Dropkick Murphys

Dropkick Murphys >> Going Out In Style

Contexte :

Les Dropkick Murphys ont déjà largement apporté leur pierre à l’édifice du punk rock de leur génération. Avec ce septième album studio, les voilà qui y érigent une grosse croix celtique. Pourtant cet opus ne risque pas de leur permettre de « partir avec classe », mais bel et bien de continuer à vivre leur périple musical de la plus belle des manières.

Chronique :

Dans la lignée de « The Meanest Of Times », l’artwork est ici résolument sobre, ce qui peut contraster avec le contenu. Celui-ci s’éloigne toujours un peu plus du street punk des débuts pour incorporer de plus en plus de ritournelles folkloriques et d’instruments celtiques. La cornemuse est d’ailleurs la principale arme de destruction auditive utilisée sur ce disque, et on le devine dès que part en fanfare « Hang’ Em High ». A la pure sauce Dropkick, le morceau est une invitation à la fête, les voix de Ken Casey et Al Barr assaillent les enceintes, le refrain est une chorale parfaite, et le pont à la mandoline un gros prétexte à la gigue endiablée.

Plus en douceur, le titre « 1953 » est également pourvu des bagpipes tout du long, et ils sont de retour sur l’intro épique de « Deeds Not Words ». Il y a forcément un paquet de titres qui sont taillés pour le live et prennent instantanément des allures d’hymne, comme « The Hardest Mile » et ses airs d’accordéon qui donnent envie se secouer les chevilles dans tous les sens, avec en cadeau bonus un pré-refrain et un pont du tonnerre... Ou encore les très bonnes « Climbing A Chair To Bed » (un nouveau riff de mandoline qui va faire chauffer les semelles) ou « Sunday Hardcore Matinee ».

Incontestablement, le gang de Boston s’affirme comme un héritier des Pogues et Dubliners, et rend hommage, comme jamais auparavant dans ses arrangements, à la verte terre de leurs ancêtres, que ce soit dans les déferlantes punk et festives, ou en empruntant des virages plus folk, à l’instar de la sombre « Cruel », pas vraiment joyeuse comme l’indique le titre, et guidée par un thème à la flûte irlandaise.
L’incroyable intro de « Broken Hymns » n’est pas en reste , avec banjo et mandoline qui instaurent une ambiance superbe, et sur laquelle les voix de Casey puis Barr vont venir faire des merveilles. L’atmosphère des pubs de Dublin n’a jamais été si proche, et ce n’est pas « Memorial Day » qui va nous en éloigner. Au contraire, on est en plein dedans maintenant, avec ce tube festif qui incite à se pencher sur le comptoir rouge en bois du Connemara, et commander une jolie bière brune à la mousse onctueuse.

Plus sérieux, le titre « Take’ Em Down » est une autre invitation au sing along, avec son riff de banjo prenant, et est dédié à la classe ouvrière du Wisconsin. Oui, tous les éléments de la culture irlandaise sont présents dans ce disque, et même plus que jamais, d’un point de vue musical ou même littéraire. Car « Going Out On Style » est le plus ambitieux brassage des Dropkick Murphys à ce jour.
« Les irlandais ne racontent jamais de mensonges, ils racontent des légendes ». Le bon vieux dicton illustrant parfaitement la tradition orale irlandaise n’a jamais été aussi vrai, le personnage de Cornelius Larkin ayant été inventé pour l’occasion, avec l’aide de l’écrivain Michael Patrick McDonald. A travers de ce personnage (dont l’histoire se retrouve plus en détails dans le livret de l’album et sur le site officiel du groupe), les Murphys ont pu retracer les histoires, combats et craintes de leurs parents et grand-parents, entre le voyage de l’Irlande aux Etats-Unis, la guerre de Corée, les réalités de la classe ouvrière...

C’est sur la chanson éponyme que naît le personnage, et il s’agit également de la tuerie du disque. Ce n’est plus une chanson, mais une véritable course-poursuite, la cornemuse est encore de sortie, Casey, et Barr se répondent sur des paroles très drôles, racontant l’enterrement du héros, qui se voulait très classe. Et comme à chaque enterrement, il y a des invités. Voici donc l’acteur de la série Rescue Me, Lenny Clarke, le chanteur des Living End, Chris Cheney, ou encore Fat Mike en personne qui vient parfaitement se greffer à la chanson supersonique avec sa voix si particulière.
Autre invité de luxe sur la fin de l’album, avec la revisite d’une vieille chanson irlandaise, « Peg O’ My Heart ». C’est qu’avec ses deux grand-mères qui s’appellent Peggy (sont-elles des cochonnes ?), le bassiste et leader Ken Casey devait forcément s’y coller un jour. Non seulement l’exercice est foutrement bien réussi, avec cette version catchy as hell, mais en plus elle est magnifiée par la voix de... Bruce Springsteen. Boston, le Boss. Le Boss, Boston. Et ça bastonne, tout comme le « Irish Rover », autre chanson traditionnelle passée à la moulinette Dropkick et qui forcément, devrait devenir un classique du groupe.

Deux titres pas très originaux donc pour conclure ce très bon opus, c’est vrai, mais l’exercice n’est pas nouveau pour les Dropkick, et en se réappropriant ces classiques, comme l’avaient fait les Pogues et les Dubliners pour « Irish Rover » avant eux, ils envoient un signal très fort, et deviennent les plus grands représentants du genre pour toute une génération. Hang’ Em High !

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