Street Poison

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Contexte :

Pas vraiment novice en matière de punk-rock qui bute, le quatuor quasi parigot envoie son premier album sur Carnage, le label qui propose une vraie alternative à l’écurie Guerilla Asso et fait passer People Like You pour une succursale de Disneyland. Viril, direct et sans concession, le groupe envoie moins d’une demi-heure de musique taillée pour la bousculade…

Chronique :

Disons-le clairement et sans détour : la pochette du 1er album de Street Poison est moche. On dirait l’artwork d’un vilain groupe de grindcore mal fagoté qui sent la transpiration et la clope froide. Sauf que c’est à peu près tout ce je vais pouvoir dire de négatif sur ce combo francilien.

Car leur disque regorge de purs hits en puissance à la sauce Rancid. Oui, le quatuor californien est à l’évidence LA référence à laquelle il faut rattacher Street Poison. On pense parfois à « Let’s Go », à « And Out… » et souvent à « Rancid 2000 », album sans concession plein de brutalité qui jusqu’à l’artwork noir et blanc confirme le cousinage entre les deux formations. Il n’y a rien d’original à faire du simili Rancid, pas mal d’autres formations sont déjà passées par là, et c’est vrai que Street Poison, jusque dans les intonations de voix, le son de basse et l’ambiance générale, pourrait passer pour une bande de pillards sans vergogne.

Sauf que tout ici est parfaitement exécuté, incroyablement bien produit pour un premier opus, parfaitement arrangé et qu’aucun titre ne contient la moindre faute de goût. La vitesse et la violence sont au rendez-vous sur « I Don’t Like No Shit », 1 mn 18 de fureur punk-hardcore, comme sur « Paper Rules » et sa basse Matt Freemanesque, ou sur « Holiday In The Can » et ses "nananana" irrésistibles.

Et Street Poison a beau être un groupe sévèrement punk, il n’oublie pas que la vraie classe s’est aussi de varier les plaisir en mettant un peu de clavier par-ci, un peu de ska par-là, comme les grands frères de Berkeley. Cela donne « Sick Man » et son superbe beat syncopé, dont les couplets donnent furieusement envie de danser, comme sur « Red Hot Moon », ou « Death Blow » sur laquelle on croirait entendre le sifflement de clavier de Vic Ruggiero.

Sur « Riot », Street Poison invite les ricains de Born To Lose (pas vraiment des danseuses) et signe un pur hit punk avec un son énorme, direct droit dans ta gueule comme une bonne mandale à la Mike Tyson. Un peu de mid-tempo mélancolique sur « When An Angel Goes… », magnifique, presque du folk-punk sur « Kids Of War » et sa guitare sèche à la King Blues, texte chiadé, voix stylée, accent anglais nickel propre et superbe break basse/voix vers la fin juste avant une conclusion de folie.

Ajoutez à ça « Rat Dance », qui ouvre le skeud avec brio, « Jimmy Punk » et sa gratte mélo à la « Fall Back Down », et « Friends & Family », magnifiquement portée par deux voix parfaitement complémentaires un peu à la Armstrong/Frederiksen, ses couplets pas trop speed et son refrain à fond la gomme, ses chœurs qui font mouche et sa batterie métronomique, et vous obtenez un disque de punk-rock français en anglais qui confirme qu’ici aussi il y a des groupes bourrés de talent. S’ils s’inspirent de leurs aînés anglais ou américains, ils le font avec style et arrivent à apporter à leur musique une touche tout à fait personnelle. C’est ce qui fait la différence entre les copieurs malhabiles et sans inspiration, et les vrais groupes qui ont écouté, assimilé et parfaitement digéré l’héritage des anciens. Street Poison fait assurément partie de la seconde catégorie.

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