Guarapita

Guarapita >> Politiqueria

Contexte :

Comme plus on est de fous plus on rit, les gars de Guarapita ont été sonner à la porte d’un tas de labels DIY pour sortir leur nouvelle galette, « Politiqueria », disponible sur toutes les bonnes tables de distro, mais aussi gratos sur leur site internet. Alors allez-y les gens, n’hésitez pas, téléchargez comme des cochons !

Chronique :

Je n’ai jamais été un fan absolu des groupes français hispanisants qui mélangent vaguement punk, ska, reggae et tutti quanti, qui se prennent pour des rebelles absolus parce qu’ils portent des t-shirts de Che Guevara, dont le discours ne va pas beaucoup plus loin que « fuck Sarkozy / cops are bastards / fuck myspace / anarchie vaincra », et qui se plaisent à dire du mal entre amis des « politiciens véreux », du « grand capital » et des « salauds de flics » entre les micros de Radio Libertaire et la scène de la CIP. C’est à peu près aussi manichéen que de considérer que tous les jeunes des cités sont des grosses cailleras, que tous les communistes sont des casseurs d’ultra gauche en puissance qui mangent les enfants, et que l’islam est la religion des terroristes qui veulent voiler les jeunes filles en fleur des campagnes françaises...

Bref, c’est avec des a priori plein la tête que j’avais toujours regardé Guarapita un peu de travers sans vraiment écouter leur son. Mais après qu’un messin d’adoption, dijonnais d’origine et accessoirement assidu des Tanneries (ça aide), me conseilla d’y prêter une oreille attentive, je me décidai à télécharger leur dernier opus.

Et là, en à peine plus d’une demi-heure, mes œillères s’envolaient.

Car « Politiqueria » est un grand album. Tantôt ska, tantôt punk, tantôt ska-punk et parfois punk-ska, en français, en espagnol ou en anglais, il rappelle à notre souvenir le meilleur de Nuclear Device, de Kortatu ou de la Mano Negra. Et Guarapita enchaîne les tubes comme Kadhafi les manifestants. De l’énergie à revendre, en veux-tu en voilà, à foison, en abondance et à la régalade sur « Far Far West Line » et son final grandiose, sur « OQTF », titre à la construction chiadée avec un break central particulièrement bien senti, ou sur la très courte « Nothing To Hide », avec ce son de guitare acoustique qui lui donne un petit côté folk parfaitement appréciable, suivi par un instru beaucoup plus calme, « Plaza Garibaldi » comme ultime respiration avant la déflagration punk « Really Nothing To Hide ».

Qu’on prenne le disque par le début (l’enchaînement imparable de « Politiqueria » et de « Caracas »), par le milieu (énormissime « Capitale Tragédie ») ou par la fin, le disque n’accuse aucun temps mort, aucune faiblesse, aucune baisse de régime. Des plans reggae-punk stylés par-ci (« Who’s The Next », l’extraordinaire « Zapata » avec un featuring du rappeur Skalpel), des gros ska des familles qui invitent à la danse ou à la révolte par-là (« Cuando Llegaste », « Caracas », « Gunblast Vodka »), et un magnifique titre swing/rock/musette, « La Porte Saint Martin », entre Sanseverino, Parabellum et certains titres en français de la Mano (« Madame Oscar », « Darling », « La Ventura »…), font de « Politiqueria » un album indispensable.
C’est particulièrement bien produit, avec des textes concernés mais jamais lourdingues, ça donne à voir les immeubles de Caracas, les pots d’échappement du périphérique parisien, des poings levés et des plages de sable fin… Et c’est surtout loin de la caricature que j’évoquais en début d’article. Les zicos font de l’excellent boulot, chaque titre a été super bien bossé (y’a qu’à écouter en boucle « Caracas » et la complémentarité guitare rythmique/guitare solo), le chant percute, le son est ample, ça transpire l’énergie par tous les pores, et cette ligne de basse à la fin de « Cuando Llegaste » est juste magnifique.

On a tort de s’imaginer qu’un groupe est comme-ci alors qu’il est comme ça, on a tort de croire que Guarapita n’est qu’un combo engagé de plus, on a tort de penser que « Politiqueria » est un album de seconde zone, parce qu’au contraire, c’est un disque majeur, comme on n’en voit qu’un ou deux en France chaque année.

Je disais que vous pouviez télécharger l’album, mais vous pouvez aussi le commander pour 10 €, vinyle + CD inclus. Non seulement c’est une putain d’affaire, mais c’est aussi un geste de salubrité publique.

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