Salut les Vulgaires Machins. Comment se passe l’acte III de cette tournée "Requiem pour les sourds" qui touche à sa fin ?

Marie Eve : C’est la dernière date en France, ça s’est bien passé à part qu’il a plu tout le long. On a eu un bon accueil partout. Et c’était la première fois qu’on allait en Belgique !

Ah oui, et alors ça fait quoi de jouer dans un pays où il n’y a pas de gouvernement ? (rires)

Maxime : A part le fait qu’ils aient l’air super déprimés ça ne fait pas trop de différence.

C’est au moins votre neuvième tournée par chez nous, vous êtes toujours aussi contents de venir jouer par ici ?

Maxime : Oh bah c’est sûr sinon on ne reviendrait pas. C’est super agréable de venir parce qu’on a plein d’amis, on s’amuse, c’est comme des vacances.

Vous avez eu de bons retours de l’album qui est quand même sorti il y a maintenant un an ?

Marie-Eve : Oui on a eu de bons retours, on continue à jouer beaucoup au Québec. L’accueil des fans était vraiment positif.

Avec "Anéantir le dogme" vous avez eu quelques petits soucis, est-ce qu’il en a été de même pour les nouveaux clips notamment "Texture qui se mange" ?

Maxime : Non. Il a été bien reçu, il n’y a pas eu de censure. De toute façon, personne regarde nos vidéo-clips donc on peut faire n’importe quoi (rires).

Marie-Eve : Avant il y avait la chaine Musique Plus au Québec qui diffusait beaucoup de vidéo-clips, maintenant ce n’est plus que des émissions anglophones rachetées et traduites, il n’y a presque plus de musique, les vidéo-clips passent vraiment beaucoup moins donc on peut faire ce qu’on veut. Maintenant tout se passe sur Internet.

Vous avez sorti beaucoup de clips, est-ce une particularité du groupe ou c’est comme ça partout au Québec ?

Marie-Eve : Musique Plus diffusait beaucoup de vidéo-clips et donc c’était un moyen pour nous de toucher du monde loin, en région, au Québec. On s’est toujours dit que c’était une bonne idée. Et puis on avait des subventions, de l’argent qui venait de cette chaine là qui n’existe plus maintenant, et c’est aussi pour ça qu’on en fait moins.

Oui beaucoup de groupes n’en tournent que très peu étant donné que c’est un lourd investissement financier.

Marie-Eve : Exactement ça coute cher.

Maxime : Oui mais l’impact du vidéo-clip est actuellement plus assez important pour se focaliser dessus. Avant on pouvait miser sur des promos en ville ou sur des vidéos.

En même temps le clip est un autre moyen de s’exprimer, de montrer une autre facette du groupe ou même de compléter un aspect d’une chanson qui n’est pas assez développé...

Marie-Eve : Ouais, c’est donner une autre vie à une chanson. Ça peut partir dans un sens complètement opposé ou alimenter une chanson...

Maxime : Ouais... Mais ça va peut-être revenir !

Comment vous expliquez l’écart entre la ’noirceur’ et la profondeur de vos textes et les sonorités plus enjouées de vos chansons ? Comment cela est appréhendé parle public ?

Marie-Eve : C’est un équilibre pour le groupe. Parfois on a des textes plus noirs ou plus revendicateurs sur une musique joyeuse. On est pas des gens qui sont justes cognés dans leur tête, puis tristes la seconde d’après. Ce côté joyeux de la musique, le défoulement, les gens qui dansent ou qui chantent c’est merveilleux. Ça relativise, tout n’est pas tout noir ou tout rose.

Beaucoup de groupes canadiens mais surtout québécois viennent jouer en France, est-ce un passage obligatoire ?

Marie-Eve : C’est petit le Québec et puis on est tellement entouré d’anglophones que dans le fond pour nous c’est plus fun de…

Maxime : C’est plus naturel de venir jouer en France que de jouer dans l’ouest du Canada, il y a moins de facilités et puis il n’y a pas d’autre communauté francophone. Et puis je pense qu’autant pour vous que pour nous, c’est intéressant de traverser l’océan et d’aller dans un pays qui parle la même langue.

Marie-Eve : Il y a une différente culture, une différente histoire, c’est enrichissant, c’est plus fun.

Pour la composition, vous avez un objectif précis ou vous composez au fil des idées qui vous viennent ?

Marie-eve : Ça dépend, c’est toujours différent pour chaque album. C’est Guillaume qui écrit la plupart des textes. Pour "Compter les corps" il s’est mis un défi, un but et il choisissait ses thèmes avant d’écrire les chansons alors que pour "Requiem pour les sourds" on y est allé plus instinctivement, plus spontanément et on a travaillé autour de ça. Ça dépend des albums, des projets...

Et est-e que derrière chaque album il y a une idée de départ ou vous faites un album parce que vous avez déjà des chansons ?

Maxime : Bah au départ on fait des chansons...

Marie-Eve : L’idée vient au fur et à mesure des chansons. Au début quand on part de rien justement il n’y a aucune idée. On voit plus où on va au fil de la création.

Maxime : Quand on commence à accumuler les chansons on peut mieux voir où ça s’en va. On peut mieux voir sur une quinzaine, une vingtaine de chansons vers où on va. On compose innocemment…

Marie-Eve : Le plus possible, on essaye tout. Après on fait de la pré-production sur une vingtaine de chansons puis on en garde peut-être douze ou treize qu’on enregistre. Là c’est sûr que l’album prend un sens.

