août
11
2011
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Hevy Music Festival - samedi ( Port Lympne - Royaume-Uni) le 06/08/2011 |
L’Angleterre, c’est vraiment un pays pourri. Il pleut tout le temps, ils n’ont pas l’euro, ils ont encore une monarchie, leur bouffe est dégueulasse ou mauvaise pour la santé, et les seules discussions sur l’oreiller qu’on puisse espérer, c’est le mec qui s’excuse platement de ne pas avoir assuré... Alors qu’est-ce qui m’a poussée à franchir le petit bout de mer qui nous sépare de ce pays si hostile ? Le Hevy Music Festival. Une affiche tellement belle que j’ai même exclu toute idée d’aller cette année au Ieperfest.
Après un record de vitesse sur la distance Paris-Calais, une heure d’attente de ferry à picoler du champagne en zone internationale, une traversée de la Manche avec 36 litres de bière fraîchement achetés, on arrive en terre ennemie au point du jour le samedi (le festival a commencé la veille sans grande tête d’affiche). Et là, j’aimerais bien vous ressortir l’homérique "Aurore aux doigts de rose et à la robe couleur safran", mais ici elle est plutôt aux doigts vert-de-gris et à la robe couleur anthracite.
Bref, trois heures de sieste sur le parking d’un supermarché, un montage de tentes, quelques bières ; et nous voici prêts à attaquer une grosse demi-journée de concerts.
Première mauvaise surprise : pas de programme avec les horaires pour les pauvres d’entre nous qui n’ont pas de pass presse, il faut les acheter pour la modique somme de 5£ ! C’est mort, on se démerde autrement en photographiant avec nos portables ceux que des bonnes âmes (qui a dit "pigeons" ?) ont achetés. Cela reste quand même bien flou pour les pauvres d’entre nous qui n’ont pas de smartphone (oui je vous emmerde, au moins Steve Jobs et Google ne savent pas où je suis en permanence). Du coup on passe les deux premières heures à errer de scène en scène, où des groupes, anglais pour la plupart, ont tous l’air de délivrer le même genre de metalcore, avec le défaut inhérent au genre : c’est pas compliqué de brailler, mais si la voix claire n’assure pas (comme c’est souvent le cas), ça rend très mal. Les seuls groupes qui se démarquent sont ceux qui font du hardcore, old school comme Gold Kids, ou mélodique comme Grieved. En tout cas, c’est les échos que j’en ai eu, parce que l’alcool c’est mauvais pour ma notion du temps.
Un cheeseburger à 125% des AJR plus tard, les choses sérieuses commencent. The Carrier officient sur la Jägermeister Stage en train de balancer leur hardcore plutôt mélodique sur CD. Sauf qu’en live (surtout avec un son qui laisse à désirer), c’est beaucoup plus brut. Tu rajoutes le chanteur poids lourd, les riffs à 200 à l’heure, le beat à la grosse caisse ; et tu l’as ton cliché de bon hardcore, pour nous les fans virils, barbus et plein de sueur. Même les filles, sauf que c’est tout dans la tête. Après quarante minutes à coup de "Wasted", "Memoirs", "Alcatraz" ou "Panicstricken" ; on vérifie tout même que des testicules ne sont pas apparus subitement dans nos entre-cuisses et on va un peu calmer le jeu devant la Rocksound & Macbeth Stage.
Celle-ci est installée sous un chapiteau qui peut contenir à tout péter 800 personnes ; et elle est haute de 60 centimètres, tant pis pour ceux qui sont au fond et qui voient rien. C’est Make Do And Mend qui joue. Pour ceux qui connaissent pas, c’est LA sensation en pop-punk à grosse voix et chemise à carreaux (selon l’expression consacrée par mon collègue). Perso, je trouve que c’est du sous-Hot Water Music, qu’ils ne méritent pas toute la hype autour d’eux, que dans le même genre, Iron Chic et Red City Radio c’est beaucoup mieux ; et qu’en live sous mes yeux, ça casse pas trois pattes à un canard. Cela étant dit, ceux qui apprécient le groupe à l’origine ont beaucoup aimé. Il vous faudra donc attendre la date commune avec Hot Water Music à Paris fin août pour vous faire un avis.
