NoFX - The War On Errorism

Date de publication : 30 octobre 2007 par Punkachu

Contexte :

Après le split avec Rancid pour BYO Rcds et la compil de raretés 45 Or 46 Songs... revoilà les NoFX avec un vrai album. Trois ans après Pump The Valuum, The War On Errorism est l’album du changement pour le groupe, c’est aussi sa première production depuis les évènements internationaux qui ont marqué ce début de siècle. Cet opus est donc le plus politisé de la bande à Fat Mike et aussi le premier full lenght à sortir sur Fat Wreck et non plus sur Epitaph . Il contient 3 des 4 titres de l’ "EP-teaser-à-vocation-commerciale" Regaining Unconsciousness, sorti quelques semaines avant.

Chronique :

Mike avait déclaré, au moment de la sortie de Pump Up The Valuum, vouloir se concentrer sur ce que NoFX savait faire de mieux, il disait aussi ne plus avoir envie de jouer des morceaux ska, reggae ou autres. Ainsi, au grand désarroi de certains, le précédent album ne contenait que du punk rock mélo (et une polka). Cette nouvelle cuvée marque donc un retour à l’utilisation diverse de xylophones, saxophones, trompettes à sourdine, orgues et autres morceaux agrémentés de senteurs surf ou reggae (pas de ska), une voix de femme venant même pousser le "tadam douda" sur "Mattersville", le single. Bref beaucoup d’éparpillement, de diversité, y’a que les cons qui ne changent pas d’avis.

Et justement, en parlant de connerie, cet album est entièrement dédié à Georges Walter "The Idiot" Bush et c’est une de ses originalités. En effet si les NoFX ont toujours distillé de ci de là quelques chansons plutôt ironiques sur les dérives du pouvoir américain, ils n’avaient jamais autant que sur ce War On Errorism fustigé le gouvernement US. Le reproche de non-implication politique qui était souvent fait par des groupes du label Fat Wreck Chords comme Good Riddance, Sick Of It All ou Propagandhi, est ainsi réparé et ça a fait grand bruit lors de la sortie de l’album. A commencer par la jaquette où le visage de GWB, affublé d’un nez de clown, orne d’un air bien niais (qui a dit "naturel"… ?) le drapeau américain.

Tout ça aurait pu paraître un peu racoleur et de circonstance si la suite n’avait montré un virage nettement plus contestataire du label, avec la participation très active de Fat Mike à de nombreuses organisations anti-Bush et avec la sortie sur Fat Wreck Chords de la compil’ Rock Against Bush Vol.1, avec la participation de nombreuses grandes pointures du punk rock US. "Why did punk become so safe ?" se surprend à regretter Mike sur "Separation Of Church And Skate".

Mais revenons à la musique elle-même, car cet album vaut le détour par le renouveau du groupe qu’il inspire. Les adeptes ne seront pas dépaysés radicalement mais avec son lot de particularités juxtaposées, The War On Errorism est la production la plus atypique du groupe depuis The Decline. Le meilleur témoin de cela est sûrement le morceau "Medio-Core" : une base reggae, des effets sur les voix et la gratte, des chœurs surf, une mélodie et un tempo atypiques, un son dub puis rock et un démarrage échevelé à cent à l’heure, comme ça, d’un coup, sans qu’on s’y attende, ça bourrine grave. A l’inverse "Whoops I OD’d" aurait fait une excellente intro folk avec sa très bonne mélodie, gratte + voix, à l’écoute on se dit : "aller ça va partir là…" mais en fait l’intro se prolonge, 2 minutes 49 qui laissent sur sa faim d’autant plus qu’elles clôturent l’album… bref ça laisse à cet album un drôle de goût d’inachevé dans vos oreilles (si, si, c’est français !)… du moins un certain manque de cohérence peut-être…

