juin
10
2011
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Bronx (The) >> The Bronx III |
Contexte :
Deux ans après leur tonitruant deuxième album (The Bronx prend un malin plaisir à ne sortir que des albums éponymes), les Américains remettent le couvert avec ce troisième opus. Le quintet je-m’en-foutiste a quitté Island Def Jam, filiale d’Universal, et ce nouvel effort sort uniquement via White Drugs records, le label fondé par le groupe. Un moyen pour les Californiens de faire un peu taire les critiques à leur égard à propos de leur côté très rock-star branleurs. The Bronx III est aussi le premier avec un nouveau line-up, avec désormais deux guitaristes.
Chronique :
Trop lisse, mauvais, merdique, à chier. J’en passe et des meilleurs. J’ai entendu pas mal de choses à propos de ce troisième opus de The Bronx qui aura suscité des réactions plus que mitigées. Sans aller jusque là, il faut bien avouer que ce III souffre de la comparaison avec ses monumentaux prédécesseurs. On ne retrouve pas sur cet album la puissance de frappe des précédents opus. Il faut dire que la barre avait été mise très très haute !
Alors il y a tout de même de très bonnes choses à se mettre sous la dent. Pas la peine par exemple de se forcer pour hocher de la caboche sur les bombes que sont « Knifeman » et « Six Days A Week ». Deux morceaux où l’on retrouve toutes les qualités de The Bronx, rockin’ hardcore puissant et endiablé, à la rythmique monstrueuse, emmené de main de maître par la voix rageuse de Matt Caughthran. Le petit frontman est toujours au top en matière de hurlements sauvages et semble toujours vouloir déverser ses tripes sur chaque ligne de chant. Notons aussi l’excellente, « Inveigh », hardcore catchy tirant pas mal sur un stoner bourru. Un mix rappelant sans mal les Suisses de Houston Swing Engine. Le groupe a aussi forcé son côté groovy sur quelques morceaux par conséquent un chouilla moins rentre-dedans mais toujours très bons (« Past Lives », « Pleasure Seekers »).
La fin de galette garde peut-être les meilleures parties avec l’excellent triptyque « Minutes In Night », « Spanish Handshake » et « Digital Leash ». Passages catchy puis arrachés, rythme bien speed, breaks bandants, ces trois titres terminent l’opus de bien belle manière et montrent que le groupe a encore des arguments à faire valoir.
Seulement cela ne suffit pas. Et après deux albums frôlant, il est vrai, la perfection, The Bronx passe ici un peu à côté de son sujet. Où sont passées les envolées frénétiques, ces montées en puissance vertigineuses, ces instants de pure violence que le combo prenait plaisir à nous asséner ? Et ces passages plus calmes qui magnifiaient les incartades plus bourrines ? Disparues également les superbes ballades tendues comme des fils à linge sur lesquelles Matt faisait étalage de tout son talent vocal. Résultat : cet album manque de relief. « Enemy Mind », « Young Bloods » ou encore « Ship High In Transit » passent d’ailleurs comme un train devant un troupeau de vaches, dans une certaine indifférence. Le quintet de Los Angeles a compressé sa musique, comme s’il avait enlevé et les excès de violence et les accalmies qui faisaient pourtant toute la force de I et II. Le groupe ne s’est pas vraiment calmé, Matt gueule toujours – et ne fait malheureusement plus que ça finalement – et The Bronx reste dans une frange clairement rockin’ hardcore, mais au lieu de passer du drapeau vert au drapeau rouge en deux coups de cuillers à pot, on évolue là entre deux eaux sans être bousculé davantage…
Cet album est loin d’être mauvais et ça serait vraiment dommage de s’en servir comme sous-bock (de toute façon vue la tronche de la pochette, avec ces deux flamants roses enroulés et décuplés, ça serait vraiment moche, même pour y poser une bière), mais il n’a pas cette fougue, cette folie, cette originalité aussi, qu’avaient ses prédécesseurs. Quelques petites pépites tout de même – « Knifeman », « Inveigh », « Six Days A Week », « Minutes In Night » - qui montrent d’ailleurs tout leur potentiel en live, mais un album dans l’ensemble plutôt moyen, surtout en comparaison avec les précédents efforts du groupe… On espère un prochain effort plus inspiré après leur escapade "mariachi"... Les Californiens en sont largement capables.
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