos amis de Second Shot de Sacramento, qui eux sont assez connus au Japon, et qui vont essayer de nous filer un coup de pouce pour nous emmener avec eux.
Beaucoup pensent que parce qu’on vous voit dans Rocksound, Punk Rawk et cie, vous êtes limite millionnaires et vivez de votre musique. Tu veux rétablir la vérité ?
(rires) Alors ça c’est vraiment le truc qui me fait bien rire. Moi pour te donner une idée claire de mon état financier, ça fait 4 mois que j’ai pas gagné un sou, je viens juste de retoucher mes ASSEDIC depuis ce mois-ci, donc je vois pas bien comment je pourrais me payer une bagnole ou une baraque. On est un groupe de rock, gagner de l’argent avec un groupe de rock c’est quasiment impossible, c’est pas parce que t’es dans un magazine que tu gagnes de l’argent. On arrive à tourner beaucoup, donc on arrive plus ou moins à avoir notre statut d’intermittents du spectacle, même si c’est de plus en plus dur de l’avoir, mais c’est pas facile quoi. On a tous des loyers, on a des bagnoles, on est loin d’être riches quoi (rires). Ca me fait vraiment rire, mais je pense que c’est plus une réaction d’adolescent je pense. Quand t’es jeune tu crois tout savoir sur tout, quand t’es gamin t’as des avis sur tout. Et puis je sais pas, critiquer quelqu’un c’est aussi une façon de se mettre en valeur et je comprends ça, moi j’étais comme ça aussi quand j’étais gamin. Mais nous ne sommes pas riches et loin de là (rires).
Trint vient de devenir papa, Daff l’était déjà : tu vas être parrain ?
Je suis pas encore parrain, je suis tonton deux fois et ça me va bien. J’ai tous les avantages des enfants sans en avoir les inconvénients. Dès qu’elles deviennent chiantes je les refile à leurs pères.
Ca risque d’interférer dans le rythme des tournées ?
Non, parce que là le rythme s’accélère, déjà que c’était soutenu là ça s’accélère carrément. On a fait une tournée en Allemagne, on est revenus il y a une semaine et on repart pour un mois, donc à priori non.
Et ça pourrait influencer les compositions de Trint pour le futur ?
Sûrement. Tout ce qui affecte nos vies est une inspiration alors sûrement.
Comment se passe le processus de composition chez vous ?
De toutes les manières imaginables. Des fois j’écris de mon côté musique et paroles, Trint fait de son côté musique et paroles. Des fois on écrit la musique tous ensemble. Jim a composé tout le morceau "Scars Are Reminders", c’est moi qui ai écrit les paroles. Je pense que cette manière de fonctionner nous donne une variété nos albums, d’un morceau à l’autre, ce qui est pas plus mal pour l’auditeur je pense. Il y a des changements d’ambiance, mais tout reste cohérent. Dans les concerts ça se sent aussi parce qu’on peut passer d’un morceau limite hardcore comme "Scars Are Reminders" à un morceau presque pop comme "I Stand Alone", et repartir sur un morceau super speed derrière, donc c’est cool pour le spectateur.
Vos paroles ne parlent jamais de politiques, est-ce que c’est parce que vous en êtes désabusés, comme on pourrait le comprendre dans le morceau "Vote For Me" ?
Cette chanson j’ai dû l’écrire quand j’avais genre 18 ans, c’est une chanson un peu juvénile, avec des paroles un peu faciles... Je ferais les choses à peu près de la même manière aujourd’hui, mais non on parle pas de politique dans notre musique. Nous on se sert de notre musique pour exprimer ce qu’on ressent à certains moments de nos vies et surtout pour tourner et tout ce qu’il y a autour de ça. Rencontrer des gens, voyager, jouer sur scène c’est le truc qui nous plaît le plus, dans un rade ou dans un festival, même dans la salle de répète, nous on aime jouer.
Vous vous êtes par contre très vite investis dans le collectif Plein Les Urnes, pourquoi les avoir rejoints ?
