Créé fin 1993 à Rennes, un petit groupe va augmenter en notoriété si bien qu’il deviendra un élément incontournable de la scène punk hexagonale, et référence en matière de punk hardcore français, voire européen. Ce groupe qui a dû trouver son nom en faisant une indigestion de fraises Tagada en regardant un épisode de Picsou sera alors baptisé : Tagada Jones. Citant à l’époque GBH, Exploited, Ramones, Bad Religion, Suicidal Tendencies, comme influences, Tagada Jones était composé d’un combo de 4 gars survitaminés, des cancres qui ont décidé de créer leur groupe au fond de la classe lors d’un cours de physique. A la base le line-up était constitué de Niko G. (au chant et à la guitare), Pascal (guitare), Pepel P. (basse), et Benoît (batterie). Arrivant pendant que la scène bretonne se cassait la gueule, les Tagada permirent de lui redonner un nouvel essor, même si la musique qu’ils faisaient à l’époque n’était pas extraordinaire. Laisse en témoigner leur premier album, un mini disque éponyme comportant 7 titres sorti en 1995... ce n’est vraiment pas un album que je vous conseillerais ! A partir de cet album, Benoît, le batteur est remplacé par "Boiboi" B..
Ils ont arrêté de vendre ce disque parce qu’il était vendu par des disquaires à plus de 100 francs (c’était des francs à l’époque), alors que les Enragés ne les vendaient qu’à 50 francs. L’année de la sortie de ce disque , Tagada Jones a réalisé quelque chose de très déterminant dans le punk français : la création d’ une association ayant pour but de "structurer" le groupe, au doux nom de "Enragés Productions". Toujours est-il qu’ Enragés Prod est devenu à l’ heure actuelle l’un des labels fers de lance du punk français (Black Bomb A, Oberkampf...), mais aussi d’outre-atlantique (Grimskunk, Guerilla, Akuma...) et privilégient la scène locale bretonne (No Place For Soul, Contra Legem…). Cette asso a réalisé 2 compilations "Independant vol.1" et "Independant vol.2", comportant des inédits, faisant participer 27 groupes (dont leurs potes Burning Heads), toutes leurs sorties étant toujours à des prix plus qu’abordables (15 euros maximum en général). Une dernière chose à ajouter sur ce label, c’est qu’ il organise des tas de concerts en France, dont notamment ceux des excellents Voodoo Glow Skulls !
Bon, revenons-en au groupe lui-même. En 1997, Pascal part fonder le groupe de psycho (berk, j’aime pas ça !) appelé Banane Métallik, et est alors remplacé par Stef. G. Tagada Jones met ensuite sur le marché un Extended Play ("Ep" pour ceux qui n’auraient pas compris), intitulé "A Grands Coups De Bombes". L’année qui suit (1998), un nouvel album "Plus De Bruit" voit le jour. L’album est nettement plus hardcore musicalement parlant et l’est aussi au niveau des textes. C’est un peu des ’anti-tout’ ces mecs. Leur discours est un peu radical, faut l’avouer. A peine un an plus tard, un autre album (plus speedé et agressif) sort, il s’appelle "Virus". Aux yeux du groupe, c’est leur moins bon album, je trouve ça curieux, parce que ce n’est pas ce que je pense. Il y a eu un effort de production sur cet album pas trop mal foutu pour une petite prod, qui donnera son nom à une tournée : le "Virus Tour 1999-2000". La sortie en 2001, du troisième "vrai" album :Manipulé, a été très bien reçue par la presse spécialisée (Rock Sound, Buzz, Fanz’yo...). ". Il a été enregistré et mixé par André Gielen, qui a enregistré des références comme Mass Hysteria ou Lofofora, groupe auquel TJ est comparé sans arrêt, et je me demande bien pourquoi…Cette année aura été bénéfique pour Tagada (tsoin tsoin). L’arrivée d’un pote du groupe, Gus S., en deuxième voix - une voix difficile à apprécier car aussi grave et gutturale que celle d’un "chanteur" (si on peut dire) de métal - offre néanmoins énergie supplémentaire qui appuie le discours engagé du groupe (en plus en concert, il te laisse parler dans son maïcrophone !) ainsi qu’amène une nouvelle dimension aux voix, ce qui jusqu’alors n’était pas le fort du groupe. Gus est loin d’être si inutile que certains pourraient le prétendre. Il apporte sa touche en dynamitant les compos du groupe de multiples samples. Il apporte en concert une façon d’expliciter les paroles via divers signes et gestes. De plus, Niko a encore amélioré son songwriting. Ce qui est curieux avec ce groupe, c’est que leur musique se radicalise en même temps que les textes deviennent emprunts de poésie.