On passe sous la Front & Etnies Stage (même config que la Macbeth) pour le set d’All Teeth, juste deux/trois chansons, histoire de s’échauffer les muscles grâce aux multiples mosh parts des californiens ; mais il y a bien plus intéressant à côté. De une, le stand Jägermeister (au prix où ils vendent la célèbre liqueur, on a checké le fond du shooter pour trouver des pépites d’or, au cas où...). De deux, comme à Disneyland, tu peux faire ta photo avec les mascottes, ici ce sont les égéries d’Etnies, les Front Girls ou (comme nous les avons renommées) : les jeunes filles de bonne famille. Oui, comme Trash Talk a annulé sa tournée et que rien de potable ne les remplacent, il faut bien s’occuper en attendant l’événement sur la Jägermeister Stage : le dernier concert de The Ghost Of A Thousand.
Si on pouvait dire d’une scène en plein air qu’elle est "blindée", ça serait le cas ici. Malheureusement pour Brutality Will Prevail qui jouent sur la Etnies devant deux pelés et trois tondus, tous les festivaliers sont venus dire adieu aux stars de Brighton. Les cousins musicaux de Norma Jean envoient direct le pâté avec "Left For Dead" et n’ont pas besoin d’énormément d’encouragements pour faire démarrer un pit digne de ce nom. Visiblement, tout le monde a décidé de profiter jusqu’à la dernière note de ce show, le groupe compris. Et vas-y que ça wall of death dans tous les sens entre moult sing along, courses sur scène du chanteur et acrobaties des autres zicos. Tous les hits du groupe y passent, de "Bright Lights" à "Knees, Toes, Teeth", sans jamais faiblir en intensité. Le quintet anglais achève son chant du cygne sur "Bored Of Math", permettant ainsi aux fans de tourner une page de quatre ans sans aucune frustration. Malgré l’attrayante Jägerstage, le chapiteau est comble, et du fond il faut au moins 4 torsions de la colonne vertébrale et se caler sur la fréquence de deux mecs qui bougent la tête de la même manière pour apercevoir l’un des membres du groupe une fois par minute. Il faut dire que la sécurité ne facilite pas la tâche en montant sur des marches-pieds pour récupérer les slammeurs. Je voudrais pas dire, mais sur des scènes de cette dimension, ne pas avoir mis de barrière aurait évité ce désagrément. Ceci dit, les mecs font ça avec le sourire, et c’est pas tous les jours qu’on voit ça.
Sinon, quoi d’autre au programme ?... Si Ghost Of A Thousand c’est pas votre "chope de bière", il y a Title Fight sur la Macbeth Stage. Même si après tout le metalcore qu’on s’est pris dans les oreilles cet aprem, ça semble presque léger et aérien, au moins ça file la pêche et ça met de bonne humeur. En 2004, le groupe aurait tout à fait eu sa place dans l’écurie Drive-Thru aux côtés de New Found Glory ou Home Grown ; sauf qu’à cette époque, ces mecs avaient probablement 13 ans. Oui, ils sont très jeunes, mais ça ne les empêchent pas d’être très bons et de connaître leur métier. Des titres comme "Memorial Field" et "Stab" jouent leur rôle à la perfection et on repart de là avec le sourire.
Comme aucun son intéressant ne semble provenir des 4 scènes et qu’il faut encore tenir quelque temps, on tente le café, et là on comprend pourquoi c’est le thé la boisson nationale. Donc oui, on revient un peu en arrière : 4 scènes, parce qu’on n’a pas encore eu l’occasion de citer la Redbull Stage qui héberge les groupes issus du tremplin, comprendre (enfin si c’est comme en France) : les groupes qui ont le plus d’amis et qui ont gagné au vote internet ou à l’applaudimètre, pas forcément les plus talentueux. Pour l’instant rien qui ne vaille la peine de faire le détour. Paraît qu’hier c’était mieux. Sauf qu’hier, y’avait pas de covoiturage dispo, et le seul groupe un minimum connu qui jouait, c’était Sonic Boom Six. Et SB6, ça me fait même pas traverser la rue, alors vous imaginez la Manche...
