LIVE REPORT : Eastpak Antidote Tour 2010 – Sum 41 + The Black Pacific + Riverboat Gamblers + Veara @ Elysée Montmartre (Paris)

Publié le 12 novembre 2010 par Seb-O-Matic

Le Eastpak Antidote Tour a fait fort cette année, en allant chercher une énorme tête d’affiche : Sum 41. Le résultat, c’est une affiche moins bandante que les précédentes éditions, et surtout le gros risque de ne pas assister à un festival itinérant, mais à un concert de Sum 41 avec trois groupes en première partie. Et pour l’escale parisienne, ce sera effectivement le cas...

Sold out un bon mois avant le concert, l’Elysée Montmartre accueille donc exclusivement des fans du groupe canadien, et quelques-uns de leurs parents. Ce qui permet du coup aux petits gars de Veara de se produire devant 1500 personnes, et de faire très bonne impression avec leurs chansons de type New Found Glory, sorties de leur premier opus plutôt cool et paru chez Epitaph. Ils se la donnent comme il faut sur scène, font des chorégraphies avec les guitares en tapant la jambe gauche sur le sol en même temps, et putain c’est une fille en fait à la batterie ? Ah bah oui, mais attention les bras ! Elle au petit-déjeuner, pas besoin de lui ouvrir son pot de confiture.

Très bonne entame donc, et normalement ça devrait monter crescendo, mais les Riverboat Gamblers débarquent avec un son incroyablement pourri. Trop de basse, une rendu proche de la cacophonie, on peine à distinguer les riffs, et toute l’énergie déployée par le chanteur qui saute partout n’y change rien, le public ne rentre pas dans le trip des américains. Ils ont pourtant sorti leurs meilleures chansons, comme « Dissdissdisskisskisskiss » ou « On Again Off Again », mais leur style trop rock’n’roll et (avouons-le) répétitif ne fait pas décoller le set. Le chanteur demande aux gens de taper dans les mains sur chaque break, et s’il est suivi au début, au final les paumes deviennent récalcitrantes et restent dans les poches. Ce qui pourrait refaire décoller l’ambiance, c’est une reprise. Mais ça ne sera pas leur « What You’re Waiting For », qui s’avère être une nouvelle chanson et pas une reprise de Gwen Stefani, mais le « Kick Out The Jams » des MC5. Nouvel échec, devant un public de 18 ans de moyenne d’âge, le titre passe autant inaperçu que Keira Knightley dans Star Wars (elle jouait la doublure de la princesse Amidala, et ouais). Mais sur cette chanson, il y en a un qui ne va pas passer inaperçu : Marc Orell, alias The Kid. L’ancien guitariste des Dropkick Murphys joue avec The Black Pacific, et débarque sur scène pour le morceau. C’est son anniversaire, et ça va être sa soirée ! Il jumpe déjà partout, passe la guitare derrière la tête, et ce n’est qu’un aperçu de ce qui va suivre...

Normalement l’ambiance devrait remonter avec The Black Pacific. Merde, voilà quand même le chanteur de Pennywise sur scène quoi ! Mais un rapide coup d’oeil alentour indique que les gens nés dans les années 80 sont une espèce en voie de disparition... Voilà donc le Jim Lindberg et sa fidèle casquette vissée sur la tête, et son téléphone portable dans la main. Super, il prend le public en photo. Il la met en ligne sur Facebook en même temps ? Enfin il commence à jouer, et avec la guitare dans les mains SVP ! Ce qui permet de constater, comme sur le disque, qu’il a piqué pas mal de plans au gros Fletcher. Les chansons sonnent comme du Pennywise bien sûr, avec cette voix tellement identifiable. « The System », « When It’s Over » ou l’excellente « Living With Ghosts » défilent, et si les kids répondent aux « oh-oh » multiples, le pit ne se déchaîne pas. Pas comme Marc Orell donc, qui dès le deuxième titre s’est jeté dans la fosse avec sa guitare pour slammer pendant son solo. Il saute partout, vient cracher dans le micro de Lindberg pour chanter avec lui, et picole durant tout le set, mettant ses canettes ou verres dans la poche de sa chemise.
Tandis que Lindberg fait taper les gens dans les mains, lui tape aussi dans les mains, mais avec sa canette, et bim voilà la bière qui mousse, éclabousse sa guitare, ses fringues, le sol... et un roadie d’accourir pour essuyer la scène. Remerciements du garçon : « Merci mec, je t’aime, mais ma bite est plus grosse que la tienne ». Les Riverboat Gamblers reviennent fêter l’anniversaire en offrant aux Black Pacific des rasades de vodka, puis on replonge en pleine époque Pennywise avec la reprise du « Blitzriep Bop » des Ramones. Ce qui vaut un moment comique, avec Lindberg qui demande qui aime les Ramones, puis invective un kid devant : « Pourquoi tu ne lèves pas la main ? Tu as un t-shirt Ramones, tu aimes les Ramones non ? » Ou alors il y avait une réduction sur le rayon « fringues punk » du Virgin Megastore... Les « Hey Oh, Let’s Go » sont repris en choeurs, puis au tour de Marc Orell de se faire plaisir, en jouant et chantant « Go Johnny Go » de Chuck Berry à la perfection, pendant que Lindberg... filme avec son portable.
Premier aperçu scénique pas génial pour The Black Pacific donc, qui souffre trop de la comparaison avec Pennywise, mais qui possède une pépite dans son line-up, et pourrait apporter quelque chose à la composition dans le futur.

