At The Drive-In

At The Drive-In >> Acrobatic Tenement

Contexte :

Après deux années passées à tourner dans tout le Texas, At The Drive-In commence à se faire un nom dans le milieu du rock indépendant. Suite à plusieurs changements de line-up, le groupe se stabilise autour de Cedric (chant) et Jim (guitare) et voit l’arrivée de Omar Rodriguez (à la basse). Paul Hinojos et Tony Hajjar ne rejoindront le groupe qu’après ce premier album. C’est lors d’une de ses innombrables tournées que le groupe se fait remarquer par Blaze James, leur futur manager, devant un public restreint. Une dernière tournée les emmène à Los Angeles où ils enregistrent leur premier album, Acrobatic Tenement, pour la modique somme de 600 $ (qui dit mieux ??)…

Chronique :

Voilà donc le premier album d’un groupe mordu de musique, caractérisé par des influences en tous genres (Metallica, Black Flag et même Billy Joël sont cités comme artistes de référence par ses membres), et qui deviendra plus tard un des piliers de la scène post hardcore.
En plus de tout cela, ce premier opus est teinté d’anecdotes multiples : d’abord l’enregistrement s’est fait sous l’influence massive de marijuana et d’alcool, ce qui n’aide pas forcément le son, ensuite il marque l’arrivée d’Omar Rodriguez dans le groupe, à la basse (et pas n’importe laquelle). Issus d’un milieu extrêmement modeste, ils n’ont pas les moyens de se payer du matériel à la mesure de leur talent. Ainsi Omar joue sur une basse de droitier (lui le gaucher) prêtée par un ami de Jim Ward, et dont le manche cassé rendait son accordage impossible. Plutôt rock n’roll comme début…

Il n’empêche que si cet album est passé totalement inaperçu, il permet de se rendre compte du chemin accompli par les Texans jusqu’à Relationship of Command. On est très loin encore du post-emo-hardcore subtil et novateur dont ils nous gratifieront plus tard. En revanche leur fougue et leur son explosif sont bien présents et la tension est palpable à tous moments. Les fans de Cedric ne s’extasieront pas devant cet album, sa voix est imprécise, et son tonitruant débit de paroles syncopées n’est pas encore au point. Malgré tout le cocktail fonctionne et on se prend rapidement au jeu. Chaque chanson donne envie de passer à la suivante ; le groupe d’El Paso parvient à nous tenir en haleine avec des intros efficaces (« Ticklish », « Star Slight », « Shaffino »), et certaines chansons nous rappellent les heures de gloire des plus grands, comme Fugazi (« Coating of Arms ») ou Drive Like Jehu (« Communication Drive In »).

La production minimaliste, l’approximation ressentie au début du CD et l’atmosphère chaotique ne sont pas sans rappeler les débuts de Sonic Youth ou Fugazi… La fin de l’album semble plus réussie avec des morceaux plus accrocheurs, moins banals et plus forts en intensité qu’au début. Le disque se termine d’ailleurs en beauté avec un « Porfirio Diaz » magnifique démontrant déjà les qualités et l’originalité d’At The Drive-In.

Malgré le son, la volonté du combo de faire du rock explosif, sincère et revendicatif n’est jamais remise en question ici. At The Drive a des choses à dire et son talent s’est d’abord forgé sur la scène. Et puis nul doute que beaucoup de jeunes groupes paieraient pour sortir un premier album comme celui là…

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