On est très amis avec David de Dirty Fonzy et Guillaume de Condkoï, ce sont eux qui ont fait ça. Ils nous en ont parlé et ça nous a assez plu, même si ça rame un peu et qu’il se passe pas grand chose avec le collectif, y a au moins l’idée et c’est l’intention qui compte quoi. Et nous Sarkozy nous fait flipper, et si ce genre de mouvement peut permettre à des jeunes de 18 ans de s’inscrire et d’aller voter, tant mieux quoi. Moi qui n’allais jamais voter avant, les élections de l’année dernière m’ont fait flipper comme tout le monde, je m’en suis voulu...
L’année dernière ?
Euh ouais non merde, de 2002 (rires). Voilà ça m’a fait prendre conscience que ma voix comptait, je me suis inscrit et cette année je vais surtout pas louper. On revient de tournée exprès pour aller voter.
Par contre vous avez pas mal de thèmes de prédilections dans vos paroles. Est-ce qu’on pourrait dire que "Dinosaurs" (sur "Noise Pollution" ) est la suite de "78" (sur "Vote For Me" ) ?
um c’est plus ou moins le même thème ouais. Il y a un moment donné où c’est ridicule... Pour nous le punk-rock c’est pas forcément un style de musique, c’est un moyen de rassembler les gens qui sont... punks en fait. Le punk-rock c’est un truc personnel, la musique c’est un moyen de rassemblement, puis toutes les guerres qu’il peut y avoir entre "old school" et "new school", c’est vraiment nul. Alors des fois on a une chanson qui sort là-dessus, quand on a une mauvaise rencontre. Mais tous les vieux punks qu’on a pu rencontrer sont en fait super sympas et sont les plus ouverts quoi.
Des paroles comme celles de "You Failed Me" ou "School’s Long Gone" traitent d’amitiés déçues, ce qui revient très souvent. C’est votre principale inspiration ?
C’en est une. On va pas dire qu’on a eu une enfance malheureuse parce que c’est pas vrai. On fait partie d’une famille de classe moyenne qui a jamais vraiment pu se payer ce qu’elle voulait, on a toujours eu à manger, mais y avait toujours la présence du chômage et ce genre de choses, et on a toujours beaucoup déménagé. On était un peu tout le temps les nouveaux à l’école, les mecs un peu différents. Aux Etats-Unis on était français, en France on était américains...
C’est de là dont vient le nom Uncommonmenfromars ?
Exactement. Les chansons là-dessus, c’est parce que pendant toute notre enfance, surtout en arrivant en France, ça n’a pas toujours été facile de se faire des places. Et si on a eu des amis on était toujours un peu au fond de la bande, un peu la tête de turc qui se faisait taper, donc à un moment donné tout ça se transforme en chanson quoi.
Il y a très souvent un contraste entre vos mélodies speed et enjouées, et des paroles souvent tristes. Ça concerne surtout les jumeaux, mais l’exemple le plus parfait est "Pizzaman", dont l’histoire est liée aux 131 que les deux ont sur leurs instruments. Tu peux m’en parler ?
Ouais. En fait "Pizzaman" c’était une chanson sur un ami de Trint qui s’est tué en moto. Et plusieurs années plus tard, y a un autre ami de mes frères qui s’est tué en moto, il faisait de la course en fait et son numéro c’était le 131. Donc a repris le morceau en acoustique, et on a rajouté dessus le 131 pour lui dédier le morceau.
Changement de registre : l’artwork pour "Scars Are Reminders" est plus sombre que les anciens, c’est la tendance emo ?
Absolument pas. Je suis pas celui qui va aller cracher sur tel ou tel style. C’est juste une mode quoi, ça va pas tarder à mourir et y aura toujours ce bon vieux punk-rock qui restera… Euh ouais l’artwork en fait c’est plus une carte blanche donnée à Chuck Sperry, qui avait déjà fait la pochette de notre album live et qui a aussi fait des affiches pour nous. On lui a donné le titre « Scars Are Reminders » et il s’est laissé aller, et on est vraiment super contents du résultat.
D’habitude vous sortez un truc par an (EP acoustique, split avec Burning Heads…). On peut s’attendre à quelque chose en 2007 ?
