All Ages - A Tribute To Kid Dynamite
Date de publication : 7 novembre 2008 par Braddy
Contexte :
Soucieux d’apporter sa pierre à l’édifice de l’underground, et surtout de dépenser le peu de fric qu’il a de côté, le Lorrain Romu, avec son tout jeune label Oni Red Chords, et sous le conseil avisé de personnes dont l’éthique me fait taire ici les noms, se lance dans la réalisation d’un projet ambitieux, excitant, original : la sortie d’un tribute à l’un des tous meilleurs groupes de punk-hardcore des dix dernières années, Kid Dynamite.
Après presque un an de démarches, de mails envoyés, de sollicitations de tous les bords, de quelques défections décevantes, mais aussi de têtes d’affiche et de noms prometteurs des plus alléchants, All Ages - A Tribute To Kid Dynamite voit enfin le jour en mai 2008. Un disque hommage à la hauteur des espérances, et surtout à la hauteur des hymnes écrits par le groupe de Philadelphie.
Chronique :
Pourquoi pas avant ? Pourquoi seulement maintenant ? La question semble naturelle... La mode des tribute albums est déjà bien ancrée dans le paysage punk depuis... euh... longtemps, et l’on voit régulièrement sortir diverses compiles, de plus ou moins bonne qualité, sur des groupes parfois essentiels, et parfois à la réputation un peu galvaudée. D’autant plus aujourd’hui quand n’importe qui avec un minimum de « guts » peut y aller de son petit hommage... Et c’est justement dans cette optique que le bon Romou d’Oni Red Chords a décidé de monter son projet de tribute album à Kid Dynamite. En à peine 2 albums studios, un split CD et un disque/DVD post-mortem, le groupe de Philadelphie s’est taillé une réputation et une influence quasi comparable à un Minor Threat en son temps. Une influence qui se ressent aujourd’hui, partout, et chez quasiment tous les groupes de la scène underground mondiale. Et c’est donc en toute logique qu’un tribute voit le jour. Mais il aura fallu attendre 8 ans. Et qu’un Lorrain se bouge le cul. C’est beau quand même ?
Et c’est d’autant plus beau quand c’est réussi. Et pour être réussi, ça l’est. D’abord parce que Kid Dynamite a été l’un des groupes majeurs de la fin des années 90, tant dans l’énergie déployée dans ses albums que dans la puissance de ses hymnes. Sur la petite quarantaine de titres composés par la bande à Dan Yemin et Jason Shevchuk, quasiment aucun n’est à jeter. La matière première est donc tout à fait excellente pour livrer un produit du meilleur acabit. En réunissant la fine fleure de la scène underground hexagonale et internationale, on a là le meilleur rendu possible.
On pourra reprocher la prépondérance des groupes français présents (mais quels groupes aussi : Guerilla Poubelle, Flying Donuts, Greedy Guts, Bad Chickens, Exit Wounds, Escarres, Sling69 !) face aux groupes internationaux. L’impulsion est française, et surtout, toute jeune (la première sortie du label lorrain). C’est donc normal. Et un petit coup d’œil aux artistes internationaux suffit pour s’apercevoir que l’on tape dans la qualité. Certes pas le haut du panier, mais de très bons petits groupes : After The Fall, Smartbomb, Five Across The Eyes (États-Unis ), Astpai, Poison Heart (Europe), Easel (Japon), les principaux continents sont représentés.
On a les meilleurs morceaux qui soient, et les groupes très prometteurs de la scène mondiale. Qu’en est-il de l’interprétation ? Après tout, ces deux premiers aspects réunis pourraient ne rien donner. Quand on me parle de tribute, j’ai toujours le cuisant échec de la compile dédiée à Seven Hate. Splendide groupe à l’origine, merveilleux groupes à l’affiche pour finalement un tribute des plus décevants. Est-ce l’amour que porte chacun des groupes à son modèle qui est important ? La motivation du chef de chantier ? La qualité universelle des compositions ? La volonté de livrer le meilleur de soi pour être le premier à montrer combien Kid D. a compté ? Tout ceci, en plus de l’entrain et du talent de chacun, font d’All Ages un bijou, et un véritable hommage qui, comme Dan Yemin le dit lui-même, a tendance à mettre la chair de poule.
Le niveau d’implication de certains groupes à s’approprier les morceaux en en modifiant structures et paroles est tel qu’il transforme les chansons de Kid Dynamite en véritable pièce du répertoire de chacun de ces dits-groupes. L’interprétation de "Pause" des vosgiens d’Escarres est, à leur image, complètement dingue, le medley des Flying Donuts est des plus judicieux, et la traduction en français de "Pacifier" par Guerilla Poubelle est terriblement dans l’esprit.
Et quand les groupes préfèrent laisser quasiment intacts les morceaux originaux, c’est leur interprétation, le plus souvent bourrée d’une énergie communicative, qui fait oublier le son parfois un peu faiblard, ou la technicité parfois un peu trop live. Si les ricains tiennent le haut du panier (les grandioses morceaux de Five Across The Eyes ou de Smartbomb), les autres sont aisément à la hauteur. Du côté français, si on oublie les deux-trois erreurs de parcours (la décevante reprise des pourtant excellents Greedy Guts, ou le foutage de gueule de Santa Cruz), les morceaux de Baxter, True Believers, Sling 69, Exit Wounds, No Guts No Glory ou Wrench sont réussis et bourrés d’une adrénaline franche. "Shiner" d’Easel est lui empreint de la folie toute japonaise du groupe. Le "Fuckuturn" des Autrichiens d’Astpai est peut-être un des 3 meilleurs morceaux du tribute.
Avec une démarche sincère et des morceaux véritablement réussis, ce nécessaire Tribute à Kid Dynamite parvient à remplir son office. Montrer comme ce groupe a été bon et essentiel à la scène mondiale d’aujourd’hui. Les quatre de Philadelphie peuvent être fiers, leur héritage et leur bonne parole continueront à être portés encore loin. En outre, Oni Red Chords se taille d’emblée une forte carrure et une réputation internationale prometteuse. On attend un tribute américain à sortir à la rentrée. À eux de faire mieux. Ça sera difficile.
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