Interview avec A Wilhelm Scream

Date de publication : 11 septembre 2008
Mai 2008. Second acte du Support Your Seine IV, et les mélodieux barrés d’A Wilhem Scream sont en tête d’affiche, accompagnés par les frenchies d’Uncommonmenfrommars et Hogwash. Lunettes de soleil vissées sur l’appendice nasal et haleine fétide de sortie, le chanteur Nuño vient poser ses fesses dehors pour répondre à nos questions.

-Salut Nuno. Alors, tu vas porter ton fameux maillot des Sonics ce soir ?

  • Non je ne pense pas. Ce soir je vais probablement porter le même t-shirt que j’avais hier soir.

-Ah ok. Mais c’est quoi l’histoire de ce maillot des Sonics, que tu portes tout le temps ?

  • En fait quand j’étais plus jeune, enfin même encore maintenant, j’étais un gros gros fan de NBA, et un des joueurs que j’idolâtrais était Shaun Kemp. Un jour que je rentrais chez moi (je viens du New Jersey), je me suis retrouvé au bar. J’étais assez bourré, en train de fumer et manger un gros hamburger, et on parlait de basket avec un pote. A un moment de la conversation je lui dis mon admiration pour ce joueur, et il me dit de venir chez lui. On va dans sa chambre, et il me sort ce maillot qu’il m’offre. C’était super cool.

-Nuno, c’est de quelle origine ?

  • C’est portugais. Ma famille a émigré du Portugal dans les années 70. Mes grands-parents et mes parents sont nés au Portugal, mais je suis né aux USA.

-Et tu as déjà eu l’occasion de jouer là-bas ?

  • Non, pas encore, mais le dernier concert de cette tournée se passera au Portugal. J’ai vraiment super hâte, à la rigueur je men fiche si il n’y a personne, juste jouer devant toute ma famille ça va largement suffire à me faire prendre mon pied ! (rires)

-Tu vas y rester un peu alors ?

  • Non malheureusement on doit repartir chez nous quelques heures seulement après le concert, ça me fout un peu les boules mais bon...

-Et sinon comment se passe la tournée pour l’instant ?

  • Impeccable. On vient de finir de tourner avec Red Light Flash, que l’on adore et avec qui ça se passe toujours super bien. On s’est vraiment bien marrés.

-Comment vous vous occupez pendant ce genre de longues tournées ?

  • On lit pas mal dans le groupe. Personnellement je passe aussi beaucoup de temps sur ma PSP, à jouer où regarder des films. J’aime aussi visiter les endroits dans lesquels on passe, aller à la rencontre de cultures différentes de la mienne, rencontrer des gens. Le problème de ce genre de tournée c’est que si tu te laisses aller tu t’installes vite dans une routine. Tu arrives, tu déposes le matériel, tu fais la balance, tu fais des interviews, tu manges, tu joues, tu remets le matériel dans le camion, tu te mets minable pendant la soirée et tu te réveilles dans ton van avec un mal de crâne... On est en quelque sorte enfermés dans un genre de structure, et on a pas vraiment de temps libre à proprement parler...

-Est-ce que c’est pour toi un regret, de finalement ne pas pouvoir profiter d’être en tournée pour découvrir un peu mieux les pays que tu traverses ? C’est l’idée que tu avais d’être un musicien en tournée ?

  • Je ne peux pas dire que je sois déçu... Ça serait un peu se tirer une balle dans le pied. On est privilégiés d’être à cette place, on est très heureux d’être là. On rencontre des gens, nous faisons de nouveaux amis... Ça serait malvenu de se plaindre.

-Est-ce que vous rencontrez toujours des fans de Smackin’ Isaiah ?

  • Ouais des fois. Ça devient rare, quelques gens sont de gros fans du groupe et se documentent à fond, trouvent nos anciennes chansons et nous parlent de Smackin’ Isaiah. Des fois même on nous demande de jouer des chansons de Smackin’ Isaiah...

-Est-ce que vous pourriez encore y arriver ?

  • (rires) Peut-être pas. Ou alors pas très bien.

-Le cinéma semble tenir une place importante dans le groupe, au travers des titres de chansons, de l’artwork ou même du nom du groupe. Qui est derrière tout ça ?

