Contexte :

Après deux albums remarqués sortis coup sur coup en 1997 et 1998 sur Rescue Records, les Californiens de Dogwood changent de crémerie et se retrouvent sur Tooth & Nail records. Ce "More Than Conquerors" est donc le troisième long-jeu du quatuor, le premier pour Tooth & Nail ; il est sorti en 1999 et a été produit par Nick Raskulinecz qui a travaillé, entre autres, avec Marilyn Manson, Deftones, Velvet Revolver, Stone Sour mais aussi Danko Jones et Mondo Generator…

Chronique :

« Dogwood thanks : our Dad, Jesus Christ ». Voici la première ligne de remerciements que l’on trouve dans le livret de ce "More Than Conquerors". N’y voyez aucune ironie, les membres de Dogwood sont bel et bien de fervents croyants et affichent clairement leur identité religieuse. Alors certes cela peut surprendre un peu, voire faire sourire, surtout au pays de l’athéisme et du fromage qui pue. Pourtant Dogwood joue bien du punk rock et avoue avoir été influencé par Bad Religion. Mais on a tant parlé de ce paradoxe que je m’attarderai plus ici sur l’aspect musical…

Et question musique, il y a des choses à dire et pas grand-chose à redire. Si les textes et la mentalité du groupe – qui, il est vrai, dérangent pas mal – égalaient la musique jouée par ces gars là, Dogwood aurait sûrement été propulsé tout en haut de l’affiche de la scène punk rock internationale. Ces quatre Californiens appliquent la recette « du tube de punk rock à roulette sur lit de mélodies ciselées » sur chaque morceau et ne se plantent ni dans le dosage ni à la cuisson. Résultat : treize titres et treize petites pépites mélodieuses, incisives et ultra efficaces. Alors certes, cet album remonte au 90’s et – oh ! surprise – le punk rock de Dogwood sonne très 90’s. Mais bordel, qu’est-ce que c’est bien exécuté ! J’ai bien essayé de trouver des défauts à cette galette, j’ai écouté chacune des chansons attentivement, en prenant des notes, pour déceler quelques failles… Mais que dalle. Rien à faire, ces mecs-là doivent être touchés par la grâce divine. Ah ! Bah tiens. La voilà en fait la faille, la crevasse, que dis-je… le gouffre béant s’ouvrant sous les pieds de ces Américains : les textes à la gloire de Dieu (pas franchement des plus prenants). Sauf que merde, j’avais dis que je ne parlerais pas des textes et de la passion des Californiens pour le grand barbu…

Alors nan, musicalement, ça envoie vraiment le bouzin. Chant, riffs, breaks, refrains, mélodies, tout est carré, entraînant, impressionnant. Les titres s’enchaînent mieux que papa dans maman et il est bien difficile dans sortir un du lot d’ailleurs, tant l’album est homogène et de qualité. Un petit faible pour « The Pain Is Gone » et sa ligne de basse bandante, l’énervée « Suffer » et ses palm mute tonitruants, la mélodieuse « Feel The Burn » sur laquelle la superbe voix de Josh Kemble est parfaitement mise en avant, la tout simplement monstrueuse « Never Die », la rageuse « We Cry Victory »… Je m’arrête là car je vais finir par citer tous les morceaux, ce qui serait justifié mais trop fastidieux pour bibi. Vous l’aurez compris, rien à redire musicalement. Le quatuor est au sommet question punk rock mélo. Le seul petit point négatif, que l’on retrouvera d’ailleurs sur "Building A Better Me" l’année suivante, est ce côté trop propret. Dogwood est un excellent groupe, il n’y a pas à tergiverser, mais il manque finalement d’un peu de charisme pour totalement nous emporter. Fallait bien trouver quelque chose à redire sur ses gentils scouts quand même, non ?

En tout cas si un Dieu du punk rock existait – avouez que ça serait fun, un grand barbu tatoué, Les Paul en bandoulière en train de s’arracher les cordes vocales devant des gentils petits chérubins – bref, si un tel Dieu dirigeait toute la petite planète punk rock depuis tout là-haut, sûr que Dogwood serait l’un de ses meilleurs disciples...