Groezrock 2008 (vendredi) @ Meerhout (Belgique)

Date : 9 mai 2008 par Punkachu , Roger , ForTheCause , Will , Ste , Soss M@y0

Troisième expédition en Flandres pour l’équipe PunkFiction, quasi au complet pour cette édition 2008. Le pays des briques rouges, des noms imprononçables et des expresso servis avec un chapeau, accueille donc la 17ème et bien copieuse édition du Groezrock. Les arrivées des membres de la team se faisant au fil de l’après-midi, seul un premier groupe sera sur le site à l’ouverture des portes. Pour les uns, un trip en R5 sans âge (et dont le compteur kilométrique s’est depuis longtemps arrêté de tourner), pour les autres, arrivés la veille, le début d’une alcoolisation au-delà du raisonnable... Et du côté des warriors bretons, pas encore parvenus dans les contrées Meerhoutiennes quand Set Your Goals démarre, un certain Romain dans la Corsa a déjà vomi deux fois !

Après une ouverture retardée, l’équipe lyonnaise arrive enfin sous le chapiteau de la scène principale et en l’espace de dix minutes, le pit est rempli. Les gringalets de Set Your Goals ont la dure tâche de motiver des milliers de personnes à faire la fête pendant deux jours. Ils débarquent sur scène, accompagnés de leur reprise de Lil Jon, « Put Yo Hood Up ». Le spectacle peut commencer, et c’est avec peu de charisme mais un sourire jusqu’aux oreilles que les popcoreux passent en revu l’album Mutiny !. Les gratteux bougent et envoient la pâté. On remarque le jeu très complexe de Mike Ambrose à la batterie, balançant des rythmiques pop/punk et des breaks hardcore saupoudrés de petites subtilités. Les deux chanteurs assurent leurs parties, mais on peut regretter le manque de motivation de Matt Wilson, assez en retrait et presque écrasé par Jordan Brown. La salle adhère à fond et c’est sur « Goonies Never Say Die ! » que le circle pit se lance. Malgré l’absence de « Latch Key », « How ’But No, Scott » et « The Fallen », nouvelles chansons qu’ils ont pourtant répétées plusieurs fois pendant les balances, Set Your Goals nous offre un set classe et bourré de bonne humeur, parfait pour entamer un week-end énorme qui s’annonce sous les meilleurs hospices.

Evidemment les passages des affreux The Blackout et autres méchus de Mayday Parade donnent lieu au premier ravito. C’est que le soleil belge cogne sévère et que la fameuse Primus à 5 euros les 3 demis est fort appréciable dans ces cas-là. Chose remarquable cette année côté stands de bouffe et de liche, la présence d’un comptoir « Special Beers ». En fait le seul endroit où se procurer le doux breuvage en version non-coupée à la flotte (dixit le serveur) ! Côté alimentaire par contre c’est toujours autant frit, toujours aussi gras, toujours à base de reconstitué-aromatisé-au-curry… Heureusement les chiottes ne sont jamais très loin, plutôt plus propres que les autres années et surtout gratuites sur le site des concerts. Ce qui est toujours plus adapté en cas… d’urgence.
Et comme l’an dernier une séance d’autographe a été installée à tour de rôle pour chaque groupe, histoire de faire dédicacer son t-shirt ou sa ceinture à damier fraichement achetés sous les chapiteaux de merchandising taille supermarché. Signalons aussi, pêle-mêle, la présence de bière à la cerise, d’un meilleur son sous le chapiteau secondaire (toujours pas d’écran géant par contre pour cette scène), d’un sound system pas forcément indispensable du coté du stand de liqueur-bavaroise-innommable-servie-en-tube-à-essai, l’absence regrettée des troupeaux d’emoboys (dommage ça donnait un côté safari au festival) et des fameuses nouilles thaï (remplacées par une portion parpaing de riz wok)…

