Vans Warped Tour 2008

Contexte :

« Dans la vie il y a trois choses sur lesquelles on pourra toujours compter : la mort, les impôts et… les ours en peluche » Ce n’est pas moi qui le dit mais Garfield, une liste à laquelle on pourrait aisément rajouter la compilation du Vans Warped Tour car 10 ans après le premier volet, Side One Dummy persiste et signe en nous livrant le dixième opus de la série (anniversaire ne coïncidant pas avec celui du tour à proprement parler, ce dernier ayant vu le jour 4 ans plus tôt en 1994). L’occasion de se rendre compte que dix ans après, le skate n’est plus ce qu’il était…

Chronique :

Et oui, alors qu’il y a quelques années c’était avec t-shirt NOFX sur les épaules et baggy retombant sur les Globe que l’on chevauchait fièrement sa planche à roulette sur laquelle se nichait un sticker à l’effigie du « yellow bird » de Millencolin ; il faut désormais faire face aux jeans moule-bite bien serrés au dessus des Converse dernier cri, le tout surmonté par une chemise blanche et cravate noire toutes deux piquées aux derniers Beatles encore en vie... Quand ce n’est pas un sweat aux couleurs flashy remisent à la mode par un pseudo style tirant son nom du fonctionnement de la dérive des continents.

« Allez ça y est, le voilà qui revient nous saouler avec son Warped Tour » allez-vous me dire, et bien oui, cependant cela risque de se faire de manière moins enthousiaste que l’année dernière (le prozac devient trop cher, et de toute façon désormais seule l’adhésion à l’UMP est remboursée par la Secu). Et oui, là où le cru précédent, bien qu’entaché de mascara noir, parvenait à relever la tête grâce à la présence de pointures comme les Casualties, Bad Religion, Smoke Or Fire, The Unseen, Only Crime, Strung Out, Guff ou tout autre groupe faisant du bien aux oreilles, cette année fait en revanche figure de vache maigre... Une compilation qui finira plus par faire du bien aux oreillers...

En effet, ce coup-ci la diversité en prend un sacré coup et la garde des groupes punk rock se réduit comme peau de chagrin. On notera tout de même la présence de Street Dogs, Flogging Molly, Authority Zero ou encore The Briggs, de la bonne came mais en quantité trop peu suffisante pour rendre le reste attrayant. La faute aux sorties me dites vous ? Hum pas sûr, car pas mal de groupes s’étant déjà distingués sur la galette reviennent dans les bacs cette année à l’image de Lagwagon, No Use For A Name, Bad Religion… Même Pennywise, dont le dernier album est sorti il y a quelques mois et qui confirme son retour, après plusieurs années d’absence, ne laissera pas de trace sur cette compil.

Du coup la part belle est laissée aux « Fall Out Boys like » comme Four Year Strong, Story Of The Year, Say Anything et j’en passe, à petite dose ça peut aller, voire être intéressant (en le disant très très très très vite ça peu passer) mais bon là on frise l’overdose. Et quand ces groupes s’éclipsent c’est pour laisser la place à des personnes en prise à des maux de gorge chroniques (Norma Jean, The Devil Wears Prada, As I Lay Dying…) à l’écoute desquels on aimerait bien voir débarquer monsieur Ricola et son gyrophare vissé sur la tête. On aura même droit à un passage hip-hop avec Gym Class Hero que l’on n’avait pas vu depuis l’édition 2005 ou encore 30H !3.

Difficile donc de se remonter le moral dans cet océan noir, même si les rares groupes appréciables nous foutent un bon coup de pied au cul comme The Briggs et leur « Charge Into The Sun », qui permet de relever nos points désespérément bloqués en dessous de l’épaule (c’est le John MacKain style ça : on ne lève pas les bras au-delà de l’horizontale). On notera tout de même quelques bonnes surprises parmi les nouveaux arrivants comme HorroPops ou encore le reggae de The Aggrolites. Cela dit pas de quoi sauver nos oreilles de la vague emo, d’ailleurs les corbeaux sont déjà là pour finir les restes… ah tiens il y en a même un qui est venu se nicher sur la pochette, de là à ce que la compil fusionne avec la So Emo Atticus il n’y a qu’un pas…

On le savait depuis un temps déjà mais une nouvelle page se tourne, cela dit rien de très dramatique à ce stade puisque les fans des premières heures de la compilation du Warped Tour avaient déjà délaissé ce double cd de la même façon que peu de fans de la mythique Punk-o-Rama ont risqué leurs oreilles sur la bien nommée Unsound.

N’ayant musicalement plus grand-chose à voir avec ses ainées cette compil suit les modes ce qui est plus que regrettable, reste les fondamentaux comme le très petit prix ou encore l’aspect musique de fond pour la route des vacances (effet scientifiquement prouvé : cela passe toujours plus facilement au volant d’une voiture avec le paysage et les kilomètres qui défilent)... Cependant au prix où flambe l’essence les séances d’écoute risque de se faire rares…