Strike Anywhere - Dead FM

Publié le 5 novembre 2007 par Punkachu

Contexte :

Trois ans qu’on les attendait. Strike Anywhere aura laissé retomber le soufflé de façon salvatrice sans doute, se contentant plutôt que d’en faire trop, de sortir la compilation de raretés To Live In Discontent (clôturant le contrat avec Jade Tree). Le groupe garde ainsi la tête sur les épaules, profite du succès d’Exit English pour tourner toujours plus, signer sur Fat Wreck (label dont il a toujours été très proche) et se préserver. Ce qui avait fait imploser Inquisition, le premier groupe de Thomas Barnett, ne se reproduira pas. Un des groupes les plus intègres de la scène américaine (proportionnellement à son envergure) est de retour avec le même line up, les mêmes dreadlocks sautillantes sur le devant de la scène et les mêmes idées sur le papier.

Chronique :

Et si la réédition de « l’album dont tout est parti » : Revolution I Think It’s Called… Inspiration, d’Inquisition sur A-F Records en octobre 2005, avait eu un effet ? Car oui Strike Anywhere, avec cet album dont beaucoup craignait une « fat-wrecki-sation » en règle, revient à ses premières amours ! Le groupe n’avait pas sonné comme ça depuis un paquet d’années : des sonorités oldschool dans les rythmiques (les « Oï Oï ! » chatouillent le gosier par moments), simplement punk et hardcore dans les grattes, résolument moderne pourtant, et le tout imprégné de ce ton positif qui caractérise le petit blond, là devant, avec ces sing along et ses refrains imparables … Une voix ce qu’il faut d’écorchée, mélodique et corrosive à la fois, ce qu’il faut de fragile aussi parfois, mais ce qui la rend encore un peu plus humaine aussi.

Thomas Barnett et Strike Anywhere sont un bienfait pour le punk rock US et le punk rock en général. Ce qu’Anti-Flag, Rancid ou Rise Against, à coup d’apparitions mainstream, sont en train de galvauder, ou Pennywise et Good Riddance, vieillissement avancé oblige, n’arrivent plus à rendre aussi convaincant ; Strike Anywhere (à échelle comparable s’entend) en a repris le flambeau : « Take This Banner / Hang It Upside Down / This Country’s In Distress / From The Schools To Factories ».

Fat Mike ou pas dans l’affaire, la bande des cinq parvient sur ce disque d’une demie heure (tarif réglementaire), et ce plus que jamais, à émouvoir par sa sincérité, à énerver par sa capacité à communiquer ses opinions, à convaincre, tout simplement. Là où Exit English avait tendance à se complaire en questionnements, certes de bons sens, sur le cours du monde, sur la désillusion citoyenne etc…, Dead FM va droit au but, s’axe sur les personnes et leurs libertés individuelles. Le leitmotiv « Know Your Rights ! » scandé sur l’emblématique « Iron Trees » en est le moteur. L’album lui, tire son titre du morceau « Dead Hours » qui fustige le pouvoir des media, la censure d’Etat et la complaisance de la sous-culture de masse. Des droits de la communauté homosexuelle (« Allies ») à ceux des Indiens d’Amérique (« The Promise »), de la grande illusion des télévangélistes (« Speak To Our Empty Pockets ») à la répression policière (« Iron Trees », phénoménale), les textes de Strike Anywhere, intelligents, jamais simplistes, s’apprennent en 3 écoutes, touchent au cœur et au crâne…

Artwork et livret magnifiquement signés par Rich Minino (LE graphiste en vogue), explications de textes noir sur blanc (enfin jaune sur noir) ; porté par une colère fédératrice et mû par une irrépressible envie de lutte collective, Dead FM est l’album le plus ‘posi’ de l’année, sujets graves et sourire jusque là : c’est possible ! Il n’y a qu’à voir le groupe jouer live. Un album qui file des coups de pieds aux fesses et dans la fourmilière de l’immobilisme, qui donne la rage des « putain ça peut pas continuer », la motivation des « cette fois j’y vais »... Les tubes comme « Two Thousand Voices », « Sedition » ou « Instinct » sont autant de moments de jouissance punk devenus bien rares dans la scène US de premier plan.

Des coups de boutoir de deux minutes, un peu plus, un peu moins, pour changer le monde ou juste y croire. L’espace d’un instant, en sortir un peu plus convaincu, en extraire une motivation supplémentaire. La seconde d’après en déduire pourtant que la musique ne changera rien à l’affaire, parce qu’elle brasse du vide et des idées par trop diluées dans l’inconscience collective… Et rappuyer, rageur, sur lecture, refaire naître le son, cette futile vibration de l’air, mais vibration quand même… Et si c’était déjà le début de quelque chose, dans tout ce rien ?…


Infos

Note : 17,5 / 20

Année : 2006

Durée : 31 minutes

Labels : Fat Wreck Chords

Tracklist :

01. Sedition
02. How To Pray
03. Prisoner Echoes
04. Instinct
05. The Promise
06. Speak To Our Empty Pockets
07. Two Thousand Voices
08. Hollywood Cemetery
09. Allies
10. Gunpowder
11. Dead Hours
12. Iron Trees
13. House Arrest
14. Ballad Of Bloody Run


Groupe associé
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