Leftöver Crack

Publié le 27 octobre 2007 par Seb-O-Matic

Un an après la chute du mur de Berlin (donc en 1990), deux jeunes ados se rencontrent dans un lycée new-yorkais. Leur goûts communs pour le punk-rock mais aussi une vision de la vie à l’opposé du modèle de la consommation de masse qu’on veut leur imposer, incitent Alec et Stza (à prononcer Stizza sinon c’est tout simplement pas possible) à se faire entendre. Pour ça les deux nouveaux compères décident de fonder un groupe au nom explicite de No Commercial Value. Alec est à la basse, Stza à la guitare, le duo débauche un batteur et une chanteuse et commence à dénoncer dans leurs caves, garages et autres squats, leur haine viscérale pour le gouvernement américain.

Alec décide néanmoins de quitter la formation pour aller s’amuser avec le groupe Agent99 en bonne compagnie (l’ex-Slacker Dunia Best entre autres). Son remplaçant fut vite trouvé en la personne de Sascha Scatter, un bipolaire un peu retourné du ciboulot apparemment. Mais là c’est le batteur et la chanteuse tirent leur révérence. C’est un certain John Dolan qui devient le nouveau batteur de la formation. Faut s’accrocher, parce que c’est loin d’être fini...

Après l’enregistrement de l’EP désormais culte "Crack Rock Steady", qui définit le style du groupe, Sascha de barre ç son tour. Là ça commence à devenir n’importe quoi, avec le retour d’Alec, qui repart aussitôt pour être remplacé par un novice (Pezent Shayne), qui se fait virer parce que trop mauvais pour re-redonner sa place à... Alec. Celui-ci a foutu un tel bordel dans la scène new-yorkaise que Agent99 a splitté. Du coup il est encore une fois viré, et le petit Shayne, qui a eu le temps de s’entraîner, peut revenir dans le groupe. Ouf !

Tirée du vinyle "Squatter’s Paradise", la chanson "Infested" se retrouve sur la première compilation "Give’em The Boot" chez Hellcat Records. Tim Arsmtrong (doit-on le présenter ?) est séduit par le groupe, et lui offre un contrat sur son label, ce que les Choking Victim acceptent volontiers, considérant cette opportunité comme leur seule et unique chance d’enregistrer un véritable album. Ezra est alors engagé comme second guitariste, mais la fin de Choking Victim arrive très vite après, avec quand même l’épique "No Gods / No Managers", sur lequel on retrouve par exemple le hit "500 channels", en boîte. Une page se tourne, le Stza fait ses valises pour San Francisco, ingurgite des quantités astronomiques de whisky et encore plus de crack (d’où l’idée du nom), tout en continuant d’enregistrer sur un petit 4-pistes. La motivation revient, et il engage Brad Logan (F-Minus) comme guitariste, A.W.O.L. (Suicidal Tendencies/ Beastie Boys) à la batterie, et à la basse, devinez qui ? Alec ! qui vient faire la nique à tous les super-héros hollywoodiens, en s’offrant une énième suite !

La production de ces quelques titres est confiée au producteur de "No Gods/ No Managers", Mike T. (qui après recherche, n’est pas de la famille de l’interprète de Barracuda... du moins officiellement). L’album un peu fourre-tout (comme Rocco quoi), sort sur le petit label Blankshot Records sous le doux patronyme "Rock The 40oz" (unité de mesure du liquide de par chez eux), et la chanson "Crack City Rocker" se retrouve sur le second volet de Give’em The Boot". Encore une fois Tim Armstrong décide de mettre la main à la poche et de faire entrer le groupe dans le catalogue Hellcat. Stza forme donc un véritable line-up avec Alec, et Ara à la batterie. Incroyable coïncidence : le premier véritable album sous le nom Leftöver Crack, "Mediocre Generica", sort le... 11 septembre 2001 ! Comme 70% des américains ne se rappellent pas en quelle année a eu lieu ce triste événement, je rappelle que cette date correspond aux attentats sur le World Trade Center. En tout cas le groupe part pour sa première tournée mondiale, en passant pour la première fois en Europe.

