Contexte :

Cinq ans après avoir fait un joli buzz en France et ailleurs, notamment en Espagne et au Mexique, avec l’excellent album Miseria Espectacular, les palois d’Okploïde reviennent avec un nouvel opus sous le bras, Flores Y Golpes, et pas mal de chamboulements. Une bonne moitié du groupe a en effet été renouvelée avec l’arrivée d’un nouveau bassiste, d’un nouveau batteur, d’un nouveau tromboniste et la perte d’un trompettiste dans une section cuivre réduite désormais à un sax bondissant et un trombone de haut vol. Le groupe a pour autant énormément tourné et gagné en expérience depuis 2004. Elle est loin l’époque insouciante de Fiesta En La Luna… Dix ans d’existence déjà, un parcours qu’il convient de souligner tant il fait plutôt figure d’exception dans la scène punk rock française.

Chronique :

Impression mitigée. Bon sang j’adore ce groupe, je le suis depuis des années, je l’ai vu plusieurs fois sur scène, un exercice du live où il tient la dragée haute à bon nombre de groupes plus « professionnels »… Mais là le doute m’habite. Le renouvèlement de la moitié du groupe a peut-être laissé des traces, les années aussi. La bande et son inspiration paraissent usées. Malgré un album plus concis, là où le précédent était un peu long avec ses 50 minutes, Flores Y Golpes est bien moins riche, diversifié, frais et inspiré que la précédente livraison.

Les mélodies de cuivres sont désormais accessoires, ils ne sont pas transparents mais l’absence d’une trompette est un lourd handicap. Les quelques phrases cuivrées sont réduites à un rôle de ponctuation assez désagréable, alors que les refrains n’atteignent pas l’impact d’un « Secta », d’un « Pitufos », d’un « Guerra » ou d’un « Sensacion ». D’ailleurs le groupe reprend la mélodie de cette chanson pour une parodie folklo en fin de disque, histoire un peu de meubler avec un 10ème titre alors que le 9ème était déjà un instrumental un peu quelconque.

Bon j’arrêterai là les critiques parce qu’il y a aussi des raisons de s’enthousiasmer avec ce nouvel album (à commencer par le très bel artwork). Déjà ça reste du Okploïde, c’est-à-dire un punk rock puissant et carré, chanté en espagnol avec beaucoup de conviction et un certain engagement des plus agréables dans la démarche. En d’autres termes, rares sont les groupes de l’hexagone à atteindre ce niveau-là dans le genre (on citera P.O.Box et Freygolo quoi, pour compléter le podium dans le désordre).
L’album, qui comporte donc seulement 7 vrais titres plus une reprise musclée de Tijuana No ! (« Gente »), contient quand même quelques excellents moments comme le tube « Malentendido », ou la décharge d’énergie que constituent « Volverá El Boomerang » et « Otro Dia Más ») qui rappellent bien plus Miseria Espectacular que le mid tempo mou du genou de « Europena ».

A force de se le repasser le disque rentre même plutôt bien en tête. Okploïde n’a pas perdu la main et plusieurs refrains marquent les esprits comme « ¡ Eso Es ! » ou « Otro Dia Más ». Pour autant Flores Y Golpes, littéralement « des fleurs et des coups », laisse un sentiment d’inachevé. On ne l’attendait plus cet album, le groupe passant sa vie sur les routes. Déjà cinq ans que Miseria Espectacular tourne sur nos platines, mais ce disque-ci, pourtant sans défauts véritables, ne parviendra sans doute pas à l’en déloger.

(A noter une erreur d’impression à l’arrière du disque : « Malentendido » est bien en 5ème position, « Europena » en 6ème, et « Gente » en 7ème.)