Interview avec No Use For A Name

Date de publication : 13 juin 2008
Quelques semaines après la sortie du neuvième album de No Use For A Name, "The Feel Good Record Of The Year", petit échange par mail avec Tony Sly, le leader de la formation californienne.

Salut Tony, merci de répondre à nos questions.
Vous venez de boucler votre première tournée européenne après la sortie de "The Feel Good Record Of The Year". Comment ça s’est passé ? Comment les nouvelles chansons ont-elles été accueillies ?

  • Plutôt bien. Les gens ont aimé les nouvelles chansons. Par contre en Europe, comparé avec notre dernière tournée US avec NOFX, le public a mis plus de temps pour rentrer dedans mais il faut dire que l’album venait juste de sortir. En tous cas, on prend beaucoup de plaisir à jouer les petites dernières sur scènes..

C’était la première fois que vous tourniez avec Far From Finished ? Qu’est ce que tu penses d’eux ?

  • Super groupe et gars géniaux. Généralement tu n’as qu’une de ces deux qualités dans un groupe. Les membres des bons groupes sont des branleurs tandis que tu rencontres les mecs les plus sympas dans les plus mauvais groupes. Far From Finished, ils ont les deux, c’est génial.

Vous jouez toujours beaucoup de vieux morceaux en concerts ? Comment se passe la répartition entre les anciens et les nouveaux lors de l’élaboration de la tracklist ? Est-ce la même tous les soirs ou est-ce qu’il y a des changements ?

  • La tracklist évolue de plus en plus souvent. Il faut que ça soit intéressant pour nous, pas que pour le public. Personnellement, j’aime quand on essaye de jouer une de nos chansons qu’on n’a pas joué depuis longtemps et que l’on ne sait plus jouer.
    Je me souviens qu’à Helsinki, on est resté sur scène pendant deux heures et demie. Je pense qu’on a dû essayer de jouer tout notre répertoire. C’était vraiment marrant mais ça a rendu Rory (ndr : Koff, le batteur) dingue. Mais j’ai réussi à le convaincre de continuer car j’avais trouvé une bière appelée "Koff". Je lui ai donc ramené toutes les serviettes de bar et les verres que j’ai pu trouver avec la marque "Koff" dessus.

Vous avez été fidèles à Ryan Greene pendant des années. Pourquoi avoir choisi d’enregistrer "The Feel Good..." au Blasting Room. ?

  • Pour changer de rythme, avoir un nouveau feeling.

Comment se passe le travail avec Bill Stevenson ? Est-ce que sa manière de travailler est différente de celle que vous avez connu au Motor Studios ?

  • Bill a apporté quelques idées. Toutes les chansons étaient écrites quand on est rentré en studio, il a juste apporté un peu de piment à la chose. C’est un mec génial, il bénéficie d’un statut de légende du punk-rock mais il mériterait encore plus de reconnaissance. Ryan est également un bon producteur et un très bon ami.

Comment as-tu abordé la composition de cet album, avec ce mélange des titres punk melo rapides comme vous les jouiez quelques années auparavant et des titres plus recherchés (ce qu’on pourrait appeler le "21st Century No Use Sound") ?

  • Le truc c’est qu’on sortait notre best-of au moment où on a commencé l’écriture, donc ça m’a influencé. Je me suis senti un peu nostalgique en travaillant sur le livret et en choisissant les chansons qui allaient figurer sur "All The Best Songs".

Il y a deux chansons acoustiques sur "The Feel Good" ("Sleeping Between Trucks" et "Kill The Rich"). Est-ce que c’est un style qui t’attire encore ? As-tu envie de faire un nouvel album acoustique, dans le genre du split que tu as fait avec Joey Cape ?

  • Bien sûr que je suis tenté par un projet solo. Mais je ne sais pas encore si ça sera quelque chose d’acoustique. Le plus dur sera de faire quelque chose de vraiment différent de NUFAN. Je pense que ça doit vraiment sonner différemment.

Bizarrement, le titre de l’album ne colle pas vraiment avec les textes des chansons qui sont plutôt pessimistes. Est-ce que cette contradiction est volontaire ou pas ?

