Dropkick Murphys

Dropkick Murphys >> Signed And Sealed In Blood

Contexte :

De plus en plus populaire au fil des années, la musique des Dropkick Murphys évolue depuis quelques albums vers quelque chose d’un peu moins rentre-dedans, de plus traditionnel et folkorique : « Signed And Sealed In Blood » laisse ainsi définitivement le street punk des débuts à la rue, et confirme la nouvelle tendance du gang de Boston. Les mecs sortent les guitares acoustiques et la mandoline autour d’une table où sont juchées des pintes de Guinness, le tout en se disant sûrement : « we’re too old for this shit ». (1)

Chronique :

Cette « transformation », opérée en douceur depuis le succès de « Sing Loud, Sing Proud », permet aux DKM de rallier à leur cause un public de plus en plus nombreux, et tout aussi fervent. Il suffit de voir le nombre de poilus qui se sont faits tatouer la pochette de ce nouvel album sur l’avant-bras ou autre partie du corps... Elle confère surtout au groupe un équilibre, une base solide pour ses chansons, le rendant sûr de sa force et de sa puissance collective. Un peu comme le milieu de Manchester en 99 quoi : les aboiements et tacles de l’irlandais Roy Keane, la vitesse et la vista du jeu de Ryan Giggs, la chevelure rousse et la grosse frappe de Paul Scholes, et le Beckham à droite, à qui l’on reproche le côté trop lisse et beau gosse, mais qui adresse des centres juste parfaits. Autant d’atouts qui peuvent rendre confiants au moment d’arriver sur le pré.

Avec « The Boys Are Back », on reprend les choses là où « Going Out In Style » les avaient laissées : en plein milieu du champ de bataille ! Les accords tournent en boucle sur la guitare acoustique, les chœurs fédérateurs déboulent comme des canons annonçant la charge de la cavalerie. Celle-ci arrive avec le chant à blinde d’Al Baar. Surpuissant, le morceau est déjà placé en ouverture des concerts du groupe, et il sera bien compliqué de l’en déloger. Venez le chercher ! « Burn » est un autre bataillon endiablé, (6) véritable fanfare militaire cocaïnée avec un pont encore plus redoutable que celui de la rivière Kwaï. Mais si « The Battle Rages On » annonce la poursuite de la guerre par son titre et son énergie débordante, la suite des évènements est loin d’être aussi guerrière... C’est même un pacte de non-agression qui a été signé pour la fin du disque, enquillant les titres anecdotiques comme « My Hero », la rock’n’roll « Out Of The Town » aux airs de boogie-woogie, « Out Of Our Heads » et ses ritournelles plus festives mais pas très originales et au refrain trop convenu, puis enfin « End Of The Night ». Évoquant la vie en tournée avec une certaine nostalgie (« It’s the end of the night / But we’re not coming home »), la chanson bénéficie certes d’une véritable atmosphère, mais se termine en petite cacophonie... A écouter complètement déchiré dans un pub, ou en fin de concert avec tout le monde qui chante faux.

Encore une fois sur ce titre, c’est Ken Casey qui est au chant lead. Le bassiste joufflu s’invite sur tous les morceaux, au détriment d’un Al Baar qui n’avait qu’à apprendre à chanter, après tout. Sa voix manque de nuance, et après la polémique sur ses propos homophobes en 2012, on serait lui, on s’inquiéterait un peu de se faire virer... Parce qu’à ce niveau-là, Casey ne fait pas que tirer la couverture. C’est toute la literie qu’il embarque ! Les draps, les taies d’oreiller, et ta femme si jamais elle traîne sous la couette. Il est en vedette sur la chanson de Noël « The Season’s Upon Us », soit le « Fairytale Of New York (6) » des Dropkick Murphys. N’ayant pas la plume aussi bien affûtée (ou imbibée) que celle de Shane McGowan, Casey se lance dans un autre exercice, avec le parti pris de la dérision. Un peu comme dans la chanson « Going Out In Style » où le personnage de Cornelius Larkin mettait en scène son enterrement, il décrit ici une galerie de personnages improbables pour un Noël en famille digne d’un épisode des Deschiens. Très drôle et parfait pour le sing along.

« Rose Tatoo », premier single révélé, boxe dans la même catégorie : 5 minutes de chanson acoustique sur laquelle le riff de mandoline fait des merveilles, et le refrain entêtant se fait reprendre aussi facilement qu’une tournée de bière brune au comptoir. On est en plein dans l’univers Dropkick Murphys, avec un morceau construit en crescendo. Le banjo se rajoute, l’accordéon arrive, les chœurs prennent les enceintes d’assaut à 2:30 (4) minutes, avant que la chanson ne change sur le pont avec un rythme martial annonçant une dernière minute taillée pour faire danser la gigue à un unijambiste. Une structure qui n’est pas sans rappeler l’exceptionnelle « Bastards On Parade » sur « Blackout ». Plus surprenant, « Don’t Tear Us Apart » débute par des notes de piano, dont la mélodie va guider toute cette chanson redoutablement efficace. On sent que le groupe fait très attention à ses arrangements, jusqu’à en devenir amusant sur « Jimmy Collins Wake », chanson folk entêtante, mais dont le thème sur l’intro fait inévitablement penser à un générique pour une sitcom des années 90. Pour « Prisonner’s Song », Winston Marshall des anglais de Mumfords & Sons vient jouer du banjo sur un riff qui rappelle un peu trop celui de « Shipping Up To Boston » - la chanson-phare des Murphys -, pour que tout cela soit très honnête...

Servi rapidement (sortie même pas 2 ans après « Going Out In Style », et écrit en tournée), « Signed & Sealed In Blood » a un bon goût à la première gorgée, mais celui-ci s’estompe sur la durée. Les Dropkick Murphys auraient sans doute gagné à prendre un peu plus de temps pour le brasser, et le laisser maturer pour que ses arômes s’affinent...

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