Ouais on a petit truc en prévision pour cet été, en attendant un mini-album pour la rentrée. On pensait faire un split, mais ça sera sûrement un EP.
Pas de nouveau DVD ? Il paraît que vous avez choppé pas mal d’images pendant la tournée avec les Burning ?
Ouais on en a pas mal, on a énormément d’images de la tournée aux USA, on en a plein d’Allemagne, là on continue à faire des images, donc on a largement de quoi faire notre DVD, il suffit juste d’avoir le temps de le faire quoi. C’est pas encore prévu, mais ça vous pend au nez (rires).
Il y a un mini-solo sur « Stuck In The Past », c’est Jim qui l’a enregistré ?
(mort de rires) Ouais un vrai solo ! Non c’est Trint qui l’a fait, il a progressé, pas mal, hein ? Et il le joue en concert ! (rires)
Par contre, est-ce que Jim est meilleur guitariste que Trint et toi ?
Largement ! Il est bien plus fort que nous deux réunis. Il est guitariste à la base, il fait de la guitare depuis qu’il est tout gamin et c’est un excellent guitariste. Il s’est mis à la basse parce qu’on avait besoin d’un bassiste et que lui ça le branchait de faire de la basse.
Et ça vous dégoûte pas trop que votre bassiste soit meilleur que vous ?
Non pas du tout, au contraire. Moi pour le coup je suis vraiment un guitariste de punk-rock, je fais ce que j’ai à faire et j’en ferai pas plus, parce que j’en suis pas capable. Ça me va très bien, je vais pas apprendre des trucs super techniques, j’en ai rien à foutre. Je suis pas un fan de guitare, je joue nos morceaux et ça me suffit carrément.
Et entre toi et Daff, qui est le meilleur batteur ? (Ed joue de la batterie dans Sons Of Buddah)
(rires) Daff largement. Encore une fois je suis pas un vrai batteur, je suis un batteur punk-rock. J’ai appris tout seul. Daff m’a juste montré quelques trucs, corrigé certains défauts.
C’est juste une coïncidence si Forest, le quatrième frère, joue de la basse ?
Euh ouais. Parce que nous quand on a commencé le groupe lui il ne jouait d’aucun instrument. Donc il s’est mis à la basse tout seul.
Et il a jamais demandé, pour taquiner, à entrer dans le groupe ?
Non parce que Jim était déjà là depuis longtemps et puis le groupe était bien installé. A aucun moment il a été question qu’il jarte… On nous pose souvent la question, c’est vrai que les quatre frangins ça serait rigolo, mais c’est bien comme ça parce qu’il a pu faire les Pookies, qui est un excellent groupe.
L’année dernière vous avez fait une énorme tournée avec les Burning (50 dates en 51 jours), avec le recul il t’en reste quels souvenirs ? Pas trop épuisant ?
Un de mes meilleurs souvenirs de tournée. Arrivés vers la vingtième date, au milieu, tout le monde était fatigué. Nous on se rendait pas compte mais les gens qui venaient nous voir en concert nous disaient « vous avez l’air fatigués », puis après en fait tu reprends le rythme. Le lendemain de la dernière date, si on avait encore dû en enchaîner une vingtaine ça aurait été bon pour nous (rires).
Est-ce que vous avez eu en quelque sorte l’impression de vivre un passage de témoin, entre deux générations de punk mélo ?
(pensif) Non, parce que eux sont toujours aussi présents maintenant qu’avant, ils sont pas du tout sur la pente descendante, ils maintiennent leur truc. C’est vrai que des fois des kids venaient et ils connaissaient pas les Burning, mais y a aussi des plus vieux qui venaient pour voir les Burning. Il y a eu une espèce de rencontre à un moment donné entre deux publics,.et… Ouais j’sais pas, j’me rends pas trop compte…
Vous êtes quand même à la tête d’un « renouveau », avec vos potes de l’emoglam par exemple (Dead Pop Club, Flying Donuts…) où c’est plus l’influence américaine, mais aussi Guerilla, qui permet l’émergence de plein de petits groupes et remet à jour le chant en français…
Ouais mais il faut qu’il y ait du renouveau. Nous on est issus d’un renouvellement suite à l’influence de Burning Heads et les groupes qu’on aimait écouter. Quand nous on a commencé à arriver, il y avait avec nous les Flying Donuts, I.S.P., Dead Pop Club, tout ça, on est de la même époque quoi. Maintenant y a un « nouveau renouveau », je sais pas si on peut dire ça (rires) avec Guerilla Asso… L’emoglam c’est pas pareil, c’est plus un truc qui nous a permis de nous rassembler.
