Kill Your Elit Fest IV @ Paris, La Maroquinerie

Date : 7 mars 2008 par Seb-O-Matic

Sur la route chaque week-end depuis la sortie de son excellent second album, Guerilla Poubelle vient enfin défendre ses nouveaux titres sur le tant redouté sol parisien, à l’occasion du traditionnel Kill Your Elite Fest, rendez-vous désormais annuel et donnant toujours lieu à des affiches alléchantes à prix réduit. Comme l’année dernière, la Maroquinerie est transformée en circuit punk-rock, avec en bas la salle où les groupes jouent branchés et font plein de bruit, et en haut des sets acoustiques pour se reposer les tympans.

C’est Brigitte Bop, doyen de la soirée, qui ouvre la soirée avec leur punk-rock franchouillard qui va bien et déclenche les premiers tumultes dans la jeune fosse. Car voilà, le gros avantage des concerts avec Guerilla Poubelle à l’affiche : le public est là pour s’amuser et pas pour poser, ce qui permet aux groupes en première partie de retrouver une ambiance de folie pendant leurs sets. Bon après savoir s’ils écoutent c’est une autre histoire...
La salle est archi-comble, et en haut c’est pareil. Des dizaines de gamins sans place sont quand même venus alors que la date est depuis longtemps ’sold out’. Voyant que GxP ne passera qu’à 23h15 certains décident de rester pour tenter leur chance, pour les autres ce sont les parents qui les feront partir. Là-haut c’est en accès libre et gratuit, donc ceux qui sont restés s’y rendent, essentiellement pour mater le concert de Fred Fresh. Tous ses refrains sont repris, ses paroles chantées, et ça pogote même ! Grosse ambiance donc, qui surprend même son "patron" de label Till, étonné de voir des kids chanter des chansons que lui-même n’a jamais entendues...

Hop on retourne en bas pour P.O. Box. Toujours aussi impeccables les gens de l’Est envoient leur ska dynamique devant un parterre décidément bondissant, en balançant plein de vannes entre et pendant les chansons. Tourner avec GxP doit quand même les influencer, vu le lot de blagues sorties à la minute, rien que sur "Look What You’ve Done", où le trompettiste Yul envoie son micro dans la foule pour que les gens chantent. Vu le résultat, on ne l’encourage pas à recommencer...

Allez on s’essouffle même pas à remonter (ça aide d’habiter au 7ème étage sans ascenseur) pour aller mater le beau gosse Chris des Lawrence Arms. Parce qu’objectivement et sans faire mon grec, il doit pas avoir de mal à choper celui-là ! En tournée avec Mike Park sous le nom de son side-project, Sundowner, il enquille depuis 2 heures les litres de thé, malade après 15 jours assez arrosés en Angleterre.
Il s’empare de sa guitare folk, monte sur scène, et là un ange passe. Sa voix, si complémentaire de celle de Brendan Kelly dans The Lawrence Arms, devient sublimée, et son regard terriblement habité lors de ces interprétations acoustiques. Tel un Bob Dylan plus dynamique, il envoûte littéralement les premiers rangs avec ses compos comme "This Is Noise" ou des reprises de TLA tout simplement superbes, à l’instar de "100 Resolutions". On regrettera juste deux choses : les bavardages incessants de gamines pendant ces instants de grâce, et le fait que l’éphèbe ait vendu tous ses disques au Royaume-Uni. On se rabattra sur les deux titres figurant sur la compilation offerte à l’entrée, excellente initiative proposant des morceaux, dont des inédits, des groupes de ce soir.

Descente du nuage et retour en bas pour la grosse machine Dirty Fonzy. Jeux de lumières, grands panneaux de carton et banderole à l’effigie de l’album, le groupe a décidément changé de stature. Et niveau son c’est assez bluffant aussi. Puissant, il aide les morceaux foutrement pêchus du groupe d’Albi. Les tubes "The Worst" et "Here We Go Again" font chavirer une salle qui s’en donne à coeur joie. Tout le monde est conquis par la prestation musclée du groupe, qui feint le départ sur la ballade folk genre Dropkick Murphys "Millions Miles Away", avant de revenir pour le final tout en distorsion et choeurs. Final avec deux titres, et c’est reparti pour là-haut où le vagabond Mike Park prend son tour de chant.
Une succession de chansons intimistes. Comme son collègue il démontre que l’émotion peut être délivrée sans pour autant arborer des mèches devant les yeux et de Vans à damier. Chris le rejoint même pour jouer sur deux titres, le tout filmé par leur copain. Encore un joli moment ce soir, décidément...

Allez bouquet final, cerise sur le gâteau, bière frâiche retrouvée au fond du frigo alors qu’on pense ne plus en avoir, Guerilla Poubelle monte sur scène. "Punk Rock Is Not A Job" pour commencer, normal. Le public démarre au quart de tour, tout comme le groupe qui étonnement enchaîne les titres. Moins de bla-bla, mises à part de rares occasions, comme les chansons qu’entame Till, comme il le fait lui-même remarquer. Même Koj si prompt à vanner le public ne s’adonne pas à l’une de ses traditionnelles joutes verbales ce soir. Peut-être parce que le public semble plus calme qu’à l’accoutumée. Il a grandi, ou bien regardé et compris le DVD et de ce fait la démarche du groupe. En résulte une meilleure ambiance et des médiators qui restent sur les pieds de micro.
En tout cas l’énergie du groupe sur scène est toujours aussi phénoménale, les instruments semblent être les punching-balls attitrés des musiciens. Deux dessinateurs, Cha et Chester, dessinent sur les côtés pour renouer quelque peu avec l’époque pas si lointaine où Jokoko le faisait. "Etre une femme", "Mort à l’hôpital" : les anciens titres semblent toujours provoquer le plus de réactions.

Sur "Demain Il Pleut" c’est comme d’habitude une véritable chorale qui se met en place, ils devraient essayer une fois de ne pas la chanter du tout, juste la jouer et laisser le public chanter. On a le droit à la reprise de NOFX avec le chanteur de P.O. Box et le trompettiste... ah bah non il a oublié de venir. Même Jokoko, présent dans la salle et passablement bourré, vient faire le fou sur scène et chanter en dansant de son inimitable manière. Top classe. En fait c’est même moins ridicule que la tecktonik... Petit moment bien sympa.
Un rappel écourté faute de temps, qui ne verra pas le massacre traditionnel de "Culture Poubelle", mais offrira "Tapis Roulant", avec paroles modifiées : "J’ai même appris à me branler / Me branler en pensant à Damien", pour un hommage qui doit aller droit au coeur (ou ailleurs) au roadie/chauffeur/nounou du groupe.

Voilà c’est fini. Ceux restés dehors pourront se consoler avec toutes les vidéos pourries prises sur les téléphones portables. Pour les autres, on se rappellera surtout que les soirées Kill Your Elite sont toujours une réussite, grâce à de sacrés bons groupes.



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