  • Oui, c’est totalement volontaire. L’ironie tient une place énorme chez No Use.

Comment est venue l’idée du clip de "Biggest Lie" qui est en ligne depuis quelques jours, ce film d’animation très politisé ?

  • On n’avait pas vraiment d’idée au départ pour le clip, c’est le réalisateur qui a interprété à sa manière les paroles de "Biggest Lie". Elles peuvent paraître politiques à première vue mais en réalité, je parle plus d’un problème de société (ndr : l’hypocrisie autour de la défense de l’environnement).

Qu’est-ce que ça t’as fait d’enregistrer trois albums de suite avec le même guitariste et de rompre une certaine malédiction chez NUFAN ? Quand je t’avais posé la question il y a deux ans, tu m’avais dit que c’était quelque chose que tu redoutais...

  • C’est vrai, j’avais oublié ce détail. Il a donc rompu la malédiction, Dave serait-il le diable ?

Vous avez franchi l’an dernier la barre du million d’albums vendus ? Comment est-ce que tu perçois ça : comme un fait marquant ou juste une étape dans la carrière de No Use ?

  • C’est un truc complètement dingue. On a eu la chance d’être présent quand les ventes de disques étaient élevées. Si on avait dû démarrer notre carrière aujourd’hui, dans 10 ans on arriverait à 100 000 ventes.

C’est pas bizarre de franchir ce cap au moment où l’industrie du disque se casse la gueule ? Comment vois-tu le futur (un téléchargement comme Pennywise ou autre chose) ?

  • Et bien je pense qu’on continuera de sortir nos chansons sur des supports physiques, à moins que quelqu’un réagisse. Je pense que c’est trop tard, les nerds ont battu les maisons de disques. Et en tant que musicien, je ne pense pas qu’on puisse pouvoir télécharger gratuitement.

puisque je citais Pennywise, est-ce que tu as lu le livre de Jim Lindberg, "Punk Rock Dad" ? Comment se passe ta vie quotidienne de punk rockeur plus que trentenaire, père de famille etc ? Reste-t-il quelque chose de l’état d’esprit mi-rebelle, mi-branleur des débuts ou est-ce juste devenu un métier ?

  • Il reste encore quelque chose, je pense que je suis devenu plus mature en devenant père. Quand je fais la fête, c’est énorme. Mais quand je suis à la maison, j’essaye d’être un bon père de famille. En plus, je viens d’être papa pour la deuxième fois.

Vous faites partie des tauliers du punk mélo. Qui sont les groupes récents qui portent haut les couleurs du genre en ce moment ?

  • The Flatliners, Teenage Bottlerocket, Far From Finished. Il y a plusieurs jeunes groupes très bons par ici. Mais avec le prix de l’essence qui flambe et les ventes de disques qui s’écroulent, comment vont faire ces groupes pour survivre ?

Et pourtant, le punk mélo n’est plus franchement à la mode. Entre vous et Fat Mike c’est comme une routine de vieux couple ou sens-tu que NUFAN est toujours une priorité du label ?

  • On vient de finir une super tournée en Europe puis une série de concerts à guichets fermés avec NOFX aux Etats-Unis. Je ne dirais pas que le punk mélo n’est plus populaire, les gens n’achètent plus de disques, tout simplement. Comme d’autres groupes, on sent toujours de la nostalgie de la part du public à notre égard. Mais si on regarde de plus près, on fait toujours attention à la qualité de nos nouvelles compos. Comme je le disais, je suis un musicien, on est un vrai groupe, pas un feu de paille. Et on est vraiment chanceux d’être ce que l’on est après toutes ces années.
    En ce qui concerne nos relations avec Fat, il y a un vrai respect mutuel entre nous qui vient de nos 17 années passées sur le label. Et on est tous amis, Fat est implanté en nous, parfois comme une cicatrice mais la plupart du temps comme un joli tatouage.

Ok. Merci beaucoup Tony pour le temps que tu nous accordé...

  • Merci à toi mec !

Merci à Wiebke @ Fat Wreck

Questions : Ste - Punkachu



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