Thrice

Thrice >> Live At The House Of Blues DVD

Contexte :

2008 aura été une année pleine pour Thrice. Le quatuor d’Orange County aura réussi son pari avec brio, celui de faire encore évoluer sa musique et son univers vers des contrées inexplorées. L’accomplissement que représente le cycle des quatre EP’s The Alchemy Index, fut à la mesure des ambitions du groupe. Pour autant le retour dans le circuit indé, avec la signature sur Vagrant Records, fut une bonne nouvelle pour les fans. Des fans décidément bien gâtés avec pour la fin d’année, la sortie du Live At The House Of Blues (déc. 2008), un double album accompagné d’un DVD très attendu, filmé le 28 mai 2008 à Anaheim, Californie.

Là où le DVD If We Could Only See Us Now (2005) s’attachait à retracer dans les grandes lignes l’histoire de Thrice depuis Illusion Of Safety jusqu’au carton de The Artist In The Ambulance - le tout accompagné d’un CD de versions acoustiques et de reprises (notamment la superbe version d’« Eleanor Rigby » des Beatles) ; ce coffret-ci s’attaque à l’exercice du live.
Une bien belle compensation pour ceux n’ayant jamais eu l’occasion de voir le groupe à l’œuvre (Thrice se faisant bien rare en Europe) ou ayant dû se contenter de la frustrante prestation du Groezrock 2006, entachée par de multiples problèmes techniques…

Chronique :

Parlons d’abord de la forme. Il est évident que pour le groupe, ou du moins pour son label, ce Live At The House Of Blues a été appréhendé comme un double CD live avec en bonus un DVD, et non l’inverse. L’aspect un peu cheap de l’ensemble fleure malheureusement la restriction budgétaire, loin de l’époque major Island/Def Jam... A moins que Thrice n’ait pris par-dessus la jambe la sortie de ce live, crise des ventes de disques oblige…
L’artwork est donc loin de mettre l’objet en valeur (une photo quelconque de Doug, le frère de Dustin Kensrue). Ça reviendrait presque à offrir une bague emballée dans du papier alu : quand on sait la qualité du set live que le boitier renferme, ça la fout un peu mal…

Pas de réels bonus après le concert, la partie interview se résumant à deux questions pas vraiment informatives sur des souvenirs de scène (le tout non sous-titré). Mais pour le côté docu, on l’a dit plus haut, c’est vers l’autre DVD qu’il faudra se tourner.
Pas vraiment d’intro non plus : le film commence sans qu’on ne voit les musiciens rentrer sur scène, comme si on avait raté le début. Etonnant. D’autant que le set débute, lumière blanche fixe, sur « The Lion & The Wolf », titre énigmatique qu’on aurait plus vu à sa place au milieu du set et toutes lumières éteintes…
Parce que derrière attention, ça bastonne d’entrée avec « Firebreather », superbe titre dur et sombre, extrait de l’EP Fire, et conclu en chœurs par les musiciens des groupes ayant assuré les premières parties ce soir-là (notamment Circa Survive et Pelican. On aperçoit aussi Doug Kensrue). A en voir s’hérisser les poils des bras...
Pour ce qui est du côté technique (mixage réalisé par Teppei Teranishi himself), jeu de lumières (les photographes ont dû se faire plaisir), grain de l’image, multi-caméras (le montage est assez dynamique, dommage cependant que le bassiste soit un peu oublié par les cadreurs) : pas grand-chose à reprocher. A noter que le DVD bénéficie d’une option 5.1, mais le stéréo est déjà honorable.

Alors on évoquait tout à l’heure la période pré-2005, juste avant l’album Vheissu ; évidemment depuis Thrice a beaucoup changé musicalement parlant. C’est donc sans surprise qu’on retrouve essentiellement des titres issus des dernières livraisons du groupe. Chacun y trouvera son compte ou pas, on ne va pas refaire le débat ici. Pour ça penchez-vous sur les chroniques des derniers disques. La tracklist parle d’elle-même et vous aurez donc constaté la présence de 25 morceaux dont 11 de The Alchemy Index, 5 de Vheissu, essentiellement en fin de concert (6 si on y adjoint « Flags Of Dawn », extrait de The Red Sky EP), 6 de The Artist In The Ambulance (dont le titre éponyme - qui fait tâche - et l’excellente « Silhouette »), et seulement 2 de The Illusion Of Safety (mais pas des moindres, avec « Deadbolt » et « Trust »). Comme depuis longtemps l’album Identity Crisis est par contre totalement zappé.