Tagada Jones est alors parti réaliser son "Manipulé Tour 2001", qui fit naître l’année suivante un album de live tiré à seulement 1000 exemplaires, comportant 3 inédits ainsi que 2 remixes de Gus (dont un qui est excellent), et des titres live évidemment. 2003 : sortie de "L’ Envers Du Décor". Aussi bien accueilli que l’a été "Manipulé", toujours sans compromis, même si un brin trop radical niveau textes, cet album est considéré comme l’antidote au formatage actuel : du punk hardcore de plus en plus électronifié, des riffs toujours plus lourds, un nouveau bassiste : Seb qui remplace Pepel (ça fait nom de toutou ça !). Un an plus tard, arrive dans les bacs, un Worst Of Tagada Jones, sur lequel on peut retrouver des titres rares et inédits !
Plus de dix ans d’existence, plus de 600 concerts dans plus d’une dizaine de pays d’Europe, participation à plus de 15 compilations, prouvent que Tagada Jones n’est pas un effet de mode, ne chôme pas, et peut très bien s’exporter dans les pays non francophones. Vous auriez tort de vous priver pour l’unique raison qu’ils chantent en français. A la première écoute d’un album de ce groupe, vous trouverez certainement un côté parfois ridicule (j’en ai déjà ri), mais n’en déduisez pas que ce sont des minables, c’est juste une question d’habitude. Niko reconnaît bien que le phrasé anglais coule mieux, mais est convaincu que l’on peut faire un aussi bon résultat en français. J’ajouterais aussi qu’en plus de ne pas être l’unique groupe dans ce cas (Mass Hysteria, Lofofora...), cela leur permet de ne pas se réfugier dans un formatage musical (comme un copier/coller de groupes américains, anglais ou suédois) ainsi que de ne pas camoufler l’insipidité des paroles derrière l’obstacle de la langue. Fidèles depuis toujours à la scène "Do It Yourself" punk, Tagada Jones est un exemple d’intégrité, et qu’il faut au moins connaître pour peu que l’on s’intéresse au punk hardcore français.
En 2006, le groupe continue d’ailleurs sont évolution en délaissant un peu plus ses premières amours avec un album déroutant mais toujours aussi vindicatif : Le Feu Aux Poudres qui sort en mars et dont le groupe tourne même un clip pour le titre "Cargo". S’en suivra une nouvelle tournée au Québec qui exporte un peu plus la fougue des hardcoreux bretons ! Une présence scénique dont avait d’ailleurs pu témoigner le DVD L’envers Du Tour sorti en 2005, de quoi donner envie de les voir sous leur meilleur jour : le live !
En 2007 le groupe fête en grande pompe son millième concert avec tout ses amis : Lofofora, Parabellum, Condkoï, Burning Heads, Punish Yourself, La Phaze, L’Esprit Du Clan… et les 2000 personnes venues les voir sur deux jours.
L’année suivante, le groupe balance son nouvel album, Les Compteurs A Zero, sorti simultanément dans le monde entier (Canada, Japon, Belgique, Suisse, Hollande, Luxembourg, Espagne et USA) et continue de tourner partout.
L’année 2009 verra également le groupe tourner énormément (notamment avec Parabellum pour la tournée anniversaire des 25 ans de ces derniers), mais cette année sera surtout pour Tagada Jones l’année de la mise en place d’un collectif composé d’une belle clique de la scène alternative française : Le Bal Des Enragés, à l’occasion des 20 ans du festival Au Pont Du Rock.
Coté zikos, c’est fin 2009 toujours que le groupe change de cogneur avec l’arrivée de Job (Boi Boi ne pouvant plus concilier vie de famille et incessante tournées). 2010, le groupe retourne sur la route avec Lofofora et également avec Le Bal Des Enragés, pour une tournée des salles et des festivals d’été ! A suivre...
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