AC/DC résonne dans l’Elysée Montmarte. Les kids semblent impatients d’enfin voir le groupe qu’ils sont venus voir (il est 20h30). Un peu comme s’ils avaient dû se livrer à de multiples préliminaires avant d’avoir enfin l’accès à l’intime endroit tant convoité... Les lumières s’éteignent, le « TNT » d’AC/DC est poussé à fond, puis c’est l’intro de l’album « Chuck » qui retentit. Les Sum 41 arrivent sur scène un par un, le chanteur Derrick en dernier évidemment, et le riff de « The Hell Song » fait partir en pogo un pit qui réagit au quart de tour. La grosse inquiétude était d’assister au même show qu’au Groezrock, avec les mêmes interventions inutiles du chanteur sur chaque break. Bingo. Des gens sont invités dès la première chanson à monter sur scène. Derrière c’est un autre gigatube qui se fait péter, « We’re All To Blame » : ça joue à mort, le son est surpuissant, et nouvelle interruption des programmes, pour faire chanter les deux côtés du public cette fois.
Heureusement le frontman de poche va un peu arrêter ses pitreries par la suite, et ça va enchaîner avec « Motivation », qui vient rappeler que « All Killer No Filler » est un sacré album dans le genre, et sans doute le top 2 de la discographie du groupe avec « Does This Look Infected ? ». Ce dernier est d’ailleurs le mieux représenté avec « No Brain », « No Direction » ou l’excellentissime « Over My Head, Better Off Dead ». Sans surprise, les tubes du sous-estimé « Underclass Hero » passent très bien l’épreuve du live, avec une tonitruante « King Of Contradiction » qui fait s’agiter les danseurs, puis le single « Underclass Hero » qui sera prétexte à refaire monter des gens sur scène. L’intro de « Walking Disaster » fait chanter tout le monde en choeur, et fait trépigner d’impatience une ribambelle d’adolescents avant que le riff ne déboule.

Sum 41 est une machine bien huilée, avec une section rythmique au top, et un nouveau guitariste bien adapté et adopté, qui assure sans sourciller ses parties. C’est même lui qui se fend du solo sur le passage du « Master Of Puppets » de Metallica, et même au chant sur la reprise du « Paint It Black » des Rolling Stones ». Stevo 32, le batteur, a le droit à son solo, à l’ancienne, et le bellâtre de bassiste Cone, à des sous-vêtements qui lui sont jetés. Un soutien-gorge rose passera d’ailleurs une bonne partie du concert accroché à la tête de sa basse. Classe. Ce qui l’est un peu moins, c’est l’impression de se retrouver encore et toujours devant le même show, regorgeant d’automatismes. Le concert est efficace comme un blockbuster américain, mais les trop nombreuses interventions de Derrick ont tendance à le transformer en vulgaire remake (seulement 16 titres joués en 1h20 de concert). Mais on peut lui reconnaître une chose, il sait écrire de bonnes chansons. Son look et sa façon de tenir la scène ne sont donc pas les seules choses qu’il a piquées à Billie Joe Armstrong de Green Day. La nouvelle chanson « Skumfuk » déjà sur le net depuis des mois, vient encore le prouver. Beaucoup ne semblent bizarrement pas encore la connaître, mais bon, quand on ne connaît pas non plus Pennywise... Le refrain est encore une fois ultra-efficace, et continue d’instaurer le style du groupe : le punk rock morveux.

Allez, voilà que Derrick s’amuse à la guitare, en jouant le riff de « Smoke On The Water » de Deep Purple, puis celui du « Seven Nation Arnmy » des White Stripes. Et bien évidemment, voilà 1500 personnes qui font « po-polo-popopopo » comme en boîte ou à un match de rugby. Une beauf attitude balayée par le riff de « Fat Lip », qui fait sauter tout le monde, puis par « Still Waiting ». Deux gros tubes d’affilée, comme en début de set, voilà qui annonce le rappel...
Derrick tout seul d’abord pour le début de « Pieces », la ballade. Retour vers le futur pour la fin avec « In Too Deep » qui refait jumper tout le monde, puis la parodie de hard rock « Pain For Pleasure » avec Stevo qui prend le micro et Derrick la batterie (avec en accessoires deux poufs qui paradent autour de lui). A la fin du morceau, le seul grain de sable dans la mécanique bien huilée de Sum 41 : Stevo veut finir le morceau après « 1, 2, 3, 4 » (en français dans le texte), mais Derrick ne comprenant pas la langue de Molière, il faudra s’y reprendre à deux fois, et en rigolant de façon sincère.

On sort donc avec le sentiment redouté. Celui d’avoir assisté à un concert de Sum 41 et non pas à un festival. La preuve, les Sums seront les seuls de la soirée à ne pas avoir parlé des autres groupes présents, ou à les remercier. A la sortie, les gars (et la fille) de Veara, qui essaient de vendre leurs disques, comprennent vite que les sous des kids ont déjà été convertis en t-shirts Sum 41, histoire de pouvoir frimer en cours demain...

Black Pacific (The)

Sum 41

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