[Bienvenue sur Punkfiction | Live Report : NOFX + The Flatliners + Pour Habit @ Le Bataclan (Paris)]

NOFX + The Flatliners + Pour Habit @ Le Bataclan (Paris)

Date : 1er mai 2009 par Seb-O-Matic

Aller voir NOFX en concert, c’est un peu comme jouer à la roulette russe. Sauf qu’il y a un mexicain et (au moins) un juif dans le jeu. Le groupe s’auto-revendique comme celui "qui s’amuse le plus au monde", et du coup, les fans trinquent au sens figuré aussi souvent que le Gros Michel et ses copains au sens propre. Pas concentrés, trop bourrés pour bien jouer, multipliant les blagues entre chaque chanson : le cahier des charges d’un concert des californiens a eu raison de plus d’un fan au fil des ans. Enfin pas autant que ça, au vu d’une tournée française sold out depuis plusieurs mois, et de la queue déjà importante devant le Bataclan, plus d’une heure avant le coup d’envoi. De 15 à 40 ans, tous les amoureux du combo "sans effets spéciaux", que ce soit depuis Ribbed ou The War On Errorism (qui aurait pu succomber à Wolves In Wolve’s Clothing ?), se sont donnés rendez-vous pour un concert espéré depuis tant d’années.

Le Bataclan étant la seule salle parisienne à commencer à l’heure prévue (ou même en avance), pas moyen de se faire une idée sur Pour Habit. Il paraît que c’était bien, et on ne peut que le croire puisque le groupe vient d’être signé sur Fat Wreck Chords, le label qui pour les bons groupes a le nez aussi creux que celui de son créateur pour les rails qu’il s’enfile. La salle est déjà comble, et dehors certains continuent de rechercher désespérément une place à prix décent, puisque les autorités permettent toujours à une petite brochette d’enculés de revendre des dizaines de précieux sésames au marché noir en toute quiétude. Combien de passionnés ont encore dû être privés d’une soirée à cause du grand dealer Ebay, ou de ces vendeurs à la sauvette qui n’ont jamais entendu parler du groupe dont ils revendent les places ? Le nombre impressionnant de personnes qui n’ont pas pu rentrer fait également regretter que Paris n’ait pas de salle "intermédiaire". Derrière l’Elysée Montmartre et le Bataclan, trop petits pour un seul concert de NOFX, il faut passer au Zenith, qui lui est bien trop grand...

Enfin c’est au tour de The Flatliners d’investir la grande scène. A peine pubères (le chanteur et le batteur semblent sortir du 12ème volet d’American Pie), les enfants illégitimes (ou pas) de The Lawrence Arms et de The Suicide Machines envoient tout de suite autant de bois que la schtroumpfette qui taille une pipe à Pinocchio. Tout ça devant un public qui aurait dû partir au quart de tour. On frôle plutôt ici le vingt-cinquième de tour malheureusement : mis à part une poignée d’individus, tout le monde reste aussi passif que Steevy Boulay en visite dans les toilettes du Queen, les premiers rangs se contentant d’applaudir à la fin de chaque morceau.
Le talent des jeunes canadiens n’aurait donc pas encore traversé la l’océan ? La voix du chanteur Chris est-elle trop braillarde pour les fans de punk mélodique ? Les gens gardent-ils des forces pour leur groupe préféré ? Pourquoi Eddy Britt est-elle descendue de sa voiture accidentée pour se faire électrocuter et mourir dans la saison 5 de Desperate Housewives ? Tant de questions sans réponse...

Quelques connaisseurs se sont néanmoins groupés devant pour reprendre les refrains et bouger un peu la tête sur l’excellente "This Respirator". Enfin le groupe reçoit l’accueil qu’il mérite quand résonne l’intro de la fulgurante "August ! July ! Reno !". Le pogo démarre, les gens skankent sur "Do Or Die" et les Flatliners placent l’impeccable "Eulogy" comme baroud d’honneur, non sans avoir juste avant précisé qu’ils reviendraient dès le mois d’août à Paris, avec les très bons Union Jack en première partie. Un groupe canadien qui prend la peine de se renseigner sur le groupe local avec qui ils joueront, ça force le respect, et on ne doute pas que le Klub leur réservera un accueil plus chaleureux que Le Bataclan de ce soir.

Les toilettes sont assaillies, le petit espace fumeurs mis en place grâce à 4 barrières dehors est assiégé. La tension monte au fur et à mesure que l’ingé-light, aussi pervers qu’un éditorialiste du Figaro, éteint un à un les projecteurs. L’arrivée du groupe est proche, les premiers rangs sont pris d’assaut. La frénésie se déclenche quand il arrive sur scène. Et l’effroi aussi. Un verre à la main, l’air blasé et la chemisette ouverte laissant dépasser son bide à bière (et autres), Fat Mike a l’air déjà complètement déchiré. Et merde !
NOFX se pointe sur la scène du Bataclan devant 1500 personnes comme le ferait un groupe de Gif-sur-Yvette pour la Fête de la Musique devant ses trois copains, un chien et le poivrot local. La décontraction est de mise donc.