Côté performance c’est quasi irréprochable. Rythmiquement c’est mastodontesque, la complémentarité des frères Breckenridge n’est plus à prouver. Au chant, Kensrue, en bras-de-chemise (de bûcheron évidemment), très souvent filmé en gros plan, est impeccable et très charismatique. Balancer en fin de set « Hold Fast Hope », très exigeante vocalement, ne lui pose aucun problème par exemple. Teppei lui, discret dans son jeu de scène, assure des plans de gratte pourtant omniprésents et des boucles mélodiques, comme toujours précises et tout en finesse (comme ses parties de clavier).

Alors je ne vais pas vous faire du titre par titre, vous raconter le concert et vous enlever tout le plaisir, ça n’aurait aucun sens. On constate en tout cas la belle tenue du quatuor sur scène, la belle alternance et la surprenante cohésion de l’ensemble du set, malgré des titres qui paraissent si éclectiques sur CD. L’émotion, l’atmosphère, la musicalité, l’univers du groupe n’ont rien de disparates en live, c’est bien le même quatuor qui peut à la fois jouer « Deadbolt » et l’étonnante « Digital Sea », ou enchaîner « The Whaler » et la terrible « All That’s Left » !
Les titres agrémentés d’effets et de machines sont d’ailleurs très bien arrangés, gagnent ainsi en énergie et en simplicité, et ne sonnent pas artificiels, moins organiques ou moins proches du public.

L’ambiance dans la salle n’est pas celle des grands soirs, pas celle de l’époque où le groupe déchainait les circle pits, pourtant la communion semble totale à plus d’un moment pendant l’heure quarante-cinq de concert.
Pas beaucoup de communication entre le groupe et son auditoire, c’est habituel, mais pas non plus un groupe autiste qui performe dans son coin coupé des réactions des fans. Dustin intervient notamment pour introduire le petit bijou « Of Dust And Nations » (qui prend une ampleur folle sur scène), pour annoncer « The Earth Isn’t Humming » (le morceau de Frodus réarrangé à la sauce Thrice), la très belle « Come All You Weary » (aux accents folk), et aussi et surtout pour lancer le tube ultime « The Artist In The Ambulance ».
A ce instant, après 35 minutes de concert plutôt lentes et à l’atmosphère imprégnée des titres de The Alchemy Index, Thrice semble commencer un nouveau concert. Dustin ne révèle d’ailleurs qu’à ce moment-là qu’un DVD est filmé ce soir (tout le monde était au courant, ok, mais c’est pas anodin non plus…).

Thrice prend en tout cas avec ce live la dimension d’un « grand groupe ». Le set est intelligemment construit avec une alternance de petites séries de titres calmes ou à l’atmosphère plus éthérée (la série « Digital Sea », incroyable / « Flags Of Dawn », plus banale ; la paire « Broken Lungs », envoûtante / « The Whaler », malheureusement pas en version acoustique comme Dustin la joue parfois ; ou encore le duo « Burn The Fleet », merveilleuse / « Open Water », plus contestable).
Et de la même façon, les tubes et morceaux les plus fédérateurs du groupe sont répartis tout au long du set en petites brochettes (l’enchaînement « All That’s Left » / « Silhouette » ou celui de « The Artist In The Ambulance », « Trust » et « Cold Cash And Colder Hearts »).
Le risque avec ce choix de setlist, cette volonté d’intégrer complètement les nouveaux titres aux anciens, c’est que si on décroche à un moment où un autre, l’impression d’un concert un peu décousu et inégal s’installe. La faute aussi à un public réactif mais pas très vigoureux, reprenant peu en chœur, effectuant peu de slams. En tout cas moi j’aurais fait plus de bordel !
Sachez aussi que le CD audio numéro 2, qui débute à « Broken Lungs », a incontestablement plus d’impact. La fin du concert est en effet plus intense que le début (les six derniers titres constituent une suite assez mémorable), ce qui est ma foi assez logique…

Bref je pourrais en parler des heures tant j’estime ce groupe, tant sa musique parle à l’âme, tant il paraît sincère et dévoué à sa démarche artistique. Ce DVD constitue sans doute un des points d’orgue de la carrière du groupe, on se rend compte de l’incroyable richesse et du nombre de tubes que contient sa discographie (de l’époque de « Stare At The Sun » à celle de « Deadalus », en passant par celle des épiques « For Miles » et « The Earth Will Shake », pour ne parler là que de la dernière demi-heure du show !).
Une sorte de synthèse pour tout fan suivant et appréciant Thrice depuis ses débuts. Une preuve de la cohérence du groupe, malgré tout ce qu’on a pu dire ou écrire sur les choix stylistiques parfois audacieux de ce quatuor si talentueux.

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