On parlait de Guerilla Asso, j’vais la jouer à la Rocksound qui aime bien les déclarations interposées : quand j’ai interviewé Till, il m’a dit que dans GxP, ils adoraient tous Unco sur scène mais aucun d’entre eux n’était capable d’écouter un de vos albums en entier. Toi t’arrives à écouter du Guerilla ?
Ah le salaud ! (rires). Alors déjà leur batteur précédent il adore Unco, alors c’est un mensonge ! C’est peut-être pour ça qu’ils le laissaient jamais parler (rires). Moi j’aime vachement Guerilla Poubelle, même si je trouve que si je devais produire certains de leurs morceaux, je retirerais des trucs, parce que des fois je trouve qu’il y a des longueurs, trop de mesures. Mais dans le groupe je pense que Jim est moins fan de ce genre de punk-rock.
Où en est ton side-project, Sons Of Buddah ? On parlait d’un split avec Dead Pop Club un moment…
Ouais, c’était prévu mais faudrait qu’on ait le temps. On vient d’enregistrer 9 morceaux, ça sera une sortie prévue pour bientôt, sous forme de EP, c’est la mode des EP’s en ce moment (rires). La vraie raison c’est qu’on a pas assez de temps. Donc il y a ce EP, le split avec Dead Pop Club qui sera pour plus tard, et on en train de bosser sur un truc avec Guerilla Poubelle aussi, ça commence à se mettre au point. (ndr : un projet pas loin de Nine Inch Nails qui laisse des clefs USB dans les toilettes avec des nouveaux morceaux, mais avec beaucoup plus d’innovation technologique).
Trint aussi a un autre projet avec X-TV (un trio acoustique). Où est-ce qu’il en est ?
Il enregistre, il prend le temps de faire ça comme il faut, et ça sonne super bien. J’ai pu écouter ce qu’il fait et c’est vraiment cool. Le CD sortira dès qu’il y aura le temps, et ils tourneront sûrement à ce moment-là.
Les autres n’envisagent pas de monter un autre groupe ?
Daff non, parce que sa vie de famille lui prend déjà énormément de temps en dehors d’Unco. Jim peut-être un jour il fera un groupe de pop ou un truc comme ça, mais pareil, je pense que c’est une question de temps, et là on a pas vraiment le temps pour faire quoi que ce soit d’autre que Uncommonmenfrommars.
Quand vous étiez aux Etats-Unis un nouveau personnage a fait son apparition, Leroy, qui est-il, d’où vient-il, qui se l’est tapé ?
Leroy ! (rires). C’est une rock star. C’était la mascotte de la tournée aux USA, et les Second Shot nous l’ont confié pour qu’il visite un peu l’Europe avec nous, donc on envoie régulièrement des nouvelles sur sa page myspace (www.myspace.com/leroyrepresents) . C’est une vraie personne, il est toujours avec nous sur la table de merch. Vous pouvez lui envoyer des messages il aime bien. Par contre il est américain donc il faut lui parler anglais. Là il doit être à la Tour Eiffel, puis il va voir Berlin, Amsterdam, l’Autriche… Mais aucun n’a couché avec. On le connaît trop bien, et puis franchement, vu là où il a tapiné, je pense qu’il a chopé les pires des maladies.
Question Mireille Dumas : Trint, dans le DVD, devient un personnage multimilliardaire aux pouvoirs surnaturels. Puis lors de l’emoglam en juin 2006, un emoboy éploré du nom de Kevin. Comment expliquer ces troubles de l’identité ?
