Strung Out + Straightaway @ Batofar (Paris)

Publié le 27 mars 2010 par Anarchibald

Un concert en pleine semaine ce n’est jamais vraiment l’idéal (surtout si l’on n’est pas du coin), sauf… sauf si on n’a rien à faire de ladite semaine. Et c’est effectivement mon cas. Aussi, lorsque Strung Out (qui n’est pas le groupe le plus fréquemment de passage en France) annonce une date à portée de train, on ne réfléchit pas longtemps (en plus réfléchir ça fait mal à la tête).

Tout juste sorti de la gare, je prends la direction du Batofar. Ce n’est pas encore ou plus la cohue dans le métro ce qui me permet d’arriver pépère vers 19h15 devant la péniche. Le temps de siroter une bière que le voyage a fait quelque peu tiédir et on y go. Enfin on attend l’ouverture des portes car ce n’est que vers 19h25 que la voie vers le ventre du bateau sera dégagée. A l’intérieur 7€ la pinte : ils se font pas chier tiens. Il me semble d’ailleurs que les prix étaient moins élevés la dernière fois que je suis venu (3 ans déjà). C’est ça ou le fait de fréquenter des endroits où la boisson n’est pas vendue à prix exorbitants (ce qui à certains endroits ne veut pas forcement dire "raisonnable", mais passons). Quoiqu’il en soit je me fais violence et décide de boycotter le bar (enfin c’est ce que je crois…).

La première partie est assurée par Straightaway, groupe dont je ne connais pas grand chose, et pourtant il n’est pas difficile de se mettre quelques uns de ses titres dans l’oreille étant donné que leur premier album est dispo en téléchargement libre. Le groupe, qui n’a pas officié dans la capitale depuis un an et demi, revient ce soir avec un nouveau line-up puisque leur ex-guitariste Saul a été remplacé par le bassiste du groupe, Fab, lui-même ayant laissé sa place à Paul, le petit nouveau. Pour ce qui est du son ça envoie un punk-rock mélodique, très mélodique, vachement mélodique en fait. Un aspect sonore d’autant plus renforcé par un chant loin d’être rocailleux. Cela plaira aux amateurs du genre tout comme cela fera fuir ceux qui hérissent les poils dès qu’une mélodie quelque peu travaillée se glisse sur un riff. Le groupe enchaine donc les morceaux, profitant des pauses pour vanner son nouveau bassiste sur ses pains. Du coup celui-ci se casse, ah non en fait il part faire un tour dans le public grâce à l’escalier menant à la scène. Côté titres, les zicos étant en train de pondre un nouvel album, ils profitent de l’occasion pour nous en offrir quelques extraits sans pour autant nous noyer dans la nouveauté. Le groupe finit son set en reconstituant temporairement son ancien line-up puisque leur ex-guitariste est présent ce soir.

Avec tout ça on crève bien de chaud dans la salle et la soif se fait plus forte que l’indignation du porte-monnaie, aussi je me résous à prendre une pinte histoire de calmer le gosier.

Malgré le démontage/remontage de batteries, le changement de plateau s’effectue dans des délais corrects et une demi-heure après le départ de Straightaway, Strung Out entre en scène. Une arrivée en grande pompe appuyée par un générique typé film d’action (celui de "Rock" il me semble). Le show commence alors tout en muscles avec « No Voice Of Mine ». La scène du Batofar n’étant pas immense, le groupe essaye tant bien que mal de s’agencer sur celle-ci, alternant par moment les places de gauche à droite histoire d’en donner quand même à tout le monde. Seul Jason restera globalement cantonner à la même place durant tout le set afin d’éviter les chocs malencontreux. Cela ne l’empêchera pas de s’offrir, plus tard dans le set, une petite descente dans la fosse (comme quoi cet escalier est vraiment pratique), ce qui lui vaudra de se prendre une rasade de bière en pleine face (on se demande à quoi pensent certains…).
Le jeu s’adoucit un peu pour laisser place à « Exhumation Of Virginia Madison », puis c’est le tour « Carcrashradio », premier titre du dernier opus à être joué ce soir, suivi par sa consœur « Vanity ». Côté public, il faudra finalement attendre le cinquième titre pour que le pogo se mette en route. Rien de bien violent et méchant toutefois et il sera facile de prendre ses aises au premier rang tout le reste du concert sans se faire régulièrement caresser les reins. Il n’y aura que les grosses machines comme « Analog » ou « Black Crosses » pour redonner un coup de fouet à tout ça et surtout faire gagner quelques décibels aux chœurs du public.

Des pointures, il y en a dans la setlist comme « Too Close To See », « Cult Of The Subterranean », « Velvet Alley » (sur laquelle Lotfi, le chanteur/guitariste de Straightaway viendra pousser la chansonnette) ou la plus récente « Mission Statement ». Au final les derniers albums sont moins présents que ce à quoi je m’attendais, et le groupe n’hésite pas à revenir une bonne dizaine d’années en arrière ou plus avec des titres comme « Mission To Mars » ou « Radio Suicide ». Des morceaux qui s’enchainent sans trop de temps morts. Quelques rares pauses tout de même, le temps d’évoquer leur dernière (lointaine) venue à Paris : c’était en compagnie et NOFX et ils avaient joué dans la rue, et pour cause, c’était à l’occasion de la fête de la musique (!). Des intermèdes qui n’échapperont pas aux habituelles remarques sur le fait de jouer sur un bateau. Rob proposera d’ailleurs en rigolant une petite expérience en demandant aux spectateurs de courir en bloc de gauche à droite. Cela dit ici pas besoin de ça pour sentir la salle remuer sous ses pieds : le Batofar ou le seul endroit où même les sXe ne marchent pas droit.
Une heure est passée et c’est déjà la fin. Événement marqué par la prenante et géniale « Matchbook » qui vient donc clore le set avec une pointe d’émotion. Le groupe est à peine parti que les voix et les mains commencent à chauffer pour le faire revenir. Et comme cela ne semble pas suffire, on y adjoint très vite les pieds. Strung Out refait alors surface pour un rappel mais ce retour se fait en demi-teinte puisqu’on nous apprend qu’ils n’ont le temps que pour une chanson de plus (le spectre des horaires couche-tôt du Batofar plane une fois de plus sur la salle). Pas le droit à l’erreur donc, et pour frapper un grand coup le groupe nous sert « Bark At The Moon », reprise d’un certain bouffeur de chauve-souris, qui fait preuve d’une efficacité non négligeable en live.

Voilà c’est fini, le groupe sert quelques mains, refile des médiators (et même un saucisson !) et tout s’arrête. Impossible alors de ne pas être déçu, non pas par le set de Strung Out, mais par la durée de celui-ci. Une heure et des poussières pour résumer l’imposante discographie d’un tel groupe ça passe un peu mal (les absents de tailles affluent comme « Bring Out Your Dead », « Lost Motel », « The Kids »…)... Moins facilement encore si on prend en compte le fait que les zicos sont loin de s’arrêter tous les 6 mois en France. Pour rester optimiste, on se dit tout de même, pour cette dernière même raison, qu’il aurait été con de louper ça !


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