Quelques tensions apparaissent avec Hellcat, à cause des visuels utilisés par le groupe, comme celui de "Shoot The Kids" quelques mois après la tuerie de Columbine, ou celui proposé pour la pochette du prochain album, montrant les Twin Towers en feu. Le groupe rencontre alors Jello Biaffra (lui non plus, pas la peine de présenter j’espère !?), qui propose au groupe de l’accueillir sur Alternative Tentacles. LöC trouve un véritable appui politique et musical, et balance avec "Fuck World Trade" un album fulgurant, faisant partouzer envolées mélodiques de grandes classes, déchirements keupons et parties de ska pour faire danser les foules, avec quelques productions du maître Steve Albini et des choeurs d’autres militants, plus lookés : Anti-Flag. Le groupe repart en tournée un peu partout, en 2004 ils font même escale dans la petite ville de Chambly (60). Ils trouvent en France dès 2002 des copains comme Union Jack, avec qui ils se plaisent à jouer. De concerts en concerts mais aussi de défonce en défonce, le line-up du groupe a décidément du mal à se stabiliser, l’envoi d’Ezra en cure de désintoxication pendant leur dernière tournée européenne en atteste.

Leur dernière date archi-comble au Batofar de Paris avec un gratteux d’Infested pour compenser, fut l’occasion de constater le niveau d’imbibition de Stza même sur scène. Aujourd’hui le line-up semble aussi solide que possible (on n’est jamais à l’abri avec ces gars-là) : Stza (qui se fait désormais appeler Sturg Crack), Ezra Kire et Brad Logan aux guitares, Alec à la basse et Ara à la batterie. Pourvu que ça dure, comme dirait l’autre...

Toujours désireux de prendre tout le monde à contre-pied, les Leftöver Crack annoncent que leur prochaine sortie discographique sera un split avec Citizen Fish (ex-Subhumans). La vraie surprise, c’est le label : Fat Wreck Chords ! Le son cradingue de Leftö chez la machine de guerre californienne fait grincer quelques dents et redouter un traitement du son pas vraiment "crack rock steady", mais l’enregistrement de leurs chansons se fait à la maison, et à l’écoute du résultat toutes les inquiétudes s’envolent.

Finalement en 2010 le groupe est toujours là (et surtout Stza n’est pas encore mort d’un OD !), et compose son prochain album en prenant son temps...

Leftöver Crack reste ce groupe unique, conjuguant à la fois classe et crasse en se foutant éperdument des modes de vie conditionnés. L’avenir ne s’annonce pas radieux, mais toujours aussi chaotique, et c’est bien là ce qui fait leur force. La plus grande crainte qu’on puisse avoir, c’est d’apprendre leur mort. Autant s’y préparer de toute façon, parce que si ces gars atteignent les 50 ans, c’est que les docteurs sont des menteurs ! Mais quand viendra la fin on pourra toujours trinquer : "To the Good, the Bad, and the Leftöver Craaaaack !".


La Discographie

2007 - Deadline : Split w/ Citizen Fish

2006 - Split w/ F-Minus, Morning Glory and Bent Outta Shape

2004 - Fuck World Trade

2001 - Mediocre Generica

2000 - Shoot The Kids At School (demo)

2000 - Rock The 40oz, 7''

1999 - No Gods, No Managers

1997 - Squatta's paradise And Crack Rock Steady


Les Interviews

22 octobre 2007 : Leftöver Crack

Rendez-vous à 19h00 pour interviewer les Crack City Rockers. Ils n’arrivent devant la péniche qu’à 18h45, et plutôt que de partir faire les balances, ils s’attablent, mangent leurs pizzas et enquillent les verres. Il fait très beau ce jour-là et le groupe est très souriant. J’avais peur que Stza soit complètement défoncé comme l’année dernière et de ne rien comprendre à ce qu’il raconterait, mais il semble presque sobre, s’exprime intelligiblement et avec le sourire. Ouf !


Les Live Reports

27 juillet 2009 : Leftöver Crack + The Casualties + Star Fucking Hipsters + Trash Talk
Lieu : Gramercy Theater (New-York - USA)

19 août 2008 : Leftöver Crack + The Band Geek Mafia + Guests
Lieu : 911 - Belvaux (Luxembourg)

24 août 2007 : Leftöver Crack + Union Jack + Time Bomb
Lieu : Batofar (Paris)

25 août 2006 : Leftöver Crack
Lieu : Yeovil - UK (Ski Lodge)

19 août 2006 : Leftöver Crack + Condkoï + Union Jack + Edge Up
Lieu : Batofar (Paris)


Galeries Photos

24 août 2007 : Batofar (Paris)

19 août 2006 : Batofar (Paris)

Les Chroniques
- ALBUMS / SPLITS


Deadline : Citizen Fish w/ Leftöver Crack (2007)


Fuck World Trade (2004)


Mediocre Generica (2001)


No Gods, No Managers (1999)


Squatta’s Paradise And Crack Rock Steady (1997)