La vérité c’est qu’il est tombé de son landau quand il était petit, et il est atteint d’une schizophrénie, de double personnalité. On fait semblant de rien voir, on fait semblant de rien remarquer, parce que ça pourrait le déséquilibrer et on a encore besoin de lui, faudrait pas qu’il parte en hôpital psychiatrique.
Une vidéo de lui jeune a été postée sur votre forum cette semaine. On le voit dans son appart…
Ah, oui ! Oh c’est vieux. C’est un court métrage qu’il avait fait avec notre ami David Basso, qui travaille sur pas mal de nos vidéos et notre DVD. Il était en collocation avec Trint et il faisait des court-métrages, alors ils ont fait ce petit film. C’est cool, ils ont fait ça pour rigoler, mais ça leur a permis de gagner un petit concours. Mais c’est super vieux, j’ai été étonné de revoir ça…
On y apprend que son vrai prénom est Corentin. Pourquoi avoir choisi des pseudos ? Et du coup, c’est quoi vos vrais prénoms ?
C’est plus des surnoms que des pseudos en fait, ça vient des potes, et à la base ça rien à voir avec le groupe. C’est des surnoms à la con qui sont restés. On a tous des prénoms à consonance bretonne, à cause de notre père…ou grâce à notre père (rires). Y a Corentin, Ronan, Erwann, et mon petit frère (Forest) c’est Guénolé. Et ma petite-sœur Anne-Gaëlle. Et Big Jim c’est Jérôme.
La première fois que je vous ai vu, c’était sur Canal+, dans une émission présentée par le bo-bo Ariel Wizman, tu t’en souviens ?
(rires) Ouais bien sûr. En fait on était avec les Svinkels. L’émission c’était « L’Appartement », ça se passait dans un appartement à Paris et nous on jouait un morceau dans la salle de bains, à poil comme d’hab, et les Svinkels jouaient un morceau dans la chambre. On a fait un bout d’interview, puis y avait un DJ anglais qui jouait dans le salon. Enfin bon en attendant d’être interviewé, on se faisait un peu chier. En fait c’est un vrai appartement qui est loué par une bonne femme, Canal+ loue ça puis ils redécorent un petit peu, il y avait un frigo qui était plein, et comme on se faisait chier on a pris une bouteille de vin blanc, on s’est mis dans un coin puis on a commencé à la torcher. On a juste joué un morceau en fait.
Vous allez jouer avec Pleymo sur un festoche en Belgique, l’occasion de ressortir vos déguisements de leurs potes Vegastar ?
(rires) En fait ce soir-là, pour l’Emoglam, on avait prévu de se déguiser en emos, mais pas de faire une parodie de Vegastar en particulier, c’était plus une parodie « emo », j’sais pas vraiment comment c’est parti. Y a un mec qui a dit ça puis on a joué le jeu. Mais ces gars on les connaît même pas… Puis en général ce truc de look emo il me fait marrer (rires).
Les trois groupes avec qui vous jouez ce soir, vous les connaissez bien ? Vous aimez ce qu’ils font ?
Les Sling69 on les connaît bien, ce sont des potes. Les Marxmallows pareil, Faits Divers on connaît un des membres qui était stagiaire dans une salle parisienne dans laquelle on a joué récemment et du coup on avait écouté ce qu’ils faisaient… Ouais on aime carrément tout ce qu’ils font.
La set-list pendant la dernière tournée était très orientée "Scars Are Reminders", à quoi on peut s’attendre pour ce soir et les prochaines dates ?
Ouais, on nous l’a suffisamment reproché, donc on s’est enfin décidés à mettre un peu plus de "Vote For Me" dans la set-list. Il y a un petit peu de "Noise Pollution" mais on a surtout rajouté du "Vote For Me". On a tellement de morceaux qu’on est obligés de choisir quoi, et il y a des morceaux qu’on veut jouer quoi qu’il arrive, on est obligés de jouer, « You Can Be Evil », « All or Nothing » ou « Dead Inside ». Au bout d’un moment il y a tellement de morceaux qu’on se sent obligés de jouer que faire des set-lists c’est pas facile pour nous, on est jamais d’accord.
Pourquoi avoir choisi « I Stand Alone » comme second single ?
