Flogging Molly, un nom à la fois étrange et évocateur. Une référence très claire à l’Irlande, et un penchant pour le sado-masochisme ? (flogging=flageller). Un peu de ça en fait... Le mot Molly a été choisi en référence au pub où tous les membres du groupe se sont rencontrés au détour de beuveries quotidiennes, le Molly Malone’s. Et le terme Flogging a été rajouté parce qu’il correspondait à ce que le leader emblématique du groupe, Dave King, ressentait à propos de sa musique. Car c’est Dave King, irlandais pur souche (son teint roux est là pour le confirmer), qui est à la base de ce monstre à sept têtes. Une enfance que l’on croirait tout droit sortie des films de Ken Loach (petite maison, parents pauvres et père décédé d’un cancer lorsque le marmot n’avait encore que 10 ans) et dès le plus jeune âge un amour immodéré pour la musique. Une passion qui le conduira, après que sa mère ait répondu pour lui à une annonce, à devenir une véritable rock star au sein du groupe Fastway, avec Eddie Clarke de Motorhead. On peut encore retrouver des clichés de cette époque ou notre petit chanteur portait ces affreux jeans moule-bites...
Sa réputation lui permet alors d’obtenir un deal avec un label. Fan de Johnny Cash mais aussi d’un groupe iralndais typique appelé The Dubliners, Dave King (qui n’est pas l’inventeur du Burker King) revient naturellement à ses racines, enfin à ses trèfles, en intégrant à ses compositions de la mandoline, ce qui ne plaît que moyennement à ses employeurs qui ne veulent pas sortir de la musique "de bar". Parce que c’est vrai que les bars y en a tellement peu dans le monde... Plutôt que de faire des compromis le héros de notre histoire prend ses cliques, ses claques et ses cloques et s’en va... Bon on se doute que ce n’est pas la fin...Après avoir effectué plein de boulots de la catégorie "il n’y a pas de sots métiers", il va faire une rencontre qui va changer sa vie. Notre lutin irlandais au pub se trouvait quand soudain au détour de sa pinte une fée lui apparut. Brune, agée d’à peine 18 années et féconde, Bridget Regan venait d’arriver et déjà venait conter fleurette à la Sainte Guinness du Molly’s Malone. Le courant passa mieux que dans la baignoire de Claude François, et comme la belle jouait du violon comme une reine, le début de l’épopée Flogging Molly s’inscrivait en lettres de bières.
Pendant un an au gré des rencontres le line-up se complète. Aucun ne sait vraiment jouer, mais comme le courant passe bien (faut dire qu’au bout de 12 pintes dans le sang même Marc-Olivier Fogiel deviendrait un pote), Dave les engage un par un. Un vieux briscard du nom de George Schwindt à la batterie, le seul avec une solide expérience musicale, qui est également le grand gourou maître de l’organisation au sein du groupe ; Dennis Casey (au patronyme similaire du bassiste des Dropkick Murphys) refuse une première fois le poste de guitariste, retourne à sa carrière de peintre (en bâtiment), s’en mord les doigts et est à la limite de s’éjaculer dessus quand Dave (pas le hollandais blondinet un peu gay hein) le rappelle 6 mois après pour lui re-proposer le poste, qu’il accepte aussitard ; Matt Hensley se met à l’accordéon, fort d’une expérience de deux ans à l’instrument ; Robert Schmidt, qui avec un nom comme ça a failli être le leader des Cure est lui à la mandoline et autres facéties, et enfin le petit jeunot boutonneux Nathen Maxwell (qui a sa propre marque de café) devient à seulement 17 ans le bassiste des Flogging Molly (le salaud !).