L’intro, classique, est lâchée. Derrière ça commence pour de vrai avec "Dinosaurs Will Die", et tout le monde reprend en choeur le morceau culte. El Hefe déclenche sa machine à déformation faciale et arpente la scène tel un leprechaun galvanisé au whisky. "Franco Un-American" vient faire chanter tout le monde, et "Linoleum" déclenche un début d’émeute dans le public. Le groupe est en place, mais pourra-t-il tenir la distance à ce rythme ? El Hefe sort un stand pour essayer d’y poser sa petite jambe boudinée, mais il cède sous son poids. Peu importe, il parvient quand même à lancer le riff d’intro de "Seing Double At The Triple Rock", qui ne fait vraiment pas retomber la pression.
Quel début ! La salle est désormais une fournaise. L’alcool s’échappe de Fat Mike par tous les pores de sa peau, mais il semble plus gaillard qu’à son entrée sur scène. La vodka qu’il a dans son gobelet semble l’avoir revigoré. Il annonce un morceau qui n’a jamais été joué à Paris. Avec l’humour qu’on lui connaît, on s’attend à une chanson du nouvel album. Et puis... Ce rythme au charleston. Cette note de basse qui résonne. C’est le début de "The Decline" ! Là encore on appréhende la blague : ils vont nous faire le début et l’arrêter, comme la veille à Toulouse. Mais non, ils la jouent en entier. Et (presque) parfaitement. Quelques fausses notes, mais rien de grave, l’envie est là. Les 18 minutes s’écoulent aussi vite qu’un premier rapport sexuel et comblent un auditoire aux anges. Les paroles sont reprises en choeur, ceux assis au balcon sont debout, le chanteur de Pour Habit vient jouer de la guitare et les "lalala" accompagnent le taulier El Hefe quand il dégaine sa trompette. Le morceau s’achève triomphalement, suivi d’une acclamation gigantesque. Un grand moment, de la catégorie "j’y étais, putain, j’y étais !". Sans bouder notre plaisir, on peut tout de même se demander pourquoi n’avoir joué "The Decline" qu’à Paris ? Pire, pourquoi avoir eu le sadisme de la lancer la veille à Toulouse, avant de l’arrêter en disant qu’ils la joueraient le lendemain ?...

En tout cas derrière on peut tout leur pardonner. Ils ont joué "The Decline" bordel ! Ils auraient même pu arrêter le concert derrière que certains ne leur en auraient même pas voulu. Alors c’est avec joie que l’on danse et chante sur la reprise ska de la mythique "Radio" de Rancid, El Hefe jouant au gentil GO.
On apprécie même la pause offerte par la tout à fait dispensable "Arming The Proletariat With Potatoe Guns", une suite de blagues du genre caustique ("Quel est le comble pour un juif ? -> "Du jambon gratuit !", ou "Pourquoi Hitler s’est suicidé ?" -> "Parce qu’il a reçu la note de gaz !") que le Gros Michel croit inédite puisque sortie uniquement sur les 7inches Of The Month. Mais on est à l’ère du numérique, mon pépère, alors tout le monde les connaît ces blagues, et ce morceau n’a vraiment que peu d’intérêt s’il n’est pas renouveler, à part reprendre son souffle.

Car il en faudra pour la suite. L’excellente "I’m Telling Tim", la très bonne "Mattersville", ou la "chanson belge" de l’opticien Joe Dassin "Champs Elysées" qui vient faire chanter tout le monde. Le public s’époumone, tandis que El Hefe dégaze. Entre chaque morceau il nous fait profiter, micro porté à l’anus, du bruit de ses pets. La faute à un plat typiquement français qu’il a ingurgité : une pizza margherita. Bah bien sûr ! Du coup le chicano, non content de nous avoir peut-être apporté la grippe porcine, s’absente pour aller déposer sa pêche. Faire couler son burrito quoi. Les autres ne se démontent pas, et lancent "The Quitter", pas mal. Toujours en trio, c’est "Six Pack Girl" qui nous est offert. Retour de l’homme à la digestion contrariée, et hystérie débutante avec le riff de "The Separation Of Church And Skate" : ça pogote à mort, ça slamme allègrement, et les gentils messieurs de la sécurité sont tellement débordés qu’ils en deviennent nerveux.

"Leaving Jesusland", "Eat The Meek", "Bob", "Murder The Governement", chaque titre ravit le public. NOFX est une incroyable machine à tubes punk-rock, et quand les mecs jouent comme ça, avec cette osmose là entre groupe et public (pas comme au Groezrock donc), ils sont indiscutablement l’un des meilleurs groupes du monde. Tout sourire, ils décrètent que ce concert est le meilleur qu’ils aient connus à Paris. On ne demande qu’à les croire. Apparemment c’était moins bien à Lyon, mais bien cool à Toulouse. "The Brews" et ses "oï oï oï" achève un set qui aura fait couler des litres et des litres de sueur sur scène comme dans le public.
Eric Melvin ne prend même pas la peine de sortir de scène. Smelly revient pour assurer comme à son habitude, de sa frappe sèche et régulière. On attend "Stickin’ In My Eye", "Leave It Alone", "Lori Meyers", The Longest Line", "Don’t Call Me White" et tant d’autres, mais on sait que l’on ne pourra pas tout avoir. Pourtant ce n’est pas la déception qui pointe le bout de ses têtons, tant ce qui nous a été donné avant a été bon.

Le rappel commence par "Bottles To The Ground", et se poursuit avec un "Whoops I OD’d" accueilli par quelques sifflets. Fat Mike s’arrête, défend sa chanson avant de la reprendre. "Kill All The White Man" vient faire chanter tout le monde une dernière fois, avant que le groupe et son crew ne se mettent à danser sur un air genre comédie musicale, qui dit qu’en gros, "everyone’s a little bit racist". 5 minutes qui permettent surtout au groupe de faire participer ses amis au concert. Voilà une bande de copains qui partent en colos ensemble, font (et boivent) les 400 coups et se foutent bien des apparences. Alors voir ça à la fin, ça peut en faire grincer des gencives, mais ce soir, ça fera plutôt briller des dents en de grands sourires. Car ce soir c’était un concert de haute volée. Du NOFX de très haute volée. On y était, putain, on y était !



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