  • Nous sommes tous de grands fans de cinéma dans le groupe. Trevor l’est d’autant plus qu’il a fait des études de cinéma, pour devenir auteur. Mais c’est vrai que l’on a plein de références, comme par exemple le titre "Get mad you son of a bitch" qui est en fait une réplique tirée de "Glengarry Glen Ross" (avec Alec Baldwin et Kevin Spacey entre autres, ndr). Un film vraiment génial mais que peu de gens ont vu finalement... Personnellement je suis un gros fan des films autour de l’univers carcéral, et là j’ai très hâte de voir le nouvel Indiana Jones, le nouveau Batman aussi qui s’annonce énorme. J’adore aller au cinéma, c’est une sorte de déconnection, d’aventure. Il y a ce moment où tu attends que les pubs arrêtent de défiler sur l’écran, ce silence qui se fait quand la salle devient noire et cette sorte d’excitation quand le générique commence...

-Pour revenir à la musique, "Career Suicide" est encore plus rapide, plus fort, plus fou que vos précédents albums. Quel était votre état d’esprit au moment d’aborder la composition de cet opus ?

  • En fait tout ça est vraiment venu naturellement. On a commencé à écrire et on se disait "ça c’est bon", "ça c’est moyen". On faisait le tri et on se retrouvait derrière certaines idées. On n’est pas parti avec l’intention d’enregistrer un truc plus barré qu’auparavant. Enfin pas de façon consciente en tout cas. Mais l’atmosphère dans laquelle on se complaisait à l’époque correspond bien à ce que l’on a mis sur la bande sonore.

-Et pendant les concerts, comment réagissent les gens sur les nouveaux morceaux ?

  • Assez bien. Ils les connaissent, et savent comment réagir à tel ou tel moment de la chanson, à quel moment le rythme va changer. Et nous de notre côté on prend beaucoup de plaisir à les jouer. On veut faire de la musique plutôt "technique", mais on a toujours dit que cet aspect ne devait jamais primer sur le fun. Le jour où on ne fera que s’appliquer à sortir un déluge de notes sans pouvoir nous amuser parce que l’on doit rester trop concentrés, alors ça sera mauvais signe. On prend vraiment très au sérieux le fait de s’amuser ! (rires)

-Vous n’avez jamais été tentés de faire des chansons plus... disons ordinaires, histoire d’avoir peut-être plus de succès médiatique ?

  • Genre pour passer à la radio et tout ? Ca n’est pas pour nous, c’est pour les gars comme Nikelback et ce genre de merdes. Je suis un mec simple, je veux juste faire de la musique qui me plaît sans avoir à suivre des règles dictées par un agent artistique tout pourri ou une maison de disques de mes deux. Si c’était le cas je préférerais tout de suite arrêter de faire de la musique.

-Est-ce que tu dirais que "Jaws 3, people 0", est la chanson la plus folle jamais composée par le groupe ?

  • Oui je pense bien. (rires) En fait c’était deux chansons différentes à la base, mais je ne sais plus qui a eu l’idée géniale de les rassembler pour que l’on en ait plus qu’une, et le résultat est assez génial je trouve. C’est le chaos absolu, c’est génial. D’ailleurs on la joue tous les soirs.

-Est-ce que c’est une voie dans laquelle vous aimeriez continuer ?

  • Carrément. Je préfère que l’on évolue d’album en album, que l’on s’aventure vers des choses plus ambitieuses plutôt que de tourner en rond et toujours refaire la même chanson...

-Tu veux dire comme Offspring ?

  • (rires) C’est toi qui l’as dit ! Mais c’est un bon exemple. Il y a tant de groupes qui appliquent toujours la même formule : intro-couplet-refrain-couplet-refrain-solo-refrain... Ça tourne en rond et ça devient chiant, ultra-prévisible. Et c’est tout l’inverse du genre de groupe que nous voulons être. On cherche à rester le plus créatifs possibles.

-T’as pas vraiment une réputation de Straight Edge, est-ce que des choses comme l’alcool, la drogue, vous aident à développer votre créativité ?

