Anorak

Anorak >> Sick

Contexte :

En à peine six années d’existence, les amiénois d’Anorak auront sorti un EP et déjà deux albums. Sick, paru en 2011 via Basement Apes Industries, Maximum Douglas et Swarm Of Nails, a été enregistré au Boss Hog Studio (General Lee) et masterisé au New Alliance East Studio (Converge, Knut, Gaza…).

Chronique :

Anorak. Drôle de nom. Pourtant, je trouve que cela sonne admirablement bien. Anorak – linguistiquement – me rappelle l’hiver, le froid, la neige, le vent glacial qui burine le visage. J’aime ce froid. Ce froid qui assaille, ce froid qui transperce, ce froid qui nous fait sentir qu’on est en vie. Anorak – musicalement – me rappelle ce froid et la musique (noisy, brutal, post-hardcore, – appelez ça comme vous le voulez) des amiénois en est la parfaite allégorie. Aussi dur que la glace, aussi méticuleux et affûté qu’une stalactite, aussi dévastateur qu’une avalanche, Anorak nous enveloppe d’un épais brouillard à grands coups de riffs assassins, de pilonnage rythmique millimétré et cris abyssaux.

Les Amiénois sont la parfaite antithèse d’une chorale d’enfants de chœur. Lourdeur pachydermique, puissance dévastatrice, vitesse supersonique, hurlements chaotiques. La musique développée par Anorak est d’une densité incroyable et on ressort de la première écoute lessivé. Il faut quelque temps pour apprivoiser ce hardcore ténébreux et découvrir avec délectation quelques passages ralentis plus éthérés et tendus, rappelant Aside From A Day ou Tang – groupes pas si éloignés que ça musicalement – même si ces incartades ne sont pas légion ici et possèdent toujours un côté dur, malsain, malade... sick.
Par sa densité, le quatuor se rapproche plus d’un Nostromo, d’un Knut ou encore d’un Time To Burn – autre groupe hexagonal énervé officiant dans les mêmes sphères musicales. Pour continuer dans le name-dropping, cet Anorak-là rappelle parfois les moments les plus violents des Ricains bien barrés d’Akimbo ou encore les furieux Finlandais de Rite. De quoi cerner un peu la bête. Sans faire de copier-coller de tous les groupes sus-cités, Anorak partage avec eux ce penchant torturé et échevelé, ce côté écorché et sombre. Un style à part, définitivement. Une musique délicate à appréhender, à digérer et à apprécier à sa juste valeur.

Difficile de citer un titre plutôt qu’un autre. L’album est dense, complexe et scrupuleusement structuré. Certes les morceaux se ressemblent, mais surtout ils s’enchaînent et on ne sait rapidement plus où on en est, littéralement happé par ce tourbillon frénétique. On pourrait critiquer cette redondance entre les chansons, ce manque d’originalité au sein d’un même opus, mais cet aspect, au fil des titres, renforce finalement l’intensité de ce Sick. Pas de baisse de régime, pas d’angle d’attaque pour une quelconque critique, pas de passages trop ceci ou trop cela, cet album est d’une effrontée cohérence et d’une puissance inouïe. Du tout bon, pour peu qu’on aime ce style si extrême, évidemment.

Enfin, comme souvent avec les groupes du genre, l’esthétique est particulièrement soignée, et Anorak ne déroge pas à la règle. Ce deuxième album des Amiénois est serti dans un magnifique écrin – signé Mamzelle Mamath – orné d’une gueule béante et menaçante qui semble prête à vous dévorer.
Je conclurai avec cette petite anecdote. Le jour où j’ai reçu ce disque dans ma boite aux lettres, le hasard a voulu que je vienne d’acheter le premier volume de Blast – l’excellente nouvelle BD de Manu Larcenet dessinée plus en noir qu’en blanc, triste histoire d’un anti-héros obèse, torturé et asocial. Sick fut indéniablement la parfaite bande originale de cette lecture…

Fab
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