février
11
2005
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Interview >> Okploïde |
Aaah ! un peu de neuf côté interview sur punkfiction, voilà qui fait plaisir, hein ? D’autant plus qu’il s’agit là d’une interview d’Okploïde le groupe palois qui a marqué l’année dernière de toute sa fougue hispanisante avec son album Miseria Espectacular... Voilà un groupe français de plus qui peut désormais prétendre à l’international !
Salut les gars !
Bon PunkFiction en est à une dizaine d’interviews maintenant autant dire une grosse expérience dans ce domaine. Qu’est-ce que ça fait quand on est un petit groupe qui n’a encore rien prouvé d’avoir un tel honneur ? C’est un peu une consécration, non ?
Voici un bail que nous en rêvions, tous les jours l’espoir de recevoir les questions qui vont enfin donner au monde entier l’envie d’en savoir plus sur les enfants terribles de Pau... Et , un beau matin, enfin !!!
Plus sérieusement pouvez-vous préciser un peu l’origine du groupe, sa formation, ce que vous faites dans la vie etc...
La majorité des membres d’Okploïde est de Pau (64). Okploïde existe depuis 96 mais la formation actuelle remonte à 2002. Sur la route ce sont 8 musiciens : Steph (chant lead), Seb (guitare/choeurs), Geo (guitare/choeurs), Julien (basse/choeurs), Arnaud (batterie), Ramuntxo (sax et danse), Franck (trombonne/chant) et Yohan (trompette) ; 1 technicien (la Huche) et dans les coulisses, des graphistes (Dod, Ritton de Zookeeper et Khylvhy, un webmaster (Nico qui nous quitte et qui sera remplacé par Ritton et Oliv’ au managment, ainsi qu’une foule de bénévoles passionnés qui nous filent un coup de main ponctuellement comme Ampli, La Scène ou Apaucalypse... Le reste du temps vu qu’on est tous des rockers indécrotables, on passe la majorité de nos journées au studio de répet’ et en complément chacun va de sa petite recette pour boucler les fins de mois (interim, roadie, dealer...)
L’incorporation des cuivres est incontestablement une réussite et une des raisons du succès du groupe. D’où est venue cette envie et comment ça s’est fait ?
En fait ça s’est fait par la force des choses, Sylvain notre sax initial nous quittait pour poursuivre ses études et il nous fallait soit ré-écrire les morceaux sans les cuivres (ce qui a failli être le cas), soit tenter de recruter une section complète (il en valait 3 !!!) Alors on a lancé le mot et très vite des motivés se sont présentés et depuis ils bossent. Nous tenons vraiment à ce que les cuivres soient hyper précis, nous évitons les solos et cherchons la pertinence des placements des thèmes, surtout pas de mélodie « pouet-pouet » et jauger la présence de chacun afin de ne pas surcharger le tout. Disons que les lignes des cuivres sont écrites dans l’esprit d’une troisième guitare.
Qu’est-ce qui vous énerve le plus : qu’on vous compare à Ska-P pour le chant espagnol ou qu’on vous dise que vous faites du ska-punk à cause des cuivres ? Alors que vous n’êtes ni l’un ni l’autre...
Rien ne nous énerve, ça fait juste chier, on se demande si les mecs qui disent cela écoutent vraiment les cd qu’on leur envoie... même si on respecte Ska-P mais franchement à part notre adoration réciproque de la Majijuana il n’y a pas vraiment de similitude à mon sens après chacun est libre de dire "tiens ça me fait penser à tel ou tel truc". On aimerait bien faire un dizième de leur carrière...
Comment procédez-vous maintenant pour écrire un morceau ? Juste les cuivres qui viennent se greffer, ou vous pensez plus maintenant à mettre en valeur LA phrase de cuivre qui va faire mouche ?
