Contexte :

Trois ans. Jamais il n’aura fallu attendre aussi longtemps entre deux albums de nos Burning Heads nationaux. Pendant ce laps de temps, le groupe n’est pas resté sans rien faire en sortant un split avec les Vulgaires Machins (Cross The Bridge - Enragé Prod) puis le projet avec le collectif électro Alif Sound System (le dernier avec Fonfon à la guitare, bientôt remplacé par Mike), prouvant une nouvelle que le quatuor souhaite évoluer hors des cloisons de l’univers punk-rock. BHASS sera également le dernier opus publié par Yelen, qui fermera sur décision de la maison mère Sony Music. Sans label, décidés de "ne plus payer le loyer d’une major parisienne" (dixit Pierre), ils créent leur propre structure, Opposite Records.

Chronique :

Comme on pouvait s’y attendre après l’écoute d’Incredible Rock Machine (le split avec Uncommonmenfrommars) qui a précédé de quelques mois ce Bad Time For Human Kind, les Burning sont en grande forme, misant sur ce qui a fait leur réputation à la fin des années 90, ce mélange entre punk hardcore nerveux et punk rock mélo enjoué. Retour aux sources donc, amplifié aussi par le choix d’un enregistrement DIY effectué par Pierre lui-même : trois jours de studio dans des conditions live où seules les guitares et les voix ont été reprises par la suite. Le résultat est brut, direct et plus que correct malgré un son de guitare un peu brouillon.

Depuis Escape on avait perdu un peu l’habitude d’entendre tant de tunes punk hardcore chez les BH. "Show The Way You Really Are" envoie du bois d’entrée de jeu, le chant de Pierre est rageur, Thomas à la batterie nous refait le coup de la double pédale avec une simple. "Spirit Of 68" et "Get That Gun Of My Chest" suivront le même chemin tandis que les autres perdent un peu en intensité, à cause d’un chant plus posé ("Tomorrow") ou de passages plus mélodiques ("Wake Up").

Le reste est un concentré de punk mélo à la sauce Burning. Une fois encore, Pierre et sa bande nous sortent trois petites bombes : "A Whole Life" pour son duo de voix, son refrain énorme et son travail sur les mélodies de grattes, "After Me The Storm" et "The Fuse" qui jouent sur l’alternance entre passages "core" et refrains mélo. "Who Wants To Join ?" et son mid tempo entraînant et "Going Nowhere Tim" qui bénéficie d’un petit plus indéniable avec l’ajout d’un clavier complètent le tableau. Pour clôturer la galette, les BH continuent de renouer avec les bonnes habitudes en remettant sur le tapis un titre aux sonorités reggae-dub, "Glass Ceiling".

En choisissant d’appeler ce huitième album Bad Time For Human Kind, on se doute que la majorité des textes allaient être engagés : appels à une prise de conscience urgente ("Spirit Of 68", "Who Wants To Join ?", "Going Nowhere"), cet "ascenseur social" "qui est souvent en panne et qui sent la pisse" pour reprendre une expression employée récemment ("Glass Ceiling"), la situation des sans-papiers ("Bad Time For Human Kind") et un "hommage" aux majors du disque ("Songs For The Majors"). Là encore, on retrouve cette écriture simple, parfois un brin naïve mais terriblement efficace sur des refrains ou des couplets fédérateurs ("After Me The Storm", "A Whole Life").

Une fois de plus le CD bénéficie de nombreux bonus : deux vidéos illustrant les titres "After Me The Storm" et "Who Wants To Join ?" mélangeant extraits de concerts, sessions dans le local de répét’, contest de moto-cross, le "clip" de "Glass Ceilling" et plusieurs galleries de photos lives pour le bonheur de nos yeux.

Dix-huit ans après leurs premiers accords et désormais seuls représentants d’envergure de cette génération après les splits des Portobello Bones et de Seven Hate, les Orléanais sont toujours présents et prouvent à ceux qui pouvaient en douter qu’ils sont encore là et que leurs différentes aventures musicales n’étaient que provisoires. Cet album sera suivi d’une tournée d’une cinquantaine de dates en compagnie d’Uncommommenfrommars, "locomotive" de la nouvelle génération de punkers français. Mais parler d’un passage de témoin à cette occasion serait vraiment prématuré.