NoFX - Wolves In Wolves’ Clothing

Contexte :

La quarantaine finalement dépassée, une industrie du disque en pleine crise mais pas le label Fat Wreck, le leader du groupe qui fait un gosse à sa femme, un président incompétent et fanatique réélu malgré une mobilisation saluée de tous, le souhait du groupe de lever le pied sur les tournées : le temps du bilan en somme pour NoFX, groupe à la carrière exemplaire en tout point et qui aiguise toujours autant les jalousies.
Après un an passé à entretenir le mythe avec une série de 7’’ mensuels, le groupe nous refait le coup de teaser avec l’EP prometteur Never Trust A Hippie qui sort quelques semaines avant le long jeu Wolves In Wolves’ Clothing. La jaquette du divin hippie alcoolo était à la base destinée à l’album mais le groupe s’est vu contraint d’y renoncer sous peine d’être censuré.

L’artwork, pour le moins simpliste de ce nouvel effort, est donc en fait une réponse volontaire à la frilosité des distributeurs qui auraient sinon refusé de vendre le CD. Certains diront que c’est un manque de courage de la part du groupe, d’autres que finalement le jaune ça met de la couleur dans sa discothèque…

Chronique :

Un nouvel album de NoFX c’est à la fois la chronique la plus simple et la plus dure à pondre. Les avis sont au moins aussi nombreux que les chansons écrites par le groupe depuis plus de 20 ans et c’est un peu comme avec l’équipe de France : chacun joue au petit sélectionneur dans son canapé et on pourrait tomber facilement dans le catégorique et le définitif, du genre « c’est du NoFX et voilà tout est dit ». Ce ne serait pas forcément à tort, mais Wolves In Wolves’ Clothing ne se résume peut-être pas si facilement. Mettons-nous d’accord : rien de nous rendra le temps béni de White Trash Two Heebs And A Bean et de Punk in Drublic. Le groupe a changé, l’époque aussi et cet album est dans la continuité des deux précédents : très mélodique comme Pump Up The Valuum, politisé et caustique comme War On Errorism, avec des trips musicaux (clavier et gratte acoustique en tête) et autres originalités toutefois moins marquées que sur le déroutant album de 2003. Plus qu’à la politique à proprement parler, les textes, toujours empreints d’un humour acerbe sans égal, s’attaquent cette fois au fondamentalisme religieux qui gangrène la société américaine.

On retrouve parmi les 19 titres, 6 présents sur les 7’’ of the Month Club : l’entraînante « Getting High On The Down Low » de juin, les deux de juillet : la très critique « Leaving Jesusland » et « Benny Got Blowed Up », rapidement expédiée et qui rappelle fortement l’époque So Long And Thanks… (et c’est là tout le problème), l’excellente version de « You Lose Faith » (en acoustique en novembre), la rigolote « Cool And Unusual Punishment » de décembre et le trip country-punchy de « The Man I Killed » (janvier). Ajoutez à cela deux bijoux punkrockien le single « Seeing Double At The Triple Rock » et l’originale « The Marxist Brothers » avec ses influences dub, toutes deux déjà présentes sur le EP Never Trust A Hippie ; et vous obtenez tout de même 8 morceaux déjà connus, certes parmi les meilleurs du CD mais, ceci explique sans doute les critiques et les déceptions (toutes relatives). D’autant qu’un « You’re Wrong » (juin), un « There’s No Fun In Fundamentalism » (avril) ou un « Everything In Moderation (Especially Moderation) » (EP) auraient autant mérité leur place que les quelques ratés qui parsèment la longue tracklist de cette rondelle. Quarante minutes qui peinent à maintenir l’attention après les excellents débuts de « 60% » et surtout « USA-holes ». On a ainsi avec « Instant Crassic » une parodie de chanson qui fini en fading au bout de 30 secondes, avec « Cantando En Español » un trip déjà entendu de El Hefe, avec « One Celled Creature » une perte de temps…

Dommage, car pour le reste Wolves In Wolves’ Clothing est une bonne cuvée de NoFX qui, il faut tout de même le rappeler, continue de faire mieux que tous les suivistes qui ont essayé de plagier le groupe. Une marque de fabrique indétrônable, à l’image de Pennywise ou Bad Religion, que certains voudraient voir mise à la retraite mais qui manquerait alors cruellement au paysage punk mondial. Le groupe continue donc de se copier lui-même, mais c’est bien le mieux placé et le plus légitime pour le faire. Tant que chaque album continue de nous amener sa tripotée de tubes comme « Seeing Double At The Triple Rock », « You Will Lose Faith », ou « USA-Holes » moi je re-signe volontiers pour 10 autres albums studios.

Biographie du groupe

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