En général les cuivres viennent se poser après qu’un thème soit retenu. C’est Julien , Seb et Joffrey qui sont sur la compos des musiques puis viennent les textes par Steph. Le processus de création est relativement long chez Okploïde mais ce n’est pas pour rien, nous essayons de lier originalité, puissance et efficacité, l’énergie est primordiale. Quant une phrase de cuivre déchire on essaie aussi de la mettre en valeur en dégageant de la place guitare ou chant, je trouve ce résultat convainquant sur « Secta » et « Miseria Espectacular ».
A propos des textes, d’où vient l’engagement du groupe, son discours ?
C’est Steph qui écrit, Okploïde est un groupe de Punk Rock, avec un discours de Punk Rockers donc pas besoin de te faire le détails de nos préoccupations, elles restent les mêmes pour la jeunesse quasi inchangées depuis 77. Les paroles sont dans le livret et c’est pas pour les petites filles !
Vous assumez, et revendiquez même, vos origines hispaniques. En Bretagne on a un peu ce même esprit de sauvegarde de l’identité. Mais que pensez-vous des dérives que cela peut engendrer ? C’est quelque chose qui pourrait vous inspirer une chanson ?
Nous sommes opposés à toute forme de sectarisme, fascisme ou autres revendications totalitaires, sommes formellement contre les attentats impliquant des populations civiles ainsi que toutes formes d’ingérence des pays dits « riches », et contre la mondialisation. La terre va très mal, à tous les niveaux et comme beaucoup de jeunes nous cherchons à faire notre bout de chemin du mieux que nous le pourrons en conservant notre propre identité, peu importe la couleur, l’origine ou la langue, cultivons nos différences, elle font la richesse du monde.
Le choix du chant en espagnol n’est pas très courant pourtant son rendu est excellent. Vous conseilleriez qui comme autres bons groupes de punk rock à chant espagnol ?
N’oublions pas que l’espagnol est la 2 ème langue la plus parlée au monde... Sinon les papes sont La Polla Records (ce sont les Sex Pistols espagnol), Kortatu, Extremoduro, Tijuana No, Sekta Core, Los Kung fu Monkeys, Division Minuscula...
Vous avez une nouvelle fois produit vous-même l’album. Vous pouvez nous parler un peu du système de souscriptions que vous aviez mis en place pour aider au financement ?
Ben en fait c’était une idée d’Oliv’... on avait le budget disque quasi bouclé quant s’est gréffée la tournée au Mexique de septembre et donc gavé de frais supplémentaires et la il a fallu improviser et demander de l’aide entre autres aux souscripteurs, on a fait environ 400 préventes dont 200 disques achetés par la Fnac de Pau.
Vous faites partie de Woolly Bully avec un groupe comme Korttex par exemple. C’est quoi au juste, un collectif, une asso, un truc de booking... ?
Woolly Bully c’est l’asso que développe Oliv’ notre manager. Il travaille avec nous et KORTTEX . En fait son but étant d’apporter aux groupes tous les outils et intervenants nécessaires à sa professionalisation (label, booker...) et en attendant de réussir le développement du groupe il assure pour OKPLOà DE tout ce qui est managment (de la promo, internet, les relations presse, le booking...). Il est aussi intervenu financièrement dans la production du disque, et recherche maintenant à signer en licence et ainsi obtenir une bonne distribution... Disons que Woolly Bully est un peu plus que ce que l’on attend d’un manager. Il est plus qu’investi dans le truc.
Vous aimeriez être signés par un plus gros label ou vous pensez pouvoir développer le groupe en restant "100% DIY" ?
Oliv’ cherche à faire signer le « Miseria Espectacular » en licence car Woolly Bully se retrouve producteur par la force des choses. Sans les motivés nous n’aurions pas pu mener à bien ces projets mais Woolly Bully n’est pas un label à proprement parler. Le métier de Label n’est pas le nôtre , ni celui de Woolly Bully du moins dans un second temps et nous pensons que notre musique peut prétendre à une diffusion internationale, l’étranger nous attire énormément et pour avoir testé nous en redemandons.
Quel est l’accueil général et les retombées depuis la sortie de l’album ? Vous en espérez quoi ? Jusqu’où va l’ambition du groupe ?