  • Peut-être. La plupart du temps on est sobres quand on écrit. Mais le fait de ne pas être dans ton état normal peut aussi bouleverser ton ressenti, et du coup affecter ta manière de composer. C’est une piste que nous n’explorons pas beaucoup mais c’en est une. Même avant de jouer on évite toujours de se défoncer, on se rattrape après. (rires) Sur la route en revanche il m’arrive très souvent de me rouler un petit joint, c’est très appréciable.

-Comment vous composez dans le groupe ?

  • On jamme tous ensemble généralement. Des fois il y en a un qui vient avec une idée, puis l’autre a un truc qui colle avec ça, alors ça devient le début d’une chanson, ou un riff, un break... En général c’est Trevor qui organise plus ou moins tout ça, mais vraiment, tout le monde prend part à l’élaboration des morceaux.

-Vous avez une très bonne réputation scénique. Est-ce qu’un DVD live est prévu ?

  • Oui c’est clair qu’on va faire ça. On a déjà pas mal filmé de trucs depuis quelques années et on va essayer de monter un truc bien, pour nos fans les plus anciens, qu’ils aient un bel objet avec un contenu riche.

-Peux-tu nous parler du départ de Chris Levesque ?

  • Ah mon vieil ami Chris... En fait quand nous partons en tournée nous ne nous faisons pas d’argent. Enfin si un peu, mais de quoi en vivre le reste de l’année quand on rentre chez nous. Dans ces conditions ce n’est pas forcément facile de stabiliser sa vie, et Chris avait de plus en plus de mal à gérer ça depuis quelques temps. Il devenait de plus en plus réticent à partir en tournée, il a donc décidé d’arrêter. Nous avons perdu bien plus qu’un guitariste, bien plus qu’un ami avec son départ. Mais Mike qui l’a remplacé a tout de suite trouvé sa place, il est excellent et c’est un mec tellement sympa que ça ne pouvait que bien se passer, d’autant plus que nous étions déjà amis auparavant donc ça aide.

-C’est Nick Diener des Swellers qui a assuré l’intérim entre Chris et Mike. Quelle est votre relation avec The Swellers ?

  • Très bonne. On a fait pas mal de concerts ensemble et on s’est toujours entendus à merveille, nous sommes devenus bons amis. Aussi quand il a fallu trouver un remplaçant à Chris on a tout de suite pensé à demander à Nick, qui a accepté et s’en est très bien tiré. Il nous a vraiment permis de maintenir le cap.

-Le petit nouveau, Mike Supina, semble d’ores et déjà très complémentaire avec Trevor. Comment se passe son intégration ?

  • Il a un si bon esprit. Il fait vraiment partie des plus gentilles personnes que j’ai jamais rencontrées, et il nous apporte toute son énergie positive, il me rend vraiment heureux et c’est véritablement un bonheur de l’avoir auprès de nous.

-Tu es un gros fan de hip-hop...

  • Oui c’est vrai. Enfin le punk est bien plus important pour moi, il fait partie de qui je suis et c’est "ma" musique, celle dans laquelle je me reconnais. Mais j’ai énormément d’affection pour le hip-hop. Je suis un gros fan de Wu-Tang Clan notamment. Il y a plein d’artistes hip-hop que j’aime, comme Outcast, mais c’est vraiment Wu-Tang qui est pour moi le meilleur.

-Et tu n’aurais pas envie d’exprimer ta passion pour le hip-hop en montant un side-project ?

  • (rires) Non. J’aime bien écouter mais chanter ça ne serait sans doute pas terrible.

-Combien de temps t’es-tu entraîné avant de maîtriser la vague break dance ?

  • (rires) Oh je ne sais pas... Je dois faire ça depuis que j’ai genre 6 ans. J’ai pas de technique particulière.

-Pour pouvoir faire comme tes petits camarades, est-ce qu’il t’arrive de faire du tapping avec tes cordes vocales ?

  • (rires) Oui regarde. (il tapote sa gorge en chantant, ndr) C’est une exclusivité mondiale ce que tu viens de voir ! (rires)

-Qu’as-tu pensé du Groezrock cette année ?

