Contexte :

En guise de contexte on pourrait céder à la facilité du catalogue discographique qui fait office de pedigree chez un groupe comme Adam West. On pourrait vous dire qu’après 17 ans de carrière, le quatuor connaît ici son 14ème line up différent, si j’ai bien suivi (et comptez sur eux pour ne pas s’être vantés de la moitié des changements de musiciens !). On pourrait vous dire qu’Adam West c’est un peu le super-héros méconnu du rock n’roll de ces dernières années (ça permettrait en plus de vous rappeler que le nom du groupe est celui du premier acteur à avoir incarné Batman à l’écran...). Et on pourrait enfin vous annoncer avec gravité que ce 6ème album studio (et là je suis sûr d’avoir bien compté) sera le dernier, précipitant du même coup les protestations de tout un public heavy-punk-hard-n’roll qui encense Adam West au point d’affubler déjà Jake Starr et sa bande du qualificatif de « groupe culte »…

Chronique :

On pourrait… mais on ne le fera pas ! Bon sang de bois Adam West bande encore ! Adam West s’arrête au sommet de son art avec ce disque intitulé ESP : Extra Sexual Perception. Tout un programme ! Adam West est un groupe qui a toujours vécu au présent, avec son « straight forward guitar driven hard n’roll », propageant une musique née il y a longtemps mais de façon moderne et sans concessions. Le coup de pied au cul qu’on prend à un concert d’Adam West ou à l’écoute d’un de ses disques, t’inquiète mon pote il se vit bien au présent !

« Beyond The Pillars Of Hercules » sera bien vite à oublier, pour le reste rien à jeter. Danko Jones prend une belle taloche dans les burnes avec des titres comme « You’re My Solar Flare », « On Her Satanic Majesty’s Secret Service » ou la chanson-titre de l’album. Groove imparable (« Stag Party », un chef-d’oeuvre), soli dantesques, ça dandine des hanches sur les mid tempo chaloupés, ça pogotte sévère sur les titres plus expéditifs tels « I Already Fucked You… In The Future » ou « When Girls Collide ». ESP : Extra Sexual Perception est un concentré de viagra rock n’roll ! Ce n’est surement pas l’album de la maturité pour Adam West, peut-être même pas le meilleur album du groupe, c’est en tout cas la dernière pierre de l’édifice, celle que la bande à Jake Starr laissera au sommet de sa carrière.

On pourrait donc tomber dans l’hommage qu’un tel groupe mérite au vu de son parcours exemplaire. Pas de compromissions, pas d’ambigüités vis-à-vis de toutes les récompenses attribuées par le milieu des critiques rock de la côté Est, un label autogéré dès les débuts du groupe (Fandango Records qui a depuis du plomb dans l’aile, crise du disque oblige) ; tout ça explique sans doute qu’Adam West n’ait jamais rencontré le succès commercial qu’il méritait, notamment à l’époque du pseudo revival rock n’roll des groupes en « The » mous d’la glotte (début des années 2000). Pas assez lisse Adam West, dans le propos aux multiples allusions libidineuses et décadentes, comme dans la forme.

Parce que dans la forme Adam West est au-dessus du lot et, cherchez pas, c’est juste pas contestable. Je ne vous parle pas d’originalité, je ne vous parle pas de groupes qui essaient de faire évoluer le garage rock des origines et le son de la bande à Lemmy, je vous parle des groupes qui vouent une adoration ("qui tournent en rond" diront certains) à ce rock dur et poilu, mélange de classic rock de papa, du furia punk n’roll et de sonorités stoner. Et parmi ceux-là Adam West et l’organe virilissime de Jake « Throat » Starr c’est ce qui se fait de mieux. On pense à la rencontre de Peter Pan Speedrock et des Hellacopters, du MC5 et de Motörhead, du classique parmi les classiques et c’est bien ce qui fait parler d’Adam West comme d’un groupe déjà culte. La consécration sera peut-être posthume qui sait ? Avec ce 6ème album le groupe peut en tout cas partir la tête haute, poing rageur, guitares en érection : « You Wanted The Best And You Got It, The Hottest Band In The Land… Adam West ! »