Contexte :

Nina’ School est un groupe Guerilla Asso, et ça tout le monde l’aura deviné. Comment ? Le chant éraillé en français ? La verve morveuse ? Bah nan, le prénom dans le nom du groupe. Après Dolores Riposte, Justin(e) (Bridou), Diego Pallavas ou Charly Fiasco, voilà un nouveau venu sur la photo de famille du label parisien, qui fait désormais office de fer de lance du punk rock hexagonal.

Chronique :

Et pour se faire une belle place au milieu des autres filles plutôt bonnes (Justin(e) et Dolores quand même, y en a plus d’un qui aimeraient leur péter le string), la petite Nina est bien décidée à faire entendre sa voix. A grands coups de refrains martelés et de choeurs bien assurés, la tentative se transforme bien vite en réussite. Comme sur "1987", les riffs de guitare sont tranchants, les voix se répondent et l’efficacité est immédiate.
"Entretien De Débauche" avait déjà foncé dans le tas pour annoncer la couleur, et "Punk Rock Star" démontré tout le savoir-faire de la jeune formation, avec son refrain de type implacable. C’est là la grande force du combo : toujours trouver la ligne de chant qui tue, qui va rester dans la tête et être reprise le matin pendant qu’on pisse dans la douche pour gagner du temps. Et pour appuyer encore davantage sur leur point fort, les choeurs et voix répondent présents. On appelle ça le syndrome Bad Religion.

Nina’ School aime mettre en scène des personnages dans ses chansons, comme des petites nouvelles. On retrouve ainsi "Shaun Mc Kenzie", qui fait partouzer NOFX et Rancid pour raconter l’histoire d’un garçon un peu étrange, pendant que "Tom" est un tube en puissance avec une grosse montée qui claque sur l’intro. Un homme qui ne sort pas des sentiers battus et finalement passe sa vie à se faire chier. Avec cette façon de raconter des histoires, un nom qui ne veut rien dire, et une pochette obtenue en tapant "screaming girl" dans Google (mais chut faut pas le dire pour des histoires de copyright), on pourrait penser que Nina’ School n’a finalement aucune personnalité. Ce serait se mettre le doigt dans l’oeil. Jusqu’au cul.

L’écoute d’un morceau comme "M.S.I" (featuring Dolores Riposte, ça reste en famille), déflagration sonore maîtrisée et avec un nouveau refrain qui bute, suffit à lui seul à démontrer le talent et la verve du combo. De même que la furieuse "23 Secondes Pour Refaire Le Monde", qui est aussi courte qu’efficace, ou la belle "2 min 08 Pour Refaire Le Monde" (au nom original), qui instaure une nouvelle ambiance, propose une autre approche des plus chouettes. En plus les quatre bordelais ont bon goût, plaçant ça et là des extraits cinématographiques comme celui de Shaun Of The Dead, THE film à se tordre les testicules de rire. Et ils sont bien capables de faire fondre toute la France, et même le Nord. En effet le contingent de consanguins qui habite la région (d’après les supporters parisiens) va pouvoir se trouver un nouvel hymne avec "Ma Soeur" : "Ma soeur c’est la plus belle / Je voudrais un enfant avec elle".

"J’ai Pas De Morale" vient achever ce plus que prometteur premier opus comme il s’est déroulé jusque-là : en combinant puissance et maîtrise, et avec un refrain et des choeurs au top. Et surtout, en piste cachée, on découvre la formation en acoustique, pour quelques chansons et une nouvelle assurance, s’il en fallait, que Nina est sortie major de promo de son école de punk rock.