Voilà, on est en 1997, le groupe est au complet, quelques dates dans des bars sont effectuées, beaucoup au Molly’s Malone forcément, et le bouche-à-oreilles commence à bien fonctionner. Il faut alors trouver un label. Personne ne veut d’un "groupe de bar", les quelques essais se sont révélés infructueux quand débarquent SideOneDummy. Le contact est établi, le contrat signé dans le whisky, et c’est pari mon ki-King ! C’est en 1998 que déboule à la face du monde le premier album du groupe, "Alive Behind The Green Door" sort. C’est en fait un disque live enregistré au Molly’s Malone, qui a d’ailleurs été réédité en cette année 2006 par Capitol Records. Le premier véritable effort discographique est pour 2000, avec la bombe "Swagger". Les Dropkick Murphys sont déjà passés par là et commencent à faire du bruit sur Hellcat Records avec leur street punk teinté de musique celte, ce qui ne peut qu’arranger les affaires des Flogging Molly, aux références musicales toutefois différentes. Car les influences de Johnny Cash ou surtout des Pogues sont hautement perceptibles, et "Swagger" montre que l’on peut donner une impression de puissance punk sans forcément utiliser de distorsion. Rythmes effrénés, paroles sincères et touchantes avec des arrangements au violon soignés par Bridget absolument sublimes, la formule Flogging Mollyesque fait mouche avec des titres comme "Selfish Man", "Far Away Boys" ou "Every Dog Has His Day" pour faire court et n’en citer que trois. Les sept musiciens commencent à tourner, à se faire une réputation, et à devenir incontournables dans le coeur des originaires du vert pays.
Un statut qu’ils s’empressent de conforter en 2002 où "Drunken Lullabies" vint taper à nos portes comme une nouvelle invitation à se saôuler en dansant la gigue, cette danse mystérieuse où les jambes semblent indépendantes du reste du corps... Petite particularité : on retrouve comme titre d’une chanson le titre de l’album précédent, "Swagger". On retrouve la formule qui fait de Flogging Molly ce qu’il est : une base folk à un rythme frénétiquement enjoué, avec toujours ces somptueuses digressions en forme de ballades, comme la très touchante (plus que Michael Jackson avec des enfants c’est dire) "If I Ever Leave This World Alive", dont je vous conterai l’histoire lors de la chronique dudit album.
Avec un succès de plus en plus important, le groupe commence même à jouer en Europe, et pour leur plus grande joie en Irlande. En 2004 déjà ils remettent le couvert et "Within A Mile Of Home" vient définitivement conforter le groupe comme incontournable. Le titre « The Worst Day Since Yesterday » fût même utilisé dans le film Mr & Mrs Smith dont on a tant parlé, dans une scène où Brad Pitt se rend dans…un pub irlandais, preuve du statut du groupe aux USA. Encore excellents sur support discographique, ils explosent tout sur leur passage en live, leur terrain de prédilection. Le Warped Tour de cette année est un triomphe, et l’année d’après ils se permettent de remporter tous les suffrages au Reading, de faire jumper les hardcoreux et métalleux du Fury Fest main dans la main et un trèfle dans le cul, ou encore de voler la vedette à Millencolin pendant le Eastpack Antidote Tour.
Incalculable le nombre de sueur qui a dû être déversé, et encore moins calculable celui de bières ingurgitées....Toutes ces péripéties alcoolisées aux quatre coins du monde méritaient en témoignage, chose à laquelle le groupe se soumet pour le plus grand bonheur des fans avec un CD/DVD "Whiskey On A Sunday" paru en juillet 2006, avec sur le cd des versions acoustiques magnifiques de certaines chansons, et des morceaux lives qui donnent un aperçu de la tornade scénique qu’est Flogging Molly.
Un peu de repos, le départ puis le retour de Matt Hensley à l’accordéon et le le groupe sort "Float" à la Saint-Patrick 2008, un opus plus mélancolique et plus ’irlandais’ que ses prédécesseurs. L’année 2009 sera pus tranquille, seul fait notable l’enregistrement à Los Angeles en septembre d’un nouveau DVD live, "Live At The Greek Theatre" qui sortira en mars 2010.
Un mélange, d’émotion, de sincérité, de passion, d’amour, de déchirements, de vies, de morts, de whisky, de bérets, de mandolines, de bières, de musique, de Guinness et tant d’autres choses, voilà ce qu’est ce groupe, et tout ça ne tient qu’en deux mots : Flogging Molly.
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