Anti-Flag - The Bright Lights Of America

Date de publication : 18 avril 2008 par Seb-O-Matic

Contexte :

Deuxième album sur RCA pour Anti-Flag. Deux ans que le gang de Pittsburgh a rejoint la major, et il s’en est depuis ramassé pas mal des quolibets les traitant de vendus et autres insultes habituelles. Pourtant For Blood & Empire, s’il élargissait la palette musicale du groupe, ne perdait aucunement la verve et la fougue historiques du quatuor. Avec ce Bright Lights Of America, les nombreux détracteurs d’Anti-Flag risquent d’avoir davantage d’arguments pour affirmer que "c’est plus des punks ! En plus ils s’habillent comme des danseurs de Tektonik !"

Chronique :

La première chose que l’on remarque est bien entendu la pochette, plus édulcorée qu’à l’accoutumée. Alors que les deux précédents albums montraient un enfant-soldat au milieu des cadavres (The Terror State) ou un cimetière militaire devant la maison Blanche (For Blood & Empire), ici on n’a le droit qu’à à un golden boy avec une tête d’aigle. On saisit facilement la symbolique. Les illustrations dans le livret sont elles aussi... jolies. Voilà... Le livret justement semble minuscule. Alors qu’A-F avait pour habitude de publier à chaque album son petit livre rouge à lui, avec plein de citations, explications de texte et autres liens à consulter, ici on n’a le droit qu’à d’improbables cartes postales adressées à différentes commissions, notamment celle des Droits de l’Homme. Si vraiment vous voulez le faire, il vous faudra donc découper votre livret... ça valait le coup de l’acheter tiens !

Ce n’était qu’un premier indice. Le second c’est le producteur : Tony Visconti. Pas vraiment connu pour ses productions keuponnes, il a surtout travaillé avec David Bowie, The Stranglers ou... les Rita Mitsouko. On a peur ! On a peur ! Et la bande-son vient confirmer notre appréhension. Anti-Flag a revu ses méthodes de composition et son approche de la musique. En résultent des titres comme "Vices" ou "No Warning", qui font plus que surprendre à la première écoute. Plus ambitieux, ces morceaux ne sont pas si déplaisants que ça une fois intégré le fait qu’ils soient bien signés Anti-Flag... Leur patte traîne toujours, mais leur volonté un peu gavante de foutre des choeurs un peu partout comme s’ils voulaient fonder leur kop de football a du mal à passer.
Rythmiques bizarres, et pourtant redondantes. Il faut dire que Pat Thetic a véritablement bien choisi son surnom tant son jeu est limité. Du coup la production essaie de passer outre cette faiblesse et pour le coup c’est réussi on ne se focalise pas sur la batterie qui n’assure que le strict minimum.

Non seulement Justin Sane et Chris#2 semblent s’être évertués à chercher les refrains les plus tubesques possibles, mais en plus ils les martèlent un maximum par chanson. La preuve sur "If You Wanna Steal", qui risque bien d’être un single. Le riff d’intro fait penser à du Billy Talent, la suite à de la pop genre The Killers, à ceci près que la voix débraillée de Chris ne se prête pas vraiment à l’exercice. La palme de l’ennui revient sans conteste à "Go West", ballade insipide où Justin Sane sort l’harmonica, mais ne retrouve pas l’inspiration qu’il a pu avoir sur ses albums solo.

Fort heureusement au milieu de tout ça, Anti-Flag a su rester Anti-Flag et a gardé quelques petites bombes. Le titre d’ouverture "Good & Ready" lorgne du côté de chez Against Me !, et l’éponyme "The Bright Lights Of America" devient dès la première écoute le morceau le plus radiophonique du groupe, avec ce riff qui pourrait faire office de générique télé, et ces cloches qui sonnent à la fin. Après tout The Clash en son temps l’avait bien fait.
Les lignes de basse sont toujours aussi impeccables, comme sur la plutôt cool "Shadow Of The Dead", et on a même le droit à un solo de guitare sur "Split In The Face", titre le plus virulent de l’album.

On aura apprécié la dynamique "The Modern Rome Is Burning" au passage (ou la ligne de chant du pré-refrain est la même que celle de "No Paradise", entendue quelques mois avant sur le A Benefit For Victims Of Violent Crimes), mais on note également que même dans le propos le groupe a un peu baissé les armes. Il suffit de regarder les paroles de morceau pop-punk surprenant mais pas dégueu "We Are The Lost", qui commencent avec des mots sortis du blog d’un emoboy "Have you ever been alone ? Transparency..." et continue avec un refrain qu’ils ont dû piquer à Good Charlotte ou Avril Lavigne : "We are the lost, the dead and gone, the seldom seen / We are the helples and the hopeless that no one wants to see"...

"Smartest Bomb" et "The Ink & The Quill", chansons plutôt cool, ainsi que la bonus track plutôt du genre country et dispensable, viennent compléter la tracklist d’un album étonnant et plus long qu’à l’accoutumée (4 minutes par titre en moyenne), mais qui au final est un bon album de fashion-punk. Il suffit d’occulter un peu ce que le groupe a pu faire avant et on se laisse prendre à ce nouveau départ.
Plusieurs écoutes sont nécessaires pour commencer à apprécier les qualités de ce nouvel album, qui s’il risque de déconcerter plus d’un fan du groupe, devrait lui en faire gagner quelques nouveaux. Le plus gros problème reste que les chansons ne semblent pas vraiment taillées pour le live. Les adapter risque d’être compliqué, et les Anti-Flag ne sont pas franchement connus pour être les meilleurs performers au monde. A voir sur scène donc.

Biographie du groupe


Anti-Flag



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Note : 14 / 20

Année : 2008

Durée : 45 minutes

Label : RCA Music group

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. Good & Ready
02. The Birght Lights Of America
03. Vices
04. The Modern Rome Burning
05. If You Wanna Steal
06. No Warning
07. Split In The Face
08. We Are The Lost
09. Go West
10. Smartest Bomb
11. Shadow Of The Dead
12. The Ink & The Quill
13. Bonus track