Et au niveau de la composition c’est démocratique au sein du groupe ?

Marie-Eve : C’est très démocratique (rires)

Maxime : C’est un espèce d’hybride entre démocratie et dictature. Si quelqu’un arrive avec une idée de composition, c’est naturel qu’il nous envoie son idée et nous on fait ce qu’il nous demande. On l’enregistre, on l’écoute et après on fait une nouvelle version avec les idées des autres, on essaye tout. C’est interdit de refuser une idée. Comme ça tout le monde est content, tout le monde a mis ses idées et puis après à quatre c’est assez naturel.

Marie-Eve : C’est aussi démocratique parce que la dernière fois, on a tous voté en secret.

Maxime : Personne savait qui votait pour quelles chansons. Puis après on débat de ce que ça donne...

Vulgaires Machins c’est comme un mini-Etat…

Maxime : Ouais, on est bon la dedans, on ne se prend pas la tête.

Et sinon vous écoutez quoi en ce moment ?

Marie-Eve : En ce moment j’écoute le dernier Arcade Fire et puis Weezer. J’ai aussi le dernier Charlotte Gainsbourg. C’est assez varié.

J’avais une question pour Guillaume à propos de son nouveau projet Brutal Chérie, mais vu qu’il n’est pas là ça risque d’être un peu dur. Vous pouvez m’en dire deux ou trois choses ?

Marie-Eve : C’est des amis d’enfance, de longue date. Guillaume s’est investi dedans. Les gars avaient des chansons, il est arrivé et il a aidé à arranger, à réaliser tout ça. Ils vont enregistrer un album et ça va continuer.

Maxime : Ça va commencer !

Et vous, vous n’avez jamais eu envie de partir dans un side-project ?

Maxime : Avec tout l’investissement qu’on met dans Vulgaires Machins, on a pas vraiment le temps de se lancer dans autre chose. On fait déjà pas mal de choses.

Marie-Eve : C’est souvent quand il y a une pause des Vulgaires Machins qu’on a le temps un peu, mais il n’y en a pas beaucoup.
Sinon moi j’ai joué un peu avec Yesterday’s Ring qui est un groupe de country que les Saintes Catherines ont en parallèle. J’ai joué avec eux pendant un an et demi, c’était bien. Ça permet de voir les choses sous un angle différent.

Et y a-t-il une presse spécialisée au Québec ? Parce qu’ici, depuis l’arrêt de Punk Rawk, il n’y a plus rien au-delà du fanzinat DIY...

Marie-Eve : Non au Québec il n’y en a pas. Il n’y a que le ‘Voir’ mais c’est un journal gratuit distribué aux coins de rue qui est plus axé sur la culture. A par ça il n’y a pas de revue spécialisée.

Maxime : On fait avec, on s’adapte. On a connu la cassette donc on s’adapte au changement.

Marie-Eve : C’est vrai qu’au début c’était la cassette !(rires)

Maxime : On a connu la cassette, après le CD, le numérique. Maintenant on revient au vinyle...

Oui le vinyle c’est bien, c’est une autre qualité.

Marie-Eve : C’est différent, le son est différent.

Maxime : Et les pochettes sont cool.

Vous préférez vivre de la musique ou pour la musique ? Et d’ailleurs, est-ce que ça peut se rejoindre ?

Marie-Eve : Je pense que oui étant donné que ça fait 16 ans qu’on fait ça. Maintenant on arrive à vivre de notre musique.

Maxime : Très humblement, c’est pas la fortune mais bon on se débrouille parce qu’on est bien organisé.

Marie-Eve : Peut-être plus pour parce que si un jour j’arrête d’en vivre, je continuerai à jouer. Mais c’est sûr que quand tu vieillis et que tu as des responsabilités, ça devient un objectif de pouvoir survivre avec la musique.

Maxime : de toute façon ça fait partie du truc. C’est bien beau de dire "je fais de la zic, j’ai pas de thunes" mais après quand tu as une maison et des enfants, faut bien les faire manger. C’est beau la "Cause" mais on vit comme tout le monde...

On ne vous voit pas lookés punk. Vous pensez que ça a toujours un sens ?

Maxime : On a jamais été looké punk. C’est un style de musique qu’on fait. Au niveau vestimentaire on a toujours fait ce qu’on voulait.

Marie-Eve : Le but n’est pas de flasher, le but est d’être dans le fond qui que tu sois. C’est plus punk ça pour moi que d’avoir une image quelconque.

Pour finir un petit jeu qui est devenu une tradition chez Punkfiction, on vous donne deux propositions et vous choisissez une des deux.

OK !!!

Garou ou Céline ?

(en chœur) : Céline !

Clash ou Sex Pistols ?

Clash.

Acoustique ou électrique ?

Maxime : Electrique.

Marie-Eve : Heu… (après 20 secondes de réfléxion) électrique.

Vinyle ou CD ?

Marie-Eve : Vinyle.

Maxime : CD.

Poutine classique ou améliorée ?

Classique.

Merci les Vulgaires Machins !

Merci à vous !

Un grand merci à Alexis d’Oxy Radio et Marine de Shoot2Fresh qui m’ont filé un grand coup de main pour cette interview à deux voix. Elle sera d’ailleurs téléchargeable prochainement en podcast sur le site d’Oxy Radio.

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Alex