Ben écoute, je n’en crois pas mes yeux parfois, les chroniques sont très bonnes, en France mais aussi à l’étranger. Le disque est joué dans les radios où nous faisons nos envois au même titre que les grosses prod Ricaines et autres. Nous on adore ce disque c’est le résultat d’années de travail alors tous ces retours nous confortent dans nos choix et dans nos espoirs. Pour ce qui est des ambitions, le pied serait évidemment que l’album soit dans les bacs, que le téléphone sonne pour des tournées et qu’il y ait du monde sur les concerts... le reste est bonus.
Sur votre site on peut lire que vous êtes assez fiers de votre album, du rendu des compos et de la production... Moi je vous dis qu’il est merdique : défendez-le ! ;-)
ah ah ... c’est ton droit et comme je ne crois pas que la meilleure des défenses soit l’attaque, moi je te dis de le réecouter, et si tu restes sur ta position ce sera ton choix ! l’homme est libre.... Mais va te faire foutre quant même !!!! ;-)
Quelle est votre position sur internet, le mp3, etc... ? Vous n’avez pas de contact mail mais est-ce que c’est un outil qui vous semble utile pour un groupe comme vous ?
On adore internet. Oliv’ y est fourré à longueur de temps (d’ailleurs n’oubliez pas que le téléphone portable sera le scandale sanitaire le plus important de ce siècle !!!) Les autres du groupe s’y mettent mais le monde de l’ordinateur reste assez flou voir dangereux pour certains... C’est Oliv’ qui représente le groupe et qui fait remonter toutes les infos et tient le public comme les pros ou la presse au courant. Internet est un outil primordial pour le groupe. Notre site qui sera totalement revu d’ici peu de temps par Zookeeper. On a reçu 20000 visites en un an et demi et avons pu tenir les gens au courant des news, cela nous a aussi permis de nous ouvrir sur l’étranger, de rencontrer des tas de gens, de webzines et grâce à cela prétendre à une promo quasi gratos (merci les amis) alors qu’aucun journal ne diffusait les infos du groupe... Si les gens connaissent OKPLOIDE aujourd’hui c’est grâce à internet. Pour les MP3 et le téléchargement gratos je pense qu’il est inévitable, et c’est tant mieux si tel est le choix de l’artiste ou de la prod, c’est très bien pour faire découvrir les indés. Ce problème est le même que pour les intermittents : les grosses maisons de disques comme les grosses boites de prod audiovisuelles ont abusé du système et des consommateurs et c’est de leur faute si tant de gens ont pris l’habitude de copier pour ne pas payer 2 ou 3 fois le prix de reviens d’un disque. J’attends de voir ce que va devenir la production indé dans les années qui viennent et comment évolueront les ventes sur le net. Pour nous, groupe découverte, le problème ne se pose pas vraiment pour l’instant.
Le Mexique et un pays pour lequel vous semblez avoir une grande affection ? Pour quelles raisons ? Pouvez-vous nous décrire un peu ce que vous y avez vécu d’un point de vue artistique ?
Cette relation avec le Mexique est née d’une rencontre avec le groupe Mexicain Tijuana No en 2000 alors en tournée Européenne. Nous les avons rencontrés et le courant est passé directement. La barrière de la langue oubliée, des relations très fortes se sont tissées avec les membres de Tijuana No. Puis ce seront 3 tournées au Mexique et en Californie. Les Mexicains font la fête tout le temps, tant que tu es chez toi , le tapage nocturne n’existe pas. La jeunesse Mexicaine est très curieuse de toute la musique en provenance du vieux continent. Les échanges avec les autres groupes sont hyper spontanés et très simples, les Mexicains adorent communiquer et sont très chaleureux. Nous avons rencontré des tas de groupes, dj et autres et des liens subsistent. Nous aimerions beaucoup sortir le disque là -bas et comptons y retourner en tournée très vite.
