Dropkick Murphys + Against Me ! + Deadly Sins @ L’Atelier (Luxembourg)

Date : 10 avril 2008 par Anarchibald , Vince

La soirée débute comme un mauvais reportage de TF1 : par un rendez-vous sur le parking d’une station service d’autoroute. Cela dit il n’est pas question ici de policiers sous couverture, de mafieux albanais ou de terroristes fabriquant une bombe nucléaire dopée au gasoil, et si l’on passe la frontière quelques minutes plus tard ce n’est pas pour aller chercher de la drogue mais plutôt de la musique, car après avoir sévi à Paris puis à Strasbourg, c’est à Luxembourg que les Dropkick vont frapper ce soir.

Arrivé sur les lieux reste à trouver une place pour se garer dans le quartier qui doit être le plus grand consommateur d’Europe de panneaux « interdit de stationner » et autre « risque de mise en fourrière », histoire de rappeler que si un côté de la rue est désert c’est pour une bonne raison. Heureusement pour nous, la chance nous sourit et nous trouvons de quoi nous parquer pas trop loin de la salle que nous gagnons sans trop attendre, car si nous savions à l’avance qu’il nous faudrait faire l’impasse sur Deadly Sins, il aurait bête de louper le début d’Against Me !. Une fois à l’intérieur on se réjouit de ne pas avoir revendu nos places pour profiter des invitations puisque celles-ci sont… inexistantes (idem à Paris merci la major !). Cependant pas le temps de râler vu qu’au loin le quatuor de Gainesville monte sur scène : si ça c’est pas du timing parfait !

Le groupe entame son set par « Up The Cuts » suivi de près par « New Wave », deux titres qui retrouvent leur écho dans les premiers rangs auprès d’un public sautillant qui semblerait avoir découvert le groupe avec son dernier album tandis que le reste de la salle, rempli de fans des Dropkick Murphys, observe le show plutôt passivement. Partagé entre la certaine déception que j’éprouve à l’égard de ces titres et la joie de voir AM ! en live, je reste à distance raisonnable de la scène, me rapprochant un peu plus lorsque que résonnent les premiers accords de « White People For Peace », pour ensuite tâter le pogo quand débarque enfin « Pint Of Guiness Makes You Strong », et finalement me fixer au premier rang devant la faible vigueur de ce dernier. Il faut dire que voir Warren gesticuler derrière les futs un large sourire aux lèvres ou Andrew sauter dans tout les sens est un spectacle loin d’être déplaisant. Les quatre membres du groupe délivrent une grosse énergie et ont l’air de vraiment s’éclater.

Débarque alors un autre titre majeur du groupe issu (bien entendu) de "Reinventing Axl Rose" avec « Walking Is Still Honest », durant laquelle Tom cassera une corde ce qui ne le perturbera pas le moins du monde. C’est alors que se fait ressentir un grand moment de solitude puisque nous sommes peu nombreux dans la salle à reprendre les paroles en cœur. Un constat qui ne peut se changer qu’en consternation quand on voit que c’est exactement l’inverse qui se produit lorsqu’arrivent des titres comme « Stop » ou « Trash Unreal » ou encore la B-side « Full Sesh ». Vous l’aurez compris, une grande partie de la set-list est réservée aux titres du dernier album qui seront au nombre de 7 ou 8, ce qui ne laisse plus grand-chose pour le reste de la disco. Des vieux titres comme « Don’t Lose Touch » ou « Sink Florida Sink » (après laquelle, à force d’avoir trop souvent écouté le live, on espérera jusqu’au dernier moment entendre « You Look Like I Need A Drink ») qui, noyés dans les nouvelles compos auront du mal à rallumer la flamme d’antan. Seule « From Her Lips To God’s Ears » redonnera du baume au cœur, nous permettant ainsi de pousser une dernière gueulante.

Arrive finalement « The Ocean » qui signe désormais la fin des sets des floridiens et durant laquelle le public sera gagné par le silence, qu’il soit créé par l’admiration au niveau des premiers rangs ou bien par une certaine incompréhension que l’on devine se dessiner plus loin chez les fans de punk celtique. Il faut dire que ce titre duquel émane une émotion presque palpable est loin d’être remuant, cela dit il reste à mon avis, avec « White People For Peace » et « Americans Abroad », un des meilleurs de "New Wave".