Enfin pour le moment, sur la Jägerstage c’est Architects, un espèce de rip-off de Bring Me The Horizon (là d’où je viens, ce n’est pas un compliment), sur la Macbeth y’a OFF !, du punk-hardcore avec de vieilles gloires de la scène (Black Flag tout ça...) mais une voix que je n’apprécie pas du tout, et sur la Etnies y’a Rise To Remain qui se passe de commentaires...
Le temps semble long jusqu’aux têtes d’affiche qui jouent EXACTEMENT à la même heure : à 22h. Il faut faire un choix très difficile entre The Bouncing Souls et Dillinger Escape Plan. Etonnamment, j’ai choisi les premiers, si si Punkfiction reprezent t’as vu... Plus qu’un groupe, les gars du New-Jersey sont une vraie machine à tubes punk-rock, on a juste à rajouter les "whohoho", un peu comme sur la chanson de début de set, la si bien nommée "We All Sing Along". Comme à son habitude, Greg Attonito est très classe, chemise-cravate, petit sourire aux lèvres qui contraste fortement avec les grimaces de son bassiste et de son guitariste qui se démènent sur scène. Dans nos oreilles, c’est un peu l’histoire des Bouncing Souls qui défile : "East Coast ! Fuck You !", "The Gold Song", "That Song", "New Day", "Badass"...
Il faut cependant attendre un micro tendu et les premières notes de "Lean On Sheena" pour avoir un certain sursaut dans le public. Par contre, une fois que c’est parti, ça ne s’arrête plus. La sécurité commence à se sentir un peu dépassée par les slammeurs ; et encore ce n’est rien, la fin du concert approche. C’est l’heure de LA chanson culte, l’hymne, le morceau que tous les gamins qui ont fait un groupe de punk-rock après 2001 ont appris à jouer : "True Believers". Et ceux qui ne connaissent pas les paroles sont priés de sortir, et même pas droit au rattrapage sur "Here We Go" qui arrive après pour clôturer le set, c’est trop facile.
Après ce petit show, sympathique, calme, posé, ça serait sûrement pas une mauvaise idée d’aller dormir. Sauf que The Dillinger Escape Plan joue encore, et on ne résiste pas à la tentation d’aller voir les 10 minutes qui restent. Il faut savoir que ça m’a suffit pour prendre une grosse claque dans la gueule, la meilleure performance que j’ai jamais vue d’eux. Greg Puciato est en grande forme et assure un gros spectacle en grimpant sur les barres de projecteurs (3 bons mètres au dessus de la scène quand même) et en se jetant dans le public sans aucune hésitation sur "43% Burnt". En même temps, le mec n’a rien à craindre, on est à 50 mètres de la scène, il fait noir, mais on voit très bien ses biceps, ses pectoraux, et d’autres muscles qu’on sait même pas qu’ils existent chez nous...
Niveau énergie, les musiciens n’ont rien à lui envier non plus, c’est la folie sur scène : entre les guitaristes/bassistes qui montent sur les baffles (quand ils shootent pas dedans) et le batteur qui joue "dans le groupe" (c’est suffisant comme description ?) ; on sait plus trop où donner de la tête. Deux chansons de TDEC, c’est un maelström de rythmiques enragées dans ta face, dont tu ressors avec l’impression d’être passé à la machine à laver en mode essorage.
Ça suffit donc pour cette journée bien remplie, retour au camping, histoire de socialiser "vite fait" avec nos voisins. Mais pas trop quand même, demain la journée s’annonce encore plus chargée : on a prévu d’aller faire un safari.
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