Les expériences que vous avez vécues à Tijuana notamment vous ont apparemment beaucoup marqués. Pour beaucoup d’altermondialistes cette ville est un symbole très fort, quels sont vos ressentis sur ce qui s’y passe (lieu à la mode pour la jeunesse dorée californienne avec des boîtes et des libertés qu’il n’ont pas aux states et d’un autre côté la ville-industrie où des milliers de mexicains et d’immigrés se font exploiter par des multinationales qui viennent s’installer à quelques kilomètres de la frontière des USA) ?
Tu sais il est très facile d’aller dans le sens USA / MEXICO (même si cela se complique nettement quant tu voyages à l’intérieur du Mexique, que tu as tout le matos, 11 mecs en tournée et une crête verte au volant...) mais quant tu viens du Mexique vers les States mieux vaut il s’appeler Dugland que Quintero... C’est flippant, ce sont des heures et des heures d’attente avant de passer le poste de douane ou les maitres chiens anti stup remontent les files d’attente de bagnoles à la recherche de produit, enjambant les mendiants et les enfants des rues... Tijuana est semble-t-il une ville à part, une ville étape entre le sud et le nord et bien souvent les candidats à la carte verte restent bloqués à la frontière, du coup la ville est devenue un immense bordel entouré de quartiers populaires eux-mêmes entourés de genre de favelas, un choc avec les rues hyper clean de San Diego. En fait tu sais nous n’avons quasiment pas eu de relation avec les Américains, nous connaissons le mal qu’ils font avec leur vision mercantile du monde. Que ce soit aux States comme au Mexique nous évoluons dans un milieu Chicanos et nous jouons sur des évènements Latin et comme les clivages sont très prononcés entre les communautés nous avons que très rarement parlé Anglais hormis avec la police. Les quasi seuls Américains croisés sont ceux que tu décris et nous n’avions pas plus que cela envie de les rencontrer...
Comment avez-vous connu les gars du studio de graphisme Zookeeper.fr ? Leur travail sur l’artwork est assez saisissant. Vous pourriez nous parler aussi de ce que vous avez voulu faire passer à travers cette jaquette ou votre logo ?
Ils sont de Pau, ce sont des tronches énormes !!!!!!!!!!!!!!! Ils ont un studio dans le centre ville et sont regroupés pour développer 3 disciplines : le graphisme, le flash et l’internet ainsi que la communication visuelle. Ils ont notre âge et on se fréquente depuis tout petit. Ils nous ont eux aussi pris sous leur aile. Pour le skeud vu que ce sont des artistes nous leur avons simplement donné le master avec pour consigne : faites ce que vous ressentez, et voilà le travail. Nous avons beaucoup de retour sur l’artwork qui ne laisse pas indifférent, une sorte de fresque oldschool hyper réaliste et sombre, l’image d’un monde qui nous entoure et qui fait peur...
Votre rêve pour un concert ou un split-cd ?
Bah y’en a dix mille !!!!! j’sais pas le premier serait de partir en tournée avec Bad Religion et si la réincarnation existait partir jouer avec Luis et Tijuana No dans toute l’Amérique Latine...
Aller une petite question débile avant de finir : est-ce qu’il existe un plat encore plus dégueu que le guacamole (purée d’avocat à je sais pas quoi) au Mexique ? On veut la recette ! ;-)
C’est très bon le Guacamole, c’est pas cher et ça cale bien avec des bon tacos à la viande et un petit filet de citron, le tout accompagné d’une grande Tecate (bière locale), ça le fait ! Et nous ne bouffons pas de trucs dégueulasses d’abord, désolé. Mais je peux t’en inventer une à base de couilles séchées de serpent à sonnette macérées dans le mescal et arrosé de piment rouge, le tout bien accompagné de grandes louches de guacamole et de fromage orange fondu.
Bon ben voilà merci beaucoup d’avoir donner un peu de votre temps et on vous souhaite tout le succès que vous méritez ! Un dernier truc à dire ?
Merci à toi et à la Punkfiction team, nous sommes en contact et nous vous donnons rendez-vous pour découvrir le groupe en live sur les routes de France.
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