Social Distortion

Social Distortion >> Hard Times and Nursery Rhymes

Contexte :

Pour ceux qui en douteraient, je confirme que oui, en 2011, Epitaph produit encore de la bonne musique. Cette fois, Brett Gurewitz n’est pas allé chercher le dernier groupe de teenagers en slim, il a préféré miser sur une valeur sûre, sur la route depuis plus de trente ans, qui s’est nourrie de Jack Daniels, de monstrueux T-bone steaks et de pas mal de bon gros riffs de guitare. Mesdames et messieurs, Social Distortion est dans la place !

Chronique :

Dire que Social Distortion a un son qui lui est propre est un euphémisme. Je ne connais pas un seul groupe qui joue comme Social Distortion. Le quatuor a trouvé la formule au milieu des années 80 : Un savant mélange de punk-rock d’inspiration vaguement anglaise, plus proche des Damned que des Sex Pistols, et une bonne grosse dose de pur rock’n’roll sudiste, de country avec bottes de cow-boys, de rockabilly avec des cravates-ficelle et de blues avec un tabouret devant une vieille bicoque de Louisiane.

Disons-le clairement, « Hard Times and Nursery Rhymes » ne fait pas la révolution, ne chamboule pas nos habitudes de rockeur, ne caresse pas à rebrousse-poil et ne pète pas plus haut que son cul. Mike Ness et sa troupe nous livrent-là onze titres finement ciselés, avec pas mal de chœurs de filles qui portent des mini-shorts en jeans, des guitares gigantesques et une grosse voix bien virile. Car la marque Social Distortion, c’est d’abord un timbre inimitable, travaillé au whiskey qui brûle la gorge et à la Budweiser qu’on décapsule avec les dents. Et cet album pourrait à tous les coups faire office de générique à L’Homme qui tombe à pic, à Shérif fais-moi peur ou à Walker Texas Rangers si Chuck Norris n’avait pas des goûts de chiottes.

Social Distortion, c’est du punk-rock souvent mid-tempo, alors n’attendez pas des titres d’1 mn 30 à la Nofx. Ici, on prend le temps de planter le décor. L’auditeur doit sentir les grands espaces, les séquoias centenaires et les plages interminables. Et du temps, le groupe en prend un max sur « Bakersfield », titre bluesy qui dure la bagatelle de 6 mn 25 ! On pense à, à Johnny Cash évidemment, à Dire Straits diront les mauvaises langues, mais on ne s’ennuie pas un instant à l’écoute de cette ballade qui donne envie de prendre le premier avion en partance pour Los Angeles. Au rayon coolos/route 66 dans une décapotable avec le coude sur le bord de la fenêtre, le quatuor nous sert aussi « California (Hustle and Flow) », « Diamond In The Rough » et « Writing On The Wall » et on se dit que le rock à papa c’est bien, mais que point trop n’en faudrait.

Alors Social Distortion s’énerve, se punkifie bien comme on aime, et ça donne « Gimme The Sweet And Lowdown », l’excellente « Machine Gun Blues », « Far Side Of Nowhere », ou le superbe instru « Road Zombie » qui ouvre le disque avec style. Et c’est vers la fin du disque qu’à mon sens le groupe balance ses plus beaux atouts : « Alone and Forsaken », reprise à Hank Williams, surpuissante, soutenue par des chœurs colossaux qui font leur effet à chaque écoute, « Can’t Take With You », dans un registre assez proche avec un irrésistible solo de piano en sus, et bien sûr « Still Alive », qui évoque un peu le son des frenchies de Parabellum parce que Schultz (le Mike Ness français ?) ne jure, lui, que par Chuck Berry.

Côté artwork, la pochette évoquant la grande dépression est absolument irréprochable et le livret/poster/dépliant du plus bel effet.
Avec une production maison parfaitement à la hauteur, un son ample calibré pour Monument Valley, Ness et ses incorruptibles livrent un septième album solide, roboratif, généreux et franchement réjouissant qui confirme tout le bien qu’il faut penser de ce groupe culte, pas né de la dernière pluie, qui espérons-le fera encore les beaux jours du label de Sunset Boulevard.

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