Côté musique, c’est ensuite sur la petite scène (tout est relatif), estampillée Eastpack Core Stage, sponsoring oblige, que débarquent Thomas Barnett et ses acolytes, à 18h55 pétantes. Dès la première zic le groupe montre qu’il est en grande forme, mais ça ce n’est pas une nouveauté. Le public sait qu’il n’aura droit qu’à trente-cinq petites minutes alors il se donne à fond sur la large palette de tubes du gang. « To The World », « Infrared », « Hollywood Cemetery »… Le set met en valeur Exit English et Dead FM et on regrettera tout du long l’absence (ou la quasi-absence) de titres de Chorus Of One ou de To Live In Discontent. Le nouveau guitariste (qui n’est plus vraiment nouveau maintenant) assure les parties comme un grand garçon et bouge un peu plus sur scène que son prédécesseur, Matt Sherwood. Strike Anywhere prouve aujourd’hui à quiconque en doutait qu’il est aussi à l’aise sur une petite scène que sur un grand festival et finira bien évidemment son set par « Sunset On 23rd » précédé d’un « Instinct » de toute beauté. A coup sûr niveau rapport qualité/durée, l’un des meilleurs shows du Groezrock 2008. Une demi-heure de plus n’aurait pas été de trop pour ce grand groupe, décidément toujours pas reconnu à sa juste valeur scénique.

L’organisation ayant eu le bon goût de caser plusieurs groupes dispensables à la suite dans le time schedule (All Time Low, Silverstein, The Audition, Heaven Shall Burn), tout le monde se retrouve et rejoint le camping pour faire une pause et finir de s’installer (et de reprendre ses esprits pour Romain…).

La nuit commence à tomber quand Alkaline Trio fait son entrée sur la Main Stage. Malgré une set-list plutôt classe ("Time To Waste"), comprenez pas forcément les gros tubes attendus, la prestation du trio de Chicago est franchement poussive. Et quand la technique commence à jouer des tours (problèmes de guitare pour Matt Skiba sur la petite dernière "In Vein"), ça n’arrange pas les affaires. La surprise de voir "Radio" jouée en duo avec les gars d’Hot Water Music vient relever un peu le niveau. Pour autant, on met fin à leur set plus tôt que prévu et direction la Core Stage pour le premier "des groupes qui ont splitté mais qui refont quelques dates pour le fun" présents ce week-end : Finch.

A ceci près que le groupe de Los Angeles semble désormais officiellement reformé (Finch est même récemment passé par la case studio). Nate Barcalow et sa bande sont en tout cas en grande forme, comme s’ils avaient passé leurs trois dernières années à tourner au lieu d’être en hiatus. On pouvait peut-être le prévoir mais le groupe suscite une attente énorme, l’adhésion du public est totale. Nate a pris de l’assurance sur scène, il a même arrêté de se cacher derrière les amplis. Ok, les morceaux du deuxième album (à part "Insomniatic Meat") ne déchainent pas les foules, mais les classiques "New Beginnings", "Three Simple Words" ou "Letters To You", lâché en troisième position dans le set, sont repris en chœur par le public, dans un pit tout mignon, tout gentil, qui s’accélère à peine pour "Project Mayhem", la chanson la plus bourrine du concert. Une bonne partie du chapiteau est déjà partie pour voir Anti-Flag sur la Main Stage. Tant pis pour eux, ils louperont le final, le tube en puissance, la chanson de Finch qu’on écoute toujours des années après sans s’en lasser : "What It Is To Burn", magistralement interprétée par un groupe qui n’a décidément pas perdu la main. Espérons que la reformation sera durable...

Changement d’ambiance donc sous le chapiteau de la Main Stage avec Anti-Flag, qui pour le coup est plutôt attendu avec appréhension. Première remarque, plus personne ne porte la crête dans le groupe optant désormais pour la brosse longue ou le plaqué-laqué. Deuxième remarque, soit Pat Thetic a changé de look et surtout amélioré son jeu, soit ils ont changé de batteur. Question qui reste encore en suspend, si quelqu’un connait la réponse ??...
On notera aussi l’attention particulière apportée au look, chacun portant le même modèle de chemise d’inspiration militaire aperçu dans le dernier clip en date. Les joies du markété-majorisé-récupéré sans doute…
Pourtant les quatre de Pittsburgh vont durant tout le set calmer les détracteurs et rassurer quelque peu. Ils attaquent par un "Spit In The Face" bien nerveux, suivi de "I Tell You But...". Les extraits des deux derniers albums sont à l’honneur en ce début de set ("War Sucks, Let’s Party !", "The Bright Lights Of America", "The Press Corpse"), seul "Underground Network" cassera la série. Les arrangements pompeux du dernier album, The Bright Lights Of America, sont quelque peu gommés en live et, la maîtrise du groupe faisant le reste, les morceaux récents passent relativement mieux qu’on ne pouvait le craindre. En tous cas, force est de constater qu’Anti-Flag a toujours bon nombre de fans, qui reprennent en chœur tous les refrains. Même les sceptiques devront se dérider un peu avec une fin de set menée tambour battant, où figureront notamment “Fuck Police Brutality” et “Die For Your Government”.