  • C’était incroyable ! Je me suis cru dans un rêve. J’aimerais vraiment pouvoir le refaire parce que c’était tellement irréel que j’avais l’impression de flotter, de ne pas maîtriser ce qui se passait. Il y avait tellement de monde, j’aimerais pouvoir les remercier un par un. J’ai regardé beaucoup des autres concerts, et j’ai vraiment trouvé que nous avions eu un des meilleurs publics. Mais c’est peut-être parce que je me dis que nos fans sont les meilleurs (rires).

-En 2006 vous aviez joué à 11 heures, en 2008 à 14 heures, est-ce que votre plan c’est de jouer à 17 heures en 2010 et être tête d’affiche en 2012 ?

  • C’est le plan ! (rires) Non mais c’est vrai que ça serait la progression idéale. Après voir un groupe comme le nôtre en tête d’affiche je ne suis pas sûr que ça puisse arriver, nous ne sommes pas les seuls décideurs mais on ne sait jamais...

-Vous venez souvent en Europe. Y a-t-il quelque chose en particulier qui vous attire sur le Vieux Continent, genre les filles ?

  • (rires) Entre autres. Non c’est juste que l’on aime saisir les opportunités qui se présentent à nous, et dès que l’on a l’occasion de venir on vient. Les européens sont très réceptifs pendant nos concerts et ça se passe toujours bien donc nous revenons toujours avec un très grand plaisir. Et puis je suis toujours enthousiaste à l’idée de découvrir ce qu’il se fait de nouveau dans l’industrie du sexe par ici (rires).

-Vous avez fait un autre concert en France sur cette tournée, à Lyon. Comment c’était ?

  • Bien, vraiment bien. C’était un petit endroit mais nous nous sommes beaucoup amusés. On a eu une dance party après le concert, on a dansé jusqu’à très tôt le petit matin...

-Et est-ce que votre batteur a réussi à conclure avec la fille, à Lyon, derrière le bus ?

  • Hein ? D’où tu sors ça ? (rires) Non non, ils n’ont fait que... parler. Il ne s’est rien passé, je le promets.

-Apparemment vous aimez bien faire la fête. Vous faites un bilan hépatique (analyse de sang) une fois rentrés chez vous ?

  • (rires) Oh non non. On s’amuse beaucoup mais on reste raisonnables. Je ne fume plus de cigarettes, je reste avec ma fumette et mes bières et c’est cool. Tout dans la vie en tournée n’est que de l’amusement, alors quand je rentre à la maison je ne vais pas sortir faire la fête tous les soirs. Ça permet de faire une bonne moyenne d’hygiène de vie et de rester sain... enfin presque. Je suis assez grand et responsable maintenant pour connaître mes limites et savoir quand m’arrêter pour ne pas tomber malade.

-Quelles sont vos relations avec Nitro Records, votre label actuel ?

  • Aussi faibles que possible ! (rires) Non on connaît Dexter Holland, le chanteur de The Offspring et le patron du label, et c’est vraiment un type bien. On n’a jamais eu de problèmes, il a toujours été cool avec nous pour nous aider à sortir nos albums. Même si en ce moment ce n’est pas facile parce que tous les labels sont dans la merde tu sais, et c’est triste. Les gens du label et plein de musiciens doivent avoir un autre boulot, parce qu’aujourd’hui c’est quasiment impossible de vivre grâce à l’industrie du disque. Mais je suis quelqu’un de très optimiste, et tant que je peux sortir mes albums, partir en tournée, m’amuser, je vais continuer à me foutre du business.

-Est-ce que tu connais les 2 groupes français avec qui vous jouez ce soir, Hogwash et Uncommonmenfrommars ?

  • Non je n’ai jamais entendu ce qu’ils font. Mais j’ai un ami qui m’a dit qu’il était super content qu’on joue avec Uncommonmenfrommars parce qu’ils sont excellents d’après lui, donc j’ai hâte de voir ce que ça donne. En plus ce sont des mecs très sympas et leur anglais est parfait alors ça aide à s’entendre. Ça va être fun.

-Dernière question, question défi : tu serais capable de faire ta vague break dance ce soir sur scène ?

  • (rires) C’est trop petit sur scène ! Dans la fosse il y aurait la place mais je ne veux pas me faire écraser, alors je ne pense pas pouvoir !

-Merci beaucoup Nuno

  • Pas de quoi, merci.

(- Tout bas : p’tite bite quand même le Nuno !...)



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