Guerilla Poubelle

Guerilla Poubelle >> Il Faut Repeindre Le Monde… En Noir

Contexte :

L’ascension de Guerilla Poubelle n’a bien sûr pas attendu la sortie de ce premier album en 2005. Le background du groupe est déjà impressionnant six ans après le début de l’aventure avec les feux Betteraves. Après la démo Dégout Et Des Couleurs, le split-CD rétrospective partagé avec les brestois de Butter Beans (rip), et avant le succès phénoménal du groupe, voilà que débarquait en 2005 les 20 pistes d’Il Faut Repeindre Le Monde… En Noir !

Chronique :

Chroniquer le premier album de Guerilla Poubelle à sa sortie ou un an après est évidemment bien différent : des dizaines de dates, des centaines de sac à dos blancotés d’un « GxP » et des milliers de fans conquis, sont venus changer le contexte et l’ampleur du groupe parisien. Pour autant le succès doit-il interférer dans l’avis que l’on peut avoir sur la qualité de ce disque ? Sûrement pas, et encore moins a posteriori. Tentons donc de rester objectif : GxP n’est pas le groupe le plus original du monde, ni le plus technique, ni le plus carré, ni le plus varié, ni le plus digeste… Ça c’est fait. Le groupe se revendique clairement de l’école punk française des 80’s et de la vague alterno. De ce côté-là il n’a rien à envier aux Cadavres et autres, tout en parvenant à apporter une belle dose de modernité, rappelant assez les québécois de Vulgaires Machins. Ce premier album qui compte 16 vrais titres (si on excepte les 3 interludes et l’acoustique), livre donc un punk rock énervé (presque hardcore par instant), moins basique que ses pairs, plus rapide aussi, jeune, passionné et accessible comme le public à qui il se destine, mais toujours chanté en français.

Et c’est sûrement là la clé de voûte du succès de Guerilla Poubelle. Le désert culturel français n’attendait finalement que ça pour accorder à plus grande échelle son moment de gloire à ce style : un groupe capable de pondre des textes punk mais intelligents tout en restant festif et accessible ! Car à l’image des Betteraves, véritable happening artistique à part entière, Guerilla Poubelle est aussi un concept. Et cela ne tient pas qu’à la présence sur scène de Jokoko, artiste peintre (et psychocorporel !) et gueulard de service. Du punk rock parisien (ça aide), énervé, fédérateur, jeune et un brin conceptuel voilà qui plaît dans l’absolu artistiquement et où les media peuvent aussi trouver un intérêt temporaire. Car il ne faut pas nier au succès du groupe une part d’effet de mode (N°1 de l’indé 30 de la radio Le Mouv’ pendant plusieurs semaines en 2006). Le groupe lui est toujours resté fidèle à lui-même, activiste, ne signant pas sur un gros label, restant non inscrit Sacem et simple d’accès, et c’est tout à son honneur !

Mais revenons sur le fond car c’est là aussi une des qualités du quatuor. Chanson après chanson les paroles enfilent en effet les manifestes et les constats d’urgence derrière un apparent premier degré où chacun à l’envie, trouvera son compte. Punk = existentialisme, comme stipulé à l’entrée du site du groupe, ce slogan lapidaire résume assez bien la démarche du groupe, incarnée en premier lieu par le succès radio « Demain Il Pleut ». Titre fondateur du groupe, sa compo la plus longue, empreinte de désillusion, symbole même du cynisme sociétal de Guerilla Poubelle. Alors on peut évidemment comme pour beaucoup de morceaux du groupe, s’arrêter au refrain, à simplement crier l’exutoire « Je m’emmerde ! » mais l’essentiel est ailleurs. Désabusés les GxP ? Sûrement plus que la bonne humeur qu’ils dégagent veut bien le laisser paraître. Mais la bande a surtout mûri, moins d’excès d’opinions qu’à la prime époque, moins d’attitudes de ‘rebel adolescent’, plus de nuances et ça lui va plutôt très bien ! Tout cela est cependant tempéré par la présence dans la tracklist d’environ 40% de vieux morceaux figurant déjà sur le split avec Butter Beans (*), mais l’évolution de Guerilla Poubelle dans le style, la musique, les paroles, l’attitude, fleure bon. Futur groupe culte (déjà ?) parce qu’artistique avant tout !

Ce qui est indéniable un an après c’est qu’Il Faut Repeindre Le Monde… En Noir ! est un album qui aura marqué une génération. On pourra toujours jouer au vieux con ou à l’élitiste de service pour reprocher au groupe son côté ‘parisien’ ou ‘groupe pour jeunes’, héritier effronté d’un style punk français qu’il remet au goût du jour malgré les conventions bien (trop) établies ; mais il n’y a pas de fumée sans feu et on aurait tort de cracher sur le succès d’un tel groupe. « Culture Poubelle », « nouvelle star des cons », « consommation de masse » « apathie des moutons » et « loi du marché » tant que ce sera eux la culture « nous s’rons la guerilla ! ».

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