Parce qu’on trouvait que c’était un bon morceau, mais surtout parce que pour « Scars Are Reminders », on a choisi de mettre en avant des morceaux qui sortent un peu de ce qu’on fait d’habitude en fait. « Dead Inside » et « I Stand Alone » je trouve que ce sont deux des meilleures chansons du disque et elles sont un peu à part.
Ca vous arrive encore de vous foutre à poil sur scène ?
Ouais ça arrive. C’est pas un truc qu’on fait tous les soirs parce que c’est jamais le même concert. En général si je me fous à poil c’est que j’ai trop chaud (rires).
Thomas Barnett de Strike Anywhere semble beaucoup vous apprécier. Quels sont vos rapports avec ce groupe ?
On a fait une date au Deconstruction tour avec eux, donc a eu l’occasion de discuter et sympathiser un peu, puis on les a retrouvés quand ils ont joué à Lyon. On n’est pas potes, on s’est croisés quelques fois quoi. Bon je porte le t-shirt aujourd’hui (rires). Mais je trouve que c’est un groupe important pour les années 2000, comme Propagandhi l’a été dans les années 90 un peu. Ils ont redéfini le hardcore mélodique, ils ont redonné de la noblesse au genre qui commençait à couler parce qu’il y avait trop de groupes mauvais qui donnaient une mauvaise image, et eux Strike Anywhere ils sont arrivés et ont redonné de la patate au genre. C’est comme un renouveau du style, comme Propa l’a fait avec « Today’s Empire, Tomorrow’s Ashes »… Quoique finalement cet album c’était au début des années 2000. (rires)
Justement en parlant des groupes des années 90 c’est l’hécatombe là, y en a plein qui arrêtent, comme Stanic Surfers, Good Riddance…
Non Good Riddance c’est fini !? Merde ! Ah bah ça c’est une mauvaise nouvelle…
T’as l’impression que c’est une page qui se tourne ?
Ouais, mais ça on s’en rend compte de plus en plus. Les groupes qu’on écoutait quand on était gamins maintenant ils ont 40 ans, NOFX, Lagwagon tout ça… Ouais clairement c’est une page qui se tourne.
Et la génération qui arrive avec Fall Out Boy etc, ça te fait peur ?
Ca j’y crois vraiment pas, c’est une mode qui va se passer. Les groupes qui sont « responsables » de ça étaient excellents, comme The Get-Up Kids, At The Drive-In, Fugazi, Samiam. C’est eux qui ont donné naissance à l’emo, qui est devenu incontrôlable et complètement démesuré et vachement moins intéressant. Un style de musique qui arrive aussi vite repart aussi vite. On voit déjà le hardcore mélodique revenir, alors que c’était ringard y a quelques années. On a fait quelques dates en Allemagne avec Much The Same, qui a un côté un peu emo, mais ça ressemble bizarrement à du hardcore mélodique qu’on pouvait écouter il y a encore quelques années quoi. Les modes changent mais le punk-rock reste. Il peut être ringard ou à la mode mais c’est une valeur sûre, une constante quoi. Alors que le neo-metal ou l’emo, on en entendra bientôt plus parler.
Pour finir sur des questions débiles, si t’arrives au paradis, tu préfères 1000 vierges ou bières à volonté ?
(super pensif) Le paradis… Bah déjà les bières à volonté je les ai déjà (rires). Après 1000 vierges non, c’est pas l’idée que je me fais du paradis. Pour moi c’est un endroit où les notions d’intolérance n’existeraient pas… C’est beau hein ? (rires)
Autre situation : tu échoues sur une île déserte avec un seul disque et une seule femme, tu choisis quoi ?
Ah non pas cette question ! Tu fais chier bordel (rires). Je sais jamais… Si tiens, pour le CD je me fais une mix tape ! L’album le plus important de ma vie… Ouais ça serait le « Suffer » de Bad Religion. Et la femme que j’amènerais… Ma mère ?
C’est gore ça…
Ouais c’est vrai c’est pas terrible… J’amènerais mon chat, c’est dégueulasse aussi mais bon (rires).
Merci à toi
“Un grand merci à Ed et à Sid pour la réalisation de cette interview.”
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