Les 14 titres nous prennent à contre-pied sans arrêt. Vous connaissiez les dérives des NoFX, leur capacité à pousser le bourrinage, leur sens de la mélodie, leur goût pour les chansons un peu décalées et bien tout est exagéré dans cet album. Quelques exemples : "The Irrationality Of Rationality", construite sur un riff de basse simple, aussi génial que burné, est un exemple du regain de gravité qu’on retrouve par instant sur cet opus (l’énorme "Seperation Of Church And Skate" en ouverture, la formidable et galopante "Decom-Posuer", le ton sérieux d’ "American Errorist"). Comparés à des tunes classiques comme la très bonne "She’s Nubs", fun, rapide, parfaitement dans la lignée de l’excellent Pump Up The Valuum, les passages punk rock mélo des NoFX, toujours aussi catchy, se font souvent moins légers et dérisoires. Une chanson comme "The Idiots Are Taking Over", ultra-classique malgré son pont reggae, prend ainsi une toute autre dimension à l’écoute de ce que raconte Fat Mike et globalement, en plus des morceaux "extra-terrestres", c’est sûrement ce qui sauve l’album du syndrome ‘copier/coller à la NoFX’ regretté souvent par certains.

Des titres comme "Mattersville", "Anarchy Camp", "Medio-Core" ou "Franco Un-American" poussent le côté décalé des NoFX à son paroxysme. Avec ses atouts propres et si singuliers, qui ont fait pour beaucoup de son succès, le groupe pousse le travail d’écriture là où il n’était jamais allé même sur Heavy Petting Zoo. Alors certes, c’est par moment (très) déconcertant mais après quelques écoutes on ne peut que saluer cette volonté de renouvellement et d’expérimentation, légitimisée par le fond engagé et "utile" qui est, redisons-le, au rendez-vous. NoFX est maintenant un groupe dont on peut citer des lyrics engagés entre deux morceaux plus légers toujours présents et ça c’est plutôt nouveau : "there’s no point for democracy when ignorance is celebrated", "Enemy of the planet we finally have a common cause a catalyst, a reason to forget about our differences and stand as a united front, it’s up to us to expose and humiliate the Errorists, the American Errorists, we’ll start with one, I know just one, the war has begun !".

La voix de Fat Mike est irréprochable, les solos de El Hefe font quelques excellentes apparitions, le gros reproche qu’on pourrait faire serait la baisse de régime sur la fin de l’album. Des titres comme les sans intérêt "Regaining Unconsciousness" et "We Got Two Jealous Agains" sont, après tant d’originalité, affligeants de classicisme, du déjà entendu. Quant à "13 Stitches" et "Whoops I OD’d", elles pourraient tout juste prétendre au rang de "bonus tracks"… (en parlant de bonus track, inutile de préciser à qui s’adresse la chanson cachée de l’album "Idiot Son Of An Asshole"... à ce sujet voir aussi la partie cd-rom de la rondelle très appréciable avec 1 docu, 1 live et 1 clip).

Bref un album qui parvient le tour de force, quand on a le statut de NoFX, d’allier originalité et large public. Les fans absolus tout comme ceux qui souhaitaient une diversification du son du groupe y trouveront leur compte par ci par là. Un album qui fait l’unanimité sur le fond mais qui laisse toutefois sur sa faim, un album exigeant, avec un renouveau salvateur mais manquant de cohérence et qui s’essouffle sur la fin, seuls les plus tolérants des fans seront conquis.

Biographie du groupe


NoFX



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Note : 15 / 20

Année : 2003

Durée : 39 minutes

Label : Fat Wreck Chords

Du Son : SOUND

Tracklist :

01. The Separation Of Church And Skate
02. The Irrationality Of Rationality
03. Franco Un-American
04. Idiots Are Taking Over
05. She’s Nubs
06. Mattersville
07. Decom-Posuer
08. Medio-Core
09. Anarchy Camp
10. American Errorist (I Hate Haters)
11. We Got Two Jealous Agains
12. 13 Stitches
13. Regaining Unconsciousness
14. Whoop ? I OD’d
15. bonus track : The Idiot Son Of An Asshole