A l’autre bout du champ, le public se masse devant la seconde scène pour Hot Water Music, l’évènement de la soirée. L’annonce du passage des floridiens au Groezrock avait un petit air d’événement. Reformé depuis peu, le groupe n’avait pas tourné en Europe depuis quelques années. C’est donc avec un sentiment d’allégresse que l’on va se placer près de la scène dans l’attente du quatuor de Gainesville. About Time de Pennywise nous fera patienter tant bien que mal, Chuck Ragan, Chris Wollard, Jason Black et George Rebelo finissant d’installer leur matos avant de réapparaître quelques minutes plus tard. Lorsque soudain les lumières s’éteignent et une intro musicale mexicaine résonne dans le chapiteau... Et voilà les quatres floridiens qui débarquent, sourires aux lèvres. Frissons ! Chuck Ragan prend le micro et commence déjà à remercier tout le monde d’être là et demande de bien prendre soin de nous pendant le concert... A peine a-t-il terminé que les premières notes de "A Flight And A Crash" se font entendre sous les acclamations enthousiastes du public.
Un show magique est lancé, un espoir que tous les fans du groupe pensaient enterré se concrétise finalement ce soir. La complémentarité légendaire des deux chanteurs fera merveille tout au long d’une set-list de folie. Dans le public aussi c’est la folie, ça crie, ça chante, ça hurle... C’est parti pour une heure de show dantesque avec des morceaux comme "Paper Thin", "Trusty Chords", "Free Radio Gainesville", "At The End Of A Gun", la fédératrice "Wayfarer" (et ses chœurs hallucinants) ou encore l’efficace "Remedy"... Le public est sous le charme et franchement on sent que ce concert va marquer les esprits. Sur scène la synergie des musiciens est largement perceptible, jeux de regards, sourires, grimaces... Le partage est total entre le groupe et le public. Le nombre de slams est également impressionnant ; les gars de la sécurité ont fort à faire pour endiguer le flot continu de jeunes fougueux qui surfent sur la foule. Puis arrive la grosse surprise de ce concert : des membres des Bouncing Souls débarquent sur la scène pour une reprise décomplexée de "True Believers"... Incroyable ! C’est la cultissime "Alachua" qui achèvera la performance. Abasourdi, heureux et persuadé d’avoir assisté au concert qu’il ne fallait pas louper, rien que pour ce show personne ne regrette son déplacement en terre belge. La grosse classe.

C’est ensuite Billy Talent qui clôture cette première soirée. Habitués des gros festoches, les canadiens sont hyper à l’aise. Pour le coup on passe dans la catégorie supérieure, les canadiens jouent dans la cour des groupes clairement taillés pour les grosses audiences. En même temps, chaque morceau, que ce soit du premier ou du deuxième album, est connu comme si c’était un single. De "Devil In A Midnight Mass" à "This Suffering", en passant par "Line & Sinker", "Perfect World" ou "Try Honesty" ; ça chante de partout en sautillant gaiement, tandis que Benjamin, fidèle à lui-même, alterne petites mimiques et hurlements, devant un guitariste à la coiffure toujours aussi improbable. Avec tout ça, on n’a pas le temps de s’ennuyer, le set passe à la vitesse de la lumière, encore quelques classiques genre "The Ex" et les canadiens s’esquivent de la scène comme des voleurs... Les tubes "Fallen Leaves" et "Red Flag" sont claqués en rappel, ponctuant une prestation de haute volée.

Quelques bières au camping puis direction la couette, la journée de demain sera chargée... Ça ne semble pourtant pas être l’idée que s’en font les éternels énergumènes locaux, toujours prêts à une petite bataille de détritus des familles ou à un petit concours de beuglage en règles…

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