Le show s’arrêtera brusquement après la fin du morceau, puisque les lumières ainsi que la musique d’ambiance s’enclencheront extrêmement rapidement, quant aux chœurs ils n’entameront pas le refrain de « We Laught At Danger (And Break All The Rules) » afin d’espérer un hypothétique rappel, mais des « Let’s Go Murphys » qui se répéteront de nombreuses fois avant l’arrivée du groupe de Boston.

Un petit quart d’heure de battement à écouter des standards de Stiff Little Fingers avant que les lumières ne s’éteignent à nouveau et que la musique d’ambiance se mue en une petite comptine entre Irlande et Chine populaire. La salle s’échauffe, les « Let’s go Murphys » entrecoupés de mains qui claquent retentissent de plus belle, quelques tristes sires avinés tentent de fumer leur clope malgré l’avis très défavorable des gredins de la sécurité, et boum, c’est parti, les sept mercenaires de Boston débarquent sous les hurlements du public. En fait ils sont plutôt six au départ puisque ce bon Al Barr attend quelques instants encore afin de faire durer le plaisir. Et là, les choses sont claires. Les gaillards sévèrement burnés sont chargés de foutre et d’hormones et nous n’allons pas assister à un concert des Village People.

Un « Famous for Nothing » pour démarrer sur les chapeaux de roues et évidemment mes vieilles oreilles crient leurs premiers SOS parce que là c’est tellement fort que je manque de faire une descente d’organes. L’ami du petit déjeuner Ken Casey chante à tue tête et le grand Al Barr, solide comme un roc (s’il était catcheur on pourrait le surnommer « l’Etrangleur de Boston ») débarque et hurle dans le micro pour haranguer la foule qui n’avait pas besoin qu’on lui titille le gros minet pour pousser autrui dans tous les sens. De mémoire de vieux gougnafier, je n’avais pas vu un tel pogo depuis au moins le concert de Kyo 100 % fuck the system de 2004.
Et pour ne pas relâcher la pression, rien de tel qu’un des meilleurs titres du groupe, « The Streets Of Massachusetts » où je sens mon corps se déplacer contre ma volonté vers le milieu de la salle. Bonne opération puisque le son y est un peu moins pérave que sur les côtés.

Le set se poursuit à 100 à l’heure. C’est braillard, violent, ça sent la bière et ça pue la sueur. C’est à mon avis un peu trop « tout à fond ». Les approximations de la sono dégagent une impression de brouhaha par moment et certains titres joués tout en puissance sont difficilement reconnaissables. Et mes pauvres oreilles qui trinquent… Les hits se suivent pourtant pour le plus grand plaisir du public. Ils sont puisés avec un relatif équilibre dans toute la discographie du groupe (même si l’impasse est un peu faite sur "The Gang’s All Here" ce qui n’est pas une catastrophe vous en conviendrez) : « God Willing » avec ses chœurs gros comme Miss Dominique, « Wich Side are you On » et ses intonations cockney, sans oublier l’excellente « The Dirty Glass » avec la gironde chanteuse des Deadly Sins au chant, ou le pittoresque « Spicy Mac Haggis Jig »

Le groupe sort bientôt de scène avant revenir pour le rappel et entonner « I’m Shipping Up To Boston », indispensable et fédérateur et de finir le set avec quelques vieilleries comme « Skinhead on the MTBA » ou « Boys on the Docks ». Le concert se terminera 1h30 après avoir commencé avec la scène envahie par les fans pour gueuler sur « Citizen CIA »...
Un bon concert un brin en deçà de mes attentes. Dropkick Murphys a pâti d’un son qui n’était pas à la hauteur d’une des plus grosses pointures de la scène punk actuelle. Ils auraient me semble-t-il gagner à jouer un peu moins vite et un peu moins fort, laissant alors un peu de place aux mélodies ici trop souvent ensevelies derrière une muraille sonore à couper à la tronçonneuse. Le public est conquis, aucun doute là-dessus vu l’expression sur les visages observés pendant la mêlée censée nous conduire vers la sortie.

Bizarre bizarre cette ambiance. Un concert punk dans un paradis fiscal. Nos amis de Boston chantent les dockers et les ivrognes alors que Luxembourg ne jure que par les banques et la finance. Mais peut-être que c’est ça l’esprit punk : chanter « The Worker’s Song » dans un pays qui n’a jamais connu de classe ouvrière...



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